Le terme «chaos créatif» représente une méthode de pensée de l’esprit stratégique américain dans sa politique étrangère et ses interactions avec les affaires internationales. Il combine entre deux mots en contradiction : le premier contre le deuxième. Bien que le mot chaos ait un sens négatif, le second mot vient pour désigner une sorte de nouvelle créativité qui allège la brutalité du premier mot.
Lorsque ce sens est projeté sur les événements actuels dans le monde, on peut interpréter tout ce qui se passe ; le monde constitue en fait ce système complexe et il est confronté à des soubresauts continus à cause de tout défaut politique, économique ou social qui peut atteindre l’un des pays. Mais le système international, par toutes ses complexités, ne peut pas empêcher la reproduction de ce genre de défauts et ses répercussions sur la scène internationale en général. Par contre, il pourra rattraper la transformation du dynamisme du défaut en une catastrophe sociale, politique ou sécuritaire. Cette dernière pourra créer avec ses conséquences négatives une force d’attraction pour d’autres forces qui interviennent transformant le défaut limité en un conflit effectif et démesuré dans lequel s’impliquent des forces et dynamiques internationales et locales.
On pourra comprendre à quel point la stabilité internationale est fragile à travers une révision générale de tous les événements et des évolutions intervenus sur la scène mondiale depuis la création des Nations Unies et l’ordre mondial actuel, précisément après l’effondrement de l’Union soviétique. Dès lors, aucune crise n’est restée, aussi limitée qu’elle soit interne ou régionale, à l’intérieur des frontières géographiques dans lesquelles elle s’est produite. Au contraire, elle a influencé à différents degrés l’ordre et l’équilibre internationaux. Ainsi, on peut constater qu’on ne peut pas imaginer un monde équilibré et immunisé au niveau de sa stabilité, mais plutôt un monde en mouvement passant d’une situation de stabilité fragile à une autre. Il est en effet inconcevable d’atteindre un ordre mondial empêchant ou contrôlant le chaos. D’où la problématique que rencontrent les appels d’adopter la théorie du « chaos créatif » afin de réaliser l’opération du changement dans le système international, et régional du moyen-oriental.
Le chaos créatif est en fait créatif pour les intérêts des Etats Unis et l’Occident, mais ne l’est pas, mais plutôt dévastateur pour les nations et les peuples. Ce terme s’active dans le périmètre de la mondialisation capitaliste et de l’ascension du néolibéralisme et des néoconservateurs à l’administration américaine à l’ère de George W. Bush. On peut comprendre de ce terme que le temps des idées discrètes et organisées et des grandes idéologies est révolu et que les sociétés sont contraintes d’emprunter de nombreuses pistes pour parvenir à la stabilité.
Cette étude a essayé de jeter la lumière sur les origines théoriques de la théorie du chaos, de briser les postulats mathématiques et astronomiques jusqu’à le reflet de ses idées sur l’environnement, l’économie, la politique et la société, en arrivant à la déclaration de la politique américaine sous le règne de Bush (le père), de mettre en œuvre la politique du chaos créatif et les répercussions de cette application.
Premièrement – La problématique de recherche :
Malgré l’existence du terme « chaos créatif » dans la littérature maçonnique ancienne, puisqu’il est mentionné dans plus d’une référence ainsi que le chercheur et écrivain américain Dan Brown l’a évoqué ! Mais il n’a fait surface qu’après l’invasion de l’Irak en 2003 par la coalition internationale dirigée par les États-Unis d’Amérique à l’époque du président « George W. Bush ». Plus précisément dans la déclaration de la secrétaire d’État, «Condoleezza Rice», dans une interview accordée au Washington Post en avril 2005 où des escadrons de la mort et des organisations terroristes ont été déployés comme la compagnie de sécurité «Blackwater». Elle a annoncé à l’époque l’intention des États-Unis de répandre la démocratie dans le monde arabe et d’entamer la formation de ce qu’on appelle le «nouveau Moyen-Orient», tout cela en faisant régner le «chaos créatif» au Moyen-Orient par le biais de l’administration américaine. [1]
Manifestement, il y a une confusion et un flou dans la compréhension du chaos créatif que les États-Unis utilisent pour provoquer les opérations de changement dans d’autres sociétés. Certains imaginent que ce chaos est simplement un état de nihilisme visant à provoquer des troubles et à alimenter la sédition des conflits internes (et les guerres civiles), la désintégration et la division des États, sans se rendre compte qu’à l’origine il s’agit d’un modèle «révolutionnaire» parmi les méthodes de changement social, politique et économique. En effet, la provocation du chaos et la démolition des composantes de l’appareil de l’État n’est rien qu’un passage pour mener ce changement, si on est d’accord ou non avec les objectifs et la méthode de ce changement qu’elle soit négative ou positive.
Pour révéler ce concept et les dimensions de cette théorie ainsi que ses origines intellectuelles et scientifiques – surtout si on savait que la théorie a des origines mathématiques et physiques qui se sont répercutées avec l’expérience humaine durant plus d’un siècle sur l’environnement, l’économie et la politique – et identifier ses implications et ses étapes; ce qui est très important pour comprendre un mode parmi les modes de politique américaine appliquée dans la région pour engendrer les changements sociaux, démographiques, économiques et politiques. Et cela sera à travers l’étude méthodologique de la bibliothèque et des fichiers disponibles autour de ce sujet des deux langues arabe et anglaise.
Clarifier le concept de chaos créatif
Chaos créatif : (Creative Chaos, en anglais) est un terme politique – doctrinal désignant la création d’une situation politique après une étape chaotique délibérée des événements, menée par des personnes données sans révéler leur identité afin d’arranger les choses en leur faveur, ou la création d’une situation humaine confortable après une étape chaotique délibérée par de personnes connues dans le but d’aider les autres pour qu’ils puissent se débrouiller tous seuls. [2] [3]
Selon cette théorie, quel que soit le degré du développement du système international existant, il demeure un système composé et complexe. Ceci le rend vulnérable par rapport aux évolutions inattendues qui commencent par un simple défaut affectant l’une des parties, et provoquant des réactions au niveau des autres parties impactant la régularité du fonctionnement au sein de l’ensemble du système. [4] Certains pensent que le chaos créatif selon ce concept est plus proche du concept de (gestion par les crises) dans le domaine stratégique avec une différence au niveau des mécanismes et des moyens.
Et la gestion par les crises : C’est la science et l’art de créer la crise, de la provoquer et de la gérer avec succès pour des intérêts spécifiques. Ce genre de crises entraîne le démantèlement du système concerné ou ciblé, ce qui facilite la pénétration à ses composantes essentielles. Cela conduit à l’effondrement total du système et à sa recomposition d’une manière qui reflète ces intérêts [5].
Le terme chaos créatif est proche et similaire à celui de « destruction créatrice », un concept de l’économie défini par l’économiste Joseph Schumpeter comme étant : « le processus du boom industriel qui crée une révolution continue à l’intérieur de la structure économique, en détruisant la structure obsolète tout en créant une autre nouvelle, de manière continue » [6]. Il diffère également d’un autre concept connu sous le nom d’anarchisme. Il est généralement défini comme étant : la philosophie politique qui rend l’État indésirable, inutile et nuisible, ou bien, comme l’autorité opposée à l’organisation hiérarchique dans la gestion des relations humaines. La nature du capitalisme est considérée comme une question de polarisation entre les anarchistes. [7]
Pour ne pas confondre le concept entre la politique et la théorie du « chaos créatif» et le courant de «l’anarchisme», il est nécessaire d’expliquer un peu plus l’anarchisme pour le définir d’une façon plus claire :
L’anarchisme se manifeste sous plusieurs formes: la forme individuelle qui rejette toute forme d’organisation : la forme des petites organisations anarchiques. La forme dans laquelle les anarchistes expriment leur foi en l’être humain sans prendre en considération le critère de caste. La forme des anarchistes communistes qui sont enclins à la classe ouvrière. La forme d’anarchisme des gangs agricoles. La forme d’anarchisme qui exclut les syndicats comme moyen de militantisme. La forme de l’anarcho-syndicalisme. Il y a également des anarchistes révolutionnaires ou terroristes ou pacifistes ou les défenseurs de la civilité. Il y a aussi des anarchistes qu’aucune de ces catégories ne peut les contenir ou les intègrent d’une façon qui leur convient. Malgré la différence de leurs idéologies, ils ne défendent pas une doctrine ou une ligne politique strictement définie.
Parmi les idées générales et les positions communes entre presque les différentes variantes de l’anarchisme :
L’hostilité à l’égard de l’État, sous toutes ses formes, même l’État révolutionnaire: le sens littéral de l’anarchie est en fait l’absence de l’autorité, c’est-à-dire l’opposition à l’État et au gouvernement dans l’absolu et non pas contre un État spécifique ou un gouvernement particulier, mais plutôt tous les États et tous les gouvernements en tout temps, sur la base d’une position de principe. Cette dernière considère que l’existence de l’État lui-même, en tant qu’entité particulière composée d’hommes et de femmes qui exercent l’autorité effective et juridique sur la société dans son ensemble, est un acte d’oppression et est incompatible avec la vraie liberté humaine.
