Selon une étude élaborée par le Centre de politique international, une nouvelle naissance de l’organisation terroriste Daech en Afrique est fortement possible après sa défaite en Syrie et en Irak, et l’effondrement de son infrastructure dans les deux pays.
En effet, le Centre affirme que toutes les conditions représentent un environnement fertile pour la survie de l’organisation.
L’organisation avait contrôlé, au cours de la période de 2014 à 2018, l’équivalent des deux tiers de la superficie de l’Irak et de la Syrie, et a annoncé l’établissement de son califat sur son territoire dirigé par « Abu Bakr al-Baghdadi ». Ce dernier a été assassiné par les américains dans une opération militaire à l’automne 2019.
Pour le chercheur en mouvements islamiques Hassan Abu Haniyeh, l’orientation de l’Etat islamique vers le continent africain est très possible. Selon lui, les nouveaux chefs de l’organisation terroristes trouve en Afrique le terrain favorable pour la guerre contre les forces internationales et exactement la zone du Sahel et du désert africain ainsi que l’Ouest et de l’Est de l’Afrique.
Par ailleurs, l’écrivain a mis le point sur la politique de guerre adoptée par l’organisation est que se base sur la multiplication des fronts et d’abris, en plus de ses réseaux, groupes, cellules individuelles dormantes et de ses loups individuels, qui représentent toujours un grand danger pour l’Amérique et l’Europe. Il a ajouté dans ce sens que l’organisation, après sa défaite, va travailler d’une manière décentralisée sachant que la capacité idéologique de l’organisation terroriste est encore forte ainsi que ces ressources financières.
Selon les rapports du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Etat islamique possède des sommes pouvant atteindre les 300 millions de dollars et le nombre de ses combattants a atteint 30 000 en 2018, selon les estimations de la US Military Intelligence Agency.
Dans ce contexte, un rapport publié par le Center des études internationales dévoile l’existence de quatre gouvernorats de l’organisation en Afrique, le premier est l’État de l’Afrique de l’Ouest, qui est situé au Nigéria, au Niger, au Tchad, au Cameroun, au Burkina Faso et au Mali, et le deuxième est l’État d’Afrique centrale, qui est situé en République démocratique du Congo et au Mozambique, et le troisième est l’État du Sinaï en Egypte, en plus d’un état en Afrique de l’Ouest en Algérie.
Projets régionaux et rôle de l’islam politique
Aborder la question de l’implantation de l’Etat islamique en l’Afrique, nous renvoi directement vers la situation politique en ce contient, en particulier dans le nord, une source digne de confiance a confiée à l’Observatoire Mena, que la situation de conflit en Libye en particulier, représente un excellent environnement pour que l’organisation se reproduise, en particulier dans la région frontalière sud avec le reste des pays africains.
La source ajoute également: « L’organisation profite essentiellement des crises et des tensions militaires, et la situation en Libye actuellement est encourageante pour l’organisation et lui facilite le déplacement vers le continent africain », considérant que les groupes islamiques politiques dans la région portent une grande part de la responsabilité de fournir cet environnement, tout en facilitant le flux des combattants étrangers en Libye, a-t-il dit, faisant référence au gouvernement libyen de réconciliation et au mouvement tunisien de la Nahdha.
L’armée libyenne et l’opposition tunisienne accusent à la fois le gouvernement Al-Wefaq et le mouvement Al-Nahda de faciliter les transferts de combattants de Turquie vers la Libye et la Tunisie, y compris d’anciens combattants dans l’organisation extrémiste, une partie d’entre eux est stationnée dans l’est de la Tunisie et le sud de la Libye, selon les accusations des deux parties.
Ici, la source indique que le gouvernement turc et les composantes de l’islam politique au pouvoir en Afrique du Nord voient la prolifération des combattants de l’organisation dans la région comme une opportunité pour soutenir leur présence au pouvoir, que ce soit en lançant des opérations militaires contre lui ultérieurement, ou en essayant de l’intégrer dans des politiques spécifiques, en expliquant: « Il y a une croyance dominante que la Turquie s’efforce de répéter le scénario syrien en Libye et en Tunisie, en travaillant à affluer les combattants de l’organisation vers les deux pays, et à investir plus tard avec la question de la participation à la guerre contre le terrorisme, qui peut légitimer dans une certaine mesure la présence de ses bases militaires, au moins en Libye. «
Les États-Unis avaient précédemment imposé des sanctions à 5 entités et 4 personnalités, la plupart stationnées en Turquie, en raison du soutien et du financement de l’Etat islamique.
D’un autre côté, le rapport du Centre de politique internationale mis l’accent sur la détérioration de la situation des armées de la région africaine dans son ensemble, ce qui permet à l’organisation de lancer des attaques complexes à l’intérieur du continent et d’occuper plus de terres comme cela s’est produit en Syrie et en Irak.
Selon des données internationales, l’année 2018 a vu une augmentation des attaques de l’organisation contre l’armée nigériane et une escalade des opérations contre des sites militaires au Tchad, faisant du front africain le front le plus actif de l’organisation en 2019.
Facteurs géographiques et retour au premier berceau
La liste des facteurs qui poussent à croire que le continent africain sera la nouvelle destination pour l’organisation terroriste s’allonge. Selon le chercheur spécialiste en mouvements extrémistes, Alia Allani, ces facteurs principalement sont en relation avec la nature géographique du continent et à son immensité, ce qui rend plus difficile le suivi. L’organisation en elle, a également souligné qu’un grand nombre de dirigeants de l’organisation se sont rendus en Afrique après l’effondrement de leur État en Syrie et en Irak.
Sur le plan économique, le chercheur Allani considère l’émergence du pétrole comme l’un des autres facteurs qui encouragent l’organisation à transférer son théâtre d’opérations vers le continent brun, car il est riche en pétrole et en ressources naturelles, et va donc former, du point de vue du chercheur, une arène de conflits internationaux dans un avenir proche.
Les États-Unis, la Chine et la France maintiennent encore des bases militaires dans un certain nombre de pays africains, en particulier dans les pays subsahariens, où d’autres groupes extrémistes, tels que le Mouvement de la jeunesse somalienne et le Pokokram nigérian, sont également déployés.
D’un autre côté, Allani estime que les combattants de Daech peuvent retourner vers leur premier berceau Al-Qaïda car ce dernier garde encore ses infrastructures et ses sources de financement.