En parallèle avec la célébration de la Journée internationale des droits de l’enfance, la Commission nationale des droits de l’Homme en Libye a publié un rapport dans lequel elle a jeté la lumière sur la situation des enfants dans le pays et sur les violations auxquelles sont exposés à savoir : l’injustice, l’attentat à la pudeur et les violations des droits à cause des conflits.
La Commission a considéré que la situation des enfants en Libye est extrêmement dangereuse et que les violations de leurs droits ont atteint leur apogée. La situation générale dans ce pays marquée par des crises, des conflits et des guerres civiles a affecté les droits en général de l’enfance pour les éloigner totalement des lois internationale promulguées en faveur des enfants d’autant plus qu’ils se sont écartés des conventions ratifiées et signées précédemment par la Libye en faveur des enfants.
Détention des enfants avec des adultes et des criminels
La Commission s’est penchée par ailleurs sur la question du mauvais traitement auquel sont exposés les enfants en Libye, surtout qu’un grand nombre parmi eux sont détenus dans des pièces avec des adultes et des criminels. Cela augmente le danger sur leur santé physique et psychologique. Elle a de même expliqué que le département des mineurs à Tajourah à l’est de la capitale Tripoli n’est pas équipé ni même disposé à accueillir les enfants.
Elle a encore souligné que parmi les questions urgentes qui n’étaient pas traitées au sérieux par les autorités libyennes, est le problème des enfants sans soutien familial et atteints du SIDA ou de l’hépatite. Elle a en effet exprimé son regret que les gouvernements successifs n’aient pas prêté attention à cette catégorie privée de ses droits fondamentaux comme le stipulent la législation libyenne en vigueur et les conventions internationales auxquelles l’Etat libyen a adhéré.
Elle a sur un autre plan indiqué que les centres de protection des enfants refusent d’accueillir les enfants sans identité atteints du SIDA ou de l’hépatite, arguant que les réglementations ne le permettent pas.
Elle a en effet souligné que cet argument est dénué de fondement puisque la législation et les réglementations obligent les centres de protection d’abriter les enfants sans identité sans aucune exigence et que les articles qui stipulent de ne pas recevoir les enfants atteints de maladies infectieuses ont exempté les enfants sans identité ou référés par une autorité judiciaire en les examinant immédiatement et en les isolant la période nécessaire ou bien de les envoyer à l’hôpital.
La Commission a d’ailleurs observé plusieurs cas dont certains parmi eux sont nés dans des hôpitaux libyens et ils ont atteint l’âge scolaire mais ils ne portent pas de noms et ne sont pas reconnus par l’Etat, sans parler de leur accueil par les centres d’accueil.
L’organisation a affirmé qu’il n’y a presque aucun centre en Libye de détention de migrants clandestins et des demandeurs d’asile qui n’abrite pas d’enfants et de mineurs dont certains avec leurs parents ou l’un d’eux, d’autres ne sont pas accompagnés, mais la plupart sont arrêtés et détenus dans les centres de détention.
Elle a poursuivi que la situation des enfants transférés dans ces centres est très inquiétante car ils ne respectent pas leur intimité de par l’endroit et la prise en charge médicale et psychologique durant toutes les années précédentes. Et elle a expliqué qu’aucun centre parmi les centres de détention appartenant aux services chargés de l’immigration clandestine n’a été réservé aux enfants et mineurs. Par conséquent, les enfants de 9 ans sont détenus avec des adultes dans le même endroit sans prendre en considération le risque, d’ailleurs connu par tout le monde, qu’il constitue sur ces enfants.
90 mille enfants déplacés
De son coté, l’Unicef a indiqué que plus de 60 mille enfants refugiés et migrants présents actuellement dans les zones urbaines sont dans une situation très vulnérable particulièrement les enfants non-accompagnés ou détenus dont leur nombre s’élève à 15.000 enfants environ. Elle a noté que ces enfants n’ont pas pu accéder aux services vitaux et de protection. Cela signifie que les conflits incessants ont augmenté les risques auxquels ils sont confrontés. Elle a ajouté que la détérioration de la situation a forcé plus de 150.000 personnes dont 90.000 enfants à fuir leurs maisons pour être désormais parmi les déplacés.
