Comité de rédaction
Au Liban, les manifestations sont de retour et les revendications populaires ne cessent de prendre de l’ampleur.
Dans ce contexte conflictuel, l’ancien député au parlement libanais, Imad Al-Hout, estime que le Liban a désormais besoin d’un nouveau gouvernement de grande envergure loin des tiraillements politiques tout en affirmant que c’est l’unique condition pour entamer les réformes indispensables sur le terrain.
Les nouvelles manifestations se sont déclenchées après quelques mois de la formation du gouvernement Hassan Diab au milieu d’une crise économique, un effondrement du taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar et une augmentation du taux de chômage qui touche le million de chômeurs.
Conflits, quotas internes et manque de confiance
Selon Imad Al-Hout ; l’état actuel du pays et les appels à un gouvernement indépendant, sont en relation adéquate avec la situation d’instabilité qui règne entre les blocs politiques dominants au Liban au cours des dernières années. En effet, l’absence d’un consensus au sein des coalitions gouvernementales s’est reflétée sur la rue et sur les conditions économiques dans le pays. Dans ce sens Al-Hout affirme que l’échec du l’actuel gouvernement est devenu évident, même pour les partis qui le forment, surtout en ce qui concerne la lutte contre la corruption, la réalisation de réformes et l’arrêt des quotas. Des exigences qui constituent le noyau des demandes populaires.
Selon Transparency International, le Liban se positionne au 137e rang pour les indicateurs de la corruption, tandis que le niveau de la dette publique a atteint 90 milliards de dollars. Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial a averti qu’un million de Libanais seront en dessous du seuil de pauvreté alimentaire dans les prochains mois.
Dans le même contexte, Al-Hout a mis le point sur l’importance d’arrêter la formation des gouvernements libanais sur la base des quotas car cette pratique bloque les gouvernements, touche l’image du pays et servir les intérêts partisanes restreintes tout en ajoutant : « Tant que le gouvernement actuel n’est pas capable de lutter contre ces pratiques, il doit partir et laisser la place pour un gouvernement, indépendant de cette classe politique et en mesure de changer les choses. »
En outre, une source libanaise a révélé à l’Observatoire MENA que la situation au sein de l’actuelle coalition gouvernementale risque à tout moment d’exploser à cause des différences internes sur plusieurs franges. En effet, les conflits entre les parties au sujet des nominations judiciaires et bancaires, et l’existence de divergences d’opinion sur la façon de traiter les problèmes de la rue, outre les différences historiques qui rassemblent les principaux partis gouvernementaux, notamment en ce qui concerne le mouvement Amal, le Hezbollah et le mouvement aouniste sont parmi les principaux problèmes.
Il a expliqué dans ce sens : « Le président de la République et le mouvement aouniste en général n’ont aucune confiance dans le Hezbollah et le mouvement Amal, les alliés du régime syrien, et anciens opposant de Michel Aoun dans les années 80, et leur présence actuelle dans un camp créé par les circonstances environnantes et non par l’intérêt du pays ou la similitude des visions, et donc le gouvernement actuel n’est q’un gouvernement de conciliations et d’alliances, pas un gouvernement de réformes. «
La période écoulée a enregistré la montée de conflit entre les deux pôles du gouvernement chrétien, le mouvement Marada dirigé par « Suleiman Franjieh » et le mouvement patriotique libre, dirigé par « Gebran Bassil », et a enregistré ainsi des appels des dirigeants du mouvement national à abandonner les armes du Hezbollah et à préférer l’intérêt public.
Le Hezbollah et la pierre angulaire
Loin des tiraillements politiques, l’écrivain et analyste politique, « Badwan Abdel Nour », estime le Hezbollah est à l’origine de l’échec du gouvernement et de la plongée du Liban dans la pauvreté, soulignant que la culture et le commerce du haschisch (canabis), la prolifération du marché noir et du blanchiment d’argent parmi les éléments sur lesquels l’économie est actuellement basée.
Par ailleurs, Abdel Nour a indiqué que les liens extérieurs du parti, en particulier avec les régimes syrien et iranien, et ses combats dans de nombreuses arènes régionales, est l’un des problèmes les plus importants du Liban, s’il s’ajoute à sa force militaire de 200 000 missiles et 50 000 combattants.
Le gouvernement actuel est décrit comme le gouvernement du Hezbollah, car ce dernier a mobilisé ses alliés politiques pour garantir son passage à la Chambre des représentants, ce qui a raison pour laquelle les États-Unis, l’Union européenne et un certain nombre de pays arabes ont refuseé de fournir une aide financière au Liban.
En outre, les négociations du gouvernement avec le Fonds monétaire international pour obtenir un prêt sont au point mort en raison des passages illégaux à la frontière syro-libanaise, qui sont gérés par le Hezbollah.
Dans le même contexte, une source digne de confiance a affirmé à l’Observatoire Mena que le contrôle du Hezbollah sur la décision du gouvernement a placé le Liban dans l’isolement local, à un moment où il a le plus besoin d’un soutien extérieur et arabe, poussant à la nécessité de le renverser, soulignant que la situation au Liban va être fortement dégradée au cours des prochaines semaines si le Hezbollah n’arrête pas sa domination, le pays pourrait être entraîné dans une nouvelle guerre civile.
La dégradation de la situation sécuritaire et l’orientation du Liban vers l’escalade interne est liée, selon notre source, aux revendications des manifestants qui exigent pour la première fois le désarmement du Hezbollah, une demande considérée par le parti comme une large ligne rouge. Il a expliqué: « Tout indique que nous nous dirigeons vers un nouveau 7 mai, si le gouvernement ne démissionne pas et ne sera pas remplacé par un gouvernement indépendant doté de compétences. D’ailleurs, le Hezbollah a commencé son plan pour faire face aux manifestations avec des affrontements, et cela signifie qu’il est prêt pour une nouvelle escalade. »
Les événements du 7 mai 2008 ont commencé suit au contrôle imposé par les combattants du Hezbollah sur de nombreuses zones de la capitale, Beyrouth, par la force des armes. Cette action vient en repense à la décision du gouvernement à l’époque de démanteler le réseau de communication du parti en tant que réseau illégal.
Sectarisme, critères d’échec et complots
La domination de la situation sectaire sur les travaux du gouvernement, constitue, à son tour, l’un des fondements de l’échec du gouvernement, selon l’écrivain libanais, Saâd Elias, considérant que le gouvernement de « Diab » a réparti les ministères conformément aux quotas politique des blocs qui le soutiennent, sans considération ni intérêt aux revendications populaires et aux mouvements de protestation, qui rejettent ce principe, soulignent que ces nominations ont eu lieu sous l’insistance du président du Mouvement patriotique libre, Gibran Bassil, qui menacé de retirer ses ministres du gouvernement, ce qui lui a donné la part du lion de ces nominations.
Une source informée se joint à Elias et révèle que les récentes nominations bancaires représentaient un complot contre l’intérêt du Liban, indiquant que le Hezbollah et ses alliés avaient prévu d’impliquer les banques libanaises dans l’effondrement financier qui s’est produit, en particulier avec leurs pressions en vue de retirer le candidature de Muhammad Baasiri au poste de gouverneur adjoint de la Banque centrale. Malgré que Baasiri était susceptible de créer une sorte d’équilibre au sein du système financier libanais, étant donné qu’il entretient de bonnes relations avec l’administration américaine, a indiqué la source.