L’intensité des déclarations de la partie iranienne est montée d’un cran la semaine dernière, en allant jusqu’à menacer, le premier jour du nouvel an, de frapper à l’intérieur des États-Unis d’Amérique. Ceci coïncide avec la commémoration de l’assassinat de l’ancien commandant de la Force Al-Qods, «Qassem Soleimani» et «Abou Mehdi Al-Mouhandis», le commandant adjoint des forces irakiennes de Hachd Al-Chaabi, tués le 3 janvier 2020, près de l’aéroport international de Bagdad dans un raid aérien des forces américaines, qui ont envoyé au Moyen-Orient il y a quelques jours des bombardiers B-52 capables de transporter des ogives nucléaires. En parallèle des rapports n’excluent pas que Washington lors de la période restante du mandat de « Trump » mènera des frappes sur des sites nucléaires et militaires iraniens.
En revanche, Téhéran, qui a envoyé d’importants renforts militaires en Irak la semaine dernière, n’a pas caché sa préoccupation par rapport à ce sujet. Ces derniers jours, les menaces et les avertissements iraniens de répliquer contre toute attaque qui le touchera ou touchera ses intérêts dans la région.
L’Irak constitue un éventuel champ pour la guerre prévue, selon les observateurs, surtout après les attaques par missiles contre l’ambassade américaine, le mois dernier, qui n’ont pas fait de victimes, mais les États-Unis ont accusé des milices fidèles à Téhéran.
Menacer l’intérieur américain
Le commandant du corps iranien, «Ismael Qaani», a fait allusion hier vendredi à la possibilité de mener des attaques depuis l’intérieur des territoires américains, en réponse à l’assassinat de l’ancien commandant du corps «Qassem Soleimani». En s’adressant à l’administration américaine à l’occasion de la première commémoration de l’assassinat de «Soleimani» à Téhéran en présence de hauts responsables politiques, militaires et des délégations étrangères, il a dit : « Il pourrait y avoir des gens de l’intérieur de votre maison qui répondraient à votre crime ».
Il a par ailleurs insisté que lui et la « Force Al-Qods » vont poursuivre le chemin de Soleimani, en qualifiant le président américain, perdant des récentes élections, « Donald Trump », qui a émis l’ordre d’assassinat, d’un « crétin soutenu par les Sionistes et Al-Saoud ».
Le chef du Conseil stratégique iranien pour les relations étrangères, Kamal Kharrazi, a également révélé hier ce qu’il a appelé l’objectif décisif pour son pays au Moyen-Orient au début de la nouvelle année. Il a exprimé selon l’agence iranienne « IRNA » la détermination de Téhéran d’expulser les forces américaines de la région, en soulignant que les mesures de vengeance de l’Iran pour le meurtre de l’ancien commandant de la «Force Al-Qods», «Qassem Soleimani», contre les impliqués dans son assassinat, continuent à se préparer. Il a indiqué que son pays compte leur infliger des claques plus fortes.
Le chef du Conseil stratégique a ajouté qu’il ne faut pas faire les choses avec émotion ou à la hâte pour atteindre cet objectif, sous prétexte que toute action à cet égard serait efficace au moment opportun, en soulignant la grande valeur de Soleimani chez les Iraniens. Kharrazi a ensuite déclaré : «Les funérailles majestueuses de Soleimani ont fait preuve de la force de son influence populaire, et c’était en fait une claque, en réponse au crime de Trump ».
En ce qui concerne les récents mouvements militaires américains au Moyen-Orient, Kharrazi a expliqué que de tels mouvements sont avant tout une guerre psychologique. « Mais en réalité, les Américains et les Sionistes sont très inquiets par rapport à ce que l’Iran pourrait faire. Pour cette raison, ils ont initié une guerre psychologique à travers la présence militaire dans la région ou les déclarations faites ici et là ».
Le responsable iranien a demandé aux Iraniens d’être patients et de ne pas craindre cette guerre psychologique, en soulignant qu’ils sont totalement préparés : «S’ils passent à l’action, ils recevront évidemment une réponse sérieuse».
