Le régime d’el-Assad et les milices iraniennes ont intensifié leurs attaques au cours des dernières heures contre les quartiers de Daraa al-Balad dans le sud de la Syrie. En effet, la 4e Division blindée a attaqué les quartiers assiégés de « Daraa al-Balad » avec des mortiers, des roquettes et des mitrailleuses, tandis que les tirs d’artillerie ont atteint la mosquée (archéologique) d’Al-Omari dans la ville, au milieu des tentatives d’assaut ratées. Par ailleurs, des médias ont rapporté selon une source de la commission de négociation que les milices iraniennes œuvrent pour faire avorter le processus de négociation en cours dans la région pour mettre un terme à la campagne militaire.
Le régime syrien a fait un blocus depuis 61 jours sur «Daraa Al-Balad» qui enregistre une grave pénurie des matières de première nécessité de vie, d’eau potable et de médicaments, après les demandes des milices iraniennes et du régime de contrôler totalement la région et le déplacement de ses habitants.
Le « Horan Free League» (ligue des libérés de Houran) a rapporté selon une source au sein du Comité central de Deraa, que « le nouveau round de négociations qui a débuté hier, lundi, entre le Comité central de Deraa représentant le peuple, les forces du régime et la délégation russe, a encore connu un nouveau blocage et aucun accord n’a été trouvé », en expliquant que « la raison du blocage des négociations est l’intransigeance du régime et l’escalade des opérations militaires afin d’exercer plus de pression sur le Comité central de Deraa, pour qu’il accepte ses conditions ».
Des sources parmi les habitants de Daraa al-Balad ont affirmé à l’Observatoire MENA que « les rounds de négociations entre le Comité central d’une part, et le régime d’autre part, sous les auspices de la Russie, connaissent des complications jusqu’à présent, sans pouvoir parvenir à aucune solution ni accord », en expliquant que « le général Housam Luqa, chef de la commission de sécurité du régime dans le sud de la Syrie, insiste pour que les jeunes de Deraa remettent toutes les armes».
Les sources ont également souligné que « le commandant de la huitième brigade du cinquième corps, Ahmed al-Awda, a de nouveau proposé au régime l’idée que tous les jeunes hommes armés de Deraa rejoignent les groupes de la Cinquième division, et que cette proposition a été soutenue par la Russie, mais le régime et les milices iraniennes l’ont catégoriquement rejetée.
La milice du régime a renforcé lundi ses forces avec de nouvelles colonnes dans la zone d’Al-Raï près de la ville d’Al-Yadouda, à l’ouest de Deraa, ainsi que des groupes militaires appartenant à la 4 Division ont inauguré « Al-Nahl et Al-Rija » après les avoir transformés en quartier général militaire considéré comme l’une des plus grandes casernes dans la région.
Il est à souligner que la partie russe a présenté une « feuille de solution » à la délégation négociant avec les habitants, proposant le déploiement de policiers du régime dans des endroits dans les quartiers de Daraa al-Balad, outre deux autres points sur lesquels ils vont négocier dans les prochains jours, à savoir : remettre les armes de l’opposition au régime et le déplacement des opposants qui ne veulent pas de réconciliation au nord de la Syrie. Et la partie russe accorde un délais de 15 jours pour parvenir à une solution ».
Médiation jordanienne
Par ailleurs, les récentes évolutions à Deraa ont montré que le sud de la Syrie est sur la liste des priorités des pays régionaux et les parties impliquées dans les affaires syriennes. Après l’échec de la Russie de parvenir à une solution permettant d’assurer la stabilité dans la région, la Jordanie a réagi pour ne pas laisser à l’Iran l’opportunité d’exploiter la tension et renforcer la présence des milices qu’il soutient à proximité des frontières du Royaume avec la Syrie, puisque le président Vladimir Poutine a rencontré le roi de la Jordanie Abdallah II, pour négocier le dossier syrien.
Les observateurs estiment que le pas jordanien intervient dans le cadre de son suivi des évolutions dans le sud de la Syrie, d’autant plus qu’il était l’un des pays garants de l’accord de réconciliation entre le régime syrien et les factions de Deraa, à l’été de 2018.
