Au début du mois, des élections législatives anticipées ont eu lieu en France, où les Français ont été invités par le président Emmanuel Macron à élire 577 députés après que sa majorité présidentielle a subit une importante défaite lors des élections européennes de mai.
Le leitmotiv de ces élections a été le « barrage à l’extrême droite » incarné par le parti du Rassemblement national (RN). Les partis de gauche et d’extrême gauche ont rapidement uni leurs forces pour former le Nouveau Front Populaire (NFP). Avec la majorité présidentielle, représentée par Ensemble, ils ont décidé de retirer leurs candidats au profit du NFP ou de la majorité présidentielle dans les circonscriptions où un candidat RN aurait pu l’emporter.
La stratégie a semblé porter ses fruits, car le RN est arrivé troisième, ne remportant que 142 sièges, ce qui contrastait fortement avec les projections promettant plus de 200 sièges à l’Assemblée nationale. Ainsi, le « pire » a été évité, mais la joie et la concorde n’ont pas duré longtemps dans le camp des vainqueurs.
Former l’informable
L’alliance du NFP, composée de La France Insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, des Écologistes (EELV) de Marine Tondelier, du Parti socialiste (PS) d’Olivier Faure et du Parti communiste (PCF) de Fabien Roussel, est arrivée en tête, obtenant 180 sièges. C’est 49 sièges de plus que la NUPES – le prédécesseur du NFP – en 2022. Quant au bloc du président, Ensemble, il est arrivé en deuxième position avec 159 sièges, soit 86 sièges de moins qu’en 2022, devenant ainsi le perdant de cette élection.
Après le « moment de clarification » annoncé par Emmanuel Macron, les forces politiques ont été réparties de manière presque égale, chaque bloc – gauche, centre et droite – obtenant un tiers des sièges chacun, ce qui n’a entraîné aucune « clarification ». Cette situation diffère radicalement des élections de 2022, où le camp présidentiel avait obtenu 245 sièges, remportant ainsi une majorité importante, même si elle n’a pas atteint la majorité absolue de 289 sur 577, mais s’en est approchée.
Ce n’est que le 23 juillet que les « vainqueurs » nominaux du NFP sont parvenus à un accord sur la candidature de Lucie Castets au poste de Premier ministre. Mais avant cela, le seul consensus que la gauche ait pu produire concernait la candidature à l’élection d’un nouveau président de l’Assemblée nationale – un communiste, André Chassaigne. Cependant, Yaël Braun-Pivet, du camp présidentiel, a réussi à conserver son siège de présidente de l’Assemblée nationale. Il convient de noter que la crise au sein du NFP est si profonde que les socialistes et les communistes ont discuté de l’organisation d’un vote au sein de l’alliance pour choisir un candidat au poste de Premier ministre.
Par ailleurs, en début de semaine, le président de la République française a décidé d’approuver la démission de Gabriel Attal et de son gouvernement – ce qu’il avait refusé de faire au lendemain de l’annonce des résultats des élections -, compliquant ainsi encore davantage le climat politique tendu à la veille des Jeux olympiques, que la France accueillera à la fin du mois de juillet. Mais, jusqu’à la formation du nouveau gouvernement, Gabriel Attal restera dans son bureau pour suivre l’actualité.
Un avenir incertain
Emmanuel Macron sera confronté à une période de cohabitation jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, où le gouvernement sera dirigé par une force politique différente de la sienne. Cette situation limitera le pouvoir du Président et nécessitera une coopération entre les pouvoirs exécutif et législatif. Le prochain gouvernement durera, très probablement, de quelques mois à un an, et n’aura pas le temps de mettre en œuvre des réformes importantes, en particulier les réformes populistes proposées par LFI, telles que l’augmentation des impôts et du salaire minimum, et la facilitation de l’immigration dans un pays déjà confronté à des défis dans ce domaine.
Macron pourrait envisager de nommer Lucie Castets, la candidate du PFN, au poste de Premier ministre. Toutefois, la Constitution française ne l’oblige pas à choisir un Premier ministre proposé par le PFN. En outre, un récent sondage Elabe pour BFMTV montre que 58 % des Français s’opposent à la nomination de Mme Castets, tenant Macron pour responsable de la crise politique actuelle et préférant une « trêve politique » pendant les Jeux olympiques.
Pendant que la gauche tardait à présenter son candidat, M. Macron a exploré différentes options pour former une coalition, y compris les Républicains en tant que partenaires potentiels. Cependant, les Républicains se sont fermement positionnés dans l’opposition et ont présenté 73 mesures à travers 13 projets de loi visant à « trouver des solutions et à mettre quelque chose de positif sur la table », indiquant leur intention de soutenir une législation s’alignant sur leur vision, par conséquent étant une opposition constructive.
Le scénario le plus plausible, cependant, est que la France attendra beaucoup plus longtemps avant de voir se former un nouveau gouvernement, étant donné que la Constitution ne fixe pas de délai pour la nomination d’un nouveau Premier ministre, et les tentatives d’Emmanuel Macron de naviguer la situation de la manière la plus favorable pour lui. Toutefois, si le nouveau gouvernement n’est pas en mesure de fonctionner correctement, de nouvelles élections législatives anticipées pourraient être annoncées dans un délai de 14 mois. Quoi qu’il en soit, la stabilité politique en France semble lointaine, la prochaine occasion de remédier à la « Maison divisée » est l’élection présidentielle de 2027.
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