L’Iran se dirige vers plus de tensions à quelques jours des élections présidentielles, surtout avec l’exclusion des personnalités extrémistes de la course à la présidentielle, au premier rang desquelles l’ancien président, « Mahmoud Ahmadinejad », qui a menacé, s’il était exlu, le Guide suprême de révéler les secrets du régime qui touchent directement « Ali Khamenei ».
Loin des menaces d’« Ahmadinejad », l’exclusion du Conseil des gardiens de la Constitution iranien, fidèle au guide, un ensemble de candidats puissants de la course à la présidentielle, comme « Ahmadinejad », « Ali Larijani » et « Ishaq Djahanguiri », ayant de fortes chances pour gagner, selon l’analyste politique, «Milad Hedayati» est une tentative pour vider la scène au profit du candidat extrémiste et chef du pouvoir judiciaire, Ibrahim Raïssi, pour remporter les élections.
Il est à indiquer que deux candidats à l’élection présidentielle iranienne, le conseiller du Guide pour les industries militaires, le général de brigade «Hussein Dehghan» et le commandant-adjoint de la Force Al-Qods, «Rostam Ghasemi», ont annoncé leur retrait de la course à l’élection présidentielle iranienne au profit de «Raïssi».
Un président inhabituel
Face aux récentes évolutions, «Hedayati» a indiqué qu’il faut réfléchir à la possibilité que «Raïssi» remporte les élections présidentielles, d’autant plus qu’il est l’un des extrémistes du mouvement conservateur en Iran et le parrain des exécutions et il adopte une politique agressive envers les pays arabes voisins.
Malgré le grand pouvoir dont jouit le Guide au sein des cercles décisionnels, Hedayati a affirmé que si Raïssi remporte les élections, il sera un président inhabituel pour le pays et il va bénéficier d’un certain pouvoir dans le processus décisionnel, contrairement à ses prédécesseurs, Ahmadinejad et Rouhani et «Khatami», qui étaient soumis complètement à l’autorité du Guide suprême, en ajoutant que le mandat présidentiel de «Raïssi», s’il aura lieu, va refaire surface la situation concurrentielle entre le président et le Guide, qui prévalait sous le règne de l’ancien président, «Hachemi Rafsandjani» mais avec des orientations différentes, surtout que «Raïssi» est l’un des candidats les plus importants pour succéder au Guide suprême, Ali Khamenei.
Dans le même contexte, des sources bien informées révèlent à l’Observatoire MENA que «Raïssi» bénéficie d’un grand soutien des ailes de l’État profond, en indiquant qu’en 2018, une délégation de hauts dirigeants des Gardiens de la révolution, de personnalités religieuses influentes et d’hommes d’affaires a visité Raïssi, une initiative considérée comme étant pour lui prêter allégeance s’il décide de se présenter pour succéder au Guide.
Les sources précisent également que le soutien du Guide pour Raïssi dans les élections peut être sur le fond d’un compromis politique entre les deux parties, surtout que Raïssi sera un opposant potentiel à l’idée de «Khamenei» de permettre à son fils, Mojtaba, d’hériter son poste.
Et si Raïssi gagne ?
La question la plus importante de l’élection présidentielle iranienne, selon l’expert des affaires du Moyen-Orient, Raad Majali, tourne autour des répercussions de l’arrivée de Raïssi à la présidence, en jugeant que la stabilité au Moyen-Orient serait la plus affectée à ce moment-là.
Majali a poursuivi que Raïssi adopte l’approche intégrale de «Khomeini» et le principe de ce que l’on appelle «l’exportation de la révolution iranienne» et du projet persan, ainsi que sa politique extrémiste et agressive envers les pays de la région, en expliquant que : « L’accès au pouvoir de Raïssi signifie le renforcement du pouvoir des fondamentalistes dans le pays, et l’absence totale du mouvement réformiste et de ceux qui appellent à des politiques plus pacifiques et à un rapprochement avec les pays voisins, d’autant plus que les fondamentalistes contrôlent pleinement la Chambre des représentants et le poste de conseiller et de chefs militaires ».
