Au moment où l’Iran s’apprêtait à lancer les manœuvres «Iqdar 99» qui ont débuté aujourd’hui le mercredi, en mer d’Oman et au nord de l’Océan Indien, les avions israéliens étaient sur le point de détruire ses milices et les forces du régime syrien à l’extrême est de la Syrie, dans le milieu rural du gouvernorat de Deir ez-Zor, où se situe le point de ralliement des milices fidèles à l’Iran en Syrie, et celles qui lui sont fidèles en Irak.
Le bombardement des forces de l’air israéliennes qui a eu lieu à l’aube d’aujourd’hui, mercredi, est intervenu moins de 24 heures après un autre bombardement qui avait ciblé le même endroit. Cependant, cette fois la frappe a été plus puissante. Les sources ont rapporté que les avions ont effectué 18 frappes ciblant des dépôts d’armes des milices des Gardiens de la révolution et le Hezbollah libanais, ainsi que les milices Fatemiyoun (Fatimides) tout au long de la région reliant la ville de Deir ez-Zor et la frontière syro-irakienne au milieu rural d’Al-Boukamal. Par ailleurs, les informations indiquent que les bombardements ont entraîné la mort de 16 éléments et la destruction d’un certain nombre de dépôts d’armes.
Le régime syrien, pour sa part, a admis à travers l’agence de presse officielle «SANA» que les forces aériennes israéliennes ont mené un assaut aérien contre la ville de Deir ez-Zor et la région d’Al-Boukamal dans la campagne sud-est du gouvernorat. Cependant, Israël n’a pas revendiqué la responsabilité de ces attaques jusqu’à maintenant.
Ces évolutions ont eu lieu juste après l’envoi par l’armée américaine des renforts militaires et logistiques supplémentaires à ses bases se situant au milieu rural du gouvernorat de Deir Ez-Zor à l’est de la Syrie. Les sources de MENA ont affirmé que les renforts militaires américains comptaient plus de 20 engins militaires, canons et des chars, ainsi que 50 soldats, tandis que les médias pro-régime syrien ont indiqué qu’une colonne de trentaine d’engins militaires, dont des camions chargés d’armes lourdes : des canons, des chars et des camions à remorques fermées appartenant à l’armée américaine, s’est dirigée de Hassaké vers la campagne de Deir ez-Zor, afin d’y renforcer ses bases.
Selon les sources, le convoi a emprunté la route Khorafi reliant Deir Ez-Zor à Hassaké, accompagné de plusieurs hélicoptères américains.
Redéploiement
En Parallèle, les régions sous le contrôle de l’armée du régime syrien et des milices iraniennes qui lui sont fidèles dans la région ont enregistré un retrait partiel de certaines unités militaires, particulièrement dans les zones ouvertes dans les périphéries de Deir Ez-Zor.
Des sources locales ont révélé que des milices pro-iraniennes ont retiré leurs armes lourdes des sites et des casernes dans les campagnes des villes de Mayadin et d’Al-Boukamal, proches des frontières irakiennes, pour les redéployer dans les agglomérations aux villes et aux villages situés dans les zones d’influence des Gardiens et des milices iraniens, en soulignant que la milices iraniennes ont évacué plus de 10 points militaires qui lui appartiennent dans les fermes de la région de Mayadin.
Quant au milieu rural de la ville d’Al-Boukamal, les membres des Gardiens de la révolution iraniens ont dissimulé dans la base Imam Ali, la plus grande base militaire des Gardiens de la révolution de la région, toutes les armes lourdes, y compris les missiles et les engins militaires blindés.
Les formations libanaises du Hezbollah, Fatimiyoun, Zainebiyoun, le régiment 47 et Al-Baqir ont participé, selon les sources, aux opérations de redéploiement et au camouflage de leurs sites et la dissimulation des armes et des munitions. Elles ont de même transporté de grandes quantités de missiles d’Irak vers les sites des Gardiens de la révolution à travers le passage frontalier d’Al-Sikak à l’est d’Al-Aboukamal.
La semaine dernière, un drone a ciblé un véhicule appartenant à la milice de «Hach Al-Chaabi» irakien, quand elle tentait de pénétrer sur les territoires syriens à travers l’un des passages frontaliers non officiels près de la ville d’Al-Boukamal. Le bilan était de 4 morts parmi les membres de l’engin avec deux autres blessés, selon des sources médiatiques à l’époque.
