Comité de rédaction
De nouveaux signes et indications confirment l’entrée des relations algéro-marocaines dans un nouveau cycle de tension, et bannissent le projet de l’Union maghrébine, après que la question des bases militaires, que le Maroc construit le long des frontières communes avec l’Algérie, ait refait surface.
Ces développements ont soulevé l’inquiétude de l’Algérie. Le président algérien Abdel Majid Taboun a évoqué l’inquiétude de son pays concernant les bases militaires que le Maroc est en train de construire le long des frontières communes entre les deux pays.
Lors d’une interview accordée au journal français « L’opinion », Taboun a décrit la construction de bases militaires à la frontière comme une sorte d’escalade qui doit être stoppée, et c’est la deuxième fois que le président algérien soulève la question des bases militaires marocaines dans un média français.
Le mois de mai dernier, le Maroc a annoncé la construction d’une base militaire dans la région de Jaradah près de la frontière algérienne, et il a également renforcé sa présence militaire dans un certain nombre de points dans le sud-est du pays.
La région de Jaradah, dans laquelle le Maroc entend construire une base militaire, est située au nord-est du Royaume du Maroc «loin des provinces du sud».
Ces bases militaires viennent s’ajouter à la course aux armements annoncée entre les deux pays à travers les accords conclus en millions de dollars.
Le Maroc occupe la première place dans la liste des clients américains d’armes en 2019, au niveau de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, avec environ 10,3 milliards de dollars, tandis que l’Algérie se classait au troisième rang parmi les clients de la Russie, avec 8% après l’Inde et la Chine, et ses achats ont représenté 30% du volume des achats en Afrique.
Provocation et menace pour la sécurité nationale
L’Algérie considère la présence marocaine comme une provocation et une menace pour sa sécurité nationale, une position confirmée par l’ancien parlementaire Mohamed Hadibi qui affirmé à l’Observatoire MENA, qu ’« il y a des craintes que les bases militaires se transforment en salles d’opérations conjointes pour les puissances étrangères qui nuisent aux intérêts de l’Algérie », et indique que les relations algéro-marocaines sont de plus en plus tendues et compliquées. Notre interlocuteur a déduit dans ce contexte les déclarations du consul du Maroc dans la ville d’Oran (nord-ouest), dans lesquelles il a décrit l’Algérie comme le « pays ennemi », où il est apparu en s’adressant à des ressortissants marocains qui ont manifesté devant le consulat pour exiger leur expulsion vers leur pays car ils se sont retrouvés bloqués en Algérie après l’arrêt des vols à la mi-mars en raison de la propagation de l’épidémie de Coronavirus.
L’expert en sécurité et directeur du site «Mena Défense», Akram Khraif, exclut l’émergence de tout changement dans les relations maroco-algériennes qui sont tendues depuis des décennies en raison du conflit du Sahara Occidental et des frontières entre les deux pays voisins fermées depuis 1994. Il a ajouté dans une déclaration à l’Observatoire de Mena : que « cette tension n’exprime pas le choix des peuples algérien et marocain ».
Une réconciliation difficile
Chaque fois, des militants sur les réseaux sociaux lancent des campagnes pour rouvrir les frontières maroco-algériennes et reconstruire l’Union du Maghreb arabe, ainsi que les responsables des deux pays lancent des initiatives pour lancer un dialogue franc et direct. Malheureusement ces initiatives ont resté des vœux pieux.
Dans une interveiw accordée à la chaine de télévision France 24, le président algérien Abdel Majid Taboun a évoqué les relations algéro-marocaines
«L’Algérie n’a aucun problème avec le peuple marocain frère ni avec le Roi du Maroc, et le royaume doit changer son comportement vis-à-vis de l’Algérie», et il a exprimé sa volonté d’accepter toute initiative de dialogue lancée par Rabat.
Au cours du discours de la marche verte en 2018, le roi Mohammed VI a lancé une initiative pour un dialogue direct et franc avec l’Algérie, mais cette initiative n’a pas eu des suites.
Le journaliste algérien et analyste politique, Ahsan Khalas, a déclaré à l’Observatoire MENA qu’il existe plusieurs problèmes en suspens qui empêchent le règlement de la crise entre l’Algérie et le Maroc, notamment la question du Sahara occidental qui empoisonne les relations existantes entre les deux pays, ajoutant la fermeture des frontières terrestres depuis 1994 parce que les problèmes qui y sont liés ne sont pas résolus à l’instar de contrebande et de drogue.
La question du Sahara occidental est considérée comme l’une des questions les plus épineuses entre Rabat et l’Algérie, le Maroc ayant précédemment exigé que cette dernière soit partie aux négociations parrainées par les Nations Unies pour résoudre le conflit, tandis que l’Algérie a insisté pour que ces négociations soient limitées aux deux principales parties au conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario.