Une décennie s’est écoulée depuis le Printemps arabe dont la plupart des révoltés sont arrivés à la conviction de l’échec de leur printemps! Ce chaos et ces troubles frappent toujours ces sociétés et leurs pays, et les observateurs ont été encore plus confus par l’annonce de retrait de l’administration américaine de l’Afghanistan après des négociations avec le mouvement «des talibans» pendant deux ans, où elle a abandonné un effort qui a duré environ vingt ans. Et cet efffort a coûté à l’administration américaine plus de 2000 milliards de dollars avec également des pertes humaines. Environ 2500 soldats américains y sont morts et près de 4000 civils contractuels américains y ont été tués.
C’est vrai que l’administration américaine a laissé l’Afghanistan comme une proie facile pour les talibans, mais en même temps, elle a laissé une situation très inquiétante pour la société afghane d’une part et très préoccupante pour les pays voisins comme la Russie, la Chine ou encore l’Iran de l’autre part. En fait, l’idéologie et l’histoire des talibans ne nous fait pas convaincre qu’ils changeront leur peau. Et celui qui pense qu’ils ont changé leur politique et leurs convictions religieuses, c’est comme il parie que le renard pourrait avoir une religion.
Il semble que l’Oncle Sam est arrivé à la conclusion que le processus de changement de ces sociétés avec une majorité islamique, contrôlée par la culture de l’islam politique et ses différentes écoles, sunnites et chiites vers la démocratie, doit être de l’intérieur, et il ne doit pas être imposée de l’extérieur et par la force. Et cela signifie que l’Oncle Sam a changé sa stratégie des politiques dans la région et il ne s’est pas retiré comme on le pense à première vue!
L’administration américaine est parvenue à la conviction qu’essayer d’élever deux ou trois générations sur la démocratie par elle-même et sa force dans notre misérable Orient n’était ni utile ni réussi ! Et cela n’a pas conduit au changement voulu pour ces sociétés et ces pays vers la vraie démocratie, et que la politique élaborée par l’administration de « Bill Clinton » lorsqu’elle était arrivée à la Maison Blanche, en tentant d’introduire progressivement la démocratie dans ces sociétés et pays a échoué! Et elle n’a pas atteint les résultats souhaités; La transition démocratique n’a pas eu lieu, surtout après les événements de septembre 2001.
L’administration «Clinton» a procédé à l’instauration de la démocratie dans les sociétés à majorité musulmane à travers trois approches:
La première : faire la pression sur les régimes tyranniques dans notre misérable Orient pour libérer les prisonniers politiques. Cela s’est produit dans plusieurs pays de notre Orient.
La seconde : pousser les régimes tyranniques et l’institution militaire à accepter, même temporairement, la participation de l’islam politique dans les trois pouvoirs de ces pays. En Turquie, en 1996, l’institution militaire turque a accepté pour la première fois d’adopter un gouvernement de coalition entre le Parti islamiste du bien-être dirigé par Necmettin Erbakan et le parti libéral de la Juste voie dirigé par Tansu Çiller.
La troisième: Création des médias permettant à l’autre de mettre en avant son opinion et de présenter sa vision de la solution; atteindre les sociétés opprimées pour qu’elles puissent entamer l’étape de l’apprentissage de la démocratie, et à la tête de ces institutions médiatiques se trouvait Al-Jazeera, qui initiait sa diffusion en novembre 1996 et a mis en avant son célèbre slogan «L’opinion et son contraire».
Mais cette tentative des démocrates américains s’est heurtée aux événements du 11 septembre 2001 pour que l’opinion des républicains prévale, il faut d’abord changer l’esprit islamiste en général et l’esprit salafiste en particulier, même si les Etats-Unis ont été contraints de prendre des mesures militaires. Cela ce qui s’est passé exactement avec l’administration H.W. Bush en Irak en changeant le régime de Saddam Hussein et en le remplaçant par un système démocratique, ainsi qu’avec l’administration Bush junior en Afghanistan après les événements de septembre.