Firas Faham, chercheur au centre Jusoor for Studies, a affirmé que « le mouvement jordanien vers la Russie s’inscrit dans le cadre de la médiation jordanienne, que le Royaume mène au nom de tout un axe incluant les États-Unis, certains pays de l’Union européenne et Israël », en expliquant que « la médiation jordanienne cherche à accorder à la Russie des acquis économiques, à l’instar du soutien limité pour la reconstruction de la Syrie, contre la maitrise des milices iraniennes en Syrie ».
Il a ajouté que « la Russie exploite la carte des milices iraniennes pour faire chanter les pays voisins de la Syrie, ayant des craintes de l’infiltration iranienne », en expliquant que « ce qui a poussé la Jordanie à diriger la médiation, ce sont ses expériences encourageantes avec la Russie, où un accord russo-jordanien avait préparé le terraon en 2017 pour l’’Accord du Sud à l’été 2018 ».
Il est à rappeler que le journal « Washington Post » a affirmé il y a quelques jours, que la Jordanie cherche à jouer un rôle dans le règlement de la situation en Syrie, en révélant la proposition du roi Abdallah lors de sa dernière rencontre avec Biden à Washington portant sur « l’accord entre un groupe de pays composé des États-Unis, de la Russie, d’Israël, de la Jordanie et d’autres pays sur une feuille de route pour rétablir la souveraineté et l’unité sur le territoire syrien ».
La Russie et l’expansion iranienne
Les experts jordaniens estiment que l’accord de réconciliation à Deraa en 2018 visait à éviter la menace de la présence iranienne qui planait sur la sécurité nationale de la Jordanie, et que les dernières évolutions dans le gouvernorat syrien constituent un retour de la situation à ce qu’elle était avant la réconciliation, surtout avec la détérioration et la dégradation de la situation sécuritaire.
En outre, Bader Al-Madi, professeur des sciences politiques à l’Université germano-jordanienne, a ajouté que « pour la Jordanie, la Russie est la clé de la solution et l’alliée fiable pour encadrer le comportement iranien dans la région, et par conséquent la stabilité de la situation sécuritaire et son impact positif sur les intérêts des pays, dont la Jordanie ».
Al-Madi a expliqué que « la rencontre du roi Abdallah avec Poutine pourrait être pour exercer une pression sur le régime syrien à travers ses relations avec Moscou dans le but d’empêcher les milices armées soutenues par l’Iran d’atteindre les frontières du Royaume », en considérant que les relations jordano-russes sont caractérisées par l’équilibre et la flexibilité. Une donne qui permet à Amman de diversifier ses options stratégiques.
Il convient de rappeler que la Jordanie a appelé à maintes reprises à une solution politique à la crise syrienne. Un souhait qui a été exprimé par ses responsables et politiciens dans de nombreuses occasions, mais en même temps, il essaie d’éviter toute autre répercussion qui pourrait l’affecter, à cause des dernières évolutions à Deraa.
Le 25 juin, les forces du régime syrien et leurs milices ont imposé un blocus sur Daraa al-Balad, après le refus de l’opposition de remettre les armes légères, car cela ne fait pas partie de l’accord négocié par la Russie en 2018, qui exiger de remettre les armes moyennes et lourdes.
Il est à rappeler que le gouvernorat de Deraa est classé au deuxième rang en termes de la présence iranienne après Damas et Rif Dimachq, où des milices sont déployées en 19 points, y compris des éléments du « Hezbollah » libanais, des points des « Gardiens de la révolution » et des milices locales appartenant directement à l’Iran et la plupart d’entre elles sont concentrés dans la campagne du nord, et quatre points près et à proximité de la ville de Deraa, selon le site web « Iran Wire », spécialisé de traquer l’activité iranienne en Syrie.
Dans le gouvernorat de Quneitra, des éléments du « Hezbollah » libanais et des techniciens des « Gardiens de la révolution » sont déployés dans dix points militaires, leur mission est la surveillance, la reconnaissance et l’offuscation.
Quant à Soueïda, qui compte quatre points, les milices iraniennes sont déployées à « l’aéroport militaire de Khalkhala » au nord-est de Soueïda, à l’aéroport « al-Thaala », près du gouvernorat de Deraa, et à la brigade 127 – forces spéciales.