Après la reprise du contrôle par le régime de « Bachar al-Assad » sur une grande partie du territoire syrien avec le soutien de la Russie et de l’Iran, la scène syrienne devenait sombre, selon des observateurs qui estimaient qu’«al-Assad » a réussi à étouffer la révolution déclenché contre lui en 2011, et qu’il pourra également s’échapper en toute impunité des crimes commis au cours des dix dernières années.
Au moment où les pourparlers entre le régime et l’opposition semblent être dans l’impasse, et le régime qui est en train de manœuvrer pour tenter de gagner du temps et d’obtenir plus de victoires, les analystes estiment que la coalition de l’opposition syrienne a pu remettre au devant de la scène cette affaire pour faire rendre des comptes à « al-Assad » pour ses crimes, en publiant le dossier «Victory», qui a rappelé le dossier produit par « César », le photographe militaire, qui a documenté des milliers de victimes de torture dans les prisons, les centres de détention et les services de sécurité du régime.
Les documents «Victory» fuités
Vendredi dernier, le chef de la Coalition nationale des forces révolutionnaires et d’opposition syriennes, le Docteur, Naser Al-Hariri, a révélé, lors d’une conférence de presse spéciale, des documents qui, selon lui, constituent de nouvelles preuves de l’implication du régime syrien dans la liquidation systématique de civils en Syrie, après le déclenchement de la révolution syrienne dans le but de l’enterrer et de punir ceux qui s’opposaient au régime de Bachar al-Assad.
Bien que les documents ne contiennent que 5000 victimes dans le seul gouvernorat de Homs, décédées sur une période de trois ans seulement, puisqu’elles ne représentent qu’une petite partie des milliers de victimes qui ont été liquidées et enterrées à l’insu de leurs familles dans tout le pays, mais des sources des droits de l’Homme pensent que cette révélation de la coalition sera une nouvelle façon de faire pression sur le régime et de le tenir responsable, pour rendre justice aux victimes et à leurs familles.
Les nouveaux documents divulgués, baptisés «Victory» par la coalition, prouvent l’implication d’institutions civiles avec les institutions militaires et sécuritaires du régime syrien dans la liquidation de 5210 détenus entre 2012 et 2014, dans la ville de Homs au centre de la Syrie, selon à « Al-Hariri » dans un rapport explicatif, qui a été distribué aux journalistes après la conférence. Il a indiqué que « derrière les murs de l’hôpital militaire Abdul Qadir Al Shafqa, situé dans le quartier d’Al-Waer, à l’ouest de la ville de Homs, et dans ses départements, les pires formes de torture et de liquidation ont été exercées contre les blessés lors des manifestations pacifiques.
Le rapport présenté, illustré de documents et de chiffres, a indiqué que le régime a transformé l’hôpital depuis le déclenchement du mouvement en un « abattoir humain », de sorte que « la plupart des blessés dans les manifestations y sont transférés selon les ordres du régime criminel d’al-Assad, et ont subi dans leurs lits par des médecins, du personnel médical et du personnel de sécurité déployés dans ses différents coins, la torture sadique avec des fouets, des matraques en cassant leurs jambes cassées et avec les chocs électriques. En outre, ils pliaient les jambes des blessés d’une manière qui est contraire à leur nature jusqu’à ce qu’ils soient brisés, ou ils heurtaient leurs têtes contre les murs, et ils sont attachés aux lits en fer ainsi qu’ils ne leur donnaient pas de la nourriture pendant des jours jusqu’à leur mort, puis les corps sont emmenés pour être enterrés, secrètement dans des fosses communes.
