Le Parti de la justice et du développement (AKP), sous le règne d’Erdogan aujourd’hui, ne fait que changer les masques et les discours, de part d’ottomanisation de sa politique envers les pays arabes. Il est sans doute cette fois intéressé en tant que parti et derrière lui le gouvernement turc, ou vice versa, à la Syrie sous différents angles, tous servent la stratégie turque : l’ottomanisme politique. Et ceci est évident suivant la même logique de force. Quant à la logique de la justice, de la démocratie et tous les autres concepts ne sont que pour investir à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie. Cette donne nous incombe d’étudier l’expansion turque aujourd’hui à l’intérieur de la Syrie, à travers la relation entre l’idéologie islamique portée par les Frères musulmans (les Néo-ottomans) et l’armée touranienne après qu’Erdogan avait récemment réussi d’en retirer le caractère laïque et à la contenir de nouveau en la remodelant conformément à la vision d’Erdogan lui-même.
Autour de la stratégie turque envers la Syrie : Ce document la traite à travers les axes suivants :
- L’ottomanisation dans la politique de l’AKP
- L’investissement turc dans les erreurs des autres !
- Le tombeau de Süleyman Şah est le clou de Joha turc en Syrie
- L’Opération Shah Euphrates
- Les dernières menaces d’Erdogan de déclarer la guerre contre la Syrie
- Conclusion
L’ottomanisation dans la politique du Parti de la justice et du développement
L’ottomanisation [1] qu’adopte clairement l’AKP et l’annonce dans ses discours sous une forme actualisée, est venue d’une révision effectuée par le parti de l’histoire contemporaine de la Turquie et des approches liées à l’identité turque « touranienne » dans un monde où les questions de nationalités se posent d’une façon croissante. Et les dangers des guerres nationales elles-mêmes s’aggravent sur la base de la barbarie grandissante de l’impérialisme et sa transformation en un impérialisme transnational.
Jusqu’en 2014, plusieurs raisons se sont offertes à la Turquie pour qu’elle se dirige vers le Sud et d’occuper des zones près de ses frontières internationales avec la Syrie. Ces frontières ont changé plusieurs fois entre 1918 et 1939, où la Turquie s’est emparée d’une zone estimée à environ 20% de la superficie de la nouvelle Syrie [2]. Décidé par le traité de Versailles et le traité de Sèvres (1923) signés entre le nouvel État turc dirigé par Mustafa Kemal et les pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale.
Cela signifie que les politiques turques n’ont pas réellement changé selon la perspective géostratégique, bien que la Turquie ait perdu son empire multinational et religieux en une grande partie. Et l’expansion demeure toujours l’objectif de chaque pays pensant qu’il est puissant[3].
En fait, le Parti de la justice et du développement (AKP), sous le règne d’Erdogan aujourd’hui, ne fait que changer les masques et les discours, de part d’ottomanisation de sa politique envers les pays arabes. Il est sans doute cette fois intéressé en tant que parti et derrière lui le gouvernement turc, ou vice versa, à la Syrie sous différents angles, tous servent la stratégie turque : l’ottomanisme politique. Et ceci est normal suivant la même logique de force. Quant à la logique de la justice, de la démocratie et tous les autres concepts ne sont que pour investir à l’intérieur et à l’extérieur de la Turquie. Cette donne nous incombe d’étudier l’expansion turque aujourd’hui à l’intérieur de la Syrie, à travers la relation entre l’idéologie islamique portée par les Frères musulmans (les Néo-ottomans) et l’armée touranienne après qu’Erdogan avait récemment réussi d’en retirer le caractère laïque et à la contenir de nouveau en la remodelant conformément à sa vision propre vision après avoir pu mettre sous son aile les courants de l’islam politique arabe en général et syrien en particulier.
L’investissement turc dans les erreurs des autres !
Le 9 octobre 2014, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a annoncé que son pays « ne peut pas mener seul une opération terrestre » en Syrie contre l’organisation de l’Etat islamique, en appelant la coalition dirigée par les États-Unis contre l’organisation à mobiliser des forces terrestres pour le combattre. Dernièrement, il a menacé de mettre en œuvre l’accord d’Adana sous prétexte que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) représente une réelle menace pour la sécurité nationale turque. Et cela ce qui rend l’accord applicable à travers l’invasion des frontières syriennes.
