Ce document part de l’hypothèse disant que l’État syrien détient tous les attributs de la légitimité, et que la composition de ses institutions officielles est basée sur un fondement moderne. Toutefois, la pratique gouvernementale indique qu’il y a des structures qui jouent le rôle de façades et que l’État serait géré d’une manière officieuse.
Pour examiner cette hypothèse, le document analyse la structure du pouvoir syrien du point de vue de la sociologie des élites pour découvrir la réalité de ce pouvoir de l’ombre, et l’étendue de son influence sur l’État syrien et la décision syrienne ! Et s’il y a vraiment une séparation entre l’État syrien et le pouvoir – l’élite syrienne cachée ?
Dans le but de mener cette analyse, l’étude revient sur l’histoire de la Syrie depuis sa création jusqu’à l’arrivée de Bachar al-Assad au pouvoir, pour identifier les origines de chaque élément du pouvoir actuel, étant donné qu’elle commence à partir de la naissance de l’Etat syrien selon les Accords Sykes-Picot en passant par le Mandat français, les conflits autour de l’identité, puis l’Indépendance et l’ouverture de la vie politique, et l’entrée dans les conflits des coups d’Etat militaires et des complots politiques, la création du Parti socialiste de la résurrection arabe au pouvoir en Syrie actuellement, et son arrivée au pouvoir le 8 mars 1963, et par la suite les complots et les conflits militaro-politiques au sein du parti et de l’armée et avec Israël qui avaient conduit Hafez al-Assad au pouvoir le 16 novembre 1970, après s’être retourné contre ses camarades en les liquidant politiquement et physiquement. Il s’agit aussi de ses conflits au sein de la secte alaouite et avec l’islam politique ! Jusqu’à son implication dans les guerres nationales et régionales, et les mesures qu’il a prises pour asseoir son autorité à l’intérieur. Plus tard, Bachar al-Assad est arrivé au pouvoir le 10 juin 2000 dans le cadre d’un coup d’État contre la Constitution, retransmis en direct, et les pas qu’il a entrepris pour s’emparer du pouvoir. Ce récit est suffisant pour dévoiler les principaux traits de l’autorité syrienne actuelle et retracer ses racines, ainsi comprendre son mode d’opération et répondre à l’hypothèse de l’étude.
L’une des conclusions les plus importantes du document est que Hafez al-Assad est une figure centrale du pouvoir syrien. Il a jeté les bases de la structure actuelle du pouvoir syrien, et que ce pouvoir est divisé en deux parties : le gouvernement officiel et le gouvernement de l’ombre. De son coté, le gouvernement officiel est composé, d’une manière classique pyramidale et cohérente, d’institutions officielles claires basées sur la Constitution et bénéficient de prérogatives. Mais il est considéré comme une vitrine d’un autre gouvernement à l’arrière qui tient les fils du pouvoir. Cette autorité s’appuie sur plusieurs paliers, dont le principal est : les branches de la sécurité, la secte alaouite et les proches et l’armée. En deuxième position viennent le Parti socialiste Baas et le Front national progressiste. Au troisième rang, on retrouve le contrôle des médias, de l’économie, des éléments loyalistes sociaux internes et le soutien étranger. A travers ces paliers, ils contrôlaient l’Assemblée du peuple, le pouvoir judiciaire, le gouvernement et le peuple.
Il semble selon le document qu’il est impossible de séparer l’analyse du pouvoir syrien de l’histoire de son émergence, notamment le rôle des élites « politiques et militaires » baasistes, puis Hafez al-Assad, étant donné sa longue histoire conflictuelle et sa brutalité politique, militaire et sectaire. Il a compris la société syrienne et a profité du parti Baas et de l’armée pour arriver au poste de décision, puis il s’est retourné contre ses camarades du Baas et de l’armée pour s’emparer du pouvoir. Il a tranché la question des coups d’État militaires en contrôlant l’armée, en liquidant les opposants ou en les neutralisant, ainsi qu’en s’entourant des éléments dignes de confiance. Et il a mis un terme à la question du conflit identitaire en faisant du parti Baas arabe le parti qui règne dans l’État et la société, et en adoptant l’identité arabe. Puis, il a créé le Front national progressiste pour contrôler l’activité et le travail des autres partis politiques et de les empêcher de travailler sans son autorisation. En effet, il a limité le travail de la communauté politique, a exclu les ailes d’opposition de la secte alaouite et il s’est entouré des personnes fidèles des autres sectes. Par ailleurs, il a placé le Baas, l’armée, le Front national et la société sous surveillance sécuritaire, vu qu’il avait créé des branches de sécurité pour tout contrôler. Il s’agissait des dispositifs répressifs qui n’étaient pas soumis à la loi syrienne, mais elles relèvaient de la loi d’urgence.
Il a exploité la secte alaouite pour contrôler les services de sécurité et l’armée, et il a écarté les officiers druzes après la tentative de coup d’État de Salim Hatum, et il a enroulé ses proches pour contrôler les secteurs vitaux, ainsi qu’il a satisfait l’islam politique de plusieurs manières sans lui permettre d’accéder au pouvoir. En outre, Il a exploité les postes à l’Assemblée populaire, au Front national progressiste, des postes militaires et des portefeuilles ministériels afin de satisfaire les sectes, les minorités et les groupes syriens en termes de représentation dans l’État à travers une politique non déclarée appelée « panier d’équilibre sectaire » .
Et il a impliqué le parti Baas dans toutes les articulations de l’État, et il a créé une filière sécurité responsable de chaque secteur, et il a crée également des problèmes entre les branches de sécurité qui les dirigeait toutes et résolvait leurs problèmes. Il a réuni les trois pouvoirs entre ses mains, et leur a ajouté qu’il était le commandant en chef de l’armée et des forces armées, et le secrétaire général du parti Baas. Il est allé même à la création du soi-disant « le gouvernement de l’ombre », c’est-à-dire le gouvernement qui dirige le pays en secret. C’est l’élite des élites syriennes selon la description sociale, bien que politiquement on l’appelle une « junte ».
Après sa mort, son fils Bachar a pris la relève, et ses premiers mouvements étaient les promesses d’ouverture, de réformes politiques, juridiques et économiques données, ainsi que sa promesse de lever sa main sur les libertés. Mais du coup il a procédé à l’arrestation de tous les opposants, et a renoncé à tous les mouvements politiques qu’il autorisait ! Puis, il a émis avec le soutien des anciens gardiens plusieurs décisions interdisant l’activité politique en rétablissant le même paysage que celui sous la coupe de son père. Il a fait davantage confiance à ses proches et il a exclu la secte et des figures des anciens gardiens par la liquidation, le licenciement ou la marginalisation, et il a commencé à créer un nouvel environnement propre à lui pour diriger le pays. Cependant, il s’est appuyé de nouveau par la suite sur la secte alaouite et le reste des minorités, le Baas et les alliances étrangères avec des États et des parties armées qui lui sont fidèles dans son conflit contre le mouvement d’opposition syrien.
L’analyse est considérée comme étant une étude documentaire, basée sur la méthode analytique descriptive, qui procède à la révision des recherches académiques, les articles scientifiques, les livres fiables et les sites électroniques approuvés et disponibles, afin d’obtenir les informations nécessaires, puis analyser le contenu de ces informations pour répondre aux questions et aux hypothèses en vue de parvenir à des conclusions.