L’Iraq, l’un des plus importants pays producteurs de pétrole au monde, traverse par une crise économique effroyable. Les employés ne reçoivent pas leurs salaires, la monnaie locale s’effondre et le citoyen vit dans l’obscurité pendant de longues périodes à cause des coupures de l’électricité d’une façon presque continue.
Les économistes considèrent que le fléau de la corruption, l’absence de la responsabilisation, le détournement de fonds à l’extérieur du pays, ainsi que l’incapacité du gouvernement à les récupérer, représentent les principales causes de la détérioration économique, tandis que d’autres ajoutent d’autres raisons, y compris la négligence et le chaos interne organisé, en affirmant que l’augmentation des emplois étatiques aggrave la situation économique du pays.
L’Irak est frappé par une crise financière étouffante depuis le début de février de l’année dernière suite à l’effondrement des prix du pétrole et l’impact de la pandémie de Coronavirus. Ceci a accéléré le rythme des revendications de la rue d’ouvrir les dossiers de corruption et récupérer les fonds détournés de l’Irak. En conséquence, le premier ministre irakien, Mustafa Al-Kazemi, a formé en fin de l’année dernière une commission permanente chargée d’enquêter sur les affaires de corruption. Il a également chargé les forces de l’appareil antiterrorisme d’exécuter les décisions émis par les juges d’instruction ou les tribunaux compétents liés à des affaires de corruption. Néanmoins, malgré l’écoulement de plusieurs mois depuis le début des travaux de la commission et l’arrestation de dizaines de fonctionnaires irakiens pour corruption et des fonds détournés, mais cela n’a pas sauvé l’économie qui va vers l’effondrement, selon les analystes.
L’argent détourné dépasse le budget de deux ans de l’Etat
Les politiciens et les parlementaires parlent fréquemment de l’existence des barons de la corruption qui ont causé un énorme gaspillage de l’argent public et la contrebande de grandes quantités d’Irak depuis l’occupation américaine en 2003, estimées à des centaines de milliards de dollars. Bien que certaines d’entre eux insistent sur l’existence de preuves irréfutables des cas et des de transactions de corruption, mais ils évitent souvent de mentionner clairement les noms des personnes impliquées.
La Commission d’intégrité au Parlement irakien a estimé au début de cette année le volume des fonds détournés à l’extérieur du pays à environ 350 billions de dinars. C’est un montant qui dépasse le budget du pays pour deux ans.
Selon un membre de la commission, « Taha Al-Difai », « les fonds détournés à l’étranger étaient par le biais de faux reçus, et de grandes commissions payées pour la contrebande ont été obtenues par des fonctionnaires ».
L’expert économique, Omar Machhadani, a affirmé que les fonds détournés clandestinement d’Irak sont suffisants pour construire tout un État à partir de zéro.
«Machhadani» affirme que toutes les parties mentionnées dans le préambule de sa constitution sont concernées par la lutte contre la corruption et sa poursuite, en tant que Commission d’intégrité. Le Conseil de surveillance financière et la Commission d’intégrité de la Chambre des députés, ne seront pas en mesure d’affronter les «mafias» de corruption, vu que de grandes personnalités politiques et de partis influents sont liés aux opérations de détournement de fonds, et à la constitution des mafias organisées qui opèrent avec facilité, parfois en ignorant les appareils de l’Etat et parfois en protégeant les armes des milices d’autant plus et le rapport entre les opérations de corruption en Irak et les soupçons de coordination étroite avec des pays de la région rend difficile leur éradication.
Selon « Machhadani », les meilleurs mécanismes pour traiter avec l’argent détournés sont de s’adresser à l’Interpol et de mettre en application les décisions judiciaires irakiennes rendues contre les accusés, ainsi que de s’adresser aux gouvernements dans lesquels se situent les accusés et de confisquer tout ce qu’ils ont acquis après avoir pris des fonctions de responsabilité en Irak. Toutefois, tout cela pourra se faire si la volonté politique existe en Irak pour donner suite à ce dossier.
Il convient d’indiquer que l’ancien membre de la Commission des finances au Parlement irakien, Rahim Al-Darraji, estimait la valeur des fonds pillés en Irak à environ 450 milliards de dollars.
Des emplois étatiques pour plaire aux milices
Un ancien chercheur de l’Institut d’études régionales, Khaled Al-Samarrai, explique la crise économique en Irak par la forte augmentation du nombre des fonctionnaires publics, en notant que l’Irak a enregistré au cours des dix dernières années une multiplication du nombre des fonctionnaires, parce que chaque gouvernement voulait acheter la loyauté des factions en accordant des exceptions pour des nominations gouvernementales.
Al-Samarrai a ajouté qu’avec l’augmentation des dépenses sur les salaires gouvernementaux, la baisse des dépenses dans des secteurs importants qui renforcent l’économie du pays, ainsi que l’infrastructure, en affirmant qu’un grand pourcentage de fonctionnaires publics sont des éléments des factions irakiennes et reçoivent des salaires de la part des parties régionales et ils ne sont que des noms enregistrés dans les registres des institutions gouvernementales irakiennes et ils reçoivent leurs salaires sans aucun engagement de mettre en œuvre des projets ou des tâches.
Al-Samarrai a estimé que cela a aggravé la propagation du chômage parmi les diplômés, ce qui a constitué une autre crise qui exacerbe la gravité de la crise économique. Chaque année, environ 700.000 jeunes rejoignent le marché du travail, mais en raison du monopole des possibilités d’emploi par les adeptes des factions et des partis politiques a fait plonger les diplômés irakiens dans la spirale de la pauvreté.
Un rapport publié par le New York Times américain, au début de cette année, a expliqué que les origines de la crise économique et financière en Iraq remontent à plusieurs années. Les salaires des employés et retraités du secteur public coûtent 5 millions de dollars au gouvernement irakien par mois, tandis que les revenus des exportations pétrolières ne dépassent pas 3,5 milliards de dollars.
Le rapport a souligné également que le problème est l’explosion des emplois dans le public, étant donné qu’il s’agit de l’une des racines du problème économique en Irak, puisque les gouvernements exploitent les revenus pétroliers pour satisfaire les factions politiques, en leur distribuant des portefeuilles ministériels. De son côté, les factions politiques emploient beaucoup de citoyens. Cela a causé un sureffectif dans la fonction publique. Depuis 2004, le nombre d’employés a presque triplé et les économistes estiment que plus de 40% des emplois en Irak dépendent des salaires et des contrats gouvernementaux.