L’Armée soudanaise a annoncé dans un communiqué officiel qu’une force qui lui appartient a été victime d’une embuscade tendue par des milices éthiopiennes à l’intérieur du territoire soudanais, causant des pertes humaines et matérielles.
Selon le communiqué, une force de l’armée était en train de fouiller la région autour de Djebel Abou Tayour à l’intérieur du territoire soudanais, lorsque des forces et des milices éthiopiennes leur ont tendu une embuscade, tuant ainsi un officier de l’Armée et 3 soldats et ont causé de lourdes pertes au niveau des équipements.
Abdel Fattah Abdelrahmane Al Burhan, président du Conseil de souveraineté de la République du Soudan, s’est rendu immédiatement dans la région qui se situe au niveau des frontières avec l’Éthiopie, où s’est produit cet accident insidieux. Il a en effet examiné les forces de l’Armée en essayant de leur remonter le moral. Ensuite, il s’est réuni avec ses officiers et commandants.
L’armée en mouvement
Suite à ces attaques meurtrières, l’armée soudanaise a bougé en déployant ses forces appuyée par un large soutien politique et une solidarité internationale notable particulièrement de la part de l’Égypte. Elle a en effet récupéré des centaines de milliers de superficies agricoles contrôlées par les milices affiliées au groupe ethnique éthiopien, Amhara.
Bien que le Caire ait condamné l’attaque, dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, en présentant ses condoléances au Soudan à propos des victimes de l’attaque fâcheuse contre les forces armées soudanaises qui a eu lieu dans la région de Djebel Abou Tayour près des frontière éthiopiennes, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré de son côté que son gouvernement a suivi l’évolution de l’incident. Il a posté une publication sur Twitter, dans laquelle il a indiqué que de tels incidents ne pourront pas briser les liens entre les deux pays, en accusant les auteurs de l’attaque d’avoir essayé de provoquer dans conflits entre les deux parties et qu’ils ne comprennent pas les liens historiques forts entre l’Éthiopie et le Soudan.
Il convient de noter que les agriculteurs éthiopiens, sous la protection des milices amhariques, contrôlent environ deux millions d’acres de terres soudanaises, parmi les plus fertiles en Afrique. Les forces éthiopiennes ont envahi, sous forme de colonies, toute la bande frontalière entre les deux pays, en s’emparant des superficies variables entre 10 et 20 km, et en transportant environ deux mille agriculteurs dans ces régions. Elles y ont construit également 30 villages ressemblant à des villes et dotés de bonnes infrastructures, dans une tentative claire d’y changer la composition démographique.
Malgré le déploiement de l’Armée soudanaise dans cette région, ses mouvements pour récupérer ses terres ont augmenté suite à la guerre menée par le gouvernement fédéral en Éthiopie contre le Front de libération du Tigray. Cependant, les terres récupérées jusqu’à présent sont insignifiantes par rapport aux terres occupées. Les efforts de l’Armée n’ont abouti qu’à la récupération de 10.000 à 15.000 acres seulement, tandis que les milices éthiopiennes contrôlent 300.000 acres de la grande Fashaqah, ainsi que l’ensemble des terres de la Petite Fashaqa (500 000 acres). Dans cette dernière, l’armée a pu récupérer une partie de ses terres.
Difficile de récupérer les terres soudanaises
L’armée jouit d’un soutien inconditionnel de la part des habitants de la région. Toutefois, la récupération des terres occupées par les Amharites ne sera pas facile, selon les responsables soudanais, ce qui nécessitera un dialogue entre les deux pays.
Il est à noter que l’opération de dépouillement des terres soudanaises et de les occuper a commencé depuis 1957 en raison de la négligence de la partie soudanaise de ces régions et l’absence de routes bitumées qui les relient au reste de la province. L’occupation de ces terres s’est intensifiée encore plus en 1996 suite à un accord agricole non déclaré, qui a été signé par le gouverneur d’Al-Qadarif, al-Sharif Ahmad Omar Badr, avec la partie éthiopienne. Les observateurs et les analystes estiment que l’évacuation des colonies éthiopiennes des terres soudanaises nécessitera une décision et une volonté du gouvernement fédéral d’Addis-Abeba, tans que les Amharites, alliés d’Abiy Ahmed, sont convaincus que les terres d’El-Fashaqah font partie de leur région.
Il convient de rappeler également que la dernière attaque menée cette semaine contre l’Armée soudanaise était la troisième en un an puisque les milices et les forces affiliées à l’Amhara avaient opéré précédemment une attaque similaire qui a causé au mois d’avril de cette année la mort d’un soldat soudanais. En mai dernier, l’Armée soudanaise a déclaré que des milices éthiopiennes soutenues par l’Armée de son pays avaient violé le territoire soudanais, tuant un officier, blessant 7 soldats avec la disparition d’un autre. En outre, un enfant a été également tué et 3 civils blessés.
Il est à souligner par ailleurs que le nombre de réfugiés éthiopiens arrivant à l’est du Soudan a atteint plus de 52.000, selon les déclarations des autorités soudanaises cette semaine.