À vrai dire, la géographie et les trésors de la terre sont les malédictions de la nature pour les nations. Ces richesses sont une réelle source des conflits et des guerres et c’est toujours les pays pauvres qui paient la facture où moment où les pays riches profitent.
L’intervention turque en Libye est une parfaite incarnation de l’avidité turque à accaparer les richesses naturelles libyenne profitant de l’état de faiblesse et du chaos militaire en Libye, en présence de deux gouvernements en conflit pour le pouvoir.
Pour mettre son plan en œuvre, la Turquie a créé un rapprochement avec le gouvernement Al Wifak dirigé par Fayez al-Sarraj et installé à Tripoli. Ce rapprochement est basé sur le partage d’une idiologie commune celle des Frères musulmans.
La Turquie a offert une assistance militaire au gouvernement Al-Wefak, mais en politique, il n’y a pas de générosité et rien n’est gratuit. En effet, la Turquie a profité pleinement de ce soutien militaire. D’ailleurs, elle a repoussé au large ses frontières maritimes profitant de la reconnaissance internationale du gouvernement de Sarraj. Ce qui signifie que la Libye a perdu sa richesse souterraine marine en faveur de la Turquie, tout comme la souveraineté libyenne est menacée à la lumière d’une nouvelle tendance à un plus grand soutien militaire turc au gouvernement de Saraj, comme il a annoncé le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Rejet et contre-réponse
Quelques heures seulement après que l’armée nationale libyenne et ses unités navales ont annoncé qu’elles étaient prêtes à faire face à la menace turque venant de la mer, le président turc Recep Tayyip Erdogan est revenu pour menacer à nouveau la souveraineté des territoires libyens, en promettant plus de soutien au gouvernement Al Sarraj qui contrôle la capitale libyenne, Tripoli.
Lors d’un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a explicitement menacé de fournir plus de soutien militaire au gouvernement Fayez al-Sarraj, malgré le rejet international du récent accord de sécurité maritime, en vertu duquel la Turquie contrôlait de nombreux biens maritimes au large des côtes libyennes et donne également à Ankara la possibilité d’augmenter la présence militaire sur le sol libyen, ce qui menace la souveraineté et l’indépendance de la Libye.
Erdogan a déclaré dans un discours adressé au peuple: «La Turquie augmentera le soutien militaire à la Libye si nécessaire. Ankara étudiera les options aériennes, terrestres et marines ». Le président turc a affirmé que son pays « ne renoncera jamais à ses accords maritimes et de sécurité conclus avec la Libye », ce qui a provoqué une polémique généralisée aux niveaux régional et international.
Le chef d’état-major de l’armée libyenne, le général de division Fraj Mahdawi, a confirmé dans une interview diffusée sur la chaine Al Arabiya que la force navale libyenne est en état d’alerte maximale en prévision d’une possible mouvement Turquie qui vise de pousser plus d’armes et de soldats en Libye, en application de l’accord signé avec le gouvernement al Wifak, et en réponse à la demande de ce dernier d’un soutien logistique.
Lors de l’interview télévisée, Mahdawi a déclaré que les forces navales libyennes sont prêtes pour toutes les hypothèses et ont suffisamment de force pour repousser toute violation turque des côtes libyennes.Notant en même temps, que tous les navires en provenance de l’Ouest libyen sont soumis à un contrôle et à un suivi.
Le chef d’état-major a ajouté que ses forces avaient l’ordre d’attaquer les forces turques pour protéger la terre et la mer libyennes, dans le cadre de la guerre lancée par ses forces pour contrôler la capitale libyenne, Tripoli: «L’armée est prête à intervenir à tout moment et en toute circonstance, et elle visera les Turcs en mer avant qu’ils n’atteignent les terres libyennes, et ne permettra aucun soutien aux milices qui pourrait entraver sa progression dans la bataille de Tripoli.
Que cherche Erdogan en Libye?
La Russie et la Turquie se battent pour contrôler les clés du conflit libyen, chacune avec ses outils et ses soldats sur le terrain. La Russie, qui cherche à consolider son entrée dans l’arène africaine, en tant que force parallèle aux forces américaines et européennes, a trouvé en Libye un lieu fertile. Erdogan, qui cherche à concourir le monde musulman, trouve une faille pour interférer.
Les ambitions d’Erdogan en Libye sont grandissantes, dans le cas où il pourrait contrôler les eaux libyennes, il fournirait un soutien à ses pétroliers et navires qui explorent le gaz et le pétrole dans les eaux chypriotes, qui sont contestés par la Turquie et Chypre.
En plus de la participation de l’Égypte et des territoires palestiniens dans les gisements de pétrole au fond de la Méditerranée. Ce qui signifie que les puits de pétrole des pays du bassin méditerranéen seront sous contrôle turc et fait de la Turquie un acteur majeur dans la région.
Les experts disent que les déclarations et les menaces d’Erdogan reflètent une course contre la montre, pour réaliser des ambitions économiques et sécuritaires, qui vont au-delà des frontières, et qui ne prêtent aucune attention à ses opposants, et à quoi ces plans peuvent conduire devant la pression de la communauté internationale.
Erdogan tente de faire chanter tous les acteurs du problème libyen, mais il est finalement obligé de clarifier sa position, car Trump le menace et considère que la Turquie lui échoue, et fait allusion à la mise en œuvre des sanctions économiques qu’il a imposées et qui détruiront l’économie turque … et les Russes se rendent compte qu’Erdogan retarde la mise en œuvre de ce qu’il avait promis au sujet d’Idlib.
Erdogan travaille avec la Russie et l’Iran, en même temps il déclare que Assad est un tueur, et condamne toutes les actions « inhumaines » que Assad fait en Syrie, oubliant qu’à l’origine de la tragédie des Syriens sont les Russes et les Iraniens, qui ont soutenu Assad.
La double face d’Ankara l’a fait entrer dans un état de chaos, donc Erdogan mélange délibérément les cartes en Libye, car il sait que les Russes sont également devenus un acteur caché dans le problème libyen, mais mélanger les cartes libyennes n’aidera pas beaucoup et peut donner l’effet contraire
Le président turc est dans une position difficile à l’intérieur, de clivages et de scandales au sein du parti qu’il dirige. Des demandes d’ouvrir une enquête sur la richesse d’Erdogan menés par « son compagnon de route » Ahmet Davutoglu. Tout cela l’a poussé à chercher une victoire à l’extérieure pour étouffer les scandales internes et dire implicitement « je suis le nouveau sultan turc, nous rendrons les gloires du passé! »