Bien que le Coronavirus continue de se répandre et de se propager, la faim touche les différents coins du Liban, pour que les manifestations reviennent et les Libanais dans les différentes régions, des différentes sectes et des différentes idéologies lèvent les voix de douleur face au gouvernement et à la classe politique, en annonçant une révolution contre le « Coronavirus » et une révolte contre la « faim ».
Trois principales villes y compris la capitale, Beyrouth, ont connu, hier lundi, des affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité pour protester contre la détérioration de la situation économique en parallèle avec la continuité de l’application du couvre-feu à cause du Coronavirus.
Un bon nombre de manifestants à Beyrouth sont sortis dans une manifestation de protestation, en scandant des slogans tenant la classe politique responsable de l’effondrement économique et du niveau de vie. De plus, les manifestants ont bloqué une route principale de la capitale pendant environ une demi-heure avant sa réouverture, en présence des éléments des forces de sécurité intérieure mais sans enregistrer aucune confrontation.
Les manifestants se tenaient sur le pont le « Ring » au croisement de Borj Al-Ghazal pendant un certain temps, scandant des slogans de la Révolution du 17 octobre et des slogans en soutien au Tripoli, alors que des informations et des vidéos publiaient concernant l’arrestation par les forces de sécurité d’un certain nombre d’activistes dans le Nord lors des manifestations enregistrées par la ville hier, lundi.
Tripoli se révolte …
Pour le troisième jour consécutif, la ville de Tripoli, dans le nord du pays, a enregistré des protestations à cause de la situation économique, en refusant de poursuivre la fermeture totale, ainsi qu’ils ont bloqué certaines routes et ont été entrés dans des affrontements contre les forces de l’ordre.
Des médias locaux ont indiqué que : « Les manifestants ont lancé des pierres sur les brigades de Tripoli de manière intensive, pour protester contre la fermeture totale et les amendes infligées à ceux qui enfreignent les mesures de fermeture ainsi que pour protester contre la crise économique étouffante ».
Par la suite, les manifestations se sont transformées en affrontements avec les forces de sécurité, qui ont tiré du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc pour faire disperser les manifestants. Ceci a causé la blessure de 30 personnes, dont six dans une situation critique qui ont ensuite été transférées vers des hôpitaux, selon la Croix-Rouge libanaise.
Les médias libanais n’ont pas mentionné si le mouvement était spontané ou s’il y a une partie quelconque derrière la manifestation. Or, d’autres manifestations ont eu lieu dans la ville contre les mesures de fermeture générale et stricte pour limiter la propagation du nouveau Coronavirus mais elles étaient restreintes et sans entrer en confrontation avec les forces de sécurité.
Il est à noter que le taux de respect des mesures de fermeture générale dans la ville de Tripoli est très limité. Cela a poussé les forces de sécurité à intervenir à plusieurs reprises pour sanctionner les contrevenants dans la ville, considérée comme la plus pauvre au Liban, et plus de la moitié des habitants sont au niveau ou en dessous du seuil de la pauvreté, selon des statistiques et des rapports médiatiques précédents.
La Croix-Rouge libanaise a indiqué qu’ils ont fait appel à 6 ambulances après la blessure de 41 blessés dont 12 blessés avaient été transportés aux hôpitaux tandis que 29 personnes avaient été soignées sur place.
Sidon bouge…
Dans la ville de Sidon, au sud du Liban, des dizaines de militants de différentes régions du sud ont participé dans un sit-in au niveau du croisement de Elia dans la ville, au milieu des mesures de sécurité préventives prises par les forces de sécurité, pour protester contre la détérioration des conditions de vie et l’incapacité du citoyen à subvenir à ses besoins fondamentaux.
De plus, les manifestants ont scandé des slogans dénonçant les décisions arbitraires «adoptées par l’autorité politique et qui ont conduit à l’effondrement actuel». Les manifestants ont été unanimes que les pauvres paient les frais de la décision de la fermeture générale. Ils ont en effet conduit une manifestation qui a sillonné les rues de Sidon, à partir de la place Nejmeh en passant par le marché commercial de Saïda et en arrivant à la place El-Quds.
Jusqu’au 8 février, une fermeture générale stricte s’applique au Liban, y compris un couvre-feu de 24 heures suite à une augmentation, sans précédent en nombre des personnes infectées et des décès, causée par le Coronavirus depuis le début de cette année. Le Liban ayant enregistré 282.249 cas, dont 2404 décès.