-L’hostilité à l’égard de la direction, quelle qu’elle soit, même la direction révolutionnaire: les anarchistes expriment souvent leur rejet de tout commandement ; au sein de la société capitaliste et de gauche.
-L’hostilité envers tous les partis, y compris les partis révolutionnaires: l’opposition de l’anarchisme à l’idée d’un parti est plus fort que son hostilité à l’égard de l’État et à l’hiérarchie. [8]
Il semble que les idées les plus importantes qui ont émergé lors de la création de l’idée de la «société anarchique», sont le résultat de la conscience de l’échec du système mondial à dominer à travers une approche unique. A cet égard, les partisans de cette idée croient que les facteurs actifs à l’instar de l’impact clair du processus de la mondialisation économique, la propagation de la démocratie politique, l’importance grandissante de la société civile qui dépasse les « frontières nationales » et la densité accrue des sociétés internationale, leur portée et leur étendue, et les problèmes multiples et complexes dus à la désintégration des États et la croissance des demandes d’entités ethniques et de leurs droits, se sont développés de sorte qu’ils ont rendu complètement obsolète la focalisation sur «la communauté des États».
L’émergence de la théorie du chaos et ses répercussions sur la société
Lorsqu’on effectue des recherches sur la théorie du « chaos créatif », on constate que cette théorie a des origines provenant des mathématiques, de la physique et de l’astronomie qui se sont répercutées à la fois sur l’environnement, l’économie, la société, la politique, les Etats et l’ordre mondial.
La théorie du chaos avait vu le jour au début du siècle dernier – et même plus tôt – et a pris le nom de théorie du chaos à la fin des années 1970. Dès lors, les gens ont réellement compris sa signification [10]. Cette théorie trouve ses origines dans la croyance mathématique disant que le déterminisme existe et que nous pouvons prédire tout grâce aux mathématiques. À travers les équations des deux célèbres scientistes le mathématicien et le physicien Newton et Laplace 1885, ils sont parvenus à la conclusion que: « Si deux corps commençaient sur deux orbites presque identiques, ils continueraient sur deux orbites presque identiques, et la différence entre eux ne changeraient jamais. Par conséquent, si on connait l’orbite du premier corps, on peut connaître l’orbite du second corps». Mais lorsqu’on ajoute un troisième corps, il devient soudainement impossible de prédire mathématiquement où se trouve le troisième corps. La solution à ce dilemme est devenue par la suite une obsession pour les scientifiques. Le mathématicien Poincaré a découvert en 1889 que prédire le mouvement des orbites est mathématiquement impossible, puisqu’un léger écart entraînera un grand écart au niveau des résultats. Par conséquent, il a découvert ce que nous appelons aujourd’hui la «théorie du chaos» qui suppose que ce comportement inattendu peut être omniprésent dans tous les aspects de la nature. « Le battement d’ailes d’un papillon peut provoquer une tempête dans un endroit inattendu». [11]. A partir de ce moment là, des essais commençaient à généraliser cette découverte sur d’autres domaines de connaissance.
Pendant la Première Guerre mondiale, des signes d’un reflet de la théorie du chaos commençaient à apparaître sur la politique. Une simple agitation à « Sarajevo » avait conduit au déclenchement de la Première Guerre mondiale, et les prévisions étaient toutes ratées au cours de la guerre. Cela amenait les politiciens à croire qu’on ne peut pas prévoir en politique. Ainsi, le principe de Poincaré selon lequel «la moindre perturbation peut conduire à une tempête incontrôlable» a intensifié les récentes appréhensions.
Le mathématicien russe Alexandre Liapounov essayait pendant la Première Guerre mondiale et la Révolution russe de comprendre le tournant du système politique de stable à chaotique à travers l’étude des gaz et des liquides et en ouvrant la porte sur ce domaine. Ce qui a aidé à parvenir à la conviction disant que: «Le chaos fait partie de l’univers et non pas un moyen pour le détruire ». [12]
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, après l’invention de l’appareil qui déchiffrait le code nazi «Enigma», considéré comme étant le premier ordinateur ; et le développement de cette invention et des machines à calculer, la conviction que le déterminisme est possible et peut prévoir le cours des crises économique, politique, industrielle et astronomique, est revenue. De plus, la découverte de la bombe nucléaire a également fait naitre l’ambition d’une ère pleine de confiance et de contrôle. [13]
En 1962, le météorologue « Edward Lorenz » a découvert des différentiels dans les modèles cachés des indices météorologiques : en fait un écart presque inexistant au niveau des modèles cachés des variables engendre un écart énorme et radical en termes des résultats. Il a dit : «Lorsqu’un changement se produit au niveau d’un certain système, il n’est pas nécessaire que la raison conduisant à ce changement soit produite à l’heure actuelle, il est possible que les graines de sa destruction existent, poussent lentement et soient cachées dans les équations mathématiques depuis le début ; le moment de la déviation d’un corps est le résultat final d’un léger ajustement survenu il y a longtemps ». [14]
Vers la fin des années soixante et au début des années soixante-dix, et avec le Printemps des peuples en Europe, les experts ont découvert qu’ils n’avaient pas réussi à prédire à nouveau les événements. De même, les économistes, qui croyaient avoir compris le cycle statistique et avaient possédé une force de prédire ce qui se passerait à l’instar de la Bourse, ont découvert qu’il ne s’agissait plus des lois, mais plutôt de relations statistiques susceptibles de survenir pendant une période donnée. Ces troubles ont persuadé les économistes et les écologistes que leurs convictions de maitrise et de contrôle à grande échelle sont complètement erronées. [15]
L’étude du chaos a contribué à mener des évolutions surprenantes au niveau du point de rencontre entre la météo et l’économie puisque de nombreux marchés sont fortement impactés par la météo, et certains sont même affectés par les prévisions météorologiques. De ce point de vue, de nombreux analystes craignent que le chaos de la météo les trompe. D’où ils sont strictement engagés d’utiliser de modèles simples, et purement fortuits, et ignorent le fait évident que certaines des prévisions météorologiques recueillies contiennent des informations utiles. [16]
Dès lors, cette question a commencé à toucher progressivement la météo et l’économie également. Or, la découverte du mathématicien « David Ruelle » et d’autres qui ont étudié les pendules, ont démontré qu’en compliquant les mouvements du pendule le chaos devient encore compliqué, qui ressemble au monde agité « sachant que l’agitation qui se produit dans le monde est également le résultat de la sensibilité aux circonstances essentielles ». Plus les parties sont interconnectées et complexes, plus le chaos est grand ; Plus l’injection dans le système augmente, plus sa vitesse augmente, et par conséquent plus le chaos est grand. Avec l’émergence du marché libre contemporain, qui est le fruit de «l’interconnexion des systèmes informatiques mondiaux dans un système économique global unifié» le 27 octobre 1986, il s’est avéré que: «Les turbulences économiques doivent être laissées aux marchés parce qu’ils résoudront seuls leurs problèmes, car les résultats que les marchés donnaient sont étonnants, mais sans explication ». Les économistes sont parvenus à une loi disant que : «On ne peut pas contrôler l’économie ou l’ajuster que le chaos est tout à fait naturel, il ne faut pas le contrôler du tout.» Le slogan actuel du libéralisme est: «Le marché est incontrôlable». [17]
Après le projet économique «Perestroïka» qui a conduit l’Union soviétique à sa disparition politiquement et a mis un terme à la guerre froide ; L’atmosphère de suspicion, d’ambiguïté et de déperdition, qui régnait sous le système bipolaire, s’est intensifiée. Et les États-Unis n’étaient pas prêts à combler le vide laissé. Cela explique leur recours aux forces coloniales disparues pour liquider rapidement tout l’héritage du monde bipolaire pour assurer sa domination absolue sur le système international, en imposant la politique de changement qui correspondait à ses orientations et à ses intérêts politiques et économiques, avec la suppression de tous les obstacles et les contraintes qui pourraient les entraver, et ce en faisant de toutes les institutions du système international en instruments sous sa coupe, ou en abandonnant toutes les traditions et normes diplomatiques adoptées, y compris le principe de la souveraineté des États sur leurs territoires. [18]
A la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, l’idée du chaos a été lancée par la communauté politique américaine connue sous le nom de néoconservateurs. Il s’agit d’une équipe d’universitaires et de politiciens qui ont pu pénétrer dans toutes les structures de prise de décision dans l’administration des deux présidents Bush le père et le fils surnommés «les Faucons du Pentagone». Ils ont été unanimes qu’il n’était plus possible ou permis d’affronter les menaces et les soupçons qui mettaient en péril les Etats-Unis à travers les concepts et les politiques basiques de l’époque passée, et il était nécessaire de reformuler les concepts sur lesquels étaient basées les politiques étrangères américaines. [19]
Michael Ledeen est considéré comme l’un des pôles du néo-conservatisme et des penseurs de prise de décision américains les plus importants dont le nom était associé à la théorie du chaos créatif, mais ce lien passait par le terme la «destruction créatrice», un terme synonyme du terme «chaos créatif», ou plutôt un autre nom de ce concept. En 2003, Ledeen a préparé le projet «Changement complet au Moyen-Orient», prévu à mettre en œuvre durant les dix prochaines années à compter de la date de publication du projet. Il a consisté à faire des changements politiques, économiques et sociaux dans toute la région conformément à une nouvelle stratégie basée sur la destruction et la reconstruction. [20]
Ledeen allait jusqu’à la justification de la doctrine du pouvoir infini, même si elle conduisait les États-Unis à choisir et à détruire un petit pays tous les dix ans, dans le seul but de montrer au monde qu’ils étaient sérieux. Ledeen part de la théorie: «La stabilité est une tâche qui ne vaut pas l’effort américain», définissant ainsi la véritable «mission historique» des Etats-Unis par ces termes : «La destruction créatrice est notre deuxième à l’intérieur comme à l’extérieur. Nous déchirons les vieux modèles quotidiens par les actes et la science, ainsi que par la littérature, l’architecture, le cinéma, la politique et le droit. Nos ennemis ont toujours détesté cette énergie fluide et créative qui a toujours menacé leurs traditions (quelles qu’elles soient) et leur a fait honte en leur montrant leur incapacité d’avancer … Nous devons les détruire pour avancer dans notre mission historique ». [21]
On peut interpréter ce que la secrétaire d’État américaine Rice a dit à propos de la politique de changement vers la démocratie dans la région lors de la conférence de presse du 11 février 2005 qu’il reflète ce que l’on appelle la théorie du «chaos» ou les complexités politiques – en réponse à la simplicité politique qui prévalait au siècle dernier et à laquelle les néoconservateurs s’opposaient tandis que l’approche américaine de la démocratie au Moyen-Orient était déjà envisagée – selon ce qui ressort de ce discours – et qu’ils (Les Etats-Unis) utiliseront pour l’exécuter tous les moyens dont ils disposent, et qu’ils ne craignent pas l’arrivée des islamistes au pouvoir, plutôt ils traiteront avec eux. Et que tout le monde devra se soumettre sous la direction des Etats-Unis pour le changement à venir ». [22]
Si on ajoute à cela sa déclaration au Washington Post américain deux mois après cette conférence, que nous avons évoquée dans la problématique, nous aurons l’image que les faucons du Pentagone voulaient atteindre autour des procédures de la mise en œuvre du chaos créatif.