Téhéran n’exclut pas…
Le ministre iranien des Affaires étrangères, «Mohammad Djavad Zarif», lors d’une conversation téléphonique avec son homologue koweïtien, cheikh Ahmed Nasser al-Mohammad Al-Sabah, a mis en garde les États-Unis contre toute action contre son pays en les tenant «responsables des conséquences de tout complot ».
Il a abordé lors de cet entretien avec Al-Sabah, «les mouvements démoniaques suspects des États-Unis dans la région», en soulignant «la nécessité d’assurer la stabilité et la sécurité globale loin de toute ingérence étrangère et de toute tension». Le responsable n’a pas exclu le déclenchement d’une guerre contre son pays, en indiquant dans un tweet publié hier que les informations de renseignement provenant de l’Irak parlent d’un complot en train d’être tissé afin de trouver un prétexte pour annoncer la guerre contre l’Iran. Il a par la suite affirmé que son pays ne restera pas les bras croisés si l’Iran est attaqué par les États-Unis. Il a souligné en même temps que « l’Iran ne veut pas la guerre, mais il défendra ouvertement et directement son peuple, sa sécurité et ses intérêts vitaux ».
Le tweet de Zarif a coïncidé avec l’arrivée du troisième bombardier «B-52» dans la région du Golfe arabe afin de dissuader tout éventuel mouvement iranien à l’occasion de la commémoration annuelle de l’assassinat de Qassem Soleimani, selon un communiqué du commandant du commandement central des Etats Unis, « Frank MacKenzie »,qui a ajouté : « Nous sommes prêts et capables de répondre à toute attaque contre les Américains ou contre nos intérêts ».
L’Irak entre deux mâchoires
Après l’attaque contre l’ambassade américaine à Bagdad qui a été ciblée par des roquettes Katioucha tirées par des armés appartenant à l’Iran, les États-Unis ont déplacé deux bombardiers B-52 au-dessus du Golfe arabe ces derniers jours. Un haut responsable militaire américain a déclaré mercredi à propos de l’envoi du troisième bombardier, que ce pas vient pour répondre aux éventuelles attaques planifiées par l’Iran contre les alliés des Etats Unis en Irak ou ailleurs au Moyen-Orient.
CNN, pour sa part, a rapporté selon des responsables que des informations récentes de renseignement ont révélé que l’Iran avait transporté des missiles balistiques à courte portée en Irak. Cette information a poussé les États-Unis à envoyer davantage de renforts militaires dans la région, y compris le bombardier B-52. Par ailleurs, des sources iraniennes ont révélé, il y a quelques jours, que les Gardiens de la révolution avaient transporté des missiles à courte portée et des drones de fabrication iranienne en Irak.
Sur un autre plan, des médias arabes ont rapporté sur des sources iraniennes qualifiées de bien informées que le transfert d’armes vers l’Irak a été effectué sur deux étapes, car elles ont été d’abord transférées de Téhéran au camp Kawthar, l’un des plus grands camps à l’ouest de la région d’Ahwaz. Puis ils les ont fait entrer en Irak à travers le poste frontalier de Shalamcheh.
D’autres sources ont indiqué que les Gardiens de la révolution n’ont pas mis ces missiles et drones à la disposition des «factions de la résistance irakienne», mais ils les ont plutôt stockés dans des sites et des camps hautement gardés appartenant aux factions armées irakiennes proches de Téhéran dans les gouvernorats du sud de l’Irak sous le contrôle des officiers et des élements de la «Force Al-Qods».
En outre, des sources irakiennes ont révélé la semaine dernière que le commandant de la Force iranienne Al-Qods, «Ismael Qaani», a tenu une réunion élargie avec certain nombre de chefs de milices irakiennes soutenues par l’Iran, lors de sa récente visite en Irak et il a demandé aux milices qu’elles soient prêtes pour lancer des attaques contre des installations et des cibles américaines si une frappe militaire américaine ou israélienne aura lieu contre l’Iran.
Les sources ont affirmé que de nombreuses milices, dont les chefs ont assisté à la réunion avec « Qaani », ont évacué leurs locaux à Bagdad et dans le reste de l’Irak, en anticipation d’éventuelles attaques américaines.