Abdul Rahim Dagalo, ancien vice-président du Conseil de souveraineté du Soudan, a confirmé que l’objectif de la charte politique et de la formation du gouvernement de réponse nationale est de « réaliser la volonté du peuple soudanais, qui a beaucoup souffert de la guerre ». Il a déclaré que les forces qui soutiennent la charte visent à mettre fin à la crise par le biais d’un nouveau gouvernement qui allège les souffrances de la population, soulignant que ce gouvernement n’est « pas affilié aux Forces de soutien rapide (FSR) ».
Il a également déclaré que l’histoire « ne retiendra pas que nous avons divisé le Soudan » et a souligné la nomination d’Abdulaziz al-Hilu, chef du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), à la tête du Conseil de souveraineté parallèle affilié au FSR. Cette décision marque un tournant majeur dans la crise soudanaise, d’autant plus qu’al-Hilu a rejoint l’alliance Tasis, qui cherche à mettre en place un gouvernement d’unité nationale au Soudan.
Des ondes de choc au sein du gouvernement et des tensions politiques croissantes
Le gouvernement dirigé par le chef de l’armée soudanaise Abdel Fattah al-Burhan à Port-Soudan aurait été surpris par l’alignement d’al-Hilu sur la nouvelle alliance. Son inclusion est considérée comme un mouvement significatif, envoyant des signaux forts de réalignements politiques émergents.
La nouvelle alliance se compose de partis politiques, de mouvements armés et d’administrations tribales, structurés en trois niveaux : un conseil de souveraineté, un conseil des ministres et un parlement. Les observateurs estiment que la participation d’al-Hilu constitue une avancée dans les négociations longtemps bloquées avec le SPLM-N, ouvrant potentiellement la voie à une paix globale et juste au Soudan.
Historiquement, le SPLM a joué un rôle clé dans la guerre civile au Soudan, qui a conduit à l’indépendance du Sud-Soudan en 2011. Après la sécession, al-Hilu a dirigé une faction du mouvement à Kauda, établissant une administration civile autonome.
Différend diplomatique entre le Soudan et le Kenya
Dans ce contexte, le gouvernement soudanais a rappelé son ambassadeur du Kenya pour protester contre l’organisation à Nairobi de réunions préparatoires pour le FSR et ses alliés, dont l’objectif est de déclarer un gouvernement parallèle.
L’agence de presse nationale soudanaise a rapporté que le ministère des affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur pour « consultation et pour s’opposer à l’accueil par le Kenya des réunions du FSR ». Le gouvernement a qualifié les actions du Kenya d »hostiles envers le Soudan », accusant Nairobi d’encourager la division des États africains et de violer la souveraineté du Soudan.
Entre-temps, la Cour suprême du Kenya examine actuellement une affaire juridique et politique extrêmement complexe qui vise à empêcher le FSR de signer des accords politiques avec des factions politiques ou armées soudanaises au Kenya. L’affaire est délicate, surtout si l’on tient compte des rapports internationaux faisant état de violations massives des droits de l’homme commises par le FSR pendant le conflit soudanais.
Cela soulève des questions pressantes : Si le FSR parvient à signer un accord politique, celui-ci sera-t-il légalement reconnu ? La décision du tribunal s’appuiera probablement sur les preuves fournies par les organisations internationales et régionales qui documentent les actions du FSR dans les zones de conflit. Si l’accord est considéré comme légitimant une milice accusée de crimes graves, le tribunal pourrait en tenir compte.
Signature secrète de l’accord de gouvernement parallèle :
Les médias soudanais ont rapporté que l’accord de gouvernement parallèle soutenu par la RSF a été signé lors d’une cérémonie secrète dans un lieu tenu secret, avec des mesures de sécurité strictes empêchant l’utilisation de téléphones portables pour éviter les fuites. Si des sources confirment que la signature a eu lieu, les détails restent hautement confidentiels, ce qui ajoute encore au mystère de la situation.
La bataille de Khartoum et les avancées militaires :
Sur le terrain, des combats acharnés se poursuivent entre l’armée soudanaise et les forces de sécurité soudanaises sur plusieurs lignes de front dans la capitale, Khartoum. Samedi matin, des habitants ont signalé des explosions sporadiques dans le centre-ville, l’armée soudanaise ayant intensifié son offensive pour reprendre le palais républicain et les principaux ministères.
Dans le Nil oriental, l’armée progresse à l’est du pont de Soba afin d’exercer une pression supplémentaire sur les positions des forces de sécurité soudanaises. Pendant ce temps, les avions de guerre soudanais ont mené des frappes aériennes ciblant les mouvements des FAR au sud et à l’ouest d’El Fasher, la capitale du Darfour-Nord.
Alors que l’armée progresse, le conflit soudanais entre dans une phase critique. Avec l’absence continue de Hemedti, l’incertitude politique entourant la direction de la RSF et les tensions croissantes entre les factions armées, l’avenir du Soudan reste plus imprévisible que jamais.