«Les drogues sont religieusement interdites», a dit le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une déclaration télévisée le vendredi dernier, dans laquelle il a évoqué la situation politique au Moyen-Orient, tout en niant l’implication de ses hommes dans le trafic de drogue.
Commentant les accusations de la partie libanaise d’être impliquée dans le trafic de drogue par les agences de lutte contre le trafic de drogue américaine et européenne, Nasrallah a déclaré : «Notre position est claire par rapport à tout type de drogue : elle est religieusement interdite, soit la fabrication, sa vente, son achat, son trafic ou sa consommation. Dans certains cas, la punition peut aller jusqu’à la peine de mort selon les lois de la Charia islamique. Il a ajouté que les érudits religieux interdisent toute implication dans le trafic de drogue « même pour l’ennemi ».
Les pays voisins de la Syrie et du Liban ont mis à l’échec plusieurs fois des tentatives de contrebande de «haschich» et d’amphétamine, connue sous l’appellation de comprimés de Captagon sur leurs frontières en provenance de Syrie, ainsi que de très grandes cargaisons interceptées aux ports de presque tous les pays méditerranéens provenant également de la Syrie et du Liban. Par ailleurs, des rapports internationaux indiquent que Hezbollah et le régime d’Al-Assad essaient de sauver l’économie bloquée de l’effondrement en fabriquant les drogues et les trafiquer vers les quatre coins du monde via les voies terrestre et maritime.
La culture du haschich
Le Liban est l’un des plus grands producteurs de « résine de cannabis » connu dans le monde par le stupéfiant de haschich. Selon les rapports, cette plante est cultivée et pousse explicitement dans des régions contrôlées par le Hezbollah, soutenu par l’Iran, dans le sud et dans la Plaine de Bekaa au Liban.
En avril 2020, le parlement libanais a approuvé un projet de loi autorisant la culture du cannabis pour des fins médicales et industrielles, pour que le Liban soit le premier pays arabe à faire ce pas dans le but de sauver son économie.
Des sources bien informées de l’Observatoire MENA rapportaient à l’époque que les députés connus par leur loyauté au Hezbollah représentés par le bloc « Loyauté à la Résistance » étaient derrière ce projet de loi et ils avaient poussé pour son adoption.
De même, la police israélienne accuse toujours Hezbollah libanais de trafic de haschich vers la Palestine à travers les zones frontalières avec le parti au sud du Liban, outre les dizaines de cargaisons de haschich et de Captagon dont certaines ont été révélées dissimulées dans des boîtes de lait et de boisson de Yerba mate appartenant aux entreprises du régime syrien.
Comprimés de Captagon
Le Captagon est l’un des stupéfiants utilisés par les combattants dans les zones de conflit. Il a été initialement développé pour traiter ce qu’on l’appelle « la malade de Gélineau » ou la narcolepsie, une maladie neurologique caractérisée par la perte du cerveau de sa capacité de réguler les cycles de sommeil. En effet, le Captagon aide ses utilisateurs à rester éveillés et en contact avec leur environnement. Les combattants disent qu’il les aide aussi à se débarrasser de la peur sur les champ de bataille.
Commentant la question de l’implication de son groupe dans la production de comprimés de Captagon et parlant des doutes entourant son parti et le régime d’Al-Assad, après la confiscation de 14 tonnes de ce médicament en Italie en juin 2020 provenant du port syrien de Lattaquié, selon les autorités italiennes, le chef du parti du Hezbollah a dit dans un mot prononcé vendredi « Il n’y a aucune crédibilité. Nous avons contacté les responsables en Italie pour traquer l’origine de la cargaison».
Il a ajouté : « les accusations sont en fait sans fondement. Bien au contraire, elles enquêtent sur le rôle de l’Etat islamique, « Daesh », de la mafia italienne, de la mafia russe et les autres réseaux criminels », en pointant de doigt la « propagande » occidentale qui cible son parti avec un torrent de « fausses nouvelles », selon ses dires.
La cargaison saisie par les autorités italiennes est considérée comme le plus importante de son genre, puisqu’elle contenait environ 85 millions de comprimés de Captagon. Cette quantité a été dissimulée dans une cargaison de machines-outils de rechange et de rouleaux de papier industriel dans le port italien de Salerne. La cargaison a été incendiée sous bonne garde en décembre avec une autre cargaison de haschich précédemment confisquée venait également de Syrie.
L’équipe de la police italienne de la criminalité financière a initialement déclaré que les comprimés d’une valeur estimée à un milliard d’euros (1,2 milliard de dollars) environ seraient produits par l’État islamique, mais des enquêtes récentes ont révélé l’implication du régime d’Al-Assad et du Hezbollah.