Il y a certains avis qui croient que le chaos créatif a été appliqué dans la région il y a un siècle, et ce qu’il est appliqué maintenant est une version américaine mise à jour de la stratégie britannique connue sous le nom de « diviser pour régner », qui a été adoptée par les puissances occidentales après la Première Guerre mondiale comme stratégie pour démembrer les mondes arabe et islamique à l’époque. Sans aucun doute, l’Occident est conscient que l’une des raisons les plus importantes qui avait accéléré la chute de l’Empire ottoman a été la sécession que Sharif Hussein avait entreprise sous le nom du «nationalisme arabe», avec le soutien des Français et des Britanniques. Cela a été couronné par le «Traité Sykes-Picot» – dont l’Occident ne semble plus être convaincu à l’heure actuelle – selon la stratégie britannique de division pour régner, qui a été remplacée par le «chaos créatif» américain, que nous voyons aujourd’hui ses effets comme les guerres et division dans toutes les parties des mondes arabe et islamique. [23]
Il est à noter que le chaos est entré dans de nouveaux domaines, car Martin Cruzers – fondateur d’une nouvelle doctrine dans la science de la psychothérapie – affirme que le chaos est l’un des facteurs importants de la formation et de la psychothérapie car lorsque l’âme atteint le bord du chaos, la personne perd son contrôle et ses repères. Ainsi, des miracles pourront se produire. Elle devient en effet capable de créer une nouvelle identité, avec des valeurs innovantes et des concepts modernes, qui l’aident à développer l’environnement qui l’entoure. [24]
La théorie du chaos est introduite aujourd’hui comme étant une nouvelle branche de la science, qui s’intéresse à l’étude des phénomènes de troubles, de défaillance, de l’irrégularité et de non-linéarité, dans divers domaines tels que le climat, les systèmes du corps humain, le comportement des groupements animaux et humains, ainsi que l’économie, le commerce et le mouvement des marchés financiers, en allant vers le mouvement des sociétés humaines et politiques.
Les fondements intellectuels de la théorie du chaos
«Nicolas Machiavel» dans son livre «Le Prince» considérait que l’ordre naît du chaos, et ce chaos fait des ravages qui s’installent sur les ruines du régime, mais il ne voulait pas provoquer par exprès le chaos pour atteindre l’ordre. Pour lui, le chaos est le fruit du repos, qui est le résultat de la paix, tandis que le chaos produit les ravages qui à leur tour produisent de l’ordre. Dès le début, la philosophie du chaos a joué un rôle dans la théorisation et la recherche sociale, politique et internationale, car les trois approches traditionnelles fondamentales de la pensée suivantes (approche de Hobbes – approche de Grotius – doctrine de Kant) représentaient des lectures approfondies de l’histoire de la pensée des sociétés et des relations internationales et de tout ce qui a développé cette pensé en Europe à partir du XVe siècle. Malgré la différence au niveau de ces approches dans certaines parties autour de la « société anarchiste », ces approches accordent un grand intérêt à l’importance de l’histoire et de la méthodologie historique, et à la nécessité de ramener le noyau de la communauté internationale à l’histoire. [25]
La base idéologique théorique des processus du chaos créatif est historiquement basée sur la Révolution française en tant que référence susceptible d’être étudiée et comparée avec ses célèbres slogans de liberté, de justice et d’égalité. Bien que les principes théoriques de la Révolution française soient nobles et positifs mais elle a fait naître des effets nuisibles qui se manifestait par la domination de la populace qui a transformé la situation en chaos en l’absence de références intellectuelles et politiques. Cela a contribué à l’érosion de la révolution, et parmi ses résultats, le retour de la monarchie en France et la croissance du chauvinisme français, qui voulait exporter le chaos révolutionnaire vers les pays d’Europe sans prendre en considération les particularités de ces pays. [26]
L’économiste autrichien Joseph Schumpeter a en outre discuté, dans son livre «Capitalisme, Socialisme et démocratie» qu’il a publié en 1942, la thèse: «la destruction créatrice», car il considérait, selon le concept capitaliste, que la suppression de l’ancien fait apparaitre le nouveau et le développement, comme il le disait: «Ce n’est pas l’ancien du capitalisme qui fait apparaitre le nouveau, plutôt sa suppression complète qui s’en occupe». [27]
Selon les philosophies contemporaines, ce ne sont pas seulement les accumulations quantitatives qui mènent à des changements qualitatifs, mais plutôt les changements qualitatifs en termes des valeurs, des idées et des connaissances qui constituent aussi des outils efficaces capables du changement dans l’économie et la politique à la fois. Ce sont des outils de changement magiques attractifs capables de démanteler la régularité linéaire et de la transformer en chaos en détruisant les systèmes et les fondements de la société et de l’identité qui sont également basés sur d’autres systèmes, concepts et valeurs attractifs qui génèrent l’unité en leur sein. Là, nous arrivons à l’origine et au principe du chaos créatif en tant que théorie idéale pour provoquer un changement historique par l’acculturation et la diffusion des idées. Mais certains systèmes ont une particularité fermée qui résiste au changement et a de grandes capacités répressives et une grande indépendance par rapport à la volonté des gens. Ils pourront en effet former un cercle vide de stabilité difficile à briser par les forces de désintégration. Mais il n’est pas difficile à démonter par la pensée et les symboles de la société. L’application de cette théorie avait réussi parfaitement à dissoudre le système des États communistes et de l’Union soviétique où les valeurs de liberté et de libéralisme ont été pompées à travers des symboles spécifiques qui ont finalement conduit à l’auto-désintégration dramatique de ce système en fer en 1989. [28]
Le démantèlement et le changement de certains régimes stables basés sur la répression qui exploitent les moyens et les capacités de l’État moderne et terrible sont possibles grâce à une intervention douce dans la diffusion de ces idées et concepts qui sapent sa stabilité. Cela requiert le développement de ces idées et de les rendre compatibles avec les sentiments des gens, de trouver l’intermédiaire rapporteur parmi les symboles et les outils, puis les soutenir et les entrainer au stade de leur formation et de leur début afin de surmonter les forces de la statique et de détruire son cercle intérieur. Dans ce cas-là, on réussit à démanteler et à bannir le système basé sur la sainteté du pouvoir et à détruire le tabou de la soumission, de sorte que les forces du chaos / révolution seront activées pour rétablir l’ordre mais sur de nouveaux fondements exprimant le niveau réel du développement et de la croissance de l’infrastructure et des forces de production, y compris les besoins et les exigences des peuples. C’est la théorie du chaos créatif actée actuellement au Moyen-Orient et dont le printemps arabe en constitue un modèle. [29]
La philosophie pragmatique est la philosophie sur laquelle s’appuient l’élite au pouvoir aux États-Unis pour formuler le concept du chaos créatif, car elle suppose la primauté de la réalité sur l’esprit. Cela signifie que la lecture et le diagnostic de l’environnement obligent la réflexion stratégique américaine à s’adapter aux faits et aux évolutions. À la lumière de cela, les penseurs stratégiques américains définissent la stratégie comme étant : «l’art de traiter et de manipuler les indicateurs de la réalité qui reflètent les opportunités et les menaces», d’une manière qui permet de saisir les opportunités et freine les menaces ou du moins de réduire leur impact sur les intérêts américains. [30]
Au niveau de l’analyse politique internationale, certains estiment que le chaos créatif repose sur une idéologie américaine issue de deux écoles principales :
Premièrement: «Francis Fukuyama avec son livre « La fin de l’histoire», dans lequel il répartit le monde entre un monde historique embourbé dans les troubles et les guerres. Il s’agit du monde qui n’a pas rejoint le modèle démocratique américain. Et un autre monde post-historique, qui est le démocrate libéral selon le modèle américain. Il estime que les facteurs du nationalisme, de la religion et de la structure sociale sont les obstacles majeurs devant la démocratie.
