L’intimidation et les menaces continuent contre les activistes irakiens par les milices pro-iraniennes et certains des partis qui leur sont affiliés avant les élections législatives anticipées d’octobre, tandis que les partis politiques craignent la fraude électorale à cause du contrôle de la situation politique et sécuritaire dans le pays par les factions armées.
Le directeur de la presse et de la communication de masse à la Haute Commission électorale indépendante, « Hassan Salman », a prévu que le nombre de candidats qui se sont retirés de la course électorale atteindrait plus d’une centaine, en affirmant que « la commission n’a rien à voir avec leur retrait, qu’il s’agisse d’une décision personnelle ou sous pression, mais le plus important pour elle, c’est que la demande de retrait soit conforme à la loi en vigueur.
Intimidation et assassinat
La Commission électorale irakienne a rejeté la candidature de 226 personnes aux élections législatives anticipées prévues en octobre prochain, parce qu’elles sont concernées par les procédures de la « loi sur la responsabilité et la justice ».
De son côté, le conseiller du premier ministre chargé des affaires électorales, Hussain Al-Hindaoui, a dit : « Le retrait de certaines entités des élections irakiennes en raison de la situation sécuritaire ne signifie pas forcément qu’elles seront reportées », en ajoutant qu’« il y a aucune preuve sur les menaces contre les candidats ».
Les acyivistes irakiens estiment que « l’État irakien ne contrôle pas la situation, et il sera très difficile d’organiser des élections libres dans ces circonstances », en considérant que : « les milices sont plus fortes que l’État lui-même, et que l’ancienne garde est celle qui contrôle, et que le contrôle international des élections ne fera que les légitimer ».
Il est à noter que l’Irak a adopté une nouvelle loi électorale en 2019, encourageant les candidats indépendants, dans un pas pour encourager les jeunes pro-démocratie à se présenter aux élections, mais peu d’entre eux l’ont fait jusqu’à présent, tandis que « Hicham al-Mouzani », le militant qui a cofondé un nouveau parti politique, a affirmé qu’une série de déploiements de partisans de milices en concurrence à Bagdad cette année ont empêché son parti de se présenter aux élections.
Les analystes soulignent que « les intimidations et l’impunité continues créent un environnement dans lequel les grands partis et les groupes liés aux milices obtiendront de bons résultats lors des élections d’octobre ».
Selon les données de l’ONU, au moins 32 militants ont été tués lors d’opérations menées par des groupes armés inconnus depuis octobre 2019.
Au cours des dernières semaines, l’Irak a enregistré des attaques contre des candidats aux prochaines élections, dont la dernière en date est celle menée par des hommes armés inconnus ayant ciblé le candidat Ammar al-Roubaï à Karbala (sud), dimanche dernier. Ce dernier a été grièvement blessé.
Al-Kazemi bouge…
La confrontation entre Hachd Al-chaabi et le gouvernement d’Al-Kazemi s’intensifie avant l’organisation des élections, alors que les Forces de Hachd Al-chaabi tentent depuis deux semaines d’organiser un défilé militaire officiel dans la capitale, Bagdad, à l’occasion de l’anniversaire de la création de « Hachd Al-chaabi», avec des implications politiques afin de mobiliser le soutien à la liste Al-Fateh qui sera en lice lors des prochaines élections.
Il est à noter que l’Iran a renouvelé sa confiance en Hadi al-Amiri, le chef de la milice Badr, pour diriger la Liste Al-Fateh, qui rassemble des milices chiites pour se présenter aux élections législatives prévues le 10 octobre prochain.
Des sources médiatiques ont affairmé que « Al-Kazemi a ordonné d’empêcher les Forces de Hachd Al-chaabi d’organiser un défilé militaire à Bagdad, qui a été préparé par vingt mille membres de Hachd avec des armes moyennes et des chars, à l’occasion de l’anniversaire de la création de cette force en l’été 2014 », tandis que des sources de Hchd ont indiqué que le défilé était reporté à la fin de ce mois-ci pour une plus large participation.
Hier, mercredi, le premier ministre irakien Moustafa Al-Kazemi a ordonné aux chefs de l’armée et des services de sécurité de redoubler d’efforts pour offrir un environnement sûr aux citoyens et aux candidats pour se présenter aux prochaines élections législatives anticipées, et d’encourager les citoyens à y participer largement.
