La banque centrale de Turquie a maintenu son taux d’intérêt directeur inchangé pour la huitième fois consécutive, dans le but de freiner l’inflation plus élevée que prévu en septembre et en octobre. La banque a également signalé qu’un cycle d’assouplissement monétaire pourrait commencer bientôt, peut-être lors de la réunion de décembre. Le comité de politique monétaire a laissé le taux des prises en pension à 50 % pour la semaine, selon le site officiel de la banque centrale. Cette décision était conforme aux attentes selon lesquelles les coûts d’emprunt seraient maintenus à ce niveau. La banque a également indiqué qu’elle s’orienterait vers un assouplissement monétaire d’ici 2025.
Quoique l’inflation annuelle de la Turquie ait ralenti pour atteindre 48,6 % en octobre, elle reste supérieure aux prévisions. Bien que ce taux soit inférieur à celui de septembre, il reste nettement plus élevé. Selon une enquête de Bloomberg, 19 économistes s’attendaient à ce que l’inflation se situe entre 47,90 % et 48,50 %. En dépit de l’engagement de la banque centrale à maintenir des taux d’intérêt élevés lors de la dernière réunion de politique monétaire, le gouverneur Shihab Kavcıoğlu a adopté un ton différent le mois précédent, en relevant les prévisions d’inflation pour cette année et au-delà. Les analystes de la Deutsche Bank, sous la direction d’Ankit Jain, ont noté que ces changements reflètent une « politique monétaire légèrement moins dure ».
Après la réélection d’Erdoğan en mai 2023, il est revenu sur certaines des politiques économiques non conventionnelles qu’il avait précédemment adoptées. Il a nommé Mehmet Şimşek, un ancien stratège obligataire de Merrill Lynch, au poste de ministre des Finances en juin de la même année. Soucieux de mettre en œuvre des politiques susceptibles d’attirer les investisseurs, M. Şimşek a considérablement augmenté les coûts d’emprunt, inversant ainsi une politique antérieure de baisse des taux d’intérêt qui avait échoué.
Les taux d’intérêt sur les dépôts en lires turques ont atteint environ 53 % en glissement annuel, contre 22 % il y a un an, et les épargnants locaux ont trouvé ces taux attrayants. Les données de la banque centrale montrent que ces taux sont favorables par rapport aux attentes du marché concernant une inflation de fin d’année d’environ 43 %, bien qu’ils restent inférieurs au taux d’inflation de 62 % enregistré en juillet.
La crise économique a contraint Erdogan à faire des concessions politiques, notamment en améliorant ses relations avec l’opposition. Il a également tenté de rétablir les relations avec la Syrie, en partie pour attirer davantage d’investissements russes. L’évolution de la situation montre que la Russie a posé des conditions au soutien d’Erdogan, notamment la normalisation des relations avec la Syrie et le régime de Bachar el-Assad, l’obtention d’investissements supplémentaires et l’amélioration des relations avec l’Iran.
L’économie turque semble souffrir d’un long héritage de politiques malavisées qui se sont accumulées au fil des ans. Malgré quelques changements positifs dans les politiques monétaires et fiscales, des défis majeurs subsistent, rendant le chemin vers la reprise économique long et complexe.