La seconde: «Samuel Huntington avec son livre Le choc des civilisations», considérant que les origines des conflits et des divisions dans le monde seront civilisationnelles et culturelles en ajoutant que les lignes entre les civilisations seront les lignes des batailles de l’avenir.
Malgré les contradictions entre les deux écoles, elles s’accordent toutes les deux à dire de la nécessité de construire un nouvel ordre mondial dirigé par les États-Unis, outre l’opposition à la civilisation islamique considérée comme étant l’inverse culturelle et des valeurs de la civilisation occidentale. [31] [32]
Les deux thèses font partie des concepts appropriés pour analyser la politique internationale et comprendre les tendances et les objectifs américains dans la science de l’après-guerre froide.
La théorie du chaos créatif est basée principalement sur ce que Samuel Huntington a appelé le « gap de la stabilité». Il s’agit de l’écart ressenti par le citoyen entre ce qui existe et ce qui devrait être, donc il impacte par son étroitesse ou sa largeur sur la stabilité d’une manière ou d’une autre. Son étroitesse génère la frustration et l’indignation dans les cercles de la société. Ce facteur œuvrera à déstabiliser la stabilité politique, surtout en l’absence de la liberté sociale et économique, et que les institutions du système ont perdu leur capacité de s’adapter positivement, parce que les sentiments d’indignation peuvent se transformer à tout moment en demandes qui ne sont pas faciles à première vue, et parfois inattendues, ce qui impose aux institutions du système la nécessité de s’adapter par la réforme politique, en élargissant la participation politique et en répondant à ces demandes. Mais si ces institutions sont gouvernées par la vision unilatérale, il sera difficile de répondre aux demandes, sauf avec plus de chaos qui, selon Huntington, conduira à terme au remplacement des règles du jeu et des joueurs. [33] [34]
Après la guerre froide, l’un des conférenciers les plus importants du département américain de la Défense, le professeur Thomas Barnett, a développé la théorie du chaos créatif. Il a divisé le monde entre ceux au cœur ou au centre : «Les Etats-Unis et ses alliés», et les autres pays du monde sous le nom des pays du «Fossé» ou du «trou», en les comparant au trou dans la couche d’ozone qui était caché avant les événements du 11 septembre. Barnett a considéré que ces pays du « Fossé » sont les pays gouvernés par des régimes autoritaires, et infectés par les maladies, la précarité répandue, les meurtres de masse et de routine et les conflits permanents. Ces pays deviennent des fermes pour faire éclore la prochaine génération de terroristes. En effet, les pays du « cœur » doivent dissuader les pires exportations des pays du « Fossé », et œuvrer à réduire le « Fossé » de l’intérieur même de ce « Fossé ».
Les relations diplomatiques avec les pays du Moyen-Orient ne sont plus viables. Parce que les régimes arabes après l’invasion de l’Irak ne menacent plus la sécurité des Etats Unis, et que les véritables menaces résident et s’étendent à l’intérieur des pays eux-mêmes, en raison des relations malsaines entre les dirigeants et les gouvernés.
Barnett a constaté que ce chaos constructif atteindra le point où il deviendra nécessaire qu’une force extérieure intervienne pour contrôler la situation et la reconstruire de l’intérieur, d’une manière qui accélère le rétrécissement des « Fossés » plutôt que les contenir de l’extérieur seulement. Barnett a conclu en considérant que Les Etats Unis sont autorisés à intervenir en disant : « Nous sommes le seul pays qui peut le faire ». [35] [36]
Et les écrits d « Elliot Cohen » représentent également une source importante pour la théorie du chaos créatif, particulièrement son livre « Le Commandement suprême, l’armée, les hommes d’État et le leadership en temps de guerre ». Cohen estime que la campagne contre le terrorisme est la quatrième guerre mondiale, compte tenu que la guerre froide était la troisième, et il affirme que les États-Unis doivent gagner la guerre contre l’islam fondamentaliste. [37]
Parmi les principales contributions à la formulation de la théorie du chaos créatif, on trouve ce qui a été produit par les principaux centres de recherche aux États-Unis, dirigés par la Fondation « American Enterprise Studies ». Les écrits de « Raul Mark Kericht », le théoricien des néoconservateurs et spécialiste des affaires iraquiennes et chiites, sont les plus représentatifs du Centre. Kericht a affirmé que l’Administration Bush a formulé le projet du Grand Moyen-Orient, en s’appuyant en partie sur les recherches d’historiens influents tels que Bernard Lewis de l’Université de Princeton et Fouad Ajami de l’Université Johns Hopkins. Lewis est connu pour être un partisan d’Israël et il avait Après la deuxième guerre du Golfe en 1991, annoncé la mort du monde arabe en tant qu’entité politique et avait suggéré d’utiliser le terme Moyen-Orient au lieu du «monde arabe». Le « Washington Institute for Near East Policy » joue un rôle non moins important que l’institution précédente dans la formulation de la théorie du chaos créatif. « Robert Satloff », le directeur exécutif bien connu de l’institution, représente l’un des pôles de cette théorie, et il est l’un des adeptes des idées de Bernard Lewis et ne cesse de répéter ses opinions concernant le monde arabe. Et il avait proposé de supprimer les deux termes du monde arabe et islamique du lexique diplomatique américain ainsi qu’il a demandé de traiter avec le monde arabe à travers une approche spécifique pour chaque pays à part et de lutter sans relâche contre l’intégrisme islamique qui, à son avis, cherche à supprimer les frontières géographiques et la stratification. [38]
Quant à Fouad Ajami, adepte du Likoud et des «néoconservateurs», il est considéré comme le principal porte-parole de la vision sectaire de la réalité sociale et politique dans le monde arabe. Sa vision est largement répandue parmi les rangs de l’administration américaine et il exerce l’incitation extrémiste dans toutes les questions liées au monde arabe et islamique. [39]
La thèse principale de la théorie du chaos créatif est basée sur l’idée que la stabilité dans le monde arabe est un obstacle majeur au progrès des intérêts des États-Unis dans la région. Par conséquent, il sera nécessaire de prendre une série de mesures et de procédures assurant la réalisation de sa vision, qui aspire à dominer le monde arabe, qui est, selon la théorie, un monde idéologique et riche du pétrole, ce qui constitue une menace directe pour les intérêts des États-Unis. Et il appelle les pôles de la théorie du chaos créatif à utiliser la force militaire pour changer les régimes à l’instar de l’Afghanistan et de l’Irak, et d’adopter une politique de menace par la force qui contribue à faire exploser la sécurité intérieure du monde arabe et à encourager et à alimenter les sentiments sectaires et à les employer pour semer le chaos comme au Liban, en Syrie et en Irak. [40]
Le chaos créatif américain et sa relation avec les prophéties bibliques :
Dans le paragraphe précédent, nous avons découvert la base intellectuelle de la théorie du chaos créatif et son lien avec la politique américaine, mais il y a un aspect important qui doit être également souligné ; Il s’agit de la dimension religieuse des néoconservateurs sur laquelle ils se sont appuyés dans leur politique étrangère, car on peut voir le lien étroit entre le Texte Sacré et la politique menée à l’égard du monde entier, du Moyen-Orient et des mondes arabe et islamique en particulier.