Le Premier ministre irakien a souligné qu’« il y a ceux qui essaient de créer le désespoir et la frustration au cœur des citoyens pour fins déterminées, et les citoyens ont le droit d’exiger leurs droits et de notre devoir de les assurer et de relever les défis auxquels notre pays est confronté avec toute notre énergie pour les surmonter et sécuriser les besoins des citoyens ». Il s’est engagé à tenir des élections équitables dans une atmosphère sûre, loin de la tyrannie des armes.
La Commission électorale irakienne a indiqué plus tôt que 24 millions de personnes avaient le droit de voter aux élections législatives générales prévues le 10 octobre, en soulignant qu’environ 3500 candidats appartenant à 276 partis et 44 alliances se présenteront aux élections, pour occuper les 329 sièges du parlement.
Neutraliser les milices
Des sources politiques ont révélé aux médias arabes que le premier ministre irakien se prépare à une série de réunions avec les différents dirigeants des principaux blocs politiques du pays, pour se mettre d’accord sur un document soulignant l’importance d’empêcher les factions armées d’interférer dans le processus électoral sous toute forme que ce soit, depuis la campagne électorale jusqu’à l’annonce des résultats.
Le document inssite également sur l’importance de mettre en œuvre les lois de la Commission électorale pour criminaliser les discours sectaires et racistes dans les campagnes électorales et expulser le candidat qui le fait, ainsi que sur la question de l’utilisation de l’argent public et de l’influence gouvernementale dans les campagnes électorales.
Et les sources médiatiques ont indiqué aussi que « le mouvement d’Al-Kazemi bénéficie d’un soutien du leader du mouvement sadriste « Moqtada al-Sadr, du chef du Courant de la sagesse, Ammar al-Hakim, et du chef de l’Alliance de la victoire, l’ancien Premier ministre Haider al-Abadi, ainsi que la mission des Nations Unies à Bagdad.
Il est à noter que les blocs et les forces civils, qui se sont formés à partir des manifestations populaires, craignent la candidature des blocs ayant principalement des ailes armées comme le bloc « Sadiquoun » affilié à l’« Asa’ib Ahl al-Haq », le bloc « Badr » affilié à « l’Organisation Badr », et le bloc « Sanad » affilié à la faction « Jund al-Imam », et le bloc « Ata’ » dirigé par le chef de l’« Autorité de Hachd al-Chaabi», Falih al-Fayyadh, ainsi que d’autres formations et milices qui ont décidé de ne pas se présenter aux élections, mais ils ne cachent pas leur soutien pour des blocs spécifiques.
Plus de 80 factions armées au sein de la « Hachd al-Chaabi » sont déployées dans le nord, l’ouest et le centre de l’Irak, et les bureaux, représentations et camps de ces factions sont répartis dans les régions du sud, du centre et de Bagdad, et ils exercent des activités politiques, sociales, religieuses et activités économiques.
De leur côté, certains partis politiques ont suggéré de reporter les élections et de ne pas les tenir en octobre, à cause au manque de stabilité de la situation sécuritaire et à la propagation des manifestations armées dans de nombreuses villes du pays, tandis que les trois présidences en Irak ont confirmé que les élections auront lieu à la date prévue en octobre prochain.
Par ailleurs, le chef du Comité de suivi et de mise en œuvre du programme gouvernemental, « Hazem Al-Khalidi », a estimé qu’il y a un déséquilibre majeur en termes des performances du gouvernement en matière de contrôle de l’argent et des armes, soulignant que : « il y a des partis politiques possédant de l’argent et des armes qui contrôleront et rétabliront leur présence à la Chambre des représentants, et que le prochain parlement ne sera pas différent par rapport à l’actuel parlement si l’argent et les armes dominent toujours au profit des blocs politiques connus.
Les observateurs estiment que les conflits politiques vont encore s’intensifier à l’approche des élections législatives prévues le 10 octobre, au milieu des appels à la nécessité d’une surveillance internationale du processus électoral pour garantir son intégrité et exprimer le désir des électeurs et non les aspirations des blocs politiques, surtout ceux qui ont perdu leur public.
Le Conseil des ministres irakien a annoncé son approbation pour que la Haute Commission électorale indépendante fasse appel aux employés, étudiants d’universités et d’instituts et aux diplômés d’études préparatoires pour mener à bien les élections parlementaires. Le secrétariat général du Conseil des ministres irakien s’est mis d’accord sur les procédures contractuelles pour l’impression des bulletins de vote et des formulaires pour les prochaines élections parlementaires, et il a accordé une avance exceptionnelle à une entreprise allemande pour l’impression des bulletins de vote.