Après que la réunion de Doha a accouché des recommandations, parait-il, adressées au décideur occidental pour dire que nous sommes prêts pour être l’alternative qui soutient le projet « Step for Step » (pas à pas) proposé par Pedersen. Cela nous confirme que l’opposition qui avait échoué pendant les onze années de la tragédie syrienne ne peut pas être ressuscitée pour trouver une solution et que l’échec de gérer un problème humanitaire ne signifie pas que l’objectif a changé. Mais cela signifie forcément le changement des joueurs qui représentaient la cause après avoir tout raté.
Et après le limogeage du commandant de la milice de l’Armée nationale par trois hommes religieux et non pas par une instance judiciaire ! Il semble que la tragédie continue pour longtemps !
Cela nous confirme que l’opposition qui avait échoué pendant les onze années de la tragédie syrienne ne peut pas être ressuscitée pour trouver une solution et que l’échec de gérer un problème humanitaire ne signifie pas que l’objectif a changé, mais cela signifie forcément le changement des joueurs qui représentaient la cause après avoir tout raté.
Celui qui observe les événements et les évolutions politiques et militaires qui se déroulent en Syrie constate que la tragédie syrienne est entrée dans la phase quasi-finale en ce qui concerne la question militaire, avec un processus politique en arrêt, ou susceptible d’être résolu mais avec les conditions russes et iraniennes ainsi qu’avec la négligence américaine du drame vécu par les Syriens de l’intérieur.
La stabilité des zones d’influence militaires
Les faits du terrain sur les territoires syriens indiquent que la réalité militaire s’est installée dans des zones d’influence réparties sur des acteurs locaux dont chacun parmi eux est lié à un acteur régional ou international. La première région est celle des zones contrôlées par le régime syrien sous la houlette et la protection russes et iraniennes, avec une concurrence hostile claire entre les Russes et les Iraniens sur ces zones d’influence.
La deuxième région est contrôlée par ce qu’on appelle l’«Armée nationale syrienne », qui représente ce qui reste de l’opposition armée syrienne, dont la plupart sont des factions islamistes portant des idéologies oscillant entre le salafisme djihadiste (Front al-Nosra) et l’islam politique représenté par les Frères musulmans syriens. Cette région est la zone d’influence de la Turquie, qui protège ces factions et les soutient pour être son cheval gagnant en Syrie.
La troisième région est la Fédération autonome kurde, qui est gérée par le Parti de l’Union démocratique, l’aile politique du Parti des travailleurs du Kurdistan, classé par Ankara en tant que parti terroriste. C’est une zone d’influence américaine, où il y a des forces américaines assurant la couverture politique et militaire au Parti de l’union démocratique.
Il y a aussi des petites poches de Daech éparpillées étant donné que l’État islamique n’a plus de zone spécifique qu’il contrôle, et ce n’est plus une force qui fait la différence sur le terrain. Il n’est plus qu’un outil exploité par tel ou tel pays contre ses adversaires, et pour justifier sa présence sur le sol syrien et le port d’armes.
Quelles sont les raisons contribuant à la persistance de la tragédie syrienne sans avoir de solution ?
La première : Il est difficile de changer les positions du pays qui joue sur la géographie syrienne !
Chaque pays demande de l’autre de satisfaire une demande dont il est incapable de réaliser parce que la réalité régionale et internationale s’est presque stabilisée sur des transformations politiques et diplomatiques, qui rendent impossible la réalisation de cette exigence, car elle nécessite le changement des politiques entre ces pays avant de céder la terre syrienne ! Et Cela devient impossible ou demande un temps très long pour être réalisé.
A titre d’exemple, ce qui est demandé de la Russie pour reconnaître son rôle en Syrie et le légitimer dans tout accord politique, c’est de faire sortir les Iraniens de la Syrie, et de mettre en place une feuille de route réalisable pour la transition politique en Syrie.
La deuxième : le nœud iranien au dossier syrien !
On est tous conscients de l’impossibilité pour la Russie de faire sortir l’Iran de la Syrie, car elle ne peut que limiter les zones d’influence iraniennes. Tandis que la question de l’expulsion de l’Iran de la Syrie est hors de portée, car l’Iran est d’abord un Etat régional d’abord qu’il a exploité les dix années afin d’étendre son influence militaire et politique sur la scène (Irak, Yémen, Syrie, Liban). Il a pu pratiquement dominer une part importante de la prise de décision dans les capitales de ces pays, sans oublier que les négociations autour du dossier nucléaire iranien rendent actuellement l’Iran plus attaché à la terre et au terrain pour obtenir le maximum de concessions nucléaires.