Cinquième colonne…
Le Liban connaît ses pires crises économiques, qui ont redoublé les taux de pauvreté, ce qui a poussé plusieurs parties économiques à s’opposer aux mesures de fermeture, tandis que le conflit se transforme en (régional, partisan et politique), sous l’effet des conditions de santé et de vie tragiques dont souffre le citoyen en premier lieu.
Les violents affrontements qui ont éclaté à Tripoli entre les manifestants et les forces de sécurité ont provoqué la terreur dans le cœur des citoyens, en craignant pour leur sécurité et leurs biens. En effet, un certain nombre de Libanais « sages » ont appelé à intervenir pour calmer la situation, « pour empêcher l’infiltration d’une cinquième colonne parmi les manifestants ».
Les observateurs mettent en garde contre certains groupes qui étaient auparavant soupçonnés après la révolte « d’octobre », à cause de leurs liens sécuritaires ou politiques. Ils cherchaient à exploiter les souffrances des habitants de la ville et à pousser ses jeunes à entrer en confrontation avec les forces de la sécurité ainsi que reproduire le scénario de la confrontation avec l’armée, pour faire revivre dans les esprits les affrontements qui ont eu lieu à «Al-Beddawi, le conflit de Bab Al-Tabbaneh et sur la place Al-Nour».
Selon les observateurs, les manifestations de colère ne seront pas un simplement soulèvement pacifique et civilisé, comme ce fut le cas lors du soulèvement du 17 octobre dernier. Au contraire, cette fois il s’agit bien d’une «révolution» au vrai sens du terme. D’autres craignent que la situation explose et que la situation se complique encore vers des chocs sanglants : un chaos sécuritaire et des affrontements politiques et partisans, qui rappellent aux Libanais chevronnés les scènes odieuses de la Guerre civile qui durait 15 ans et a laissé ses empreintes jusqu’aujourd’hui.
Conflit chiite
Quant au Liban-Sud, le conflit entre la milice de « Hezbollah » et le « Mouvement Amal » s’est évolué pour toucher le secteur de la santé, et ce à travers la discrimination du ministre de la Santé, Hamad Hassan, appartenant au parti « Hezbollah », aux dépens des régions chiites contrôlées par « Mouvement Amal », comme ce fut le cas de l’incident de l’hôpital de « Qana » et le détournement d’un appareil PCR de ce dernier vers l’hôpital gouvernemental de Rachaya.
L’un des conseillers du ministre a estimé à l’époque que « la région de Tyr dispose de suffisamment de laboratoires, ce qui n’est pas le cas pour la région de Rachaya, après coordination avec le directeur du gouvernement de Qana ».
De son côté, le directeur de l’hôpital gouvernemental de Qana, Mohammed Sayegh, a nié avoir communiqué avec le ministère pour l’informer que l’hôpital ne sera pas approvisionné de l’appareil PCR qui lui était destiné, tout en affirmant qu’il n’y avait pas de coordination avec l’hôpital comme mentionné ».
Le Hezbollah agit comme si le ministère de la Santé était un centre ou l’une de ses institutions, et il règle ses comptes avec les chiites appartenant au «mouvement Amal» en particulier, les citoyens ayant confirmé que certaines associations distribuent des respirateurs selon l’affiliation partisane et «sectaire».
En outre, les médias locaux ont rapporté que : « Les lits dans les hôpitaux dans tout le pays sont maintenant presque complètement occupés, outre une grave pénurie de réservoirs d’oxygène, de respirateurs et des staffs médicaux ».
Ils ont indiqué qu’à « l’hôpital universitaire Rafic Hariri, le principal établissement gouvernemental pour le traitement des cas Covid-19, il y a actuellement 40 lits à l’unité des soins intensifs, tous occupés, et selon l’Organisation mondiale de la santé, le taux d’occupation des hôpitaux à Beyrouth est à 98% ».
Il est à noter que le président de l’ordre des médecins libanais, «Charaf Abou Charaf», a critiqué auparavant la gestion par le ministère de la crise du coronavirus, expliquant qu’«il n’y a pas une bonne planification et que sa vision est incomplète».
Il est à rappeler par ailleurs que le président libanais «Michel Aoun» avait signé le 5 janvier l’approbation exceptionnelle de fermeture générale, jusqu’au 1er février, dans le cadre de la lutte contre la propagation du Coronavirus dans le pays, selon la proposition du premier ministre et le comité ministériel chargé du suivi du de l’évolution du coronavirus.
Le chef du gouvernement provisoire libanais, Hassan Diab, avait exprimé, avant la signature, son inquiétude face à la situation épidémiologique au Liban, à cause de la propagation de l’épidémie et l’absence de lits vacants dans un certain nombre des salles des soins intensifs mais en ajoutant qu’il était prévu de signer la décision de la fermeture.