En parlant des rapports onusiens révélant des cas de corruption et d’achat des voix lors du dialogue national libyen, qui a abouti à un conseil présidentiel et un nouveau gouvernement, le Premier ministre désigné, «Abdulhamid Dabaiba», a insisté sur l’intégrité du processus qui l’a amené à son poste, en indiquant que le processus a été effectué en toute transparence.
Dabaiba répond également aux sceptiques par rapport au dialogue politique, que le processus du choix de la nouvelle autorité dans le pays a été suivi par tous les Libyens à travers les écrans de télévision, en affirmant que son gouvernement est engagé à honorer ses engagements et obligations envers le peuple libyen pour qu’il soit un gouvernement qui représente tous les Libyens et qui préserve leur dignité et leurs droits à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
D’autres options pour écarter Dabaiba et son gouvernement
Commentant la transition politique en Libye, des sources bien informées ont révélé qu’il y a des parties libyennes qui tendent à maintenir le gouvernement de conciliation au pouvoir jusqu’à la tenue des prochaines élections à la fin de l’année en cours. Elles ont ajouté que ces parties poussent vers un remaniement au sein du gouvernement d’union naationale au lieu de le changer complètement et la formation d’un nouveau gouvernement.
Les sources indiquent également que ces parties soutiennent toujours la même position malgré l’arrivée de la nouvelle autorité et le fait de charger officiellement « Dabaiba » pour former le gouvernement, en expliquant que le plus grand pari qu’ils ont pour faire tomber « Dabaiba » c’est la difficulté de présenter une composition gouvernementale susceptible de gagner la confiance de toutes les parties libyennes.
Il convient à noter aussi que des médias locaux ont annoncé récemment que le président du parlement libyen, «Aguila Salah», avait rejeté une formation gouvernementale présentée par «Dabaiba» la semaine dernière, sans révéler les détails de cette composition.
Dans le même contexte, l’analyste politique, Abdelkader Bouchagour, a considéré que plusieurs parties libyennes verront leurs intérêts endommagés si le gouvernement Dabaiba réussit, en particulier celles liées aux milices et aux forces étrangères et surtout que le nouveau pouvoir exécutif bénéficie d’un large soutien régional. Il a en outre ajouté que certaines personnalités dans le gouvernement d’union nationale aspirent toujours jouer un rôle dans l’avenir du pays et à préserver leurs postes au sein du nouveau gouvernement, précisément le ministre de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale, Fathi Bachagha.
En outre, « Bouchagour » a indiqué que « Dabaiba » patauge dans l’océan de la politique libyenne, les mains ligotées notamment avec la difficulté d’obtenir un accord politique général en Libye, étant donné la divergence des intérêts des parties politiques en Libye, en considérant que la première et la plus difficile mission à laquelle le nouveau gouvernement devra faire face, c’est d’obtenir le consensus requis, en expliquant que le rapport des Nations Unies est venu pour compliquer les choses pour le nouveau gouvernement et il donnera des excuses aux opposants de Dabaiba pour faire tomber son gouvernement et ne pas lui accorder la confiance.
La bataille au Parlement
Malgré tout ce qui a été révélé autour des résultats de l’enquête de la commission de l’ONU et tous les indicateurs négatifs qu’elle donne en ce qui concerne l’avenir du nouveau gouvernement libyen, le chercheur sur les affaires libyennes, «Ahmed Al-Berchni» a estimé que la bataille principale de «Dabaiba» sera au sein du Parlement libyen, en poursuivant que dans le cas où il parviendrait à convaincre le Parlement et son président de la composition qui sera présentée, cela l’aidera à surmonter la crise des enquêtes onusiennes, et au moins commencer à exercer ses prérogatives constitutionnelles.
Il a par ailleurs souligné que la formation du gouvernement, malgré sa complexité, sera une impulsion forte pour le nouveau gouvernement, et représentera un facteur pour le soutenir dans la mise en application de sa politique et de son plan, en considérant que la priorité maintenant en Libye devrait être de résoudre des problèmes plus importants que celui de la formation du gouvernement ou de ce qui a été passé lors du dialogue Libyen en Tunisie.
Al-Berchni a ajouté: «Indépendamment de ce qui s’est passé dans le dialogue et de ce qui viendra dans les enquêtes de l’ONU, il y a des questions plus importantes qui doivent être traitées, à l’instar de l’unification de l’armée, la réunification des institutions gouvernementales et officielles, la nécessité de créer un climat propice avant les prochaines élections, et la mission de retirer les armes des milices et le dossier des forces étrangères », en estimant que le nouveau gouvernement sera pratiquement comme étant un gouvernement intérimaire, en faisant allusion à la nécessité de faire face à la réalité libyenne et à ce qu’elle aura besoin, loin du règlement de comptes politiques.
Al-Berachni a également prévenu du choix ou des appels de maintenir l’actuel gouvernement d’union nationale en se contentant d’y introduire certains changements, soit en nommant de nouveaux ministres ou en le fusionnant avec le gouvernement d’Abdallah al-Thani à l’est de la Libye. Il a rappelé que le gouvernement d’union nationale a autorisé l’intervention des forces turques et des milices étrangères en Libye. Il est donc impossible qu’il aidera à leur retrait et à mettre un terme à la présence des milices, d’autant plus qu’un certain nombre de ses ministres est lié à ces milices et bénéficie d’un soutien turc direct, selon ses propos.
Il est à rappeler que le président turc, «Recep Tayyip Erdogan», a admis dans un discours que la présence des forces turques en Libye est intervenue pour soutenir le gouvernement d’union nationale sur sa demande, en soulignant que l’armée turque en Libye s’occupe des tâches d’entrainement des forces appartenant au gouvernement libyen d’union nationale.
Al-Berchni a conclu en estimant que la chute du gouvernement Dabaiba aura des répercussions dangereuses pour la stabilité politique et les résultats du dialogue libyen, et elle pourrait ramener les choses à la case zéro, en indiquant que l’ONU fera partie de ce résultat suite à l’enquête qu’elles ont menée, surtout que ses résultats ont été divulgués avant leur publication officielle prévue le 15 mars.