Ce document jette, dans un contexte militaro-stratégique, la lumière sur les répercussions des pouvoirs des Frères musulmans dans les zones libérées. Et il commencera par une introduction épistémologique qui va débattre autour de certains faits géographiques et historiques des zones « libérées » restantes, puis il mettra en exergue leur importance stratégique, les objectifs des Frères musulmans dans ces zones, les étapes, les outils et les mécanismes suivis pour y ancrer leur pouvoir, ainsi que l’avenir de la « région » sous le règne « des Frères musulmans » et le rapport de forces actuel interne, régional et international.
Pendant les dix dernières années, et plus précisément depuis la fin de l’année 2011, les «Frères musulmans» en Syrie ont cherché, par tous les moyens, à régner politiquement sur les zones hors contrôle du régime al-Assad, à travers leur présence en tant que la partie la plus organisée parmi « l’opposition syrienne », et ils ont pu réaliser une partie de cet objectif à partir de juin 2013, grâce à leurs bras politiques, militaires et économiques, à l’instar de leur aile militaire «Protection des civils », puis « les Boucliers de la Révolution » et enfin, « Faylaq al-Cham », l’une des composantes des factions militaires opérant sur le terrain, qui a pris le contrôle militaire, avec le reste des composantes militaires, du gouvernorat d’Idlib en mars 2015 sous le nom d’« Armée de la conquête » et ont expulsé les forces du régime d’al-Assad et les milices iraniennes qui lui sont fidèles. D’autant plus qu’elles ont ouvert des bureaux organisationnels à l’intérieur de la Syrie, ainsi que l’infiltration de leurs organisations «humanitaires» au sein de la société syrienne. Les Frères musulmans ont adopté plusieurs méthodes pour imposer leur pouvoir sur les régions syriennes en révolte contre le régime d’al-Assad, à travers l’expansion et la prolifération non armée, ou ce que l’on pourrait appeler le « la force douce ». Il s’agit d’un plan stratégique qui tient sa légitimité et son dynamisme de leur conflit historique contre le pouvoir qui s’est en 1963 et qui s’est intensifié intensifiée à l’ère d’al-Assad (le père) entre (1979-1982), en profitant de l’état d’effondrement des appareils d’al-Assad de toutes sortes et à tous les niveaux.
Dans cette lignée, on pourra mettre en exergue les forces politiques syriennes les plus importantes soutenant la révolution, dont les Frères musulmans ont constitué le nerf principal, conjointement avec d’autres forces opérant sous leur égide, selon les propres agendas des Frères musulmans, et ce à travers leur infiltration dans le institutions de la révolution syrienne, comme le Conseil national syrien, qui était le plus grand et le plus important rassemblement de l’opposition syrienne en exil, et la principale référence pour les pays étrangers qui soutennaient l’opposition. La création du Conseil national syrien a été annoncée à Istanbul, le 2 octobre 2011.
Le conseil comprend une importante composante islamiste, constituée des Frères musulmans syriens et un deuxième bloc islamiste composé du « Groupe des 74 », dont la plupart sont d’anciens membres des Frères musulmans, y compris de nombreux hommes d’affaires. En s’accaparant près d’un quart des 310 sièges du Conseil national syrien, les Frères musulmans sont certainement la faction la plus importante et la plus cohérente au sein du Conseil national syrien. Cela a conduit certains critiques à dire qu’ils exercent une forte influence sur la prise de décision et ses politiques. Bien que la création de la Coalition nationale ait initialement réduit le rôle des Frères musulmans dans l’opposition à l’exil, la Confrérie n’était pas vaincue. Les Frères musulmans bénéficient en fait d’une large influence dans la coalition composée de plusieurs blocs d’opposition, notamment le Conseil national syrien.
En outre, les Frères musulmans et leurs alliés ont contrôlé le gouvernement de Ghassane Hitto, désigné par la Coalition nationale en mars 2013, puisqu’il a été élu par les voix collectées par les Frères musulmans. Et «Après un processus de vote sévère, douze membres de l’Assemblée générale de la Coalition ont suspendu leur adhésion en signe de protestation, pour protester contre l’influence des Frères musulmans au sein du gouvernement intérimaire ».
Et pour asseoir leur pouvoir, un groupe de jeunes membres des Frères musulmans liés à la faction d’Alep a créé un mouvement politique appelé Groupe d’action patriotique pour la Syrie. Le groupe était dirigé par Ahmed Ramadan, un homme d’affaires peu connu et militant pro-palestinien. La liste des membres fondateurs comprenait également le proche allié d’Al-Bayanouni, Obeida Nahas. Avec les évolutions politiques, un bras doux des Frères musulmans est apparu sous le nom de parti « Waad » en 2013. Il prétendait travailler à la consolidation des principes de la liberté et de la justice par des moyens démocratiques, selon le communiqué de création, et comme autres partis patriotiques.
