Comité de la rédaction
Coïncidant avec le conflit libyen, dont les Frères musulmans sont l’un des parties, représentés par le gouvernement d’Al-Wefaq, soutenu par la Turquie, une source soudanaise a indiqué à l’Observatoire MENA, qu’un autre genre de conflit est mené par le groupe des Frères musulmans sur le sol soudanais, depuis le renversement du régime de l’ancien président, Omar al-Bashir , il y a plus d’un an.
Al-Bashir a pris le pouvoir en 1989 suite à un coup d’Etat contre Al Sadik al-Mahdi après son alliance avec certains groupes et personnalités islamiques, dirigée par Hassan al-Turabi; ce qui a fait de ce dernier un allié des Frères musulmans.
La Turquie une principale destination
Après la chute du régime d’Omar Al-Bashir en 2019, la Turquie a représenté la principale destination pour les dirigeants de l’ancien régime des Frères musulmans. Notre source affirme que les terres turques se sont transformées en une véritable base pour ces dirigeants après avoir perdu le pouvoir au Soudan et la mise en place d’un gouvernement provisoire.
Lors des manifestations qui ont renversé Al-Bashir en 2019, la Turquie avait reçu 17 dirigeants des Frères musulmans et des dirigeants de l’ancien régime, y compris les deux conseillers du président déchu, Ibrahim Mahmoud Hamid et Faisal Hassan Ibrahim, ainsi que l’ancien chef du renseignement, Muhammad Atta Al-Mawla et le chef de la confrérie, Ammar Bashri.
Notre source ajoute également : « Les Frères musulmans ont mis en place un plan basé sur la prise du pouvoir par les militaires pour lancer une contre-révolution afin de renverser l’armée, mais l’entrée en jeu des forces de la liberté et du changement civil et leur participation au gouvernement ont met fin à cet plan et à la possibilité de mobiliser la rue soudanaise sous le slogan de combattre l’armée. » Indiquant que les frères musulmans comptent sur un éventuel échec de la transition pour revenir sur la scène politique.
Par ailleurs, le Soudan vit actuellement une crise économique majeure, car le budget de 2020 souffre d’un déficit de 3 milliards de dollars, en plus de la rareté des devises, et d’une crise de l’approvisionnement en produits de base tels que le pain et le carburant.
Le Soudan un passage pour la Corne de l’Afrique
Une source digne de confiance a affirmé que les relations turques avec les Frères musulmans au Soudan sont résumées le «triangle africain», expliquant: «Avec la perte de pouvoir des Frères musulmans en Égypte, la Libye, le Soudan et la Tunisie ont formé le triangle de l’influence turque sur le continent africain. Mais l’importance du Soudan pour la Turquie est également liée au fait d’être la principale porte d’entrée pour la Corne de l’Afrique, en Somalie, à Djibouti et en Érythrée.
D’ailleurs, la Turquie, avait signé un accord avec le Soudan, qui lui permettait d’établir trois bases militaires sur l’île de Suakin, sur la mer Rouge, ce que de nombreux pays arabes considéraient à l’époque comme une menace pour la sécurité nationale arabe.
Par ailleurs, notre source ajoute: « Sans aucun doute le renversement du régime soudanais a fait perdre à la Turquie beaucoup de ses intérêts en Érythrée et en Somalie ainsi que son isolement du reste du continent. » Notant que le groupe mène actuellement une bataille médiatique et économique contre le gouvernement de transition, surtout depuis que ce dernier s’est approché parvenir à un accord avec les États-Unis pour retirer le Soudan de la liste du terrorisme et de lever le siège sur Khartoum, ainsi que pour faire un long chemin dans le dossier de la paix civile. Les Frères musulmans possèdent un certain nombre de médias, qui diffusent à partir des territoires turcs, au premier rang se trouve la chaîne Thèbes, qui est dirigée par Abd al-Hayy Yusef, un proche collaborateur du régime d’Al Bashir, tandis que l’instance soudanaise de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme a révélé que de nombreux dirigeants ont transféré d’importantes sommes d’argent vers les banques turques avant la chute du régime.
Des relations anti coutumes politiques
Contrairement aux relations entre les pays qui s’inscrivent dans les coutumes politiques, le chercheur dans les affaires turques, Abdullah Hamidan, estime que les relations entre la Turquie et le Soudan ne sont pas des relations étatiques, mais plutôt un rapprochement entre les deux groupes des Frères musulmans dans les deux pays, soulignant que le plus grand bénéficiaire de ce rapprochement est l’organisation internationale pour le groupe au premier degré, et le gouvernement turc au second degré.
Dans le même contexte, l’écrivain soudanais « Abdul Jalil Suleiman » indique que les relations entre le Soudan et la Turquie n’ont connu une amélioration tangible qu’après que les deux pays ont été gouvernés par les Frères musulmans, ajoutant: « Après que Recep Tayyip Erdogan a assumé la présidence du gouvernement turc en 2003, il y a eu un lien idéologique, un contrat entre les régimes des deux pays, les Frères soudanais se sont rendus en Turquie avec des arrangements de l’organisation internationale du groupe.
Le président turc Erdogan s’est rendu au Soudan en 2017, en compagnie de 200 hommes d’affaires. 12 accords ont été signés, dont la reconstruction et l’activation du port de Sawakin.
Pour sa part, l’écrivain turc Sami Koyhin considérait que la Turquie était intéressés de gagner de terrain au Soudan à cause d’une stratégie établie par Ankara, soulignant que le gouvernement Justice et développement ne considérait pas la personnalité et le comportement d ‘ »Al-Bashir » comme un obstacle à la coalition et exprimant sa sympathie pour lui, ce qui a été démontré par l’invitation d’Ankara à « Al-Bashir » à se rendre en Turquie malgré le fait que Al Bachir est recherché par la police internationale « Interpol » et la Cour pénale. International à La Haye.
Le volume des investissements des institutions gouvernementales et privées turques au Soudan, selon les dernières statistiques sous la règle de « Al-Bashir » touchent les 600 millions de dollars, en plus de la coopération dans le domaine militaire et politique.
Koyhein réaffirme également l’importance du Soudan pour la Turquie et son influence en Somalie, et a joué un rôle stratégique plus important dans la Corne de l’Afrique et dans la région dans son ensemble, soulignant que la Turquie est pleinement consciente que tous ses intérêts sont liés à la nature du gouvernement qui prendra en charge les affaires du Soudan.