Le rapport a évoqué aussi que le dossier « Victory » met à nu à travers des documents des mécanismes de l’enterrement dans les fosses communes et fournit de nouvelles preuves de crimes de génocide dans les prisons du régime, et que « les crimes inclus dans le rapport sont démontrés par des preuves et des documents officiels avec des sceaux officiels envoyés récemment par une personne qui a été témoin, et exécuteur d’une partie liée à la réception et au transfert des corps, de nombreuses pratiques inhumaines, racistes et sectaires par des membres de l’hôpital, y compris le directeur de l’hôpital et les dirigeants politiques et sécuritaires du gouvernorat de Homs, ce qui lui a poussé à s’accaparer un ensemble de documents et de papiers, dépassant 300 documents, appartenant à la médecine légale du régime d’al-Assad, y compris des courriers envoyés entre 2012 et 2013 par l’hôpital du quartier d’Al-Waer aux personnes chargées d’enterrer des milliers de cadavres dans des fosses communes sans les remettre à leurs familles ni les informer. Ils donnaient aux cadavres des numéros sans mentionner les causes de la mort pour cacher la réalité du sort de milliers de détenus.
Les documents comprennent également «des centaines de tableaux documentant l’enterrement par le régime des milliers de martyrs de cette manière, et des tableaux contenant les noms des centaines de martyrs qui ont été tués lors des manifestations, dans leurs maisons, et sous la torture à l’hôpital Abdul Qadir Shafqa et dans les succursales des services de sécurité».
Dans ce contexte, le rapport a fourni une explication chiffrée du nombre de documents au cours de chacune des trois années, 2012, 2013 et 2014, de sorte que seulement le total des victimes au cours de cette période mentionnées par les documents était de 5210 victimes, qui se sont transformées en nombres dans des fosses communes. Et la coalition a identifié les participants à ce crime, à savoir : les services de sécurité, l’armée et les Chabbiha, les hôpitaux du ministère de la Santé, les hôpitaux militaires, les employés dans l’enterrement de masse, le gouverneur de Homs, la médecine légale, et la justice et Al-Iftaa.
De sa côté, la coalition a accusé le gouverneur de Homs, le Docteur Bassam Mohammad, le Docteur Samih Odeh, le Docteur Mohammad Satour, le Docteur George Salibi, le général de brigade Docteur Ali Mohammad Assi et le général de brigade Docteur Haitham Yousef Othman, vu que leurs cachets et signatures ont été trouvés sur les documents acquis.
Un nouveau César touche tout le monde
Le dossier « Victory » rappelle le dossier réalisé par « César », le photographe militaire qui documentait des milliers de victimes de torture dans les prisons et les centres de détention des branches sécuritaires du régime, ce qui a provoqué un grand choc à l’époque et a suscité et a poussé des organisations à se déplacer jusqu’à ce que le dossier parviennait au Congrès qui a rédigé une loi portant le nom de « César » pour punir le régime syrien, et lui imposer des restrictions économiques et diplomatiques.
Il a également soulevé la polémique sur la possibilité d’en bénéficier (dossier Victory), comme étant un nouveau moyen de faire la pression sur le régime et de le faire pays, pour rendre justice aux victimes et à leurs familles.
Le militant des droits de l’Homme « Moatassim Abou Nabout » a estimé que les nouveaux documents pourraient constituer un moyen de pression sur le régime et ses alliés et un motif fort pour renvoyer le dossier des crimes d’«al-Assad» dans les couloirs de la politique et des tribunaux internationaux si un lobby s’est formé pour les soutenir et les promouvoir, tout comme c’était le cas avec les photos de «César», en soulignant que quand César avait révélé comment les gens sont traités dans les prisons et les hôpitaux, nous avons assisté à un mouvement international, même limité, pour punir al-Assad, mais ces photos montrent l’identité des personnes impliquées dans ces crimes, et confirment que non seulement les services de sécurité et militaires et les milices Chabiha sont les auteurs des crimes, mais aussi des institutions civiles appartenant au régime comme la Direction de la santé à Homs, le département de médecine légale, les hôpitaux militaires et les hôpitaux affiliés au ministère de la Santé, outre la justice d’Al-Iftaa, ce qui signifie, selon «Abou Nabout», que la responsabilité dans cette affaire s’étendra à toutes les institutions et gouverneurs de tous les gouvernorats qui ont donné les ordres et ont pris les décisions.