Le front libanais
Il semble qu’il n’y pas de séparation entre l’échauffement israélo-iranien à l’est de la Syrie et l’état d’alerte que connait son front nord avec Hezbollah. Une source militaire israélienne a affirmé, selon les médias, que Tel Aviv est sur le qui-vive et à l’affût de tout mouvement du Hezbollah aux frontières libanaises.
La source militaire a ajouté, selon toujours les médias, que «Hezbollah tente encore de chasser un soldat israélien pour prendre sa revanche suite à l’assassinat d’un responsable lors d’un raid en septembre dernier en Syrie, pour imposer l’équation de la possibilité de riposter du Liban s’il était ciblé en Syrie ». Quant aux frappes contre les milices iraniennes en Syrie, Il a déclaré : « Israël a intensifié et continuera à intensifier les frappes aériennes sur la Syrie. Le taux des frappes a atteint maintenant 3 en 10 jours tandis qu’il était d’une seule frappe toutes les 3 semaines ». Puis, il a insisté « les frappes ciblent principalement les missiles traditionnels iraniens et syriens et les radars dans le but d’empêcher une première frappe avec des missiles balistiques dans une confrontation prochaine qui détruiront les systèmes de défense ». Et il a ajouté : « Israël veut conserver les missiles de précision pour les abattre plus tard ».
La même source militaire a exclu le déclenchement d’une confrontation directe avec l’Iran, en estimant qu’il est devenu plus faible après le meurtre du commandant de la Force Al-Qods, Qassem Soleimani. Il a ensuite souligné que Téhéran a esquivé la commémoration de la mort de Soleimani, mais il n’a pas abandonné l’idée de revanche, à travers le lancement des missiles ou des drones piégés depuis l’Irak.
Il a expliqué que «la région irakienne de Al-Qa’im abrite des missiles à longue portée, et il y a aussi des missiles au Yémen qui pourraient atteindre Eilat. C’est pourquoi des batteries de Patriot y ont été déployées récemment».
La source militaire israélienne a confirmé qu’il existe des contacts quotidiens entre l’armée israélienne et le ministère américain de la Défense, le Pentagone, dans le but de suivre les évolutions sur le terrain, car les erreurs de calcul pourraient déclencher une confrontation entre les deux partie, selon ses propos.
Manœuvres en mer d’Oman
Si l’Iran gère les évolutions sur le terrain en Syrie et en Irak par le biais de ses milices, directement ou indirectement, il ne semble pas être suffisamment intéressé par la mort des éléments des milices arabes : Irakiens, Syriens, Afghans et autres. Il tient en ce moment à faire une démonstration de sa force à travers les manœuvres « Iqdar 99 » en mer d’Oman et au nord de l’océan Indien, en essayant différents missiles de croisière sol-sol, en lançant des « torpilles » à partir des sous-marins locaux de l’armée marine ainsi que des entrainements spécialisés des équipes d’opérations spéciales sur la côte et en mer. Il s’agit également des opérations de drones selon les déclarations du département des relations publiques de l’armée iranienne. Par ailleurs, l’amiral Amir Hamza Ali Kaviani, porte-parole des manouvres, a déclaré que le déploiement des forces a eu lieu dans un temps très court depuis l’annonce des unités participantes dans la région.
Il a ajouté que les manouvres permettront à l’armée iranienne de mesurer sa capacité de répondre au moment adéquat et d’une manière efficace face à toutes éventuelles circonstances qui pourraient se produire suite à la menace de l’ennemi. « En effet, nous puissions fournir une performance appropriée au niveau des menaces, en supprimant les points faibles et en renforçant les points forts ».
Les Gardiens de la révolution iraniens de l’armée iranienne ont supervisé les essais de missiles de précision à longue portée dans la mer d’Oman et au nord de l’océan Indien. Les opérations ont réussi.
Permettre à l’Iran, par l’administration américaine et Israël, de faire des démonstrations et de contrôler les milices, peut dire que l’affrontement entre les deux parties, en particulier sur le sol syrien et également sur le front du Hezbollah au Liban, est régi par des calculs précis dans lesquels l’erreur n’est plus autorisée, car elle peut conduire, selon la source militaire israélienne, à une confrontation directe entre les deux parties dont l’heure n’a pas encore sonné.