Le parti a adopté le concept de la liberté, de la dignité, de la citoyenneté, de l’égalité des droits et des devoirs et de séparation des pouvoirs. Et l’orientation du parti s’est manifestée en adoptant l’approche modérée de l’islam en termes de respect de ses fondamentaux idéologiques et de rejet de ce qui contredit la charia islamique. Bien qu’il ait avancé ces principes, cela ne l’a pas éloigné des Frères musulmans qui ont participé à création, et leur compères comme Zouhair Salem le considèrent comme étant une vitrine aidant au développement des Frères musulmans, malgré les démentis de la Confrérie de ses relations avec ce parti, mais il y avait une appréhension à l’époque que le parti avait toujours agi comme un simple bras politique des Frères musulmans.
Quand les événements avaient pris une tournure dramatique, les indices des événements indiquaient que la Confrérie, depuis fin 2012, travaillait en interne à travers leurs bureaux pour infiltrer les factions militaires et créer les circonstances appropriées pour répéter leur tentative visant à contrôler la région. Car ils manquaient une base organisée dans le pays. Ils ont donc poursuivi leurs tactiques clandestines, travaillant en coulisses pour trouver de nouvelles recrues et financer des groupes armés. Les Frères musulmans se sont fortement appuyés sur leur stratégie consistant à acheter la loyauté des gens et leur tentative d’autonomiser leurs alliés et leurs proches en Syrie grâce à un soutien financier et politique ciblé.
Cependant, la montée rapide des factions salafistes radicales et indépendantes a sapé les tentatives des Frères musulmans de reconstruire une base d’activistes à l’intérieur du pays. Afin d’imposer leur pouvoir sur la scène syrienne, les Frères musulmans ont adopté une stratégie militaire pour atteindre la complémentarité entre leurs objectifs géopolitiques dans le cadre de leur aspiration à devenir la force la plus importante sur le terrain. Les Frères musulmans ont initialement créé la Commission pour la protection des civils, une plate-forme humanitaire et militaire efficace à Homs.
Ceux qui la gèrent la définissent qu’elle travaille avec l’Armée libre et active dans les domaines de services, de secours et de l’humanitaire, et lui appartiennent des brigades et des bataillons de l’Armée libre. Les Frères musulmans en Syrie ont parcouru un long chemin pour rétablir leur pouvoir militaire, et ce processus a atteint son apogée en septembre 2012, lorsque les Frères musulmans ont rassemblé tous les groupes du comité de la « Protection des civils » sous la houlette officielle de ce qu’on appelle le conseil des Boucliers de la révolution ayant commencé à travailler effectivement et d’une façon complète en janvier 2013. Un grand nombre d’activistes de l’opposition qualifient les « Boucliers de la révolution » de la nouvelle « milice » des Frères musulmans dans le conflit syrien.
En parallèle avec les évolutions politiques et militaires qui secouaient le pays, à travers des attaques douces visant certaines dimensions telles que les dimensions économiques, culturelles ou intellectuelles, et avant cela militaires, ou toutes ces dimensions sans exception. Les Frères musulmans se sont activés, dans une tentative récurrente, pour infiltrer le système de la société syrienne et cela était plus clair avec l’apparition de la Ligue des érudits musulmans liée aux Frères musulmans syriens de la diaspora, et avec le même paysage dramatique, les Frères musulmans se sont évolués après leur contrôle du comité de secours au Conseil national syrien. Parmi ces bras les plus importants est l’Organisation Watan, qui est enregistrée au Royaume-Uni, et elle sert de parapluie à plusieurs organisations non gouvernementales, chacune étant spécialisée dans un domaine spécifique, comme l’aide humanitaire, la finance et les médias. Au cours de la décennie qui après la révolution, qui a commencé en 2011, les Frères musulmans se sont impliqués à un changement d’allégeance entre les puissances régionales rivales. Et dans cette optique, on pourra mettre en relief les forces politiques les plus importantes soutenant les Frères musulmans, et les autres forces opérant sous leur direction, selon leurs propres agendas, telles que « la Turquie, le Qatar et l’Arabie saoudite ».
En raison de plusieurs facteurs, mentionnés précédemment, et créés par les programmes des Frères musulmans, la révolution syrienne a été confrontée à de sérieux défis à cause de l’absurdité constituée par les « Frères musulmans ». Leurs batailles politiques et militaires n’ont pas apporté grand-chose jusqu’à présent à l’exception de l’influence qu’ils avaient au sein du Conseil national syrien. Au contraire, ils sont perdu l’Arabie saoudite, qui a mis sa main sur le dossier syrien, d’autant plus qu’elle avait classé l’organisation des Frères musulmans sur la liste du « terrorisme ». Ainsi, les « Frères musulmans » continuent à subir des pertes continues depuis 2015 où ils ont perdu leur influence militaire et politique, en raison de la divergence de leurs objectifs réels, et les orientations conflictuelles entre les acteurs régionaux et internationaux.