Des fabriques en Syrie
Des sources de MENA à l’intérieur de la Syrie ont indiqué que de nombreuses fabriques de comprimés de Captagon se trouvent un peu partout dans les régions contrôlées par le régime syrien et les milices du Hezbollah soutenues par l’Iran. Et récemment, les milices et les forces de la Quatrième division de l’armée du régime syrien ont créé en décembre dernier une nouvelle fabrique pour la production des stupéfiants au Rif Dimachq sud.
Les mêmes sources ont indiqué que la nouvelle fabrique est installée à 3 km de la ville de «Serghaya» dans une région appelée «AL-Khrabat», près de la frontière entre la Syrie et le Liban.
Les médias locaux ont rapporté d’après des sources dans la région que les milices du parti avaient ramené des «cuisiniers chimiques» du territoire libanais. Ils ont souligné que les milices ont assigné à l’un des postes de contrôle de la Quatrième division dirigé par «Maher Al-Assad», frère du président du régime syrien, «Bashar Al-Assad», la tâche de sécuriser La route menant à la nouvelle fabrique, tout en empêchant les gens d’accéder dans cette zone.
Il est à noter que les milices du «Hezbollah» imposent leur contrôle sur la plupart des zones frontalières montagneuses entre le Liban et la Syrie, avec l’aide de la Quatrième division, tandis que le trafic de drogue et des armes prospère dans la région et il est supervisé par les dirigeants du parti soutenu par l’Iran afin de financer les opérations des milices et leurs éléments.
De la terre à la mer
Après le durcissement du contrôle sur les frontières terrestres par les pays voisins après 2011 et les sanctions économiques qui suivaient contre le régime d’Al-Assad et le Hezbollah, ils ont établi une piste du trafic de drogue par voie maritime à travers les ports de Syrie et du Liban.
Outre l’Italie, la Grèce a saisi en décembre 2018 plus de six tonnes de haschich et trois millions de comprimés de Captagon chargés à bord d’un navire syrien, dans huit conteneurs dissimulés dans une cargaison de café, d’épices et de sciure. Leur valeur s’élève à plus de 100 millions d’euros, selon les autorités grecques.
Lors de leurs dernières tentatives, il y a quelques jours, les forces de sécurité égyptiennes ont saisi aussi une quantité qualifiée d’«astronomique » de drogue. Il s’agit de plus de 8 tonnes de haschich, ainsi que plus de 8 millions de comprimés de « Captagon » dans un conteneur dans le port de Port-Saïd.
La Direction générale de contrôle des stupéfiants, selon un communiqué du ministère égyptien de l’Intérieur et un reportage vidéo, a confirmé qu’elle avait pu saisir un conteneur provenant d’un port de l’un des pays arabes destiné à un autre port d’un autre pays arabe via le port ouest de Port-Saïd à travers le système de transit, mais sans mentionner les deux pays en question.
Aujourd’hui, des médias libyens ont rapporté selon des sources de sécurité égyptiennes, que les autorités avaient réussi à saisir un conteneur en provenance du port de Beyrouth en route vers la Libye via le port ouest de Port-Saïd avec une grande quantité de stupéfiants, alors que des informations parlent de l’implication du Hezbollah dans cette tentative de faire passer cette cargaison illicitement.
Les sources de sécurité ont indiqué avoir reçu des informations sur le conteneur saisi, particulièrement l’heure de son passage, ainsi que sur son contenu. Une source de sécurité a encore précisé que le conteneur s’acheminait du Liban vers la Libye, selon les enquêtes préliminaires et les examens, en expliquant que les enquêtes sont actuellement menées par le parquet égyptien pour identifier les personnes impliquées dans la contrebande de cette cargaison. Elle a indiqué qu’elles n’ont pas encore été identifiées.
Une autre source sécuritaire a confirmé que le conteneur contenait des tonnes de haschich et de comprimés de Captagon, et qu’il était dissimulé dans une cargaison de sacs en plastique, soulignant que les capsules dans lesquelles les stupéfiants ont été saisis démontrent que la cargaison provenait du port de Beyrouth.
La source a encore expliqué qu’il est probable que la cargaison appartienne à des milices affiliées au parti (Hezbollah, Ndlr) et qu’elles soient impliquées dans la contrebande de cette quantité de stupéfiants, en soulignant que cela n’a pas encore été confirmé et que des enquêtes sont toujours en cours autour de cette affaire.