L’émergence de la théorie du chaos créatif américain a été associée à l’ère du président Bush Jr. Il s’agit de l’époque où la droite chrétienne américaine a effectivement atteint le sommet du pouvoir et a étendu son influence sur les institutions de prise de décision politique américaine. Et on savait bien que les principaux principes doctrinaux de la droite chrétienne ou des évangéliques américains, qui représentent, selon les statistiques, entre 25,4% à 34% du total des citoyens américains. [41] C’est la croyance en l’existence d’un plan divin qu’ils doivent œuvrer pour l’exécuter. Ce plan divin est inclus dans les textes et les prophéties de la Bible qui ont dessiné des événements tragiques pour les pays de la région avant la fin de l’histoire. Il y a plusieurs écrivains et chercheurs occidentaux qui croient que les évangélistes essaient de créer l’avenir en renvoyant la roue de l’histoire à l’ancienne Promesse divine [42], et cela est également lié au retour du Christ Sauveur, qui ne reviendra qu’après que la destruction et le chaos soient répandus au Moyen-Orient, selon les prophéties bibliques. Les évangélistes croient que l’accomplir est un devoir car il relève de la mise en œuvre de la volonté du Seigneur sur terre. Ainsi, la réalisation de son retour est conditionnée de l’extinction du règne des peuples arabes qui ne croient pas à la religion de son Peuple élu [43].
Le chaos créatif représente l’un des concepts étroitement liés à la croyance évangélique, et il acquiert un caractère sacré s’il est lié au sort et à l’avenir d’Israël, et à l’engagement américain « sacré » à son égard, comme l’a dit Obama [44]. Pour expliquer le statut de la Bible chez les Evangélistes, on évoque la citation de Roger Garaudy : « les fondamentalistes ne lisent pas les textes sacrés du point de vue historique. Au contraire, ils écrivent l’histoire en fonction de leur lecture des textes sacrés». Ils font l’histoire en utilisant les textes sacrés comme référence pour soutenir ce qui leur convient des affaires politiques contemporaines [45].
De même, John Cooley, qui a passé plus de 40 ans au Moyen-Orient, a indiqué dans son livre Une Alliance contre Babylone: «C’est une erreur fatale d’ignorer l’histoire ancienne de quiconque tente de sonder le Moyen-Orient, car les raisons qui justifient la présence des partisans les plus fanatiques d’Israël dans les États-Unis d’Amérique, et à leur tête Bush Jr. et les ministres et conseillers qui l’entourent, sont présents dans ces histoires révolues. Ils partent des profondeurs des récits de la Torah dans leur traitement avec les crises du Moyen-Orient ». [46]
Cela a été également exprimé par la chercheuse américaine Grace Halsell, qui a été choisie par l’ancien président américain Lyndon Johnson pour rédiger ses discours à la Maison Blanche. Elle a dit: «Les amoureux la Bible parmi les Chrétiens ont commencé à voir l’Ancien Testament comme la seule histoire du Moyen-Orient ». [47] En effet, Bush Jr a parlé de lui même dans son livre «Charge To Keep»: «Je n’aurais pas pu devenir gouverneur si je n’avais pas cru en un plan divin qui copierait tous les plans humains» [48].
Dave Fleming, père de l’église de la communauté juive de la ville de Pittsburgh, Pennsylvanie, a indiqué : «La Bible nous démontre que l’univers a été créé à partir du chaos, et que le Dieu a choisi le chaos pour en créer l’univers, et bien que nous ne sachions pas comment cela s’est passé, mais nous sommes certains que le chaos a été une étape importante dans le processus de création ». [49] [50].
Le terme chaos a été trouvé dans la littérature maçonnique ancienne, où il a été mentionné dans plus d’une référence, et le chercheur américain «Dan Brown» l’a mentionné comme on l’a noté ci-dessus. En fait, ce que le chercheur Brown a dit à propos du chaos fait partie de la vérité dans son Livre sacré, qui souligne que le chaos est un moyen efficace du châtiment de «Judas» ou «le Seigneur, Dieu des armées» à ses ennemis et aux ennemis de ses enfants, «le peuple d’Israël» en même temps. Souvent il remet les choses en place, même mieux qu’avant. Il s’agit donc d’un «chaos créatif» en faveur des adeptes du «Seigneur Dieu des armées» selon la Bible également, qui n’a pas indiqué textuellement le mot chaos créatif, mais il a décrit ses dimensions dans plusieurs de ses textes. Peut-être le dix-neuvième chapitre du «Livre d’Isaïe» le confirme. Il s’agit d’un chapitre qui contient la prophétie de la destruction de l’Égypte avant la fin de l’histoire. En effet, de nombreux évangéliques ont eu recours à la projeter sur les événements enregistrés en Égypte dans le cadre du printemps arabe. On lit dans ce chapitre : «J’exciterai l’Égypte contre l’Égypte, on se battra frère contre frère, ami contre ami, ville contre ville, royaume contre royaume. L’Égypte en perdra l’esprit, je brouillerai son projet ; ils consulteront idoles et sorciers, nécromanciens et devins». le même chapitre ajoute: «Et leurs maires seront écrasés et tous les employés seront déprimés», et aussi:« Le Seigneur a mélangé au milieu d’elle un esprit de séduction, et Les chefs des tribus égarent l’Égypte; Pour qu’ils fassent chanceler les Égyptiens dans tous leurs actes, comme un homme ivre chancelle en vomissant. Ces versets montrent le chaos que connaitra l’Égypte à la fin des temps selon la vision de la Bible. Mais ce chaos est un chaos créatif, parce que le Seigneur détruit l’Égypte afin de prospérer et de revenir en meilleur état selon le chapitre (19): «Ainsi l’Éternel frappera les Égyptiens, Il les frappera, mais il les guérira; Et ils se convertiront à l’Éternel, Qui les exaucera et les guérira ».
L’Occident, les États-Unis et Israël sont ceux qui récoltent les fruits de ce chaos créatif, car la Bible confirme que les bénéficiaires de la dévastation et du chaos de l’Égypte sont les individus qui se soumettront à la volonté du Seigneur d’Israël – le Christ selon l’interprétation des Chrétiens – et lui offriront des sacrifices, de sorte que la langue hébraïque se répandra ensuite dans les cinq parties de l’Égypte après sa Division, comme mentionné dans le même chapitre du « Livre d’Isaïe »: « En ce temps-là, il y aura cinq villes au pays d’Égypte, qui parleront la langue de Canaan, et qui jureront par l’Éternel des armées: L’une d’elles sera appelée ville de la destruction ».
Le chapitre du Livre d’Ézéchiel (36) confirme également que le «Seigneur Dieu» établira la renaissance de son Peuple élu «les Juifs» sur les ruines et le chaos de ses pays voisins, parce que leurs habitants ont essayé de s’emparer de la terre de ses fils, «la sainte Jérusalem», que «le Seigneur des armées» n’a pas fait d’elle un héritage des «Édomites arabes», qui ont dénigré les fils de Dieu et les ont blâmés. En effet, ils ont provoqué sa colère, et ont allumé les flemmes de sa jalousie. Ainsi, il a transformé les villes en ruines de son peuple en des paradis. Cela a été indiqué dans deux versets du chapitre susmentionné. [51]
En se référant à ce qui a été mentionné, les origines de la théorie du chaos créatif remontent à la Bible et à ses prophéties affirmant le rétablissement de l’État d’Israël sur les ruines d’autres pays. En d’autres termes, il s’agit d’une vieille stratégie théologique issue des stratégies du «Seigneur des armées», et non pas seulement une stratégie issue de la Maison Blanche ou du Pentagone Ou la CIA. Pour cela, il était évident que la stratégie du chaos créatif soit plus claire dans la politique étrangère des États-Unis avec l’arrivée du président Bush Jr. et la droite chrétienne à étendre son pouvoir dans les centres américains de prise de décision politique et l’adaptation du texte biblique aux données politiques de sorte qu’il correspond à ses intérêts et à ses perceptions idéologiques.
La naissance du système international actuel et ses aspects à la lumière de l’application de la politique du chaos créatif :
Après la la Seconde Guerre mondiale et la chute de l’« Axe » devant les « Alliés », la « Société des Nations » – née après la fin de la Première Guerre mondiale – est devenue ce que nous appelons aujourd’hui les « Nations Unies » qui comprend plusieurs sociétés dotées de prérogatives internationales sur les plans économique, social, politique, juridique et même militaire. Puis, son Conseil de sécurité a été créé, qui comprend 5 États membres permanents, victorieux de la Seconde Guerre mondiale: « l’Amérique et l’ex-Union soviétique / actuellement la Russie, la Grande-Bretagne, la France et la Chine », tout en accordant à ces membres permanents le droit de « veto », qui est le droit de s’opposer aux décisions qui ne leur conviennent pas, et il suffit qu’un membre s’y oppose pour annuler cette décision. Il s’agit en outre de 11 pays en tant que membres temporaires qui sont élus périodiquement tous les deux ans.