Ce message pour la communauté internationale signifiait, entre autres, que la Turquie mènerait seule une opération terrestre en Syrie, étant donné qu’une invasion terrestre internationale n’est pas possible, d’une part, et d’autre part, c’est un appel à soutenir l’invasion turque, et par ailleurs, il s’agit d’un appel à la coalition internationale dirigée par Washington pour qu’elle utilise l’aviation et l’artillerie pour préparer la voie devant les forces turques.
La Turquie est le plus grand bénéficiaire de la crise syrienne, à tous les niveaux économique, politique et social. La plupart des Syriens réfugiés en Turquie ont été naturalisés dans le sud non sunnite, où l’AKP n’a aucun poids électoral. Une étude éditée récemment indique qu’en 2040, les deux tiers des enfants syriens nés en Turquie et naturalisés feront partie du bloc AKP. Concrètement, cela signifie qu’Ankara a su exploiter les erreurs du régime syrien pour parvenir à réaliser son hégémonie et son projet ottoman, tout comme l’ont fait l’Iran et la Russie, puisque ces puissances se disputent pour hériter ce qui reste de la Syrie, et sont aussi en conflit entre elles pour étendre leur influence sur la région.
Et la question syrienne n’est pas la seule sur laquelle se guette Ankara pour réaliser son ambition. La Turquie se guette toutes les erreurs des politiques arabes et moyen-orientales pour y investir : à partir du besoin du Qatar aujourd’hui de la protection, au besoin du Soudan de l’argent, au besoin de stabilité sécuritaire par la Somalie et aux contradictions de la domination irakienne qui lui permettent de trouver des positions turques dans le nord de la Syrie, une fois sous le couvert de la guerre contre l’Etat islamique, une autre fois sous le couvert de la guerre contre le terrorisme, et on signifie par cela le PKK, et parfois sous le couvert de la protection de la sécurité nationale turque. En fin de compte, cela signifie que la Turquie est déterminée à réaliser son projet de toutes les manières, et elle y travaille en mettant en place une stratégie pratique qu’elle mettra en œuvre étape par étape, afin que les erreurs des politiques arabes, régionales et internationales viennent l’aider pour aller encore plus loin que prévu. Cela ce que l’on constate dans l’échec de l’intervention européenne/occidentale en Syrie, qui a poussé l’Occident à abandonner le renversement d’el-Assad en cherchant un rapprochement avec Moscou et Téhéran, tandis qu’on constate aujourd’hui qu’elle reprenne son ancien ton après l’intervention occidentale avait ravivé ses espoirs.
Le tombeau de Suleyman Shah est le clou du Joha turc en Syrie
Les récits courants dont l’exactitude est incertaine, disent que le fondateur Suleyman Shah a été tué sur les berges de l’Euphrate près du village d’Esme, au nord d’Alep, où il a été enterré, et y est resté inconnu tout au long de la période de fondation du nouvel Empire ottoman.
Le sultan Selim I a été le premier à prêter attention au tombeau de Suleyman Shah en 1517, où il mettait en place un sanctuaire appelé le sanctuaire turc. L’intérêt pour ce sanctuaire s’est poursuivi tout au long de l’ère de l’Empire ottoman, dont le plus important était à l’époque du sultan Abdülhamid II, où il était renouvelé et il agrandissait la zone environnante et il l’est resté jusqu’à ce que les Ottomans quittaient la Syrie en 1918.
Lors de la période de l’occupation française de la Syrie, le sanctuaire a fait l’objet d’un accord stipulant que la tombe de « Suleyman Shah » restera sous la souveraineté turque et à autoriser de hisser le drapeau turc dessus, et qu’il soit protégé par des soldats turcs.
Selon l’article 9 du traité d’Ankara signé entre la Turquie et la France en 1921, il a été convenu que la tombe de Suleyman Shah sera sous la souveraineté turque. Actuellement, ce sanctuaire est le seul territoire de souveraineté turque en dehors des frontières de l’État, et les soldats turcs veillent à la protection du sanctuaire. Il est de coutume de déployer une garnison militaire turque sur le site et de la changer une fois le septième jour de chaque mois, et un poste de police syrien a été construit à côté du site[4].
Les autorités syriennes n’ont pas approché le sanctuaire tout au long de son histoire. Cependant, en 1973, après que les Syriens avaient commencé à construire le barrage de l’Euphrate, les autorités syriennes ont demandé de déplacer le sanctuaire, qui aurait été submergé par l’eau à cause de l’élévation du niveau du lac du barrage à plus de trente mètres, puisque la tombe se trouve dans le périmètre de Djaber Kalessi (Qal’at Ja’bar) qui était encerclait de l’eau. La Turquie a répondu par un mémorandum décisif, en bloquant l’écoulement de l’eau de l’Euphrate vers la Syrie en fermant le couvercle du barrage de Keban.
