Les répercussions s’intensifient de l’appel du cardinal maronite, «Mar Bechara Rahi», sur la nécessité de la neutralité du Liban et concernant les armes des milices du Hezbollah, en appelant à tenir un congrès international pour renouveler le soutien au système démocratique et éviter au Liban les conflits de guerres et de divisions.
Rahi a considéré, selon ses déclarations, que tout ce qu’il a proposé de la neutralité du Liban et de la tenue d’un congrès international a pour but de faire revivre l’État qu’il a qualifié de «dispersé, bloqué et confisqué». Il a poursuivi devant ses partisans : «Nous avons libéré le territoire, alors laissons-nous libérer également l’État de tout ce qui entrave son autorité et son rendement».
Il est à indiquer que le patriarche maronite avait précédemment appelé à plusieurs reprises au cours des derniers mois, à adopter le principe de la neutralité du Liban, comme solution pour faire sortir le pays de sa crise actuelle politique, économique, sociale et de vie. Mais cela a été rejeté par le Hezbollah et le courant qui lui est fidèle au Liban.
Des appels traîtres, le Hezbollah répond
La réponse des personnalités qui soutiennent le Hezbollah ne se contentait pas de s’opposer à l’initiative de «Rahi», mais elle est allée au-delà pour l’accuser de trahison. En effet, le Mufti Jaafari, cheikh Ahmad Qablan a considéré que la neutralité au moment des incendies dans la région ainsi que ses troubles n’est pas patriotique, voire n’est pas dans l’intérêt du pays, de sa souveraineté et de la décision nationale, en accusant la résolution internationale 1701, concernant le Liban, d’avoir ramené des armées sur le sol libanais.
Dans le même contexte, « Hassan Fadlallah », membre du Bloc parlementaire de loyauté envers la Résistance, appartenant aux milices du Hezbollah, a considéré que l’internationalisation constitue une menace existentielle pour le Liban, en ajoutant: « Nous nous attendions à un comportement différent à propos de ce qui s’est passé à Bkerké».
Fadlallah a de même considéré qu’il y a certains qui se cachent derrière le patriarche maronite au Liban, en soulignant que ceux qui veulent adhérer à l’accord de Taëf ne devraient pas inviter les pays au Liban pour résoudre la crise, mais plutôt le traitement doit commencer de l’intérieur, en faisant référence au patriarche Rahi.
Il est à rappeler que l’opposition aux armes du Hezbollah sur la scène libanaise s’est intensifiée au cours de l’année écoulée, surtout après qu’un certain nombre de pays occidentaux et arabes ont arrêté l’aide financière fournie au Liban en raison de la domination du Hezbollah sur l’État libanais et son contrôle de la décision du gouvernement à travers le gouvernement de Hassan Diab, considéré comme étant appartenant au Hezbollah.
« Rahi » avait appelé dans ses déclarations à ne pas garder le silence face à la corruption et au chaos dans l’enquête sur le crime du port de Beyrouth, ni par rapport aux armes illégales et non libanaises, ni sur la confiscation de la décision nationale, ni sur la non formation de gouvernement, ni sur le fait de ne pas effectuer des réformes.
Une position populaire claire
Commentant les appels de Rahi, l’analyste politique Michel Bou Saab a indiqué que la position populaire à l’égard de ces appels est claire et que la rue libanaise a dit son dernier mot et elle s’oppose aux armes des milice depuis le soulèvement d’octobre 2019, qui, selon lui, s’est rapidement évolué d’un simple rejet d’une décision du gouvernement en des demandes de récupérer l’État et de retirer les armes des milices.
« Bou Saab » a par ailleurs considéré que la scène libanaise est désormais face à deux scénarios seulement, soit confronter les armes incontrôlées, la subordination et l’hégémonie partisanes, soit se transformer en un État des milices où dominent ceux qui possèdent les armes et les arsenaux de missiles, en soulignant que l’adoption de la neutralité dans le pays sera capable de résoudre la plupart des crises du Liban, particulièrement celles relatives à la situation économique et de vie, étant donné que cela garantira des revenus financiers supplémentaires au gouvernement libanais grâce à l’aide internationale, outre l’ouverture de la voie aux projets de développement.
Bou Saab a poursuivi : «Le problème principal du Liban, ce sont les courants possédant des forces armées, à travers lesquelles ils veulent imposer leur logique, leur idéologie et leurs appartenances, ainsi qu’impliquer le pays dans un jeu international et régional plus fort que lui au profit de certaines puissances régionales spécifiques», en estimant que le Liban ne peut pas jouer un rôle plus grand que lui et que sa puissance.
Dans le même contexte, «Bou Saab» s’interroge : «Si nous croyons à un argument basé sur la logique de la résistance et de la réticence, comment donc un peuple affamé et épuisé peut-il résister ou avoir la force pour résister, tandis qu’il est incapable de vivre ou d’assurer les moyens de subsistance ?», en rappelant que la partie israélienne a déclaré clairement que tout le Liban paierait le prix de la politique du Hezbollah en cas d’attaque de l’armée israélienne.
Il est à rappeler aussi que le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré la semaine dernière que tout le Liban et que le peuple libanais paieront le prix de tout pas ou mouvement du Hezbollah contre l’armée israélienne.
Le dossier des assassinats et des possibilités à l’étude
Face à la réaction violente du Hezbollah et à l’insinuation à une trahison dans les déclarations de « Rahi », l’expert des affaires sécuritaire, « Saleh Sharaf al-Din » a indiqué que le parti pourrait revenir à son ancien jeu à travers les assassinats, surtout que les derniers assassinats dont le parti a été accusé étaient quelques semaines après le ciblage de l’activiste libanais et figure de l’opposition, « Luqman Salim », en estimant que dans l’heure actuelle le parti considère que la pression a atteint son paroxysme.
Les autorités de sécurité libanaises ont annoncé il y a quelques semaines avoir retrouvé le corps de «Salim» dans sa voiture, avec des traces de torture, tandis que les accusations vont à la famille de l’opposant décédé et ses proches qui collaborent avec le Hezbollah d’être impliqués dans l’assassinat.
En même temps, il est peu probable que le parti aurait planifié d’assassiner « Rahi » à l’heure actuelle, étant donné qu’un tel pas pourrait renverser la situation, comme cela s’est produit après le meurtre de l’ancien premier ministre, « Rafik Hariri » en 2005, et toutes ses répercussions dont le fait de forcer l’armée syrienne à quitter le Liban. Toutefois, il a supposé que ces assassinats pourraient toucher des personnalités de l’opposition qui n’appartiennent pas à la classe des dirigeants politiques.
«Sharaf al-Din» a encore affirmé que le parti considère ses armes comme étant une question existentielle et que le fait de les retirer signifie la fin du parti. Par conséquent, il mène une véritable guerre pour défendre ces armes, et il peut aller dans une certaine étape à élever le rythme des assassinats pour atteindre des dirigeants politiques tel que le patriarche maronite ou des leaders politiques tels que «Samir Geagea», «Saad Hariri» ou «Amin Gemayel».