Les attaques contre des sites et des services américains se sont intensifiées au cours des dernières heures de manière coordonnée entre les milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak. L’armée irakienne a annoncé aujourd’hui jeudi que trois missiles sont tombés la nuit mercredi/jeudi près de l’ambassade américaine à Bagdad, quelques heures après que d’autres cibles américaines dans l’ouest de l’Irak et en Syrie ont été attaquées par un bombardement similaire.
L’armée irakienne a souligné que «ces actes, ne voulant rien de bon pour ce pays, seront confrontées par la force des services de sécurité qui suivront par les services de renseignement et sur le terrain ceux qui ont mené ces actes qui mettent en danger la vie des citoyens, ainsi qu’ils ciblent les missions diplomatiques étrangères», en soulignant que «les trois missiles n’ont pas touché l’ambassade mais ils sont tombés près d’elle dans la zone verte hautement surveillée».
Des attaques successives
Des milices pro-iraniennes ont ciblé, au cours des 24 heures, avec un drone piégé, l’aéroport international d’Erbil, et ont bombardé avec environ 14 roquettes « Grad » la base «Ain al-Assad», qui compte des militaires américains dans le gouvernorat d’Anbar, causant deux blessés, avec des blessures mineures. Cette attaque par roquettes coïncidait avec l’annonce des Forces démocratiques syriennes d’avoir repoussé des attaques par drones dans le champ pétrolier d’Al-Omar, constituant la plus grande base de la coalition internationale dirigée par Washington en Syrie, dans une attaque, la deuxième du genre en quelques jours.
De son côté, le département américain de la Défense, le « Pentagone », a annoncé qu’un drone avait été abattu dans l’est de la Syrie et qu’il n’y a pas eu aucune victime parmi l’armée américaine, tandis que des responsables de l’armée irakienne ont affirmé que la fréquence des attaques par roquettes et drones sur les bases accueillant des forces américaines dans la période récente est sans précédent.
Il est à indiquer que depuis le début de cette année, des factions pro-iraniennes ont ciblé, à travers une cinquantaine d’attaques, des intérêts américains en Irak, notamment l’ambassade américaine à Bagdad et des bases militaires comptant des Américains, et les aéroports de Bagdad et d’Erbil. Par ailleurs, l’utilisation de drones a récemment été une source d’inquiétude pour la coalition car ces engins volants peuvent s’échapper des défenses américaines.
Les milices et la deuxième génération…
Les attaques, dont les auteurs ont été décrits dans un communiqué du gouvernement de «terroristes et des ennemis de la patrie et en insistant sur le monopole de l’État du droit à la paix et à la guerre», ont coïncidé avec la visite du chef du renseignement des Gardiens de la révolution iraniens, « Hossein Taeb » en Irak. Des sources du département américain de la Défense ont estimé que les attaques étaient liées à des factions soutenues par l’Iran, tout en affirmant de préserver son droit de répliquer.
Bien que la menace d’escalade contre les forces américaines en Irak ait été émise explicitement et publiquement par le chef de la milice des Brigades Sayyid al-Shuhada, «Abou Alaa al-Walae», après que quatre de ses éléments ont été tués lors d’attaques américaines sur les frontières syriennes le mois dernier. Une faction inconnue a revendiqué sa responsabilité sur l’attaque par roquettes sur «Ain al-Assad», pour nier la responsabilité des célèbres milices telles que le «Hezbollah irakien» et « Asaïb Ahl al-Haq» et de leur épargner les conséquences de leur appartenance au «Hachd al-Chaabi» connu en apparence de son affiliation aux forces régulières irakiennes.
Les États-Unis avaient informé le Conseil de sécurité de l’ONU plus tôt qu’ils avaient lancé des frappes aériennes contre des milices soutenues par l’Iran en Syrie et en Irak pour empêcher les combattants et Téhéran de mener ou de soutenir davantage des attaques contre les forces ou les installations américaines, tandis que le président américain Joe Biden a affirmé que la récente opération militaire menée par Washington sur le quartier général des Forces du Hachd al-Chaabi sur les frontières avec la Syrie afin de dissuader l’Iran.
Par ailleurs, la faction qui s’appelle «La revanche du martyr Al-Mouhandis» a indiqué dans un communiqué hier, mercredi : « Nos moudjahidines ont pu viser la base d’Ain al-Assad occupée par les Américains dans le gouvernorat d’Anbar avec trente roquettes « Grad », et les cibles ont été touchées avec une grande précision, et nous renouvelons notre appel à l’occupation brutale que nous vous forcerons à quitter notre terre vaincue et brisée».
