Bien que l’Algérie dénonce les manœuvres des forces marocaines pour pousser le Front Polisario loin du point de passage frontalier Guerguerat dans le Sahara occidental, la Mauritanie a exprimé sa satisfaction par rapport à cette démarche pour que le dossier du Sahara prenne une tournure plus de tendue et plus dangereuse.
Cette escalade au niveau du point de passage Guerguerat présage un conflit imminent entre le Maroc et le Front Polisario qui cherche son indépendance. Par ailleurs le Maroc revendique sa souveraineté sur la région qui était sous la domination de coloniale espagnole.
L’un des plus anciens conflits en Afrique
Le conflit dans le Sahara occidental est considéré parmi les plus anciens conflits en Afrique. Le Sahara occidental a la même superficie que la Grande-Bretagne mais avec beaucoup moins d’habitants et Il est doté de réserves de phosphate et des riches zones de pêche. Le Maroc avait récupéré le Sahara en 1975 et a encouragé des milliers de Marocains à s’y installer après la sortie de l’Espagne.
Néanmoins, le Front Polisario a pris les armes pour revendiquer l’indépendance de la province riche de poissons et supposée qu’elle dispose des gisements de pétrole.
Le Front Polisario a lancé, avec le soutien du voisin algérien, une guerre de gangs jusqu’à ce que les Nations unies aient négocié un cessez-le-feu en 1991. Et le Maroc a pu étendre son pouvoir sur les quatre cinquièmes de la région. La trêve comprenait la tenue d’un référendum mais cela ne s’est pas produit à cause des divergences autour de la méthodologie de son organisation et ls personnes concernés par la participation au vote.
En effet, tous les efforts de paix déployés par les Nations unies avaient échoué en ce qui concerne l’avenir du Sahara entre le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie mais elles ont réussi quand même à imposer l’accord de cessez-le-feu en 1991.
Guerre froide suivie par une intervention militaire
Les nouvelles tensions se concentrent dans la région de Guerguerat qui représente un point de passage frontalier entre le Sahara occidental et le Mauritanie dans une zone démilitarisée et contrôlée par les forces de maintien de la paix de l’ONU. Le Polisario indique que le passage, c’est le chemin principal du Maroc vers l’ouest africain, est illégal et que ses partisans l’ont fermé depuis le 21 octobre.
Au cours de la semaine dernière, le monarque marocain a critiqué le blocage du trafic du transport entre le Maroc et la Mauritanie par le Polisario au niveau du passage. Et il a déclaré dans un discours adressé au peuple à l’occasion de la 45ème anniversaire de la reprise de la province de la colinisation espagnol : « Le Maroc demeurera toujours, Inch’Allah, comme toujours attaché au bon sens et à la sagesse autant qu’il saura faire face avec rigueur et fermeté aux violations qui essaieront de nuire à la sécurité et à la stabilité de ses provinces du sud ».
Il est à rappeler que le Maroc a envoyé le vendredi dernier des forces afin de rouvrir le passage devant le trafic du transport et pour la construction d’un mur des sables pour empêcher les combattants du Polisario ou ses partisans civils d’y revenir. Les deux parties se sont accusées d’avoir violé les conditions de cessez-le-feu en envoyant des forces armées dans la région. En outre, le Maroc a annoncé le soir de vendredi que le passage frontalier dans la région de Guerguerat est désormais totalement sécurisé après l’opération que le Polisario considérait ayant mis un terme au cessez-le-feu entre les deux parties en indiquant que la guerre a été déclenchée.
Sur un autre plan, les contingents du génie militaire et civils marocains ont repris la construction de la route reliant le point de passage frontalier « Al-Karkarat » au point 55 des frontières mauritaniennes dont une partie a été détériorée au cours de ces trois dernières semaines. En outre, les mêmes contingents du génie ont entamé la construction d’un mur de séparation afin de protéger les utilisateurs de la route.
Le président de l’Organisation marocaine des libertés des médias et d’expression à Rabat, Mohamed Al-Aouni, a confirmé que le Maroc n’a fait jusqu’à maintenant que remettre les choses en place dans la région Guerguerat. Il a encore indiqué que : « la raison pour laquelle le Maroc était contraint d’intervenir est le harcèlement du Polisario », en soulignant que la colonisation existe encore au nord du Maroc et que le Rabat défend ses territoires ». Al-Aouni a également considéré que l’Algérie a des intérêts pour maintenir le conflit au Sahara.
La Mauritanie optimiste
De leur côté, les Mauritaniens se sont félicités de l’entrée en action du Maroc dans la région Guerguerat. Et ils ont considéré que la réouverture par Rabat de la route Guerguerat devant le trafic du transport comme la fin du blocus économique imposé par le Polisario dans une négligence totale des intérêts du peuple mauritanien. La fermeture du passage Guerguerat a d’ailleurs empêché des centaines de camions, chargés de toutes sortes de produits de première nécessité y compris les produits alimentaires à atteindre les marchés mauritaniens et l’Afrique de l’Ouest. Cela a causé la hausse des prix des produits frais dans les marchés mauritaniens. Bien que le ministère des Affaires étrangères mauritanien ait essayé d’intervenir pour convaincre le Polisario de renoncer à la fermeture de la route mais en vain.
L’Algérie dénonce et accuse
Par ailleurs, l’Algérie a vivement dénoncé les violations très graves de l’accord de cessez-le-feu survenues vendredi matin dans la région Guerguerat au Sahara occidental suite à la déclaration du Maroc le lancement d’une opération militaire. En fait, l’Algérie, principal allié du Polisario, s’oppose à la vision d’autonomie de Rabat sachant que des milliers de refugiés du peuple sahraoui vivent dans des camps dans le Sahara algérien. Il est à rappeler encore que l’affaire du Sahara occidental était un point de discorde entre le Rabat et l’Algérie de sorte que les frontières entre les deux pays demeurent fermées depuis les années 1970.
En ce qui concerne ce sujet, le président de la Commission des affaires étrangères au Parlement algérien, Sadek Bougataya, a indiqué dans une déclaration à la presse que : « le Maroc a commis une erreur et a violé le cessez-le-feu dans la région du Sahara ».
Et il a ajouté que : « le Maroc veut changer la réalité sur le terrain dans la région du Sahara », en soulignant que : « le Maroc est le principal responsable du blocage de la tenue d’un référendum dans le Sahara », tout en soulignant que : « la France est le principal soutien du Maroc pour ses manœuvres dans la région du Sahara ».
Dans le même contexte, il a estimé que : « le Maroc a violé le cessez-le-feu et il doit l’assumer », en déclarant que : « nous ne sommes pas avec le Polisario mais avec le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Il a par la suite expliqué que l’affaire du Sahara occidental remonte à l’époque de la colonisation, en insistant que « les droits des peuples sont imprescriptibles »
Les Nations unies préoccupées par la situation
Par rapport à la crise qui s’amplifie, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies Stéphane Dujjaric a déclaré que : « Guteress regrette que les efforts déployés pour éviter l’escalade au Sahara occidental aient échoué et qu’il est très inquiet par rapport aux éventuelles répercussions des dernières évolutions sur la région », en ajoutant que : « Guteress est toujours engagé afin d’éviter l’effondrement de l’accord de cessez-le-feu en vigueur entre le Maroc et le Front Polisario depuis 30 ans ».
De son côté, le ministre des Affaires étrangères égyptien s’est entretenu avec ses homologues algérien et marocain en leur demandant d’apaiser les tensions et de travailler ensemble pour appliquer le cessez-le-feu et pour trouver des solutions pacifiques satisfaisantes pour les deux parties.