La religion, en se référant à la description de Marx pour ce paradoxe, incarne la résistance et l’oppression dans des circonstances sociales. Pour cette raison, les soulèvements dans les pays musulmans se sont souvent transformés en guerres civiles meurtrières. Les islamistes ont su faire face à la colère de la majorité, et ils sont des radicaux « une utopie émanant d’une fraction déchue de la nouvelle petite bourgeoisie ». Entre-temps, les penseurs de gauche en Occident ont discuté autour du fait que les extrémistes islamiques ne devraient pas être soutenus dans le fait d’opprimer les femmes, les homosexuels et des minorités ethniques ou religieuses, mais aussi leur conduite ne devrait pas non plus être critiquée. En revanche, il a été affirmé que « si les islamistes font partie de l’opposition, notre jugement devrait être : « nous travaillons parfois avec les islamistes, mais jamais avec l’État ».
D’où vient cette confusion de plusieurs gauchistes européens ? Ils revendiquent le droit de ne pas porter le hijab, mais aussi la possibilité de le porter partout « dans des pays racistes comme la France », non seulement pour les arabophones en Algérie, mais également pour les francophones et les berbères. Le résultat est un chaos politique dans le débat, mais aussi au niveau de la solidarité, de la consolidation des droits de l’Homme et de la protection des minorités.
Les « gauchistes de Dieu » ne se soucient pas de l’incohérence de leurs arguments. Ils ne font confiance qu’à la stratégie suivante : s’infiltrer dans le mouvement islamiste pour tirer profit de son esprit politique et de son énergie, et en même temps essayer de modifier l’objectif réel du mouvement. Cette stratégie à haut risque peut donner des résultats contre-productifs. L’espoir d’une minorité de gauche d’exploiter l’islam comme fer de lance d’une nouvelle révolte est finalement un accord entre des mouvements tactiquement similaires, avec une double illusion extérieure : l’une des parties soutient le port du voile en Europe en tant qu’action de lutte contre l’islamophobie et le racisme, tandis que l’autre adopte le discours révolutionnaire et fait semblant de critiquer le marché et la mondialisation dans le but de passer le message et pour qu’il puisse répandre le Coran.
Le déclin et l’ennemi communs
La gauche radicale est convaincue que l’islam radical adopte le mauvais genre d’extrémisme. Pour eux, c’est une énergie trompeuse qui se perd dans les dogmes au lieu de s’attaquer au monstre capitaliste. Mais ces relations réciproques contre un ennemi commun, les grands partenariats, ne sont pas uniquement des relations opportunistes. Outre l’extrémisme de gauche et religieux, les deux camps partagent la même expérience, celle du déclin historique. Le rêve communiste a été brisé en 1989 et l’islam est en dégringolade depuis des siècles. Ce déclin s’est accentué après qu’Atatürk avait décidé de construire un État laïque en Turquie en abolissant l’ancien califat en 1924. L’islam, « mécontent de son déclin », rêve de retrouver sa grandeur perdue, la terreur est la cause du terrorisme systématique, puisque la violence extrême est, de son coté, le résultat de son impuissance.
Quand la gauche courtise les théocraties totalitaires comme avec les dictatures à parti unique, elle le fait aussi par solidarité avec les perdants. Elle se venge sur ses défaites et ses revers en s’alliant avec la seule force qui puisse déranger le monde occidental, le fondamentalisme islamique. C’est l’intégration des ressentiments dans l’environnement des grands perdants.
Les moudjahidines et les martyrs du Hamas et d’Al-Qaïda remplacent le prolétariat et des combattants sur le terrain et les Palestiniens. La révolution, cette grande absente, est désormais soutenue par les partisans du croissant. La grandeur et la dignité des musulmans jaillissent du fait qu’ils sont désormais les seuls porteurs de la promesse de la révolution. Pour la gauche, se rendre solidaire avec les musulmans signifie simplement faire bouger un autre bâton pour vaincre la société bourgeoise dont elle n’a pas réussi à détruire. Ce changement au sein de la gauche remonte à l’époque du renversement du Shah en Iran en 1979 et 1980.
