L’attaque sur un véhicule appartenant aux Gardiens de la révolution iraniens (CGRI) au Baloutchistan, ouvre une nouvelle porte devant la crise des ethnies et des sectes en Iran et «et au danger qui menace la forme actuelle du pays», selon les propos de Milad Hedayati, chercheur sur les affaires iraniennes. Il a par ailleurs indiqué que le pays paie actuellement le prix des politiques racistes du régime contre les ethnies formant la société iranienne depuis 40 ans.
Il convient de noter que Mohammad Hédi Marashi, l’assistant à la sécurité du gouverneur du Baloutchistan, a annoncé mardi qu’un véhicule des Guides de la révolution avait été attaqué par un groupe armé, en accusant le groupe baloutche, Jaish ul-Adl, de préparer et d’exécuter l’attaque.
Petite attaque à grandes significations
Commentant l’attaque Hedayati a indiqué : «Bien que l’attaque soit très petite d’un point de vue sécuritaire, elle a de grandes significations par rapport à l’impact des politiques du régime existant contre les ethnies non perses en Iran et leur sentiment d’appartenance au pays, surtout que toutes ces ethnies et sectes en Iran souffre d’une situation d’exclusion et de privation des droits».
Il est à rappeler que Jaish ul-Adl, appartenant à l’ethnie baloutche et à la secte sunnite, a adopté l’opération, en annonçant qu’elle avait tué 5 Gardiens de la révolution et capturé 3 autres.
Dans le même contexte, Hedayati a affirmé que les ethnies non perses, soit Baloutches, Kurdes, Azéris ou Arabes de toutes couleurs religieuses, considèrent que l’armée iranienne comme étant une puissance coloniale qui contrôle leurs régions, surtout que ces régions sont leur patrie d’origine. Il a expliqué que les Perses sont majoritaires et constituent les peuples autochtones dans seulement les régions centrales de l’Iran.
Hedayati a dit que Jaish ul-Adl n’est pas la seule force armée à s’opposer au régime iranien, puisqu’il y a aussi de nombreux groupes d’autres ethnies présents portant la même orientation et la même vision vis-à-vis le régime existant, en particulier au Kurdistan à majorité kurde et la Région d’Al-Ahwaz à majorité arabe, en soulignant que ces régions vivent dans une situation inacceptable de marginalisation et de persécution.
Il convient de rappeler que le régime iranien avait précédemment accusé des groupes ahwazis d’une attaque, qui visait une célébration des Gardiens de la révolution iraniens en 2018. Par la suite, la justice iranienne a prononcé une série de condamnations à mort contre des citoyens ahwazis suite à ces attaques.
Des circonstances internes et externes encourageantes
Cette situation d’effervescence et d’instabilité sécuritaire et politique en Iran est considérée par Saad Al-Yafei, l’expert des affaires du Moyen-Orient, comme des circonstances pouvant encourager les mouvements séparatistes à mener d’autres d’attaques contre les forces iraniennes, particulièrement les Gardiens de la révolution, considéré comme le bras le plus répressif du régime iranien.
Al-Yafei a souligné que la position internationale par rapport au régime iranien peut être un motif pour que ces mouvements expriment leurs problèmes et de les exposer sur la scène internationale, notamment la persécution menée contre eux.
Il a ajouté que la position des Iraniens persans qui rejettent le régime pourrait aider à pousser ces mouvements à intensifier l’escalade contre le régime et ses institutions, en estimant que le régime iranien n’a aucun soutien populaire à l’exception de celui des extrémistes.
Il est à noter que la plupart des régions et des villes iraniennes enregistrent des manifestations presque continues s’opposant au pouvoir et au régime en Iran depuis 2018, pour protester contre les conditions de vie, la crise économique et l’augmentation en nombre des condamnations à mort contre les activistes opposés au régime et au Guide «Ali Khamenei».
En outre, Al-Yafei a indiqué que la crise ethnique en Iran constitue l’un des plus gros problèmes du pays, surtout que les statistiques non officielles indiquent qu’au moins 60% de la population iranienne sont des non-Persans et ils s’opposent au projet de l’État persan.
Il a expliqué que : «outre la politique de persécution menée contre ces ethnies, la plupart d’entre eux considèrent qu’ils paient le prix des projets du régime actuel et qu’ils sont victimes des sanctions économiques imposées par la communauté internationale contre l’Iran. D’autant plus que ces projets adoptés par le régime ciblent les citoyens des pays voisins de la même ethnie, comme c’est le cas, par exemple, en ce qui concerne les Arabes ou les Kurdes ou les Baloutches ».
Les inquiétudes des autorités iraniennes par rapport à la situation de division se voient clairement à travers leur position sur la crise de la région du Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, selon les dires de Al-Yafei : «Bien que les Azéris appartiennent à la communauté chiite, mais l’Iran a soutenu l’Arménie dans son conflit contre l’Etat d’Azerbaïdjan, de peur que la victoire de l’Azerbaïdjan n’impacte le séparatisme des Azéris iraniens, qui exigent la séparation de la province d’Azerbaïdjan de l’Iran».
Plusieurs provinces d’Iran, en particulier l’Ahwaz et le Kurdistan, ont enregistré, au cours des dernières années, plusieurs soulèvements armés exigeant le renversement du régime iranien et la création des États indépendants de l’Iran.
La mort du Guide et le moment décisif
Les opérations armées et les demandes de sécession et d’autodétermination pour les régions d’origine ethnique non perse pourraient s’intensifier, selon Mahdi Rasoul, l’analyste politique, si un conflit pour le pouvoir se déclenche au sein du régime iranien après la mort d’Ali Khamenei, le Guide suprême.
Rasoul a estimé que toutes les données à l’intérieur de l’Iran confirment que le feu de ce conflit demeure sous la cendre, en attendant le moment de l’annonce officielle de la mort de «Khamenei».
Il convient de rappeler que des sources iraniennes avaient révélé précédemment, qu’il y avait des divergences au sein du régime iranien après la diffusion des informations autour de l’intention du Guide suprême d’hériter son poste à son fils Mojtaba, au milieu de l’opposition de nombreuses personnalités candidates pour occuper le poste du Guide suprême, considéré comme étant le plus haut poste en Iran.
Rasoul a expliqué que ces conflits représenteront une opportunité pour les mouvements ennemis du régime iranien afin d’atteindre leurs objectifs en se débarrassant de sa tutelle et de sa politique raciste. Cela signifie que l’entité de l’État iranien dans sa forme actuelle est devenue menacée, selon ses propos.