Avec la guerre froide et la course vers l’armement, les États et les alliances sont devenus le terrain de la nouvelle guerre et de la démonstration des pouvoirs. Puis, on a assisté à la naissance de l’alliance de l’OTAN dirigée par les Etats Unis et le Pacte de Varsovie dirigé par l’Union soviétique. En effet, la situation internationale était devenue toujours tendue et dangereuse. Ce que le monde craignait toujours, ce sont les armes nucléaires. Après l’apparition du projet « Perestroïka » avec Mikhaïl Gorbatchev en 1985 a accéléré l’effondrement de l’Union soviétique en 1989, et l’effondrement du mur de Berlin dans la même année ainsi que la chute de l’Axe de Varsovie et donc de toute puissance militaire parallèle aux États-Unis et à l’OTAN. Fin du XXe siècle, les États-Unis occupaient une place de premier plan dans le système international, jamais auparavant occupé par aucun des empires à travers l’histoire. Les États-Unis sont en avance sur toutes les autres puissances internationales dans les domaines économique, militaire, technologique et culturel. En effet, ils sont devenus la seule puissance sur la scène internationale capable de prendre des décisions unilatérales en temps de guerre ou de paix, de jouer le rôle de médiateur dans le processus de paix au Moyen-Orient et de se dessiner un rôle majeur dans tout conflit international. Il s’agit également de l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays, à travers le rôle que l’administration américaine s’est assigné en tant que protecteur et défenseur des libertés, de la démocratie et des droits de l’Homme dans le monde, et à travers la politique de dépendance économique, culturelle et politique. Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, les États-Unis se sont donné le droit de mener deux guerres militaires de grande ampleur, par décision unilatérale et dans le cadre d’alliances internationales, une fois sous le slogan de la guerre contre le terrorisme en Afghanistan et l’autre fois sous le slogan de la protection de la paix internationale contre les menaces des régimes voyous qui possèdent ou cherchent à posséder des armes de destruction massive en Irak.
Malgré le changement dramatique de l’environnement stratégique, les Etats Unis ont débuté la guerre contre le terrorisme avec les mêmes stratégies et techniques préparées par la bureaucratie dans les divers milieux travaillant dans le domaine de la sûreté nationale, particulièrement les ministères de la Défense et des Affaires étrangères.
Les départements ont mené des actions et des réactions unilatérales qui ont eu pour effet de compliquer davantage la situation dans un certain nombre de pays. Et ils se sont également retrouvés isolés même avec les alliés les plus proches, de sorte qu’il y avait un décalage entre les résultats et les objectifs fixés dans la plupart des approches qu’ils ont adoptées, en particulier en Afghanistan et en Iraq. En fait, les résultats des deux guerres reflètent un grand nombre de contradictions indiquant l’ampleur de l’ambiguïté et de la suspicion autour de la stratégie américaine, qui s’expliquent en l’analysant selon les concepts de «théorie du chaos» face aux complications politiques et stratégiques et la mauvaise lecture de la situation internationale [52]. Ces guerres et ces politiques représentent une forme claire de l’application de la politique du chaos créatif. Rice l’a d’ailleurs comme mentionné ci-dessus, en l’appliquant sous l’administration Bush Jr., les faucons du Pentagone et les néoconservateurs :
On peut résumer les aspects du nouveau monde à la lumière de cette politique comme suit :
1-Une modification accélérée des frontières nationales des pays : et ce en reconfigurant certains pays au sein du système international, comme la désintégration de certains États, à l’instar de l’Union soviétique et la Yougoslavie, tandis que d’autres pays ont été réunifiés comme ce qui s’est passé en Allemagne. Les processus de désintégration ou d’unification des États n’affectent pas le concept de souveraineté inscrit dans le Traité de Westphalie de 1648. Après la signature du traité, l’Europe a connu de nombreuses modifications des frontières entre les États, mais cela n’a pas affecté profondément les relations entre ces pays ou leur position dans le système européen.
2-Certains pays en développement font l’objet des pressions ethniques, sociales, économiques ou externes qui les poussent au bord de l’effondrement, à la désintégration et à perdre le pouvoir : Ceci pourrait mener la fragmentation et à la transformation des État en un groupe d’États en guerre pour des raisons ethniques ou sectaires, ou en raison de la différence de la langue et de la culture entre ses composantes sociales ou encore pour des raisons économiques et sociales. Ces mouvements séparatistes trouvent souvent un soutien de la part du système international, y compris la légitimité internationale représentée par les Nations Unies sous la bannière des droits de l’Homme et du droit des peuples à l’autodétermination, ce qui menace tout concept de souveraineté de l’Etat consacré dans le Traité de Westphalie.
3-L’émergence des complications au niveau du système international et dans les relations entre les Etats : Elles menacent l’ordre mondial fondé sur des relations équilibrées et déterminées entre des États indépendants et souverains. Aujourd’hui, nous constatons que l’indépendance et la souveraineté des États sont menacées par une série de complications qui ont touché des questions vitales tels que la sécurité, l’immigration illégale et le mouvement des capitaux, les questions environnementales et de santé, les différences culturelles et linguistiques ainsi que l’émergence des organisations multinationales et transcontinentales. Tout cela confirme la chute des barrières frontalières avec la naissance des institutions internationales de coopération ou à travers une décision «volontaire» prise par certains pays pour des raisons économiques, humanitaires ou politiques. [53]
On peut également comprendre les dimensions de la politique du chaos créatif au niveau international à travers les éléments suivants :
1- La politique du chaos conduit à un état de stabilité fragile qui constitue un phénomène renouvelé dans un environnement international complexe et dynamique, et en constante évolution, de sorte qu’il est impossible d’imaginer la possibilité d’atteindre un système international qui empêche ou qui contrôle le chaos. Pour cela, certaines puissances internationales font face à l’intervention américaine dans les pays du monde et sa politique du changement des régimes. Et cette politique pourrait accélérer la création d’un nouvel ordre international multipolaire.
2- Le recours des États-Unis à la politique du chaos créatif a mis fin aux espoirs de certains qui pensaient que le monde connaitra après la guerre froide une baisse des conflits et des guerres et que le système international se débarrassera de toutes les répercussions de la concurrence de la guerre froide. En fait, la communauté internationale a connu une série de crises successives. Le nouvel ordre mondial, comme l’appelait George Bush (le père), a enregistré en cinq ans le déclenchement de crises majeures en Somalie, en Haïti, en Bosnie, en Afrique centrale et en Tchétchénie, outre les interventions américaines dont particulièrement l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak.
3- Dans les conditions créées par cette politique, la politique américaine a commencé à être vue par les masses de Musulmans comme étant une menace pour eux et un ennemi pour l’Islam. Il y a des millions d’Arabes et de Musulmans qui accusent les États-Unis de mener une guerre contre l’islam à travers le concept de « choc des civilisations » en vue de préparer le terrain pour diviser ces pays. [54]
Qu’es est-il des dimensions de la politique du chaos créatif au niveau régional ?
Les intérêts américains vitaux dans la région arabe sont d’abord la préservation de la sécurité d’«Israël», le contrôle du pétrole arabe et l’empêchement de l’islam politique d’arriver au pouvoir ; Sous l’emprise de la politique du chaos, il est devenu difficile d’empêcher les États-Unis de ne pas changer les régimes au pouvoir en disant que la situation dans le monde arabe arabe ne laisse aucun autre choix qu’entre le chaos total et la perte de sécurité, ou bien la montée de l’islam politique au pouvoir. A la lumière de ce changement dans la politique américaine et l’adoption de la politique du chaos créatif, on peut résumer ses dimensions les plus importantes au niveau régional comme suit :
- La transition démocratique au Moyen-Orient fait partie de la politique du chaos créatif. Elle est devenue une nécessité – selon la vision stratégique américaine – qu’il faut poursuivre, même en abandonnant les régimes connus pour leur loyauté ou leurs alliances avec les États-Unis.
- La politique du chaos créatif menée par les États-Unis à travers ses interventions dans la région et sa guerre contre le terrorisme, décisions prises unilatéralement, ont eu pour résultat de compliquer davantage la situation dans certains pays.
- L’affaiblissement de la force et du rôle de l’Afghanistan et de l’Irak dans l’équilibre régional a créé un vide stratégique déroutant les anciens équilibres naturels stables dans cette région et dans d’autres. Cela a d’ailleurs poussé l’Iran et la Turquie à intervenir au niveau régional pour protéger leurs intérêts, et a perturbé l’équilibre en faveur d’Israël.
- La politique du chaos créatif peut conduire à des interventions régionales dans les pays où se déroulent des opérations de changement. Ceci aura pour de provoquer des guerres régionales incontrôlables. [55]
Lors de son premier mandat, le président américain George W. Bush a repensé la stratégie américaine suite aux attentats du 11 septembre ayant prouvé que la force de dissuasion américaine contre les États ennemis n’était pas suffisante pour protéger les Etats-Unis des attaques des organisations terroristes. La principale préoccupation de la stratégie de Bush était d’empêcher toute attaque contre les Etats Unis ou ses intérêts majeurs dans le monde. Pour cette raison, il a recouru à la guerre préventive. Les Etats Unis tentent d’imposer de nouveaux concepts au monde avec la politique de mondialisation et de guerre contre le terrorisme, en soulevant le slogan de la généralisation de la démocratie, de la liberté et des droits de l’Homme, en faisant du Moyen-Orient le laboratoire ses expériences de l’application de la théorie du chaos, dans le but de changer les systèmes de gouvernement dans la plupart des pays de la région, en laissant tomber ainsi tout ce qui des concepts de souveraineté.