La milice, qui porte le nom du chef des Forces du Hachd Al-Chaabi, « Abou Mahdi al-Mouhandis », a averti via Telegram le même jour, que la « vengeance de Qassem Soleimani, commandant de la Force al-Qods des Gardiens de la révolution iraniens , et Abou Mahdi al-Mouhandis, l’un des leaders de Hachd AL-Chaabi irakien, qui ont été tués lors d’une frappe aérienne américaine, lorsqu’ils avaient quitté l’aéroport international de Bagdad en janvier 2020, n’est pas encore finie».
De leur côté, des sources bien informées ont affirmé aux médias, que « les divergences qui ont empêché l’accord sur l’armistice conditionnel portaient sur la possibilité d’impliquer tous les chefs de factions dans une confrontation ouverte et non calculée avec les forces américaines, en ajoutant que «certains dirigeants ont prévenu contre la reproduction du scénario d’assassinat de Qassem Soleimani et Abou Mahdi Al-Mouhandis, au cas où le conflit se transformerait en une guerre ouverte».
Les sources ont évoqué que « la crise politique et sécuritaire en Irak a produit deux courants au sein des groupes armés, le premier est traditionnel et tend à manœuvrer et à faire pression, tandis que le second courant est décrit comme aventureux et féroce, et comprend les dirigeants de la seconde génération des leaders du Hachd, et tend à montrer leur force en menant des attaques qualitatives», en ajoutant que les attaques récentes ont été menées par des factions qui avaient une coordination directe avec le Hezbollah libanais, ce qui a facilité de recopier la méthode houthie utilisant des drones explosifs vers la scène irakienne, en entraînant des groupes d’élite au Liban et à Téhéran.
Provocation et manœuvre iranienne
Au moment où l’Iran pousse ses milices à une confrontation ouverte avec les États-Unis, le département américain de la Défense « Pentagone » a annoncé que « les milices iraniennes en Irak provoquent intentionnellement les Américains, en poursuivant qu’ils « ne cherchent pas l’escalade, et toute réponse qu’ils mèneront seront en coordination avec le gouvernement irakien ainsi qu’avec la coalition». Et il a indiqué encore qu’ils prendront les mesures nécessaires pour répondre aux attaques contre ses forces en Irak.
De son côté, le porte-parole du commandant en chef des forces armées irakiennes, le général de division Yahya Rasoul, a condamné le bombardement de l’aéroport d’Erbil et de la base aérienne d’Ain Al-Assad, qui constitue une violation flagrante de toutes les lois et d’une attaque sur le prestige de l’État et ses engagements internationaux.
Le responsable militaire a souligné qu’«une autre fois, les ennemis de l’Irak insistent pour cibler la sécurité et la souveraineté du pays, ainsi que la sécurité des Irakiens à travers une nouvelle attaque terroriste contre l’aéroport d’Erbil et le camp d’Ain al-Assad du ministère irakien de la Défense, et avant cela le fait de cibler les sièges des missions diplomatiques qui relèvent de la protection de l’État. Ce qui représente une violation flagrante de toutes les lois, et une atteinte au prestige de l’État et de ses obligations internationales.
En outre, le chef de la mission des Nations Unies en Irak, Jenin Plasschaert, a qualifié les attaques en cours, notamment contre l’aéroport d’Erbil, d’atteinte à l’état de droit, soulignant que « de tels actes poussent l’Irak vers l’inconnu et le peuple irakien pourra en payer le prix cher, et la légitimité de l’État ne doit pas être menacée par des parties armées cruels.
En revanche, Hamdi Malik, chercheur associé au Washington Institute et spécialisé dans les affaires des factions armées chiites en Irak, estime que « ces attaques font partie d’une escalade coordonnée par les factions armées soutenues par l’Iran en Irak, et il semble avoir le feu vert de Téhéran pour le faire, surtout que les négociations nucléaires ne sont pas sur les bons rails», et d’expliquer : « en même temps ils ne veulent pas escalader au-delà d’un certain point, car ils sont plus vulnérables aux attaques aériennes américaines qu’ils étaient avant, et ils ne veulent pas compliquer davantage les négociations nucléaires en cours avec l’Occident».
Il est à rappeler que Téhéran a nié son soutien à ces attaques contre les forces américaines en Irak et en Syrie et a condamné les frappes aériennes américaines, à un moment où les espoirs internationaux reposent toujours sur un septième round de négociations nucléaires indirectes entre les États-Unis et l’Iran visant à pousser les deux pays à se conformer à l’accord nucléaire de 2015.