Sur l’importance des documents d’un point de vue juridique et des droits de l’homme, « Abau Nabout » a affirmé que « les chefs militaires, selon le droit international, sont responsables sous l’hypothèse d’une connaissance présumée, tandis que les chefs civils et politiques sont responsables avec l’hypothèse d’une connaissance certaine, et ces documents montrent qu’il y a une connaissance certaine de ces actes et crimes par les dirigeants civils lt les politiques, comme le gouverneur qui est censé informer le gouvernement de ses procédures et même les dirigeants politiques du pays, dès les dirigeants du parti Baas au pouvoir au Président de la République.
Abou Nabout a insisté que ce point devra être la base à partir de laquelle nous procéderons avec ces documents aux comités d’enquête internationaux, aux organes compétents des Nations Unies et aux autorités judiciaires de certains pays qui poursuivent les criminels en vertu de leurs lois nationales du principe de compétence universelle, en soulignant la nécessité de revendiquer l’établissement d’un mécanisme spécial de responsabilité basé sur ces documents et d’autres, dont « nous espérons qu’il passe par une coalition internationale pour garantir que les personnes impliquées ne restent pas impunies et que la justice soit rendue aux victimes pour s’assurer que cela ne sera pas reproduit».
Il est à rappeler que «César» est un pseudo d’un photographe militaire et médico-légal de la police militaire du régime, basée dans la capitale, Damas. Sa mission avant la révolution se limitait à photographier des incidents criminels liés à l’armée et l’institution militaire y compris des meurtres et autres, avant qu’ils ne lui confiaient la tâche de se rendre dans les hôpitaux des forces militaires du régime dans la capitale pour photographier les cadavres des personnes détenues par le régime.
À la lumière de cela, «Cesar» a pu documenter et stocker ces photos, et a collecté environ 55.000 photos de 11.000 détenus syriens morts sous la torture, jusqu’à mi-2013, lorsque «César» a décidé de quitter l’institution militaire en coopération avec des organisations syriennes et internationales. Il possède ce grand nombre de photos, qui constituent les preuves les plus grandes contre le régime.
Il est à noter que le membre du comité politique et du bureau des relations extérieures de la coalition, « Yasser Al-Farhan », a révélé dans des déclarations à la presse que « la coalition tentera de frapper à nouveau à la porte de la Cour pénale internationale, en s’appuyant sur ces documents, en ajoutant que la coalition a des justifications légales, et que les preuves sont disponibles, et elles ne manquent pas qu’une coalition internationale afin qu’ils puissent investir les textes juridiques afin d’atteindre la justice.
Un simple moyen pour dénuder le régime
L’analyste politique « Mohammed Al-Hamoudi» ne pense pas que le dossier «Victory» et les documents qu’il contient constitueront un cas comme celui formé par les fuites de César, permettant d’émettre une loi similaire, ou de prendre une décision par un État de cette manière, en indiquant qu’il y en a des milliers des documents détenus par des parties et de nombreuses organisations syriennes et internationales, ayant plus d’importance en termes juridique que les documents présentés par la coalition.
Bien qu’il ait reconnu l’importance de ces documents et de la nécessité de les utiliser à des fins de pression politique, « Al-Hamoudi » a dit que la différence entre les photos de César et ces documents, réside dans le fait que César a présenté des photos de l’intérieur des hôpitaux et des succursales des milliers de victimes prouvant que les victimes ont été torturées, et que ces photos sont consolidées par des numéros de série, et elles sont beaucoup plus importantes que des documents en papiers.
Il a insisté également que les documents présentés par la coalition sont « certainement importants, et constituent des preuves supplémentaires de l’implication du régime, et il est possible d’en bénéficier en les fournissant aux commissions d’enquête de l’ONU et aux organisations internationales de défense des droits humains afin renforcer les rapports condamnant le régime, et en les investissant également dans les médias internationaux dans le but de dénuder le régime et ses crimes».