Modus Operandi de la politique basée sur la théorie du chaos créatif :
Au niveau de la politique internationale, les États-Unis ont entamé la politique du chaos créatif pour réaliser le projet principal de l’empire américain. Il s’agit du projet du « nouvel ordre mondial » initié par George Bush (le père) après la Seconde Guerre du Golfe. Le chaos créatif est en effet un outil pour réaliser ce projet. Ils cherchent à créer de nouvelles alliances internationales et à empêcher tout rapprochement entre les pôles internationaux pour asseoir leur hégémonie mondiale en exploitant les « Nations Unies » et d’autres moyens économiques, telles que la mondialisation et l’administration centrale de l’économie mondiale, à travers ses trois institutions : « le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce », ainsi que les moyens militaires et sécuritaires basés sur la supériorité militaire mondiale des États-Unis.
L’Amérique a décidé d’utiliser d’autres moyens, en particulier dans la région (du Moyen-Orient), comme outils et moyens de la politique du chaos créatif, à travers:
- LES Actions militaires directes
- Les actions militaires indirectes.
- Les pressions politiques et économiques.
- Apporter des changements radicaux dans les programmes éducatifs et culturels.
- Utiliser les «médias» pour corrompre les esprits et jeter la lumière sur «l’entrecroisement, le chaos et la désintégration» en tant qu’état mental, intellectuel et psychologique devant les peuples.
- Soutenir et diriger la plupart des initiatives de la société civile, même d’une façon indirecte.
Contrairement à la guerre froide, les États-Unis ne cherchent pas à affronter un empire rival qui les menace, plutôt ils font face à une mission compliquée ne se limitant pas à tuer ou à arrêter quelques centaines de terroristes connus, mais va au-delà en essayant de persuader une large catégorie du monde musulman d’accepter les valeurs occidentales et l’ouverture à la modernité à travers la guerre contre le terrorisme. [56]
Selon la version américaine, Michael Ledeen, l’ancien conseiller du Conseil de sécurité nationale des États-Unis et du département d’État des Etats-Unis, commence à interpréter la réalité et à diagnostiquer l’environnement qui la détermine pour interagir gérer ses données et ses évolutions. Il a dit que les fondements sur lesquels fonctionne la théorie du chaos créatif sont :
- Le changement radical au Moyen-Orient.
- La reconstruction après la démolition des anciennes fondations et traditions.
- La réforme globale politique, économique et sociale au pays du Moyen-Orient.
- Eviter l’effort américain direct et se contenter de formuler et d’organiser la construction du système politique dans ces pays.
Selon le point de vue de «Ledeen», ces fondements constituent l’axe de la théorie du chaos créatif, car ils représentent la réalité de la stratégie américaine actuellement dans la région du Moyen-Orient. Cela a été mentionné par plus d’un responsable américain autour d’un nouveau Moyen-Orient et un nouvel ordre mondial, dont George W. Bush quand il est arrivé au pouvoir. Les lignes de cette théorie sont devenues claires pendant son règne [57].
Les concepteurs et les défenseurs de la théorie du chaos créatif croient que le fait de provoquer une situation chaotique et l’instabilité mènera inéluctablement à construire un nouveau système politique assurant la sécurité, la prospérité et la liberté. Ceci est similaire au traitement par électrochocs pour que la vie revienne à la normale. Cependant, il y a des objectifs cachés que les États-Unis visent à atteindre par ce chaos. Ils consistent à maintenir l’hégémonie mondiale des États-Unis, à dominer les zones régionales vitales à l’instar du Moyen-Orient et à contrôler la plus grande source d’énergie à savoir : le pétrole. [58]
En réalité, le chaos créatif dépend fondamentalement d’un ensemble de points opérationnels, dont certains sont aptes à dominer un pays tandis que d’autres sont valables pour un autre pays, on mentionne parmi lesquels :
- Étudier le tissu national d’un pays et les côtés religieux, social, économique, politique et ethnique, saisir les différences et les divers équilibres, et essayer d’exploiter tout problème existant au niveau des trous nationaux en les amplifiant pour alimenter les tensions et puis créer des conflits.
- Préparer explicitement et implicitement un ensemble de coups d’État et un ensemble d’assassinats parmi les leaders nationaux, donner des pots-de-vin à de nombreuses personnes influentes dans les appareils du pouvoir et dans divers domaines médiatiques, choisir une personnalité donnée et éliminer tous les obstacles devant elle en les tuant réellement ou moralement. Tout cela se fait afin d’affaiblir le régime au pouvoir et de le concentrer entre des mains soumises à son hégémonie. Sinon, ils laissent des rivaux en conflit et sacrifier tout le système pour qu’ils puissent s’approprier les ressources du pays et dominent les marchés.
- La corruption développementale qui mène à faire de l’économie nationale une économie dépendante, et des millions de personnes perdent leur capacité de produire. Ainsi, le pays se transforme en un grand consommateur mondial des produits provenant de l’étranger en payant le prix cher par ses ressources naturelles et ses trésors enterrés dont les divers métaux, de pétrole et beaucoup de minerais. Dans le cadre de cette corruption développementale, ils créent un groupe de faux hommes d’affaires qui leur facilitent d’obtenir des prêts du secteur public pour les transférer au secteur privé, tout en les détournant à travers des produits et des affaires dirigés vers d’autres destinations. Cela cause la perte des millions d’emplois ainsi que le pourcentage de production locale disparaît peu à peu au profit de l’importation. En résumé, le développement national est entouré par un développement coercitif qui tente de l’étouffer, de sorte que la nation perd sa capacité à produire ses besoins et affaiblit sa volonté face aux puissances dominantes.
- Combattre tous les groupements régionaux qui servent les pays de la région économiquement, politiquement ou socialement, et essayer de désintégrer les entités unies à travers des guerres internes, en exploitant certains malaises nationaux qui ont été créés à l’origine par eux en soutenant les dictateurs et les responsables corrompus.
- L’intrusion dans la vie culturelle à travers le soutien financier pour certains intellectuels, artistes et professionnels des médias et provoquer un chaos culturel de l’extrême droite à l’extrême gauche.
- Enrôler des spécialistes lors de leurs études en Occident, les placer dans des institutions internationales et les présenter pour des hauts postes de responsabilité dans leur pays.
- Recruter des personnes travaillant dans des postes sensibles parmi les appareils de l’Etat pour orienter ces derniers et servir leurs intérêts. [59]
Certains considèrent le chaos créatif comme une boule de neige faite par un petit enfant, mais ses conséquences pourraient se transformer en un désastre naturel qu’on ne peut pas arrêter. Par conséquent, tout léger changement qui touche un système politique ouvert et complexe peut se transformer en un énorme désordre qui modifie les caractéristiques de ce système. Néanmoins, les Etats-Unis ne compte pas arrêter la boule de neige ni réduire l’énormité de la tourmente, même s’ils sont capables de le faire, tant que les résultats seront finalement en sa faveur.
Pour maîtriser ces résultats, le processus de mise en œuvre du chaos créatif est soumis à quatre étapes successives:
Primo : ils visent à secouer ces états de blocage et de rigidité indésirables dans le régime ciblé.
Secundo : ils cherchent à atteindre un état d’agitation et de chaos déroutant et inquiétant à l’intérieur de ce régime.
Tertio : il s’agit de diriger et de gérer le chaos pour parvenir à la situation souhaitée.
Quarto : il porte sur l’utilisation des intrants qui ont alimenté le chaos pour l’éteindre et stabiliser la nouvelle situation dans sa forme finale, ainsi que se rassurer par la présence de l’arsenal des forces militaires et des flottes américaines dans la région. Ces dernières constituent les éléments les plus importants de l’équation sur laquelle est basée la théorie du chaos. [60]
Et dans le but de secouer le tissu social et le perturber pour que le chaos y règne; Ce qui ouvre après la voie à une intervention militaire, politique et économique. Ils font comme suit:
- Attiser les conflits sectaires, ethniques et religieux entre les peuples d’une seule nation.
- Soutenir l’intransigeance et le despotisme politique face au droit des peuples à la démocratie.
- Attiser les conflits frontaliers entre les pays dont le séparatisme qui exige l’indépendance interne.
- Accabler les pays par les dettes pour faire faillite par des politiques de crédit injustes qui ne contribuent réellement pas à la croissance autant qu’elles contribuent au financement des banques internationales de crédit, creusant ainsi le fossé au sein des pays endettés, ce qui aggrave le gap entre eux.
- Le terrorisme international, qui selon la définition américaine, découle des mouvements islamiques extrémistes qui rejettent le modèle démocratique. [61]
Par conséquent, on est de même avis du docteur Al-Kinani en constatant que les fondements sur lesquels est basée la politique du chaos créatif dans ses étapes opérationnelles dans les pays qui veulent leur appliquer cette politique, à savoir :
- Inciter les conflits ethniques : car la politique du chaos est basée sur la rupture ethnique profonde parmi les Etats consensuels fondés sur l’équilibre de leur composition ethnique.