Michel Foucault était celui qui avait commencé très tôt ce type particulier de sacralisation. Il n’a jamais été marxiste et se moquait des révolutions ratées de 1848 : la Commune de Paris, les révolutions en Russie, à Cuba, de Pékin et de Phnom Penh, mais il est allé avec enthousiasme en Iran. Il cherchait à se donner un frisson particulier, une révolution spirituelle qui rendrait les vieilles théories anticoloniales dépassées : plus de dogmes sur la lutte des classes ou la lutte anti-impérialiste réalisé avec beaucoup d’efforts. Il s’est avéré que les gens étaient plus fascinés par les croyances religieuses que par l’espoir naïf de l’aube du socialisme.
L’avis de Foucault, la référence suprême actuelle de tout adepte des études postcoloniales et de la renaissance à Téhéran comme dans tout le Moyen-Orient, le renouveau des sermons en tant qu’un retour à la spiritualité politique. Selon lui, la révolte des hommes à mains nues a mis ce lourd fardeau, le fardeau du monde entier, sur chacun de nous, mais surtout sur eux. Et que les ouvriers du pétrole et les agriculteurs sur les frontières des grands empires veulent s’en débarrasser.
Selon ses termes, les Iraniens ne voulaient pas seulement changer les gouvernants, « ils voulaient changer eux-mêmes et leur existence d’une façon radicale […] en renouant avec une expérience spirituelle qu’ils croyaient qu’elle existait au cœur de la religion chiite ». Le philosophe a même qualifié le bourreau théocratique Khomeiny de vieux saint en exil à Paris.
Malgré son admirable clarté et sa volonté de créer une sorte de presse hautaine, il s’est, comme beaucoup d’Européens avant lui, livré à la propension du sauveur de l’Extrême-Orient. Dans un texte saturé de nuances minutieuses et d’embarras, Foucault a expliqué que les sociétés humaines ont le potentiel de se rebeller, même si cela conduit à une nouvelle forme de tyrannie. Mais cette explication ne remplace pas simplement le chant de la révolution iranienne. Il est clair que Michel Foucault manquait de la sagesse antitotalitaire dont les dissidents du monde communiste ont fourni plusieurs exemples éloquents.
Dans cette lignée, il suffisait de lire les textes de l’ayatollah Khomeiny qui sont clairs dans leur hostilité envers la démocratie parlementaire et le monde occidental pour clarifier ce qui suit.
Une tendance gauchiste plus classique a considéré que la révision de la révolution par les mollahs témoigne de leur vitalité. Dans cette optique, l’Iran s’est présenté comme la seule puissance active contestant le monopole stratégique et la terreur des deux superpuissances, soit au détriment, peu importe, du fanatisme religieux, du terrorisme moral ou même de la pure barbarie. Sans aucun doute, les seules violences rituelles, et pas la violence ancienne de toute façon, la violence de la religion et le tribalisme, qui rejettent les modèles du monde occidental, peuvent poser un tel défi à l’ordre mondial.
Nous sommes les meurtriers – les autres sont toujours des victimes
Malheureusement, une partie de la gauche n’a pas appris cette leçon sur l’islamisme jusqu’à présent. Au contraire, l’arsenal de justifications disponibles même pour les actions des meurtriers est presque inépuisable, y compris l’abandon de l’Occident en soi. Des universitaires de gauche ont expliqué les attentats terroristes de 2015 à Paris en disant : «Les terrasses de café sont des lieux d’intimidation pour les jeunes parmi les minorités ethniques, des endroits où vous n’osez pas vous asseoir, où si vous êtes accueillis, vous n’êtes pas servis, et si vous êtes autorisés à commander, les prix sont très élevés, et ils sont parmi les endroits les plus traumatisants […] Au fond, on peut dire que les auteurs de la violence sociale, qui étaient des victimes permanentes depuis l’âge de seize ans, on leur imposait des termes djihadistes.
