On a évoqué à plusieurs reprises la question du contrôle des frères musulmans de l’État et de la société en Libye et le danger de cette situation sur les Libyens. On a ainsi mis l’accent sur l’exploitation de la Libye par les frères musulmans pour régler leurs comptes avec certaines parties.
Réellement le régime Égyptien serait la principale cible pour les frères musulmans parce que c’est le système qui a réussi à déraciner cette organisation dans son pays d’origine. Et les frères en Égypte, comme nous le savons, sont ceux qui dirigent l’organisation à l’échelle mondiale. Sans eux, les organisations des Frères musulmans partout dans le monde restent sans leadership et sans direction. Par ailleurs, Erdogan ne cesse de soutenir cette organisation afin de l’utiliser pour son nouveau projet ottoman. Une réalité bien claire chez les frères qui ont choisi, malgré eux, de rester silencieux face à ce sujet.
La défaite du général Haftar et la victoire du gouvernement de Saraj est le premier pas pour le projet des frères en Libye. Cette situation donne espoir de se venger de l’armée égyptienne, qui a vaincu l’organisation à deux reprises, la première à l’époque d’Abdennasser et la deuxième à l’époque de Sissi. Cela signifie que leur présence en Libye leur redonne une chance pour attaquer l’armée égyptienne à partir de la Libye.
De là, nous comprenons le secret de cette guerre médiatique menée contre l’Égypte par les réseaux médiatiques qatari et qui a été intensifiée après les récentes victoires militaires contre le général Haftar. Il l’affaiblit d’abord et ensuite il commence à causer des problèmes au sein de la société égyptienne à travers ses cellules dormantes. Puis il l’attaque.
Plusieurs sont les tentatives stériles des Frères musulmans qui ont précédé les récentes batailles en Libye par l’intermédiaire de Mohammed Ali et sa concentration sur le noyau dur en Egypte représenté par l’institution militaire. Et les tentatives ratées qui visent la reproduction à nouveau de la pensée de la Confrérie. L’armée égyptienne est restée ferme, contrairement aux prédictions des Frères musulmans qui ont rapidement propagé la chute du régime égyptien.
Aujourd’hui vient la nouvelle opportunité à travers la Libye par des opérations anti régime égyptien. Ces opérations sont dues à deux raisons:
La première: l’échec des tentatives des Frères musulmans à soutenir des cellules djihadistes dans le Sinaï, où l’armée égyptienne a pu les éliminer après un grand effort.
La seconde: Erdogan a ramené des troupeaux de mercenaires de combattants syriens et de djihadistes des régions syriennes vers la Libye pour soutenir le gouvernement d’Al-Sarraj. Le nombre de ces mercenaires, selon les observateurs, a atteint environ 15 mille. Ils sont dirigés par des militaires d’élite turcs soutenue par des armes de pointes. Ce fut un facteur décisif dans les récentes victoires militaires.
À ce stade, l’Égypte a senti la gravité de la situation. Bien que sa bataille politique vitale avec l’Éthiopie pour le barrage de la Renaissance soit à son comble. Le décideur égyptien est pleinement conscient que la bataille d’Ethiopie a certaines limites qui peuvent être résolues par un tribunal international. Traiter avec les États en cas de désaccord est beaucoup plus facile que de traiter et de négocier avec les milices.
Raison pour laquelle, Al-Sisi dans un discours surprise, devant les observateurs de la région et l’institution militaire, a expliqué sa peur du danger des Frères musulmans venant de l’Occident vers l’Égypte.
Sissi et son armée sont pleinement conscients du danger des Frères musulmans car les frontières libyennes / égyptiennes atteignent environ 1200 km de long, et l’arrivée des forces gouvernementales soutenues par la Turquie d’Al-Sarraj par des mercenaires et des djihadistes syriens à Syrte et Al-Jafra signifie mettre la main de l’organisation internationale des Frères musulmans sur le pétrole libyen (croissant pétrolier) au nord / sud de ces deux villes! Dans cette zone se situe la plupart du pétrole libyen, ce qui a placé la Libye au dixième rang mondial des pays exportateurs de pétrole.
Par conséquent, Sissi a prononcé son discours devant les deuxième et troisième armées égyptiennes. Et un tel discours s’appelle dans les sciences militaires (une revue d’inspection de guerre), en d’autres termes, s’assurer que l’armée est prête pour l’éventualité d’une bataille à venir ou sur le point d’avoir lieu. Une telle situation militaire est appelée en science politique (dissuasion morale avant la guerre).
Et les forces égyptiennes dans lesquelles Sissi a prononcé son discours sont situées dans la région (Sidi Barani), à environ 100 km de la frontière libyenne.
Le régime égyptien a donc pris une mesure préventive par la dissuasion morale pour empêcher les Frères musulmans d’atteindre le croissant pétrolier et a clairement indiqué que cette région représente une « ligne rouge » pour la sécurité nationale égyptienne, bien que la plupart des observateurs pensent que l’affrontement égypto-libyen arrive inévitablement et cela aura un impact négatif sur les peuples égyptien et libyen.
C’est ce que nous avions prévenu dans nos précédentes analyses, et nous avons dit que les manœuvres des frères musulmans causeraient des graves répercussions sur le peuple libyen. En effet, il semble que les réactions du gouvernement Al-Sarraj au discours de Sissi n’augurent rien de bon. Et que ce choc arabe / islamique aura lieu une situation que nous ne souhaitons pas. Nous espérons plutôt que la communauté internationale interviendra pour mettre fin à une telle guerre. Et pour que la Confrérie cesse de provoquer les autres et pour qu’ils se rappellent que toutes leurs batailles pendant près d’un siècle jusqu’à aujourd’hui ont échoué…
À suivre…