Avec la célébration en Tunisie du 11ème anniversaire du départ de l’ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali du pouvoir, un pressentiment d’une éventuelle deuxième révolution dans le pays plane de plus en plus, particulièrement à cause de la dégradation continue des conditions de vie, de l’augmentation de pauvreté et du chômage, dans une situation d’instabilité politique et gouvernementale, qui a eu des répercussions négatives sur la situation des jeunes tunisiens.
Selon les statistiques de l’Institut tunisien de la statistique, le taux des personnes en chômage dans le pays s’est élevé à 16,2% au troisième trimestre 2020, tandis que le taux de la pauvreté a atteint 25,8%.
Paralysie gouvernementale et parlementaire
L’analyste politique, «Jomaâ Belmbarek» a indiqué qu’il y a une situation de paralysie totale gouvernementale et parlementaire en Tunisie, causée par une situation conflictuelle intense par rapport au pouvoir et aux prérogatives entre les différentes institutions au pouvoir. Ceci a affecté la capacité du gouvernement tunisien à prendre des décisions cruciales susceptibles de changer et de toucher directement la vie des citoyens tunisiens.
Il est à rappeler que la Tunisie a enregistré, en moins d’un an, la formation de deux gouvernements successifs, le premier dirigé par « Elyes Fakhfakh » et le second dirigé par « Hichem Mechichi ».
Belmbarek a ajouté que l’attention actuelle des blocs parlementaires se focalisant sur la question de la formation du gouvernement et la divergence des points de vue entre eux les ont éloignés des préoccupations des jeunes tunisiens et de leurs problèmes liés au travail, à l’avenir et à l’éducation. Il a considéré que les partis étaient préoccupés par leurs conflits et oubliaient les luttes du peuple tunisien face aux difficultés de la vie.
Il est à noter que des sources tunisiennes ont révélé il y a quelques jours que le mouvement d’Ennahdha et le Parti « Au cœur de la Tunisie » feraient la pression sur le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, pour qu’il fasse sortir du gouvernement les ministres fidèles au président de la République, Kaïs Saïed, dans un éventuel remaniement ministériel.
Par rapport à ce remaniement évoqué, le président du Bloc de la réforme au Parlement tunisien, Hassouna Nassfi, a dit qu’il pourra toucher 12 portefeuilles ministériels, en enchainant : «Ce remaniement pourra concerner 7 ministères. Aujourd’hui, nous avons 3 ministères vacants, qui sont l’Intérieur, l’Environnement et la Culture. Mais il pourra atteindre 8 voire 12 ministères au total ».
Un fiasco général et absence de solutions
Dans ses propos en relation avec le rôle de la crise politique dans les mauvaises conditions de vie, Belmbarek a mis en garde contre la possibilité de l’explosion de la situation dans le pays et le déclenchement d’une nouvelle révolution, surtout que la situation actuelle est semblable à celle qui prévalait avant le déclenchement de la révolution fin 2010, selon ses dires.
Il est à rappeler qu’un homme de trente ans, originaire de la ville de Kasserine, s’est immolé par le feu, il y a quelques jours, pour protester contre les mauvaises conditions de vie de sa famille, ce qui a ravivé dans les esprits le suicide du jeune « Mohamed Bouazizi », qui a fait déclencher la révolution tunisienne contre le président « Ben Ali ».
Belmbarek a insisté sur la possibilité de l’explosion de la situation en l’absence de solutions et de décisions de développement. Il a indiqué dans le même contexte que tout ce qui est abordé sous le dôme du Parlement n’est que des aspects politiques, loin des questions du développement et des problèmes économiques.
Dans le même registre, le journaliste tunisien «Habib Mbarki» a dit : «La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins. Elle n’est ni en mesure de résister face à l’intransigeance des hommes politiques, ni capable de guérir ses blessures pour sortir du spectre de la crise économique régnante ni capable de bouger à cause des compromis excessifs et de la perturbation de la production dans plusieurs régions, pour que le désespoir des classes sociales s’intensifient en raison des exigences très élevées qui confondent l’Etat et freinent ses mouvements à tous les niveaux », selon ce qu’il a publié dans le journal Al-Arab.
En outre, « Mbarki » considère que les Tunisiens ont été victimes des polémiques, des mauvaises performances politiques, des positions dogmatiques et d’autres idéologies méprisables qui régnaient parmi la classe politique immature en Tunisie, tout en soulignant que la balle est désormais dans le camp du peuple, bien qu’il soit accablé par des situations et des voies entravant son mouvement.
Commentant l’éventuel déclenchement d’une nouvelle révolution en Tunisie, l’analyste économique, «Hassine Ben Younes», a indiqué que les données économiques et statistiques confirment que le pays se dirige vers une situation encore plus explosive, notamment que la courbe était descendante de 2015 à 2020. Une donne qui reflète la situation d’impuissance et l’absence de solutions face aux problèmes de la Tunisie.
Selon les chiffres de l’Institut national de la statistique, le nombre total des personnes en chômage en 2015 qui était de 420 mille personnes, a atteint 629,6 mille en 2016, puis 644,9 mille en 2018, pour enregistrer une légère baisse en 2019 avec 637,7 mille chômeurs.