La recherche dans l’histoire de l’autre est considérée comme une thèse scientifique approfondie, et un processus de fouille qui sculpte dans les cultures, les mentalités et les imaginations des peuples, et établit les conditions de la relation entre eux. C’est l’un des champs de connaissances les plus complexes car c’est un domaine plein de problématiques. Sa causalité est l’histoire du conflit de civilisations, les interrelations entre soi et l’autre à travers les étapes de l’Histoire, et le rôle des effets politiques, sociales et culturelles dedans, en particulier au niveau de l’étude de l’histoire de la relation entre les sociétés arabe et occidentale, et arabe et iranienne, à la lumière de ce qui a été produit par les pionniers de la recherche coloniale ou anti-locale.
L’un des obstacles que rencontre l’historien dans ce domaine est la difficulté de définir le concept, c’est-à-dire le concept de l’autre, alors qu’on constate qu’il indique en toute évidence une sorte d’hétérogénéité, mais s’agit-il dune hétérogénéité ethnique, confessionnelle ou régionale ? En revenant à l’Encyclopédie « Lalande » des concepts philosophiques, on y retrouve le concept de l’autre ou d’autrui, comme étant l’un des concepts essentiels de la pensée difficiles à définir, en se limitant donc à dire qu’il est « « l’opposé de soi ».
Ainsi, le premier problème auquel est confronté l’historien est celui de l’analyse de la terminologie et de la définition des concepts, surtout dans les cas où l’autre fait l’objet de la recherche. Autrefois, Aristote utilisait la langue pour exprimer l’identité, il appelait donc tous ceux qui ne parlaient pas grec de « barbares », et c’était une sorte de mépris et de dénigrement de l’autre.
La culture de la haine incite l’instinct et les appartenances primitives de l’homme à partir des aspects tribaux, mentaux, ethniques et régionaux, qui expriment l’excès d’appartenance au groupe ou à l’idée au point d’exclure les autres ou de se voir au-dessus d’eux (idéologisation). Les dualités qui existent dans la nature (froid et chaud, par exemple) ressemblent à la dualité de la relation entre soi et l’autre. En effet, il est devenu difficile de comprendre le soi sans une connaissance globale de l’autre. Et on remarque la dualité dans les écrits des historiens arabes au Moyen Âge où Al-Masudi a réparti le territoire en régions et a considéré la quatrième région dans laquelle se trouvent les terres arabo-islamiques sont « les meilleures territoires, les plus civilisées et les plus modérées, et il a qualifié les régions des Francs et des Saqlabah (Slaves) des plus froides et dans lesquelles l’entendement devient lourd ». Dans sa vision, nous constatons une classification des peuples, dans laquelle le statut de l’esprit arabo-islamique est renforcé et les foyers des autres peuples sont dégradés.
Bien que les tendances de la modernité et de la mondialisation aient dissous certaines des frontières séparant les nationalités et les croyances, et ait démantelé l’enfermement traditionnel hérité entre le soi arabe et l’autre, elles ont semé un nouveau conflit représenté par les concepts d’ascension civilisationnelle et de centralisation prônés par l’Occident. Cela a créé une nouvelle polémique imposant à aborder les problèmes d’identité, d’intimité et du courant de la Renaissance. Pour cela, l’idéologisation de la différenciation culturelle a créé une polémique odieuse qui est devenue un trait général de la recherche historique arabe, parce qu’elle a annoncé une nouvelle pensée qui secoue les règles de la pensée dominante, et la question s’est transformée en un problème historique qui s’est approfondi au sein de la structure des sociétés arabes et occidentales.
La culture arabe est fondée sur un savoir qui combine réalité et attente, même Ibn Khaldoun il gardait la division géographique d’Al-Masudi, et il voit la modération comme un trait dominant au Levant, alors qu’il décrit les autres peuples de manière stéréotypée selon leur habitudes, et leurs produits de la science et de la connaissance, et ce qu’ils possèdent des animaux et des arbres et autres. Une image négative constante des sociétés occidentales s’est formée depuis la Croisade, et son intensité s’est accrue lors de l’incursion coloniale dans la région arabe
La relation avec l’autre restait basée sur le principe du vainqueur et du perdant, qui déterminait une relation entourée d’une couverture idéologique/culturelle. Ainsi, les stéréotypage et les jugements stockés par la mémoire collective ont laissé leurs effets clairs sur l’histoire arabe. Et l’écrivain était toujours l’écho de la vie et de l’esprit de la nation, en cohérence avec le sentiment de l’idée que l’Occident est un envahisseur par nature, et athée en ce qui concerne la croyance. Là de nombreux historiens sont tombés dans le piège, et les programmes scolaires arabes étaient caractérisés par l’hostilité et le mythe qui qualifie l’autre comme celui qui colonise la nation, asservit ses peuples et pille ses ressources, et réalise ses intérêts en l’exploitant.
Avec l’émergence d’un groupe de penseurs et de réformistes arabes ayant atténué le fardeau du dualisme et de l’image stéréotypée depuis le début de la renaissance arabe au XIXe siècle après JC ; Les pionniers de la Renaissance arabe ont pris conscience de la nécessité de s’adhérer à la science européenne afin de reproduire dans une certaine mesure l’Occident dans l’Orient. Ils ont confirmé en effet que le problème de la relation entre le soi arabe et l’autre est cognitif et organisationnel, et non pas un problème naturel et religieux et de stéréotype, et le soi arabe perd d’indépendance parce qu’il tire son efficacité et ses réactions de deux références concurrentes. L’une appartient au passé islamique et l’autre au produit européen moderne. Par conséquent, les chercheurs arabes ont perdu leur indépendance historique.
Le chercheur arabe doit travailler selon ce qui suit, s’il voulait surmonter les obstacles de la recherche dans l’histoire de l’autre :
- Le chercheur arabe est confronté au problème de la définition des concepts et de la détermination des classifications, ce qui constitue en soi est un problème cognitif complexe. Il s’agit donc d’identifier nécessairement la définition, et de déterminer qui est l’autre.
- Il s’agit aussi de sortir des restrictions cognitives, et le chercheur ne doit pas rester prisonnier du regard passé, en essayant de faire son mieux pour anticiper les horizons de la vie. Et il n’est pas facile de sortir de l’isolement intellectuel dans lequel il s’enferme entre ses murs.
- Il st nécessaire d’établir un dialogue civilisationnel entre les chercheurs arabes et ceux des autres sociétés.
- Sortir de la prison de la localité et des intervalles fermés vers l’universalité et la globalisation à partir d’un point de vue d’environnement de liberté et de créativité.
- Les facteurs idéologiques « politiques et intellectuels » ont contribué à creuser le fossé et à intensifier la polémique autour de la relation conflictuelle, ainsi que l’intervalle de l’autre est resté un champ épineux plein d’obstacles.
Conclusion
Il est nécessaire que les historiens arabes s’occupent de ce domaine, étant donné qu’il s’agit d’une spécialisation imposée par les conditions historiques et civilisationnelles et vu que l’Arabe interagit avec le non-Arabe, puis avec l’autre intérieur différent ethniquement, de point de vue sectaire ou politique. Il s’agit nécessairement d’élaborer des études arabes approfondies sur les manières de traiter avec l’autre pour mieux le connaître. Ainsi, le travail permanent débouchera à terme sur une ambiance positive de dialogue et d’ouverture cognitive entre les historiens. Et cela va contribuer à surmonter les obstacles de la recherche arabe dans l’histoire de l’autre.