La nouvelle stratégie américaine
La nouvelle administration américaine est arrivée à la conviction que le processus de la transition démocratique de ces pays, baignant dans les valeurs de l’islam politique, n’atteindront pas la transition démocratique. John Brennan, l’ancien directeur du renseignement américain sous l’ère Obama, en répondant à une question d’un journaliste trois semaines avant son départ de ses fonctions : Pourquoi l’administration américaine ne prend-elle pas des mesures sérieuses pour arrêter l’effusion de sang en Syrie ? Il a répondu : Je crois que la guerre et le chaos dans cette région dureront environ 30 ans. Il faisait ainsi référence à la guerre de Trente Ans qui avait éclaté en Europe à la suite des guerres sectaires et idéologiques, mais malgré les guerres sanglantes et leur ampleur dévastateur sur ces pays; et le fait de rester pendant une si longue période, mais à la fin elle a fait passer l’Europe à une nouvelle étape. L’esprit européen en conflit était convaincu tout au long de ces années sanglantes que le concept d’un État religieux/doctrinal/sectaire était une cause majeure de ces guerres. Ainsi, il vint le passage au stade de l’État-nation, qui mit l’Europe sur la voie de la renaissance, pour atteindre plus tard l’Etat de citoyenneté, à travers le fameux traité de « Westphalie » en Allemagne.
Quand l’esprit européen a abandonné la culture religieuse/sectaire en arrivant à un compromis chrétien courageux, il a fait passer les sociétés européennes à une nouvelle étape, dans laquelle la culture de la démocratie était bien installée pour atteindre la forme des droits civils et humains que nous voyons aujourd’hui. C’est ce que les islamistes doivent comprendre, et il semble qu’ils – selon la vision américaine – ne croiront à cette transformation qu’après cette guerre chaotique pour instaurer la culture démocratique après un accouchement tragique ; dans laquelle chacun parvient à une conviction ; Ils renoncent à s’accrocher aux idées du passé portant sur des États crées sur une base religieuse ou sectaire.
Cela signifie que nous appliquons la théorie du «chaos créatif», qui est un terme politico-doctrinal désignant la formation d’une situation politique après une phase délibérée de chaos. Cette idée a été proposée pour la première fois par la secrétaire d’État des Etats-Unis, «Condoleezza Rice», au début de 2005 lors d’une interview de presse avec le journal américain «Washington Post», pour former ce qu’on appelle le «Nouveau Moyen-Orient».
Le chaos créatif est un état de chaos prévalant dans un certain système et dans un domaine donné, et ce chaos mène à des résultats positifs et créatifs, et du point de vue des défenseurs de cette théorie, l’innovation et le développement nécessitent à la fois la liberté et l’anarchie afin de générer de nouvelles alternatives, car dans le système précis et déterminé, rien ne peut être créé de nouveau. Les défenseurs de cette hypothèse croient que la création d’une situation de chaos et d’instabilité conduit nécessairement à l’instauration d’un nouvel ordre politique, pouvant assurer la sécurité, la prospérité et la liberté.
Quand cet esprit islamiste abandonnera les théories avec lesquelles il a grandi depuis la chute (du califat islamique) et implantées par l’islam politique dans sa culture et son comportement, en les considérant parmi les fondements de la religion (comme le califat – et le jugement de Dieu) et les conséquences de leur application, ainsi que leur mise en œuvre pendant près d’un siècle pour les réaliser dans un Etat qu’ils dirigent, mais le résultat était à juste titre nul !
Une nouvelle génération de ces sociétés musulmanes va émerger qui rejettera les théories de l’islam politique attribuées à l’islam – qui est en fait une religion de prédication et non d’un Etat – et que les théories de l’islam politique ont conduit à l’échec, au chaos et à la destruction, et ne sont plus valables pour cette époque.
Ainsi, ces générations, infidèles aux expériences islamistes, adopteront les quatre thèses américaines fondamentales sur lesquelles est basé l’État moderne – selon la vision de l’administration américaine – représentées par : 1 – la démocratie, qui inclut la citoyenneté et les droits de l’Homme. 2- La laïcité. 3- Le libéralisme. 4- L’État-nation.
Assisterons-nous ainsi au chaos et à des guerres civiles de longue durée en Afghanistan ? A l’instabilité et aux tragédies en Syrie. De même en Tunisie ou ailleurs ?