Après cette phase d’escarmouches politiques, la Turquie a envoyé des experts en architecture et du personnel de la Direction des travaux hydrauliques dans la région, et on leur a demandé de déterminer où la tombe pourrait être déplacée. Après une période d’escarmouches continues entre les deux gouvernements qui a duré longtemps, un accord a été signé. Selon ses termes :
* Le sanctuaire sera déplacé avec toutes ses annexes vers un lieu proche du village de Qara Cossack, à 25 km de la Turquie, d’une superficie de 8797 mètres carrés dans le gouvernorat d’Alep via la route Alep / Hassaké.
*Un sanctuaire commémoratif en albâtre sera sculpté sur les bords du barrage sur le site le plus proche de l’emplacement du sanctuaire.
*Un radeau sera placé sur le lac pour déterminer l’emplacement actuel du sanctuaire.
*En 1973, le sanctuaire et le poste de police ont été déplacés vers le village de « Qara Cossack », qui se trouve à l’est de l’Euphrate, à 123 km d’Alep et à 92 km de Şanlıurfa.
En 1995, les discussions ont repris, cette fois parce que le gouvernement syrien a commencé à construire le barrage de Tichrine sur les coordonnées supérieures de l’Euphrate, ce qui a de nouveau nécessité de déplacer la tombe de Suleyman Shah dans une autre zone autre que le village de « Qara Cossack » ou à Turquie. À la fin des pourparlers entre la Turquie et la Syrie, il a été décidé de recourir à l’arbitrage pour protéger le sanctuaire des effets négatifs du réservoir du barrage.
En 2001, avec l’achèvement du barrage, la Syrie a demandé cette fois à la Turquie de déplacer la tombe conformément à l’accord précédent, mais le gouvernement turc a pris des initiatives pour protéger le site du sanctuaire.
Le 23 janvier 2003, le protocole principal sur le projet du sanctuaire Suleyman Shah a été signé. Dans ce cadre, l’arbitrage a donné au sanctuaire dix acres de terrain, le sanctuaire a été restauré de l’intérieur et à l’extérieur, ainsi que le poste de police a été mis en place de nouveau et le mausolée a été rouvert aux visites.
Les problèmes du sanctuaire, qui est la seule terre turque en dehors de la géographie turque, ne sont pas résolus. En 2010, le comité conjoint du programme de coopération régionale syro-turque a décidé de développer des panneaux indiquant l’emplacement et l’entretien de la route menant au sanctuaire en tant que destination touristique pour les visiteurs turcs. Lors de la visite du président turc Abdullah Gul à Alep en 2010, une délégation officielle turque a visité le sanctuaire et a décidé d’établir des travaux d’entretien et de restauration. [5]
En août 2012, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui était Premier ministre, a averti toutes les parties en conflit en Syrie que toute action contre la tombe de Suleyman Shah serait considérée comme une attaque contre le territoire turc et l’OTAN.
Selon les allégations des Turcs et les affirmations des médias turcs, l’Etat islamique a encerclé le mausolée avec l’intention de le faire exploser. Cela a été précédé par des escarmouches en mars 2014 entre l’Etat islamique et la milice de l’Armée libre, qui se sont soldées par le retrait de l’Armée libre de « Qara Cossack » et l’Etat islamique prenant le contrôle de la zone, y compris le sanctuaire sans s’en approcher en présence de 40 soldats turcs. Le 20 du même mois, par le biais d’une vidéo, l’Etat islamique a menacé les Turcs de démolir le sanctuaire s’il n’était pas déplacé dans les 3 jours, et a exigé d’enlever le drapeau turc. Le 24 mars, Erdogan a déclaré en réponse à une question sur la gravité de la menace de l’EI : « Si une telle erreur se produit, elle sera traitée comme il se doit. Ces terres sont les nôtres, et celui qui les attaque il nous attaque.
