Un pas mystérieux pris par le chef du gouvernement d’union nationale libyen, Fayez el-Sarraj, suscite plusieurs interrogations autour du sort des membres du gouvernement controversé, notamment avec la constitution du nouveau Conseil présidentiel dirigé par Mohammad el-Menfi.
Des sources libyennes ont révélé que el-Sarraj avait pris la décision de charger son adjoint, Ahmed Miitig, d’assumer les tâches et les prérogatives du Conseil présidentiel, et ce avant de quitter le pays pour une destination inconnue et pour une durée indéterminée, et sans donner plus de détails sur ce pas.
Une époque du passé récent
La sortie anticipée d’el-Sarraj de son poste et son départ du pays indiquent selon l’analyste politique Nizar Al-Zwaiti, que le gouvernement d’union nationale et tous ses membres font désormais partie du passé du pays, surtout que le nouveau président du Conseil présidentiel, el-Menfi a le soutien de l’armée et de certains de pays influents dans le dossier libyen. Il a souligné que la sortie d’el-Sarraj de cette façon peut signifier qu’il y ait un danger qui le menace comme des poursuites judiciaires ou constitutionnelles.
Al-Zwaiti a estimé également que l’accord récemment conclu à Genève a effectivement fait tomber le gouvernement d’union nationale et sa démarche politique, en considérant que la Libye est devant une nouvelle étape qui pourrait être plus stable et avec moins d’influence pour les Frères musulmans représentés par des milices ou des courants politiques. .
De sa part, l’analyste politique, «Radhouane el-Fitouri», décrit la décision d’el-Sarraj d’énigmatique et sans précédent, en rappelant que ce dernier a voyagé des dizaines de fois mais sans désigner d’autres personnes pour occuper son poste, et que sa décision peut s’expliquer par plusieurs possibilités dont son souhait de quitter la Libye sans retour, ou sous pression politique ou encore pour des raisons de santé.
«el-Fitouri» a poursuivi : «el-Sarraj a transporté vers un endroit secret des milliers de dossiers qu’il avait en sa possession, dont la plupart comprenaient des détournements de fonds et des désignations illégales, en prévision de toute possibilité», en considérant que «el- Sarraj »veut fermer la porte derrière lui et partir tranquillement, avant l’annonce de la formation du nouveau gouvernement, qui pourrait le tenir responsable des dossiers de corruption dont il était responsable.
Dans le même registre, Jamel Shalouf, le président de la Fondation Silvium de recherche et des études, a estime qu’el-Sarraj avec ce pas a mis un terme à sa présence au sein de l’actuel Conseil présidentiel, et qu’il en est complètement dehors, en indiquant que la nouvelle situation politique après l’élection d’un président au Conseil présidentiel a joué un rôle majeur dans le pas pris par el-Sarraj, selon Alarabiya.net.
La Mission d’appui des Nations Unies en Libye a annoncé vendredi les résultats du vote des membres du Forum de dialogue politique libyen à Genève sur les listes des candidats aux postes du Conseil présidentiel et du Gouvernement d’unité de transition. En effet, les résultats ont montré que Mohammad Younes el-Menfi a remporté la présidence du Conseil présidentiel, tandis que Abdelhamid Dabaiba dirigera le gouvernement, outre «Mousa Al-Kouni» et «Abdallah Alafi» en tant que membres du Conseil présidentiel.
Une nouvelle étape sous le slogan de «l’unité»
Le principal titre de la décision d’el-Sarraj, selon l’analyste politique Abdelhakim Maatoug, est de fuir les conflits, en ajoutant : «el-Sarraj a quitté la Libye pour vivre en paix entre Londres et Istanbul après avoir brûlé les récoltes et ramené les mercenaires et les takfiris ainsi qu’il a pillé l’argent des Libyens, selon ses propos.
Selon la lettre d’affectation, el-Sarraj a confié à son adjoint, Miitig, les tâches et les prérogatives du Conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale, à partir de dimanche et jusqu’à son retour du voyage, mais sans déterminer la période.
L’étape actuelle en Libye, comme l’a expliqué le président du Parlement libyen, «Aguila Salah», est le fruit de l’initiative politique qu’il a proposée au Caire pour résoudre la crise libyenne, en ajoutant : « Nous avons réussi à faire cesser l’effusion de sang et à consolider les droits des régions », en faisant allusion au pays qui traverse un nouveau tournant portant le slogan de la paix.
Aguila Salah voit que la période actuelle nécessite de parvenir à répartir équitablement des postes souverains et de la richesse du pays entre les régions, en exprimant son soutien aux mesures que el-Menfi entend prendre.
Quant aux priorités de la prochaine étape, le nouveau président du Conseil présidentiel, «el-Menfi» a fait savoir que la nouvelle autorité en Libye travaillera parmi ses priorités pour unifier l’institution militaire, suivant les résultats des discussions de la Commission militaire (5 + 5) et les efforts de la mission de l’ONU, et ce lors de sa rencontre avec les membres de la l’Assemblée des députés à Tobrouk, samedi.
Il est à noter que «el-Menfi» a indiqué dans des tweets précédents sur son compte Twitter que la réconciliation nationale, la réunification des Libyens et de leur parole seront parmi les objectifs de la nouvelle autorité, en ajoutant que : «Le conseil œuvrera pour unifier toutes les institutions de l’Etat libyen, et cela se reflétera positivement sur le niveau de vie du citoyen libyen et sur la situation dans le pays.
Il est prévu que le nouveau conseil assumera plusieurs responsabilités, dont la première est d’organiser des élections présidentielles et parlementaires en fin de l’année en cours, ainsi que d’essayer d’ouvrir la route côtière Benghazi-Tripoli bloquée par les parties en conflit au niveau de la ville de Syrte au centre du pays.