Le ministre turc de l’intérieur, Ali Yerlikaya, a annoncé que 731 146 réfugiés syriens étaient introuvables à leur adresse enregistrée, ce qui représente environ 23 % du nombre total de réfugiés syriens en Turquie, qui est d’environ 3,1 millions. Le gouvernement turc a publié des avertissements en arabe, en turc et en anglais, invitant les réfugiés à mettre à jour leur adresse dans les 90 jours.
Le délai expire à la fin du mois d’août, après quoi les contrevenants disposeront de deux mois supplémentaires pour corriger leur statut et enregistrer leur nouvelle adresse. S’ils ne le font pas, l’État turc les désenregistrera automatiquement, ce qui signifie qu’ils perdront leur statut de protection et seront considérés comme des « immigrants illégaux ». Le gouvernement a également prévenu que le fait de ne pas mettre à jour les informations peut empêcher les réfugiés d’accéder à des services gratuits tels que l’éducation et les soins de santé, à moins qu’ils ne résident à l’adresse enregistrée. Ceux qui souhaitent déménager doivent en faire la demande auprès des services d’immigration, faute de quoi ils seront considérés comme des fugitifs et leur enregistrement sera annulé.
La Turquie continue d’enquêter pour savoir si les réfugiés ont bénéficié de services au cours des dernières années, tels que la visite d’hôpitaux, l’aide du Croissant-Rouge ou l’inscription d’enfants à l’école. En l’absence de tels documents, les autorités supposent que le réfugié a quitté le pays de manière non officielle. Selon les données officielles, 203 978 réfugiés ont mis à jour leur adresse à ce jour, tandis que 130 430 personnes ont pris rendez-vous pour le faire. Cependant, aucune trace des 396 000 réfugiés restants n’a été trouvée. En juin dernier, le ministre de l’intérieur a annoncé que 658 463 Syriens étaient rentrés chez eux. Depuis 2015, la Turquie a mis en place des mesures plus strictes contre les passeurs afin de réduire le nombre de réfugiés. Depuis août 2024, 7 176 passeurs ont été arrêtés, et 10 482 autres l’ont été en 2023. Selon le HCR, la Turquie accueille le plus grand nombre de réfugiés au monde depuis plusieurs années, mais le nombre officiel de réfugiés en Turquie a diminué de 634 000 au cours des trois dernières années, passant de 3,73 millions en 2021 à 3,1 millions au 1er août 2024. Selon les données publiées en décembre 2023, environ 238 000 réfugiés syriens ont obtenu la nationalité turque. En décembre 2019, le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que 110 000 Syriens avaient obtenu la citoyenneté, affirmant : « Nous sommes en mesure d’augmenter le processus de naturalisation pour les autres, car ces personnes ne devraient pas vivre dans mon pays illégalement. Lorsqu’ils obtiendront la citoyenneté, ils pourront trouver un emploi et travailler dans n’importe quelle organisation ». Le 9 novembre 2023, le ministre de l’intérieur Ali Yerlikaya a annoncé que le nombre de Syriens ayant obtenu la nationalité turque s’élevait à près de 238 000, dont 156 987 étaient âgés de plus de dix-huit ans.
Au 20 juillet 2024, 3 540 Syriens titulaires d’une carte de protection temporaire ont été expulsés vers le nord de la Syrie, et la Turquie a expulsé 840 réfugiés au cours du même mois. Les autorités turques ont détenu plus de 125 familles syriennes, dont des enfants et des femmes, dans des centres d’expulsion à Kayseri en vue de leur expulsion vers le territoire syrien. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, la Turquie a déporté plus de 100 Syriens par jour à travers la frontière, dont la plupart sont titulaires d’un permis de résidence turc (Kimlik), « dans le but de les installer dans des zones contrôlées par la Turquie telles que Bouclier de l’Euphrate, Rameau d’olivier et Printemps de la paix, afin de justifier sa présence dans les zones occupées ».
Le 17 juillet, des organisations civiles syriennes ont demandé à l’Union européenne de cesser de financer et de soutenir les violations des droits de l’homme commises à l’encontre des réfugiés syriens en Turquie. Les organisations ont exprimé leur profonde inquiétude face à la montée de l’hostilité envers les réfugiés en Turquie et à la violence qui en découle. La déclaration ajoute : « En soutenant financièrement la Turquie dans ses efforts pour arrêter les réfugiés, l’UE ignore les actions du gouvernement et des civils turcs. Nous demandons à l’UE d’agir rapidement pour protéger les droits des réfugiés syriens ».
Il ressort clairement de ces développements que les réfugiés syriens en Turquie sont utilisés comme un outil de pression par le gouvernement turc pour obtenir de l’aide et des avantages de la part de certains pays européens, tout en cherchant à augmenter les déportations sous le prétexte de la détérioration des conditions économiques.
Malgré les conditions de vie difficiles auxquelles sont confrontés les réfugiés en Turquie, le gouvernement agit en fonction de ses propres intérêts, ignorant les souffrances des personnes qui ont fui le conflit.
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