La troisième : Le rôle de la Turquie dans la crise syrienne
Il est impossible pour la Turquie de penser à arrêter son soutien à « l’Armée nationale syrienne », tant que l’autonomie imposée par le Parti de l’Union démocratique au nord-est de la Syrie est toujours là, et tant que la rivalité américano-turque existe. Cela explique aussi pourquoi les Etats-Unis ne pensent pas à retirer ses forces, du moins du nord-est de la Syrie, tant que les relations turco-américaines sont tendues (et avec elles les relations de la Turquie avec l’OTAN et l’Union européenne) alors que la Turquie chercher à aller vers l’Est et vers la Chine et la Russie, non uniquement pour une alliance internationale, mais aussi dans une l’approche idéologique, étant donné que la démocratie turque recule jour après jour et se défait de ses traits libéraux « occidentaux » pour adopter des traits totalitaires (chinois, russes, iraniens).
La quatrième : Les évolutions politiques et diplomatiques qui se déroulent dans la région
Ces évolutions indiquent qu’aucun des pays régionaux et internationaux ne pense à la solution militaire. La négociation a été lancée via plusieurs pistes (l’accord nucléaire, les négociations irano-saoudiennes), d’autant plus que la rivalité politique ou l’orientation générale de certaines politiques, sont devenues claires pour les années à venir. Par exemple, la politique de « Joe Biden » envers certains pays, comme le Yémen (ce qui commence à se voir dans le dossier yéménite), la Chine, la Russie et la Turquie, est devenue claire.
La solution politique est-elle possible ?
La solution politique est selon Moscou et l’Iran signifie reproduire le régime sous une autre forme, en faisant quelques changements superficiels mais sans toucher le fond. C’est-à-dire il s’agit d’un changement à la manière iranienne et russe. Cette affaire bénéficie non seulement de l’approbation de ses parrains russes, iraniens et chinois, mais également de l’approbation d’un groupe de pays arabes et de la Turquie, qui ne se soucient pas du départ ou non d’al-Assad, autant qu’ils se préoccupent de préserver de nouvelles zones d’influence et empêcher les Kurdes de mettre en place une sorte d’autonomie en Syrie.
Il semble aussi que les États-Unis d’Amérique, avec leur nouvelle administration, n’ont aucun problème avec cette solution. On peut constater cela des déclarations américaines qui mettent l’accent sur une solution politique « juste » sans préciser le type de cette solution. , et sans parler du départ d’al-Assad, du régime ou même d’un changement radical de celui-ci.
De même pour Israël, qui en coulisses tient de nombreux fils du jeu syrien, étant donné que sa principale préoccupation est centrée sur sa sécurité et la survie du régime, à condition que les Iraniens soient expulsés de la Syrie.
La seule partie qui semble publiquement engagée à trouver une solution politique juste et réelle en Syrie, et qui garde toujours le même discours (jusqu’à présent du moins) est l’Union européenne. Mais aussi si nous observons la politique de chacun des pays de l’Union européenne séparément, nous constaterons que seuls quelques pays qui mènent toujours un discours intransigeant contre le régime, ce qui signifie aussi qu’elle pourrait changer de position.
Ainsi, tant que presque tout le monde est d’accord que le départ d’Assad n’est pas possible, et qu’un changement formel peut être acceptable et possible, pourquoi pas une solution politique sur cette base ?
Quelle solution implicitement convenue ?
En observant ce qui précède à la lumière de la réalité militaire imposée sur le terrain et des dossiers régionaux ouverts, cela démontre que la question n’est pas en voie d’être éventuellement résolue, mais plutôt elle réside dans l’éventuelle réconciliation entre les intérêts en conflit de ces pays en Syrie ou ailleurs.
Par conséquent, il ne reste que la deuxième option. Ce que nous pourrons appeler la solution du fait accompli. C’est-à-dire que les choses restent telles qu’elles sont, sans solution; et que Al-Assad reste ! Pour que la tragédie syrienne continue sans solution pendant encore deux décennies, comme l’indiquent les prévisions américaines !!!
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