Majali a considéré également que la victoire de Raïssi signifiera que l’Iran s’apprêtera à provoquer davantage de crises et d’escalade au Moyen-Orient en particulier, et la tentative d’utiliser le principe du chaos créatif dans la région en tant que cartes de négociation avec l’Occident concernant les sanctions, le dossier nucléaire et l’arsenal de missiles, en estimant que le prochain gouvernement sous le règne de « Raïssi » sera pratiquement un gouvernement de guerre.
Dans le même contexte, Majali a mis en garde contre des revers majeurs au niveau de la situation sécuritaire en Syrie, en Irak et au Liban, qui seront pratiquement des zones d’opérations iraniennes dans un proche avenir si les attentes sont correctes et que Raïssi arrive au pouvoir, en notant que ce dernier pourrait pousser vers le renforcement de la présence des milices sectaires en Irak et en Syrie, et l’augmentation du niveau de soutien au Hezbollah au Liban. Cela aura pour impact plus de tensions qui pourraient inclure des assassinats politiques et des exécutions des opposants de l’Iran dans ces pays.
En résumé, et comme le souligne «Majali», les pays arabes devraient se préparer à de véritables affrontements avec l’Iran au cas où «Raïssi» serait déclaré président de la République d’Iran, en expliquant que «Raïssi» s’oppose au récent changement au niveau de la politique de son pays par rapport aux tentatives d’ouverture sur les pays arabes et aller dans la voie des négociations avec la communauté internationale.
Se reconstruire
Au cours des dernières années, et avec la domination des réformistes dans le gouvernement et dans la présidence, pendant le règne de Hassan Rohani, accompagnée avec de nombreuses manifestations contre le régime, et les conséquences de l’assassinat de l’ancien commandant de la Force Al-Qods, « Qassem Soleimani », le chercheur spécialiste des affaires iraniennes, Ridha Istanbouli, a indiqué que le courant extrémiste en Iran cherchait à reconstruire son Etat tel qu’il a hérité de « Ali Khomeini », et faire face aux soulèvements populaires et surmonter les conséquences de l’absence de « Soleimani ». Il a ajouté que les changements sur la scène interne et régionale étaient un signal d’alarme qui a averti les extrémistes de la possibilité de perdre le contrôle du pays et de leur influence au Moyen-Orient.
«Istanbouli» énumère, lors de son entretien avec l’Observatoire MENA, plusieurs facteurs qui pourront mener à l’élection de «Raïssi» et de renforcer la domination des fondamentalistes en Iran, dont le rythme sans précédent des manifestations et des protestations dans les villes iraniennes durant la ces cinq dernières années, ainsi que l’enlisement de la situation interne en Iran, qui est devenue une menace pour le régime en place. Il a considéré, par ailleurs, que les extrémistes iraniens œuvrent à resserrer l’emprise sécuritaire dans le pays, et que « Raïssi » est un des éléments les plus connus des escadrons de la mort et des exécutions en Iran et il est le plus brutal.
A l’échelle régionale, «Istanbouli» a expliqué que la diminution de l’influence iranienne en Irak, l’arrivée de «Moustafa Al-Kazemi» au pouvoir à Bagdad, l’exclusion qui a touché les hommes iraniens dans le gouvernement irakien, la situation de conflit entre les milices irakiennes soutenues par l’Iran, et l’assassinat de «Soleimani» sont tous des facteurs qui ont confirmé la nécessité d’avoir un président plus sévère, plus répressif, plus brutal et plus dur. Il a ajouté que le prochain président en Iran sera contraint de remettre les choses en place en Irak, ce qui peut également nécessiter de mener des assassinats en Irak pouvant toucher les dirigeants du premier rang de l’État irakien.
En Syrie, «Istanbouli» a estimé que les choses ne sont pas très différentes de l’Irak, en indiquant que l’Iran est actuellement engagé dans un conflit caché sous les cendres contre son allié russe. Ceci a alerté les extrémistes iraniens de la nécessité que le régime hérité de Khomeini fasse peau neuve et d’ancrer son idéologie doctrinale et intellectuelle et d’entrer avec une énergie renouvelée contre le concurrent russe.
Istanbouli a conclu également en affirmant que l’Iran traverse une période de transition assez similaire à celle traversée avec l’accession au pouvoir de Khomeini, en indiquant que Raïssi pourrait être le chef du mouvement pour consolider de nouveau le fondamentalisme en Iran et produire un régime plus dur que celui mis en place par « Khomeini ».