La même organisation a précédemment mis en garde contre les dangers de la guerre sur les enfants en Libye avant d’indiquer qu’elle a reçu des rapports concernant des enfants qui ont été blessés ou tués d’autant plus que d’autres enfants ont été recrutés pour les engager dans les conflits armés. Les données indiquent qu’un grand nombre d’enfants a été attachés aux milices en Libye après avoir été séduits avec de l’argent.
Les médias locaux ont par ailleurs révélé qu’une fosse commune a été trouvée dans la région Assaedia au sud de la capitale contenant les cadavres de 18 morts parmi eux des enfants. C’est-à-dire, ils ont participé avec des combattants dont leurs cadavres trouvés dans la même fosse commune. Cette donne confirme la véracité des hypothèses et fait d’elles des faits établis concernant l’exploitation des enfants dans la guerre qui s’est déroulée en Libye durant toutes les dernières années.
Des enfants pris en otage
Outre les différentes formes de violence habituelles exercées sur les enfants libyens dans ce continuel conflit armé dont les fusillades et l’exécution par missiles, les conséquences des déplacements forcés (le cas des enfants Tawarga), les orphelins (à cause de la guerre), cette catégorie est encore exposée à l’enlèvement classé parmi les violations graves et néfastes. Ce fléau s’est développé ces dernières années dans ce pays caractérisé par l’insécurité et l’instabilité. Ce qui a transformé leur vie en un enfer.
Le fléau de l’enlèvement des enfants est un crime dont souffrent la plupart des pays du monde en raison de son amplification d’une part et la multiplicité de ses causes ainsi que la diversité de ses méthodes et ses genres de l’autre part. Néanmoins sa transformation d’un simple crime en un réseau complexe dans lequel opère une mafia internationale transfrontière constitue un réel problème pour les autorités et une préoccupation qui hante les familles à l’Est comme au Sud.
L’enlèvement est une violation flagrante aux droits fondamentaux reconnus de l’enfant, tels que son droit à la vie et à la dignité. Toutefois, il s’agit d’une méthode de guerre en Libye utilisée par les milices armées à des fins diverses dont l’intimidation de la population locale, leur assujettissement et leur exercer une pression afin de donner des concessions soit politiques ou pour demander de l’argent en exigeant des rançons pour libérer leurs enfants. C’était le cas de Derna et d’autres régions. Pour cela, les opérations d’enlèvement sont devenues une partie intégrante de la vie quotidienne des habitants libyens. D’ailleurs beaucoup s’accordent à dire qu’il s’agit de l’un des dilemmes les plus effroyables qui laissent leur empreinte aujourd’hui sur le citoyen libyen. Il est à rappeler dans ce sens que depuis 2014, le nombre des opérations d’enlèvement ont fortement augmenté et des centaines de personnes sont encore portés disparues.
Le respect des lois et des conventions
A propos de tous ces risques auxquels sont confrontés les enfants en Libye, la Commission nationale des droits de l’enfant a appelé dans son dernier rapport à adhérer à la Convention internationale des droits de l’enfant et à ses trois protocoles facultatifs avec le respect des engagements imposés par ces accords dont notamment l’harmonisation des législations nationales avec les conventions internationales ainsi que la création des instruments au niveau national permettant de les appliquer sur le terrain.
Elle a par la suite invité l’Etat libyen à accorder plus d’attention au dossier de la santé psychologique et les effets de la guerre et des conflits armées et le déplacement des enfants et la mise en place des centres de réadaptation et des programmes pour faire face aux crises de conflit.
Elle a de même demandé au ministère des Affaires sociales de mettre en place un système permettant de cerner le nombre et les endroits de présence des enfants déplacés à l’intérieur et à l’extérieur. Il s’agit en outre de modifier la législation de telle sorte qu’elle sera capable de répondre aux besoins des enfants et des mineurs, notamment en ce qui concerne la formation d’une police spécialisée qui sait gérer les mineurs lors de leur arrestation et les interroger.