Lors du procès de l’attentat raté à la bombe contre un rassemblement de masse des activistes de l’opposition iranienne en exil en France en 2018, le principal accusé a été condamné à 20 ans de prison. Assadollah A., 49 ans, était derrière la préparation du plan de l’attaque de l’événement du Conseil national de la résistance (CNRI) à Villepinte près de Paris en présence des milliers de participants avec un engin explosif, ont statué les juges. C’est la première fois depuis la Révolution islamique en Iran de 1979 qu’un fonctionnaire du gouvernement travaillant à l’UE est jugé et condamné pour terrorisme. Trois autres complices ont également été condamnés à de longues peines de prison.
Cette décision est susceptible d’engendrer des problèmes considérables au niveau des relations déjà tendues entre les États européens et la République islamique iranienne et de rendre la diplomatie avec le régime de Téhéran plus compliquée. Après le changement au pouvoir à Washington, l’UE espère pouvoir faire revivre l’accord nucléaire auquel le président Donald Trump a mis fin pour ensuite négocier la politique régionale du régime ainsi que son programme de missiles avec l’Iran.
Le procureur de la République: «Un jugement historique»
Les juges ont accueilli inconditionnellement la demande de l’accusation de condamnation pour tentative de meurtre et participation à une organisation terroriste. Le gouvernement de Téhéran a rejeté avec véhémence les allégations et a déclaré que les plans terroristes ont été orchestrés par des opposants au régime. Il n’y a eu initialement aucune réaction de sa part.
Un représentant du parquet a toutefois parlé d’un «jugement historique». Le tribunal a estimé qu’il était prouvé qu’Assadollah A. était soutenu par les dirigeants iraniens. Selon l’enquête, Assadollah A. était un employé du ministère iranien des services de renseignement, qui surveille et attaque les groupes d’opposition à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran. Le régime de Téhéran considère le CNRI comme étant une organisation terroriste.
Le verdict confirme que les agences gouvernementales iraniennes organisent des attentats terroristes en Europe. Il est peu probable que cela reste sans conséquences politiques dont l’imposition de nouvelles sanctions par l’UE. Des attaques similaires au cours des décennies précédentes avaient fait de nombreux morts en Europe. En Allemagne, quatre Iraniens, liés au parti kurde iranien, PDKI, ont été abattus lors d’une attaque dans le restaurant berlinois «Mykonos» en septembre 1992.
En Allemagne, les autorités de sécurité enquêtent actuellement pour savoir si Assadollah A. avait également des collaborateurs là-bas. Le procureur fédéral a mené sa propre enquête préliminaire contre l’Iranien.
Assadollah A. avait menacé la police belge que les groupes armés contrôlés par l’Iran au Moyen-Orient suivraient de près le déroulement du procès. Cela a alimenté les inquiétudes des autorités de sécurité selon lesquelles les forces spéciales iraniennes ou des alliés tels que le Hezbollah pourraient également chercher à se venger d’une condamnation en Europe.
En outre, les autorités voient un risque accru, particulièrement pour les binationaux, lors de leurs voyages en Iran. Le ministère allemand des Affaires étrangères a multiplié les avertissements et a déconseillé aux personnes ayant également la nationalité iranienne les voyages inutiles vers l’Iran. Dans le passé, les binationaux ont été arrêtés à plusieurs reprises et souvent sans raison compréhensible, la dernière en octobre 2020. L’Iran a tenté auparavant d’échanger des étrangers emprisonnés en Iran contre des Iraniens impliqués dans des attentats terroristes ou ayant violé les sanctions à l’étranger où ils étaient en garde à vue.
Arrestation sur l’autoroute
Le condamné a été arrêté le 1er juillet 2018 en Allemagne dans une station-service de l’autoroute entre Würzburg et Aschaffenburg. Un mandat d’arrêt européen avait été émis contre lui. La veille, la police belge avait arrêté un couple d’origine iranienne qui avait une bombe dans leurs bagages suite à des informations des services secrets.
Selon les enquêteurs belges, elle était fabriquée de 550 grammes de TAPT hautement explosif et d’un dispositif d’allumage. Assadollah A. l’aurait remise à eux avant peu de temps au Luxembourg. Selon la police belge, l’engin explosif a été fabriqué d’une manière professionnelle et il aurait pu provoquer une explosion importante lors de l’attentat à mener en France, auquel ont assisté plus de 20.000 personnes, dont l’avocat personnel de Trump, Rudy Giuliani.
Assadollah A. avait invoqué son immunité diplomatique et refusé de participer au processus. Selon la Convention de Vienne, les diplomates ne bénéficient de l’immunité que dans le pays dans lequel ils sont accrédités – dans le cas d’Assadollah A., l’Autriche, mais pas l’Allemagne ou la Belgique, où il a été extradé.
Le couple anversois qui aurait dû commettre l’attentat a également été condamné. Les forces spéciales belges avaient stoppé et arrêté les deux en route pour la France. Selon la porte-parole du tribunal, l’homme a été condamné à 15 ans de prison, sa femme à 18 ans. Un autre homme aurait été condamné à 17 ans.
Les trois collaborateurs d’Assadollah A. verront également leur nationalité belge déchue. Le tribunal a également ordonné la confiscation de l’argent que les complices auraient reçu des services secrets iraniens, s’élevant à plus de 450.000 euros, selon le tribunal.