- Faire déclencher le conflit sectaire: en frappant l’État, avec toutes ses institutions, et en le remplaçant par les loyautés partisanes ou claniques fragmentées fondées sur les appartenances tribales.
- Frapper la stabilité sécuritaire: et prolonger le déséquilibre sécuritaire pour donner le sentiment aux gens qu’il n’y ait aucun moyen de revenir à la situation qui prévalait avant la guerre.
- Déstabiliser en profondeur la situation économique.
- La mobilisation médiatique: elle est susceptible à long-terme de vaincre l’ennemi. (Voir: Al-Kinani, 2014).
Conclusion
Cette théorie du chaos créatif a commencé dans les domaines des sciences mathématiques et naturelles et a été généralisée aux domaines des sciences sociales. Puis, elle a été développée par les théoriciens américains de la politique Huntington, Chomsky, Kissinger et d’autres. Ensuite, son application a été initiée au Moyen-Orient avec le soutien des symboles de la démocratie à l’époque de George W. Bush mais abandonnée après avec Obama en revenant à la politique de soutien des régimes au pouvoir parce que, selon lui, elle n’a pas conduit à l’installation des démocraties stables au Moyen-Orient, mais plutôt à l’ascension de la tyrannie de la communauté religieuse islamique djihadiste. Cela a également causé une nouvelle période d’instabilité et de désintégration dans tout l’ordre mondial. Par ailleurs, Trump n’a pas tardé à l’appliquer de nouveau directement, clairement et sans hésitation même qu’il s’agit d’un chaos contagieux et incontrôlable qui réussit à saper les régimes, les États, les frontières politiques, culturelles et sociales ainsi que l’ordre mondial. Il le fait seulement lorsque ces régimes entravent le développement des forces productives impérialistes, particulièrement américaines. Cela n’a pas enfanté un nouveau système de valeurs culturelles et mondiales universelles permettant de réorganiser tout ce chaos, mais plutôt des valeurs intolérantes et conflictuelles qui préparent le terrain pour une guerre universelle sacrée et raciste qu’on la constate clairement dans le conflit en Syrie.
Cette théorie est considérée comme l’outil et la particularité la plus claire du système économique libéral qui croit au dynamisme social permanent, à l’incapacité de s’opposer au marché, et qu’il se nourrit des conflits. C’est une théorie qui s’oppose à la théorie marxiste disant que le marché et la société peuvent être maitrisés et contrôlés en contrôlant essentiellement sa création. La théorie du chaos n’a pas enfanté une alternative claire pour contrôler, dominer et prévoir. Par ailleurs, elle a créé chez les personnes un sentiment d’impuissance et de non-existence à cause de leur incapacité de faire quoi que ce soit. Et elle ne nous donne pas en retour ce qui nous réconforte.
Lorsque la théorie du chaos créatif a été consacrée en tant que partie de la stratégie sacrée à laquelle les évangélistes étaient engagés, elle nous a rappelé l’histoire des Croisades et du choc des civilisations quant le général français Gouraud entra à Damas après la bataille de Meyssaloun, il se rendit directement au tombeau de Saladin à Damas et posa son pied sur le bord de la tombe en disant : «Réveille-toi, Saladin, nous sommes de retour». On ne doit pas de même oublier qu’il y a des courants islamistes qui cherchent à semer le chaos d’un point de vue religieux, car ils croient à l’instar des Evangéliques, que le fait de semer le chaos et l’injustice précipite l’apparition d’un éventuel scénario religieux au cours de la dernière période de l’existence.
Les références
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[2] Ibid.
[3] Youssef, Youssef, Secrets des révolutions arabes et du chaos créatif : les racines du plan, Le Caire : « Bibliothèque de l’île de Roses », 2012, p. 198.
[4] Abd al-Qadir, Nizar, article: «Le rôle du chaos et des complications politiques dans la nouvelle stratégie américaine: Afghanistan, Irak, terrorisme et démocratisation », Défense nationale libanaise, https://www.lebarmy.gov.lb, juillet 2005.
[5] Al-Kinani, Iyad Hilal Al-Hussein, article: «La théorie du chaos créatif américain», l’Encyclopédie Politique, 23/01/2014.
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[8] Molino, John, Connor Kostick, article: «l’Anarchisme, critique marxiste», http://syria.frontline.left.over-blog.com/, 28 février 2012.
[9] Voir: Al-Kinani, 2014, Ibid.
[10] Chaîne documentaire Al-Jazeera, film documentaire: «L’anxiété et la théorie du chaos», https://blogs.aljazeera.net, 19/10/2019, minute 39.
[11] Smith, Leonardo, «Théorie du chaos: une très courte introduction» : Mohammad Sayyed Tantaoui, Fondation Hindawi pour l’éducation et la culture, Le Caire, 2016, pp. 16-18.
[12] Chaîne documentaire Al-Jazeera, 19/10/2019, Ibid : minutes 12-19.
[13] Ibid, minutes 27-33.
[14] Ibid, minutes 33-35.
[15] Ibid, minutes 40-42.
[16] Smith, 2016, Ibid. 160.
[17] Ibid, minutes 42 à 45.
[18] Abdelkader, 2005, Ibid.
[19] Ibid.
[20] Abderrahman, Sharif, article: «Le chaos créatif american Chaos ou la réforme par Chaos», Magazine Al-Muslim Al-Muaser, http://almuslimalmuaser.org, 9/1/2010, pp. 337-367.
[21] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[22] Abdelkader, 2005, Ibid.
[23] Al-Wafi, Abderrahman, article: «Le chaos créatif américain et ses liens avec les prophéties bibliques», Centre démocratique arabe, https://democraticac.de, 23/07/2016.
[24] Kamel, Magdy, le Chaos constructif … Destruction créative … Révolutions colorées … et le nouveau Moyen-Orient souhaité par les Etats-Unis, Damas – Le Caire, Arab Book House, 2014, p. 26.
[25] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[26] La connaissance, article: «Le Chaos Créatif», https://www.marefa.org/, 3/9/2018.
[27] Al-Kanani, 2014, Ibid.
[28] Al-Labwani, Dr. Kamal, article: «La Théorie du chaos créatif et l’avenir du Moyen-Orient», Institut d’études et de recherche de Damas, http://www.di4sr.com, 30/03/2016.
[29] Ibid.
[30] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[31] Ibid.
[32] La Connaissance, 2018, Ibid.
[33] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[34] La Connaissance, 2018, Ibid.
[35] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[36] Al-Quwai’i, Dr. Saad ben Abdelkader, Article: «La politique du chaos créatif et du nouveau Moyen-Orient!», Al-Jazeera, http://www.al-jazirah.com, 1/6/2013.
[37] La Connaissance, 2018, Ibid.
[38] Ibid.
[39] Ibid.
[40] Ibid.
[41] Barry A. Kosmin et Keysar. AN «American Religious Identification Survey (ARIS) 2008», Hartford, Connecticut, États-Unis: Trinity College, (PDF). http://b27.cc.trincoll.edu, mars 2009.
[42] Chabane, Fouad, Pour Sion: L’héritage judéo-chrétien dans la culture américaine, Damas, Dar Al-Fikr, 2003, p. 217.
[43] Al-Wafi, 2016, ibid.
[44] Remarques lors d’une collecte de fonds 2012 du Obama Victory Fund à New York, 1/3/2012, The American Presidency Project. http://www.presidency.ucsb.edu/index.php.
[45] Chabane, 2003, Ibid : page 217.
[46] Cooley, John, L’Alliance contre Babylone: les États-Unis, Israël et l’Irak, Le Caire, Sunrise International Library, 2006, p. 26.
[47] Halsel, Grace, La Main de Dieu : Pourquoi les États-Unis sacrifient-ils leurs intérêts pour le bien d’Israël, voir: Mohammad Al-Sammak, Le Caire, Dar Al-Shorouk Al-Dawliya, pp. 103-106.
[48] Mid, Walter, Balad Allah: La religion dans la politique étrangère américaine, Tr: Hamdi Abbas, Le Caire, Sunrise International Library, 2007, p.9.
[49] Kamel, 2014, Ibid: p. 26.
[50] Al-Kaâbi, Haider, article: «Le Chaos créatif : la réforme à l’américaine», le Centre islamique d’études stratégiques, http://www.iicss.iq, 6/10/2015.
[51] Al-Wafi, 2016, Ibid.
[52] Abdelkader, 2005, Ibid.
[53] Ibid.
[54] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[55] Ibid.
[56] Ibid.
[57] Fadel, Bassem Abd Aoun, article: «Le chaos créatif détruit le Moyen-Orient», journal Al-Hayat, Centre Al Fourat pour le développement et les études stratégiques, 9/11/2014.
[58] Al-Kinani, 2014, Ibid.
[59] Ibid.
[60] Ibid.
[61] Abdouli, Dr. Said Hussein, Le Chaos Créatif : La Dualité de l’égo et l’autre à travers la problématique de l’Islam et la démocratie », Magazine des sciences humaines et sociales, l’Université des sciences humaines et sociales, https://www.academia.edu, Tunis, janvier 2013.