Plusieurs appels à abandonner le régime parlementaire et réinstaller le régime présidentiel ont fait surface récemment en Tunisie. Des appels qui ont mis en avant le passage à la troisième République.
Les adeptes de cette nouvelle orientation ont fait le lien avec la crise politique sans fin et l’échec de tous les gouvernements post-révolution à cause des tiraillements politique qui règnent au sein du parlement. D’ailleurs, l’actuel gouvernement, dirigé par Elyes Fakhfakh, se trouve dans la même situation.
Ennahda gouverne à travers le parlement
Selon certains analystes et politiciens un changement politique en Tunisie s’impose comme une urgence pour sauver le pays de la crise politique. D’autre part, le peuple ne fait plus confiance à l’actuel régime en place. Ainsi, la classe politique trouve qu’il est à l’origine de la prolifération de la corruption, de la contrebande et des nominations suspectes.
Les appels de la société civile se multiples et engendrent une énorme pression sur le mouvement Ennahdha et son projet en Tunisie. D’ailleurs, les islamistes ne veulent plus abandonner l’actuel régime parlementaire qui sert parfaitement leurs intérêts.
En effet, le Conseil de la choura d’Ennahdha a considéré les derniers appels comme atteinte au parlement et son président dont il a condamné fermement le dénigrement des députés et de l’action parlementaire. De sa part, Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha a affirmé dernièrement que son mouvement ne considère plus le changement de régime politique comme une priorité pour le moment.
Grace à l’actuel régime politique Ennahdha a pu gouverner le pays et accéder à la présidence du parlement. D’ailleurs, les islamistes sont au pouvoir avec seulement 400 milles voix parmi 5 millions d’électeurs lors de dernières élections. Une situation male dirigée par l’ensemble des partis politiques.
L’UGTT fait le contrepoids
Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisien du travail, l’un des acteurs majeurs sur la scène politique en Tunisie, a appelé dernièrement à un référendum pour le changement de l’actuel régime politique. Tabboubi a expliqué que l’actuel régime politique est à l’origine d’une crise politique grave qui menace la stabilité de pays.
D’autre part, l’appel de l’UGTT vient comme réponse à la situation chaotique qui règne à cause du mouvement Ennahdha et ses bras extrémistes qui ont exploité la fragilité du système politique pour créer des services parallèles au sein du parlement.
L’UGTT, cette organisation historique qui a mené le fameux dialogue national en 2013 à bon port, s’impose aujourd’hui comme un obstacle devant les tentatives des frères musulmans d’accaparer le pouvoir en Tunisie
La centrale syndicale a été victime de plusieurs campagnes de dénigrements orchestrées par le mouvement islamiste.
Par ailleurs, le président de la République a qualifié le régime parlementaire tunisien de « système mafieux » que ne produit que de la corruption politique et que Rached Ghannouchi et son mouvement sont impliqués.
Un régime que ne sert qu’Ennahdha
Contacté à ce sujet, le professeur en droit constitutionnel Mohamed Hafez Sultani a estimé que le régime parlementaire en place en Tunisie ne sert que le mouvement Ennahda, qui craint la présence d’un Président de la République fort avec de larges pouvoirs qui puisse dénoncer ses pratiques criminelles, comme il l’a affirmé.
Dans ce sens, il a précisé qu’il est inconcevable que le Mouvement Ennahda, élu avec seulement 400milles voix sur un total de 5 millions d’électeurs, soit celui qui contrôle le jeu parlementaire et politique, soulignant que le changement du système politique réduira la taille des islamistes et augmentera son isolement politique.
Et d’ajouter qu’Ennahdha parie sur la faiblesse de la présidence de la République afin de passer ses agendas, et qu’il n’a pas pu, selon lui, pénétrer le palais de Carthage à l’époque du président Qais Saeed.
Pas de changement du régime en l’absence d’une cour constitutionnelle
D’un autre côté, le juge et ancien président du tribunal administratif, Ahmed Sawab, affirme qu’il n’est pas possible techniquement de modifier la Constitution à l’heure actuelle, étant donné que la cour constitutionnelle n’est pas encore mise en place.
L’article 144 stipule que «toute initiative visant à modifier la Constitution doit être présentée présentée par le président de l’Assemblée des représentants du peuple devant la Cour constitutionnelle…
La Constitution est modifiée avec l’approbation des deux tiers des membres du Parlement. Le Président de la République, avec l’approbation des deux tiers des membres du Conseil, peut soumettre l’amendement au référendum et, dans ce cas, il est accepté à la majorité des deux propositions. En outre, la constitution tunisienne comprend des articles impossible d’être modifiés principalement les articles qui définissent la religion et le régime de l’État, les articles sur les droits et libertés et les articles sur la détermination du nombre des mandats présidentiels.
Et il a ajouté que en ce qui concerne le référendum, ce n’est que dans les projets de loi ou après un vote sur la modification de la constitution, expliquant que l’article 82 stipule que exceptionnellement, pendant la période de réponse, le Président de la République peut décider de soumettre au référendum des projets de lois relatifs à l’approbation des traités ou des libertés et les droits de l’homme.