Cette déformation en temps réel reflète la situation d’une manière importante : les meurtriers dans les tribunes ont subi un choc, tandis que les victimes étaient favorisées. La conclusion est claire : les victimes étaient des meurtriers inconscients et les meurtriers étaient les malheureuses victimes. Un groupe d’artistes danois a organisé une exposition à Copenhague en mai 2016 pour honorer les terroristes ayant perpétré des attentats-suicides à Bruxelles.
La perception du massacre est soumise à une grave distorsion appelée le syndrome de Stockholm : l’identification des victimes par rapport aux auteurs est réinterprétée comme un acte de sabotage.
Les victimes doivent être responsables de leur sort
Bien que certains intellectuels de gauche innocentent les meurtriers en diagnostiquant un traumatisme social chez eux, d’autres reprochent aux victimes, passées et futures, leur sort. N’ont-ils même pas honte d’aller dans un café et d’accepter la Première Guerre mondiale, le régime de Vichy et les guerres coloniales ? Soyez prêts parce que boire un verre de vin dans un bar va devenir bientôt un crime national. La culture bleue, blanche et rouge de la France est de nature mise en doute. Il a été prouvé déjà que commander des saucisses pour stimuler l’appétit fait de toi un droitier politique.
Peu après les attentats contre Charlie Hebdo, les partis de gauche radicale n’avaient rien de mieux à faire que de se réunir à Saint-Denis pour rejoindre les Frères musulmans et ses organisations affiliées et dénoncer « l’islamophobie et l’ambiance d’obsession sécuritaire». Quelqu’un vient d’assassiner les dessinateurs de Charlie Hebdo, des agents de sécurité et des clients de l’hyper Cacher conformément aux consignes de l’islamisme antisémite, mais les planificateurs sont devenus fous en les accusant de l’islamophobie ».
Les meurtres ont été justifiés évidemment par « le vide et le désespoir créés par la domination agressive du capitalisme occidental et des pays qui le servent ». Par ailleurs, d’autres se sentaient intellectuellement supérieurs par rapport aux journalistes qui ne répondent qu’aux événements se déroulant. Et ils ont considéré que l’Etat Français est le seul responsable des morts, outre la politique « d’islamophobie » à l’Occident.
Les « idéologies du tiers-monde » sacralisent toujours la même chose : l’Occident libéral, capitaliste et impérialiste est responsable de toute la misère sur cette terre. Les assassins sont en réalité des combattants pour un monde meilleur, et les terroristes sont les combattants de la résistance contre nos avions et nos drones. Un cessez-le-feu doit être négocié avec « l’État islamique » et de reconnaitre son droit à exister, ainsi que remercier les combattants de l’islam politique explicitement pour cela, comme l’a révélé la BBC.
Toutes ces déclarations annoncées par les athées présentent une nouvelle fois le péché originel. Il s’agit d’un ancien dogme idéologique du christianisme : « Je me fais battre, donc je suis aussi coupable ». Les djihadistes sont résumés en leurs prétendues origines sociales, et loin d’être considérés des assassins lorsqu’ils sont honorés comme des anges vengeurs dont nous assumons leurs agissements car on dit souvent : « ces monstres sont le produit de notre société ».
Par conséquent, un mécanisme a été mis en place pour justifier et réinterpréter, et tenir l’Occident pour responsable de tous les crimes commis par l’Islam, et en même temps il réinterprète son incitation à la guerre contre nous comme un acte d’agression de notre part, et cela est une entreprise folle et difficile témoignant la situation de notre société. Enfin, tout cela mène à une réalité, c’est que les critiques de l’islam sont interdites et doivent être réduites au silence, tandis que toutes sortes d’ambiguïtés sont autorisées dans l’analyse politique et sociale, et il est préférable de ne pas exploiter cela par les islamistes.