Par ailleurs, Ahmet Davutoglu, ministre turc des Affaires étrangères, a indiqué que le sanctuaire de Suleyman Shah est une terre turque en vertu du droit international et qu’il s’agit d’une question dangereuse, et toute attaque aura une réponse de toutes les manières. Le 26 mars 2014, le chef d’état-major général des forces turques a dit dans une déclaration écrite qu’il n’y avait pas d’unités turques en Syrie à l’exception de celles du sanctuaire de Suleyman Shah. Le 28 du mois, Ismet Yilmaz, ministre de la Défense de la Turquie, a déclaré que l’endroit était renforcé par des forces spéciales, et que « toutes les mesures nécessaires ont été prises, et que les forces armées turques sont totalement vigilantes ».
L’Opération Shah Euphrates
Le 22 février 2015, les forces turques, composées d’un convoi militaire de 573 soldats, vingt brigades blindées avec cinquante canons M-60 Patton et des avions F-16, ont pénétré en territoire syrien jusqu’au site du sanctuaire Suleyman Shah dans le but de faire retournefr 38 soldats turcs en Turquie.
La tombe et le poste ont été explosés après l’exhumation du cercueil et d’autres objets. Ensuite, les soldats turcs sont retournés en Turquie via Şanlıurfa. Un soldat a été tué dans un accident de voiture au cours de l’opération, selon Reuters le 22 février 2015.
L’opération n’a provoqué aucune réaction syrienne et les médias syriens l’ont évoquée comme étant une question d’agression militaire turque contre ses territoires sans mentionner les raisons de l’opération elle-même. Tandis que les Turcs, qui déplaçaient le cercueil à une zone très proche des frontières syriennes (180 mètres) et des frontières turques et à 22 km à l’ouest du village Aïn al-Arab et au nord du village Esme tout en évacuant le site des 40 soldats turcs, ont célébré l’opération. Le gouvernement turc a indiqué que le déplacement du sanctuaire n’est que temporaire, pour empêcher sa destruction, et que ce pas n’affectera pas son statut et les accords conclus avec la Syrie à son sujet.
L’opération Shah Euphrates a constitué la première opération annoncée d’intervention turque directe sur le territoire syrien, une opération pour laquelle la Turquie ne recevra aucune reproche internationale – s’i en existe – car il s’agit en grande partie d’une affaire turque interne, malgré la présence de la tombe sur le sol syrien.
La Turquie coopère avec l’Armée libre de l’opposition
La Turquie a changé sa position par rapport à l’afflux des combattants armés sur le territoire syrien après que l’Etat islamique avait lancé deux attaques à l’intérieur du territoire turc, tuant plus de 35 civils, en les adoptant publiquement.
Le 27 juillet 2015, Ahmet Davutoglu, le premier ministre turc, a indiqué lors d’une conférence de presse que les opérations militaires turques contre l’Etat islamique et les rebelles du PKK pourraient conduire à un « changement d’équilibre » en Syrie et en Irak.
Il a ajouté que « la présence de la Turquie, qui est capable d’utiliser efficacement la force, pourrait changer l’équilibre en Syrie, en Irak et dans toute la région, et le monde devrait en être conscient ». Davutoglu a poursuivi lors d’une conférence de presse à laquelle assistaient des rédacteurs et des rédacteurs en chef des médias turcs que son pays n’enverrait pas de forces terrestres en Syrie, selon l’agence officielle Anadolu.
Davutoglu a justifié l’opération militaire contre les djihadistes par l’attentat suicide à Suruç il y a une semaine, que les autorités turques ont attribué à l’organisation djihadiste, et l’assassinat d’un soldat turc par des djihadistes. Et il a enchainé « nous voulons nous assurer que l’organisation paie un lourd tribut pour le meurtre de 32 personnes afin qu’elle ne recommence plus jamais, et le meurtre du soldat a accéléré notre réponse ».
Ces déclarations niaient l’intention d’Ankara d’entrer en Syrie par voie terrestre, mais la réalité a été exactement le contraire. Cependant, cette contradiction est devenue courante dans la politique turque et ses déclarations publiques. Un responsable du gouvernement turc a annoncé que les opérations militaires menées par la Turquie en Syrie et en Irak ne visaient pas les Kurdes de Syrie, après que des combattants kurdes et l’Observatoire syrien des droits de l’homme ont rapporté que des chars turcs avaient bombardé deux villages contrôlés par les forces kurdes dans le nord de Syrie.
