Depuis l’arrestation de Marwan Hadid et sa survie de la peine de mort sous la pression des dignitaires de la ville de Hama, dirigés par Cheikh Muhammad Hamid, après le bombardement des forces militaires, sous l’ordre du Baas au pouvoir, de la Mosquée du Sultan en 1964, dans laquelle il s’est refugié, les transformations et le changement des idées de Marwan Hadid commençaient à s’orienter vers la radicalisation et à penser à l’action militaire.
Marwan Hadid a formellement demandé aux Frères musulmans d’adopter une action militaire djihadiste tôt et plus d’une fois, mais ils ont refusé. Et sous son insistance, ils lui demandaient de quitter la Syrie, mais il a refusé et a commencé à préparer la création de son organisation en essayant d’enrôler les cadres des Frères musulmans à travers des cercles religieux s’occupant de la préparation intellectuelle et organisationnelle en quatre étapes, à savoir : la promotion de l’idéologie ; l’assimilation organisationnelle; la préparation et la formation; et la confrontation avec le régime. Avec l’aide d’étudiants, de disciples et de membres qui se sont entraînés dans les camps palestiniens, dont Abd al-Sattar al-Zaïm, Mouaffaq Ayyach et Ghaleb Haddad. Puis, ils commençaient à s’entraîner dans les montagnes des côtes et dans les forêts, en exploitant plusieurs couvertures pour dissimuler leur entraînement, notamment le scoutisme et autres.
Cependant, il est important là de dire que l’organisation n’a commencé à se former réellement qu’en 1974, puisque l’étape précédente pouvait être considérée comme l’accouchement intellectuel et organisationnel ou le remue-méninge qui préparait le passage de la réflexion à la mise en œuvre sur le terrain. Deux choses l’ont aidé, à savoir :
Le premier : la dissension au sein du mouvement des Frères musulmans entre les deux camps, celui d’Alep dirigé par Abd al-Fattah Abu Ghudda et l’autre de Damas dirigé par Issam al-Attar, tandis que les Frères musulmans de Hama décidaient de rester neutres par rapport aux deux parties et en s’engageant de tenter de les réconcilier sur ce qui garantira l’unité de l’organisation, pour former ainsi à un troisième courant au sein des Frères musulmans, comme le mentionnent les mémoires de Sa’id Hawwa (c’est mon expérience et ceci est mon diplôme). Cela permettait à Hadid de constituer son propre courant en exploitant ce vide organisationnel au sein des Frères musulmans et en l’absence d’une direction de référence reconnue, surtout après que les dirigeants des Frères musulmans ont quitté la Syrie, en abandonnant leurs cadres sans direction, ce qui a poussé certains d’entre eux à rejoindre at-Tali’a al-Muqatila .
Le second était le différend avec Hafez el-Assad autour de la référence de l’islam dans la Constitution de 1973.
Le conflit avec Hafez el-Assad autour de la constitution
A cette époque en l’année 1973, Hafez el-Assad a mis en œuvre sa nouvelle Constitution ne contenant aucune expression indiquant que l’islam est la principale source de la législation. Une donne qui a poussé les organisations religieuses, les associations des oulémas et le courant des Frères musulmans à bouger dans toutes les directions dans le but de faire tomber la nouvelle Constitution. Sa’id Hawwa et Marwaan Hadid étaient les premiers à diriger ce mouvement. En effet, Hawwa a émis une fatwa et l’a proposée pour la signer, en incitant ainsi la rue et le courant religieux.
De son côté, Marwan Hadid commençais à accuser de trahison le Baas et le régime au pouvoir et à le considérer comme un apostat, ce qui a poussé Hafez el-Assad à modifier la constitution en incluant un point précisant que « la religion du chef de l’État est l’islam », comme une solution de compromis à la question, mais il n’a pas changé d’avis par rapport à la question l’Islam comme religion de l’État parce qu’elle n’était pas mentionnée dans la constitution de 1951 dont le fondateur général des Frères musulmans, Moustafa Siba’i, pour que la question de « l’islam » du président soit posée de nouveau étant donné que ce dernier appartenant à la secte alaouite.
Dans cette ambiance, Sa’id Hawwa a été arrêté et Marwan Hadid a été poursuivi, mais il s’est enfui. De là, on peut deviner que sa fuite et les contextes de sa disparition dans lesquels il a vécu, ont contribué à l’enracinement de la « légende » de l’homme d’une part, et à le pousser d’autre part vers la radicalisation et à confronter l’autorité par la violence, afin que son organisation devienne un centre d’accueil pour les jeunes poursuivis par les autorités et mécontents des dirigeants de l’organisation divisée des Frères musulmans. En 1974, Hadid a été arrêté dans une bataille militaire disproportionnée, après quoi Hadid a été arrêté et tué sous la torture, en devenant une véritable légende pour ses sympathisants, qui étaient prêts à appliquer ses idées et à se venger pour lui.
Entre 1974 et 1976, l’organisation a traversé une période de désorientation pendant laquelle Mouwaffaq Ayyash et Irfan al-Madani ont pris les commandes de l’organisation, pour être transférées en 1976 à Abd Sattar al-Zaim, considéré comme le véritable fondateur de l’organisation au sens purement militaire. En fait, toutes les références s’accordent à dire que les deux personnalités de Marwan Hadid et Abd Sattar al-Zaïm sont complètement différentes. La personnalité du premier était plus proche du style d’un héros populaire/populiste qui manque d’organisation et de leadership au sens organisationnel et de planification, tandis que al-Zaïm était un homme complètement différent, un homme précis et organisé. Bref, c’est un homme dynamique et pratique, et avec lui, l’organisation a commencé à mettre en œuvre ses premières opérations.
