L’ancien Premier ministre tunisien Ahmed Hachani a appelé les pays européens à accroître leur aide financière à des pays comme la Tunisie pour faire face à l’afflux massif de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne. S’exprimant lors d’une conférence sur les migrations à Tripoli, il a déclaré : « Une aide plus importante devrait être fournie à des pays comme la Tunisie, car l’assistance actuelle est insuffisante pour faire face à ce problème ». Il a ajouté que la Tunisie est confrontée à ce problème au détriment de ses finances publiques, notant que certaines villes, telles qu’Amra et Djebniana, ont reçu plus de migrants qu’elles ne peuvent en accueillir. La Tunisie souffre d’une crise migratoire qui s’aggrave, des dizaines de milliers de migrants tentant des traversées maritimes dangereuses depuis la côte tunisienne jusqu’aux côtes européennes à la recherche de meilleures opportunités. Des milliers de migrants sont désormais concentrés dans des villes comme Amra et Djebniana, près de Sfax, dans le sud du pays, qui sont devenues des points de départ importants pour les personnes fuyant la pauvreté et les conflits en Afrique et au Moyen-Orient dans l’espoir d’une vie meilleure en Europe.
La Tunisie se trouve au centre d’un changement majeur dans le paysage migratoire méditerranéen, devenant un point de transit majeur pour les migrants et les demandeurs d’asile d’Afrique subsaharienne, en particulier du Soudan, du Tchad, de la Guinée, du Mali, de la Côte d’Ivoire et d’autres pays, qui aspirent à atteindre l’Europe.
En effet. En effet, depuis 2015, le phénomène d’un grand nombre de migrants africains en Tunisie est devenu courant, et cette année-là, la Tunisie a annulé les programmes de visas avec un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne. Toutefois, les changements politiques au Sahel et en Libye ont entraîné une augmentation significative du nombre d’arrivées dans le pays. Une série de coups d’État au Sahel, associés à la crise climatique et à la détérioration des conditions de vie, ont contraint des milliers de personnes à quitter leur foyer.
Les autorités tunisiennes n’ont pas réussi à élaborer une stratégie globale pour gérer l’afflux de migrants en provenance d’Afrique subsaharienne. Au lieu de cela, elles ont eu recours à des politiques capricieuses, à des mesures répressives et à des tactiques à court terme motivées par un esprit sécuritaire, principalement axées sur l’expulsion massive des migrants et des demandeurs d’asile vers les zones rurales ou frontalières.
La transformation de la Tunisie en centre de transit pour les migrants montre à quel point la migration est devenue un problème permanent qui reflète les défis structurels du pays et sa vulnérabilité face à l’instabilité régionale et aux dynamiques géopolitiques plus larges.
En 2019, la Tunisie est devenue un point de transit privilégié pour les migrants le long de la route centrale de la Méditerranée. Cette année-là, seuls 36 % des migrants ont quitté la mer depuis la Libye, contre 32 % depuis la Tunisie. En 2020, 43 % des personnes arrivant en Italie par la mer venaient de Tunisie et 38 % de Libye. Cette tendance s’est poursuivie jusqu’en 2023, avec 61 % des arrivées sur les côtes italiennes en provenance de Tunisie et 33 % de Libye. Le nombre total a également augmenté, car le ralentissement économique en Afrique du Nord et au Sahel dû à la pandémie de COVID-19 a entraîné une forte augmentation du nombre total de migrants arrivant en Italie, qui est passé de 11 500 en 2019 à 157 300 en 2023.
De même, des membres du parlement tunisien ont proposé un amendement à la loi sur le séjour des étrangers, qui prévoit des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans, afin de lutter contre l’immigration clandestine. Selon l’amendement proposé, les étrangers qui entrent ou quittent la Tunisie sans respecter certaines conditions, comme le fait d’entrer avec un passeport valide à un poste frontière, sont passibles d’une peine d’emprisonnement d’un à trois ans. La même peine s’applique aux étrangers qui ne demandent pas de visa de séjour dans les délais légaux, qui ne le renouvellent pas à son expiration ou qui restent dans le pays alors que leur demande de visa ou de carte de séjour a été rejetée, selon la proposition de loi. Le projet de loi prévoit aussi des sanctions similaires pour ceux qui aident un étranger à entrer dans le pays ou à en sortir illégalement. Les parlementaires tunisiens ont expliqué que l’afflux récent et sans précédent d’Africains et leur séjour illégal en Tunisie ont « provoqué un état de tension dans plusieurs villes ».
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