Le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, ne pouvait renoncer à son propre pouvoir. «Le mot peur n’existe plus dans les dictionnaires saoudiens, car les Saoudiens n’ont peur de rien», a dit l’héritier du trône dans une interview télévisée détaillée. Cependant, le discours tenu à l’égard de l’Iran, le principal rival régional, était clairement conciliateur. « En fin de compte, l’Iran est un pays voisin », a-t-il indiqué. Le royaume ne veut provoquer aucune complication et s’applique à établir de bonnes relations avec Téhéran ».
«Nous voulons qu’elle prospère et se développe», a déclaré le prince héritier en contredisant ses précédentes déclarations en 2018 lorsqu’il indiquait à propos du Guide suprême iranien Ali Khamenei qu’Adolf Hitler avait l’air gentil en comparaison avec ce dernier. Le changement du discours correspond aux rapports des dernières semaines sur les nouveaux contacts entre les deux pays.
Le premier point évoqué par le Financial Times est que des représentants de la puissance régionale sunnite, l’Arabie saoudite et de la puissance chiite, l’Iran, se sont rencontrés à Bagdad. Les dirigeants saoudiens, qui ont rompu les relations diplomatiques en 2016, le nient, mais plusieurs sources diplomatiques confirment ces avancées. L’un des points essentiels abordés lors de la discussion était le Yémen, comme il le dit un diplomate, qui parle d’un «ton plus constructif». Le royaume travaille doucement pour faire adapter sa politique aux nouvelles réalités.
Cela inclut l’échec de Riyad à chasser les rebelles yéménites Houthis soutenus par l’Iran par des moyens militaires de la capitale Sanaa et d’autres régions du Yémen. Après six ans, le royaume cherche une issue au conflit. Il serait difficile sans la coopération de l’Iran, et les Houthis ne font actuellement aucun effort pour chercher à sortir hors des champs de bataille.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Jawad Zarif, a indiqué dans une conversation fuitée et qui fait actuellement de grands bruits en Iran que ces dernières années, l’Arabie saoudite a refusé les offres de médiation iraniennes. Cet enregistrement était parmi l’archive d’Etat confidentielle selon les consignes du président iranien. Zarif a également dit qu’en 2015, la Russie, en coopération avec les Gardiens de la révolution, tentait de saboter les négociations pour un accord nucléaire à Vienne et d’empêcher de le conclure. En réalité, les États-Unis sous le règne du président Joe Biden tentent actuellement de parvenir à un rapprochement en ce qui concerne le conflit nucléaire avec l’Iran. C’est un autre fait avec laquelle devra s’adapter la politique de l’Arabie saoudite.
À Vienne, Washington effectuent des pourparlers indirects avec l’Iran et les cinq autres États signataires de l’accord nucléaire en ce qui concerne les conditions du retour des États-Unis à l’accord dont Donald Trump avait quitté en 2018. À Washington, des rapports ont indiqué que le directeur de la CIA, William Burns s’était récemment rendu à Bagdad pour s’entretenir avec des représentants iraniens dans la résidence privée du ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein. La spécialiste américaine dans les affaires de l’Iran, Barbara Slavin, a fait savoir qu’il y avait eu une réunion de trois personnes à Bagdad : outre le conseiller iranien à la sécurité nationale, Ali Shamkhani, William Burns et un représentant de l’Arabie saoudite. La Maison Blanche n’a pas répondu aux questions sur l’éventuelle mission secrète de Burns et s’est référée à la CIA. Les services secrets étrangers ont de leur côté nié une telle réunion.
Le gouvernement iranien est intéressé d’améliorer les relations avec l’Arabie saoudite pour deux raisons. Premièrement, il tente de laisser consolider la coopération entre l’Arabie saoudite et Israël, ce qui pourrait renforcer le bloc anti-Iran dans la région. Cela n’est apparemment pas le cas pour le moment. Israël a réagi avec colère à la rencontre des représentants du gouvernement saoudien et iranien à Bagdad au début du mois d’avril, puisqu’il prétendait qu’il n’en a pas été informé qu’ultérieurement. Deuxièmement, le président Hassan Rohani et Zarif espèrent que la normalisation avec l’Arabie saoudite renforcera leur position dans la lutte pour le pouvoir à l’intérieur de l’Iran. La rencontre de Zarif intensifie actuellement considérablement le bras de faire entre les extrémistes et le gouvernement Rohani.
Malgré le changement du discours, il y a encore de profonds différends entre l’Iran et ses adversaires. On peut le constater clairement dans l’entretien avec le prince héritier saoudien, qui a critiqué le «comportement nuisible» de l’Iran et, et il a rappelé outre le programme nucléaire, le soutien aux «milices illégales» dans la région ainsi que le programme de Téhéran des missiles balistiques. Biden a fait part de sa volonté de revenir à l’accord mais cela dépendra, entre autres, de la réduction de Téhéran de ses «activités déstabilisatrices» de la sécurité dans la région. Il est peu probable que l’Iran se conformera aux demandes saoudiennes et américaines en changeant son comportement dans un avenir proche. Les discussions avec l’Iran, que ce soit à Vienne au sujet de l’accord nucléaire ou dans la région avec l’Arabie saoudite, sont soumises à la condition qu’un nouveau président et successeur de Rohani soit élu le 18 juin. Un accord qui couvre Le programme des missiles et les armées de l’ombre qui lui appartiennent dans la région.
Après que la rencontre de Zarif est devenue publique, un autre incident a eu lieu dans le Golfe Persique au cours duquel un navire de guerre américain a tiré des coups de sommation en direction de trois bateaux militaires iraniens. Les vedettes rapides des Gardiens de la révolution avaient approché lundi des navires de la marine UA USS Firebolt et Baranoff à moins de 62 mètres. Lorsque les forces iraniennes se sont encore rapprochées malgré les avertissements par radio et haut-parleurs, l’USS Firebolt a tiré des coups de sommation. Par la suite, les vedettes rapides des Gardiens de la révolution se sont éloignées et partaient plus loin à «distance sûre».