Cette réalité a poussé l’organisation, sous le règne d’al-Zaïm, à décider à passer à la guerre des gangs où depuis 1976, elle a élaboré un plan de guérilla pour cinq ou six ans ; La Syrie était donc divisée en trois régions militaires, chacune dotée d’un commandement militaire et appartenant à un commandement unifié, à savoir : le secteur de Damas et le Rif Dimashq (qui détenait le commandement avant d’être transféré à Hama), la section de Hama et Homs, la section d’Alep, Deir ez-Zor, le Sahel et Idlib, dont venait ( Ibrahim el-Youssef, l’auteur du massacre d’artillerie d’Alep, dirigé par Hassan Abou et Adnan Uqla).
Les premières opérations ont été menées contre les dirigeants du régime, dont la première a été l’assassinat du chef des renseignements à Hama, Mohammad Ghara, en 1976, le cousin d’el-Assad, pour que les opérations continuent contre les dirigeants du régime et des sites sensibles. Ainsi, une guerre ouverte commençait axée sur deux points principaux : la première était le massacre de l’école d’artillerie d’Alep exécuté par le membre d’at-Tali’a, Ibrahim el-Youssef en ne ciblant que des éléments appartenant à la secte alaouite. Cela a fait déplacer la guerre sur une scène sectaire après avoir été autour de la constitution et la question de la secte du président,
Le second était la tentative d’assassinat du président el-Assad, qui a été suivie du massacre de la prison de Palmyre. Cela a établi et préparé sur le plan pratique le climat approprié pour mener à bien le douloureux massacre de Hama en 1982, ayant conduit à la victoire du régime et au recul d’at-Tali’a et de ses opérations, malgré sa présence en Syrie jusqu’en 1997, mais sans pouvoir mettre en œuvre des opérations ayant une efficacité ou un impact sur le régime.
L’organisation at-Tali’a, avec ses coups douloureux qu’elle infligeait au régime, a beaucoup gagné de jeunes musulmans impulsifs, profitant du fait que le régime, qui recevait des opérations de sécurité comme en tant que des chocs douloureux, a commencé à arrêter tous ceux qui en étaient soupçonnés. En effet, tous qui appartenaient aux jeunes des Frères musulmans et tous ceux qui fréquentent les mosquées étaient objet de soupçon. Par conséquent, le champ des arrêté était devenu plus étendu et avec lequel le mécontentement a augmenté contre le régime et l’orientation vers at-Tali’a al-Muqatila ou la tentative des jeunes de la rejoindre. Une chose à laquelle a prêté attention les Frères musulmans en essayant de se rattraper en unifiant les rangs et en créant un leadership unifié qui a renoué avec at-Tali’a pour tenter d’investir la force de celle-ci et faire tomber les fruits de son « jihad » dans les paniers des Frères musulmans, surtout que at-Tali’a se déplaçaient secrètement et implicitement, et ses cadres opéraient sous des pseudos noms.
En 1979, le nom est passé de « at-Tali’a al-Muqatila des soldats de Dieu » à « at-Tali’a al-Muqatila des Frères musulmans ». Mais cette transformation était-elle innocente ? Et l’organisation se mettait réellement, au moins lors de cette période, sous la bannière des Frères musulmans ? Quelle était la raison du changement de nom à ce stade en particulier ? Si l’on sait que les Frères musulmans se sont en fait rassemblés en 1980 dans une direction unifiée qui comprenait un Conseil de la Choura des trois différentes villes (Damas, Alep et Hama). Ils ont essayé de mener la bataille seuls, où les informations publiée par Charbaji dans son livre « Sur le sol de Damas » indique que le commandement des Frères musulmans ont pris une décision d’entrer dans la bataille à cause d’une désillusion ou sur la base d’une lecture disant que si at-Tali’a, avec ses sources et nombre de ses cadres limités, était capable de mener toutes ces opérations contre le régime, et que se passe-t-il alors si des centaines de cadres des Frères musulmans entrainés en Irak et en Jordanie descendaient ?
Le différent entre la vision réaliste d’at-Tali’a pour le cadre de combat et la vision des Frères musulmans était vaste, car la vision d’at-Tali’a est basée sur l’idée de l’hémorragie à long terme, à travers un petit nombre et des cadres formés qui prennent en considération tous les détails de sécurité, à partir de la sécurité de la base d’où sortaient les « Moudjahidines » jusqu’aux détails de leur protection et de leur alimentation et l’existence d’autres bases sécurisées pour eux si l’une des bases a été découverte ou l’un des cadres a été arrêté. Cependant, elle insistait pour les former et les faire apprendre à éviter d’être arrêtés en se faisant exploser lorsque toute issue de fuite était fermée. En effet, aucun des cadres at-Tali’a ne se déplaçait sans être armé.
En 2012, une organisation appelée at-Tali’a al-Muqatila a été annoncée. Y a-t-il un lien entre les deux ? Cette nouvelle at-Tali’a al-Muqatila a-t-elle un rapport avec l’autre at-Tali’a ? Les éléments du groupe ont-ils repris leurs activités après 2011 ? Sont-ils revenus en Syrie et ont-ils à nouveau mobilisé leur expertise militaire contre le régime ? Les réponses à ces questions seront révélées prochainement.