L’observation de l’affaire du sanctuaire ottoman à travers la récente intervention de la Turquie en Syrie nous amène à de nombreuses questions, notamment : pourquoi la Turquie a-t-elle gardée le sanctuaire à l’intérieur du territoire syrien aussi longtemps alors qu’elle aurait pu le déplacer ? Et pourquoi Daech n’a-t-il pas attaqué le sanctuaire toute cette période ? Et lorsque la Turquie l’a récemment déplacé, pourquoi a-t-elle gardée le sanctuaire à l’intérieur des frontières syriennes et ne l’a pas déplacé à l’intérieur de la Turquie ? S’agirait-il du clou du Joha turc dans la géographie syrienne ?
Les réponses à ces questions ne peuvent être trouvées qu’au plus profond de l’esprit turc en quête d’expansion, étant donné que les rêves d’empire n’ont jamais quitté la Turquie. Au contraire, nous pourrions trouver chez chaque Turc une nostalgie de cet empire qui réussissait à s’étendre à l’Est et à l’Ouest.
Cela signifie que la Turquie était bien consciente qu’un jour le sanctuaire aurait une certaine utilité, et qu’il pourrait être investi pour l’intervention, ce qui s’est réellement passé. D’autant plus que l’analyse des événements dont nous avons parlé précédemment indique qu’il existe une relation entre Ankara et l’Etat islamique, car ce dernier, qui a fait exploser les ruines de Palmyre, et a fait beaucoup du mal à la Syrie et à son peuple au cours des dernières années, s’est conformé avec la menace du président turc de ne pas s’approcher du sanctuaire !
Nous aurons besoin de négliger totalement la raison, afin d’être convaincus que l’Etat islamique avait peur de la menace d’Erdogan. Car l’Etat islamique s’appuie sur des événements capables d’attirer l’attention dans le cadre de sa stratégie d’intimidation, comme le fait de brûler le pilote jordanien et pour cette raison toute action contre le sanctuaire turc aurait attiré l’attention qu’elle favorisait. Et tant qu’il ne l’a pas fait, cela signifie qu’il y a une relation étroite entre les deux parties, ce qui signifie qu’Ankara n’a pas hésité à investir dans l’Etat islamique également lorsqu’il était présent dans sa stratégie d’expansion qu’elle adopte aujourd’hui. C’est la stratégie qui lui permettra une fois de combattre toute partie qu’elle veut sous le couvert de l’Etat islamique, et une autre fois contre l’administration autonome dirigée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie sous le prétexte du PKK, comme dans les récentes déclarations turques, tandis qu’une partie de l’Etat islamique est fabriquée dans les coulisses des renseignements turcs.
Pour cette raison, un ensemble d’élites politique, intellectuelle et médiatique syriennes a publié un communiqué dans lequel elles rejettent les menaces turques et la guerre contre la Syrie, en raison de ses conséquences humanitaires catastrophiques et pour son rôle, si cela se produisait, dans la déchirure du tissu syrien déjà déchiré.
L’Administration autonome sous ses deux directions (CDS et FDS) ne doit pas se tromper et donner à la Turquie un prétexte pour faire la guerre contre la Syrie et contre elle. Cela nécessite une décision courageuse de sa part d’annoncer son désengagement du PKK, et que son projet est syrien et non onusien kurde.
Tout ce qui précède est exploité dans le cadre de la stratégie militaire sur laquelle travaille Ankara. En fait, Daech, le terrorisme et le sanctuaire ne sont que des outils pour faciliter le processus d’intervention militaire, et le PKK aujourd’hui et l’Administration autonome ne sont que des prétextes. C’est une guerre dont le corps syrien blessé ne peut pas supporter. Malheureusement, l’islam politique syrien lui donne une légitimité religieuse. Ainsi, nous sommes face à la nouvelle armée des Janissaires dans le monde arabe. Cela va-t-il réussir ?
Références
[1] – Ottomanisation est un terme donné à la politique d’Erdogan qui veut que la Turquie retrouve son influence sur la région arabe et l’Europe ; La politique de l’Empire ottoman était également à l’apogée de sa puissance.
[2] -La Syrie naturelle s’étendait des montagnes du Taurus au Nord au golfe d’Aqaba au Sud et à l’Est jusqu’au fleuve Euphrate. Ce terme est connu depuis l’Antiquité entre la Syrie côtière et la Syrie intérieure.
[3] ـ L’islam occupait la majorité de la démographie ottomane.
[4] ـ L’accord a été signé pendant le Mandat français en Syrie.
[5] ـ Une grande partie de cette documentation a été copiée de Wikipédia et de la BBC.
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