Dès que la conscience humaine avait compris l’injustice, elle allait chercher la justice sous plusieurs formes, et elle mettait ses perceptions de la question de la justice et de l’injustice au cœur de sa vision aux dieux, à l’univers et à l’Homme. Ainsi, la redondance de la recherche de la justice et de la survie du mal et de l’injustice a continué de se reproduire entre le ciel et la terre jusqu’à la mise en place de la Grande Charte, la Magna Carta. Et le concept de la justice au siècle des Lumières est entré donc dans le monde des philosophes et des penseurs à la recherche de solutions positives aux problèmes d’inégalité entre les êtres humains dans la situation normale, et de travailler à leur garantir l’égalité des chances et à faire de la justice un objectif qui doit être atteint à travers le système social. Mais ce système social est resté pratiquement et théoriquement absent de la réalité des pays arabes, enfoncés dans de nombreux problèmes où les valeurs de la justice sociale s’effacent à tous les niveaux, pour que les peuples de la région demeurent dans l’attente de la justice du ciel au lieu de l’arracher des gouvernements en tant que finalité exigée.
La justice entre la terre et le ciel
L’absence de la justice a préparé le terrain pour que l’Homme place ses perceptions de la justice en tant que valeur liée au système universel géré par des dieux qui contrôlent le sort des humains. Le sentiment d’injustice de toutes sortes a conduit à établir l’équation (la justice – le bien) contre (le mal – l’injustice), en produisant une balance pour la justice en matière de sanctions et de récompenses enregistrées sur les planches de sanctions ajournées comme un système imaginé pour arrêter l’injustice. Cependant, la loi de la justice divine était basée sur le fait que l’Homme devait satisfaire ses dieux pour que la jsutice soit une faveur nécessitant de l’espoir et des supplications et non pas un mérite ou une réponse à un besoin précis. La justice ne s’est transformée en un mérite que lorsqu’elle a été devenue des législations entre les mains de ceux qui représentaient les dieux qui avaient compris qu’un sentiment d’injustice ne permettait pas d’établir un ordre humain stable. Cela fut présenté par Hammurabi au deuxième millénaire avant J.-C., le roi babylonien (1792-1750 avant J.-C) qui concevait la justice comme une loi cohérente avec le contrôle de l’oppression des nobles pour les esclaves et en les empêchant de leur causer du mal. La justice était conforme à la division qui prévalait à Babylone pour organiser la vie sociale en trois classes. Et c’était loin de consacrer le principe (toute loi est équitable).
Les religions et la justice divine
Le concept de la justice pour les religions célestes en tant que système législatif suprême basé sur la séparation entre le bien absolu comme l’inverse du mal et la justice comme l’inverse de l’injustice, a pris des facettes multiples à connotation variée faisant que l’application de la justice s’étende entre la terre et le ciel pour mériter la justice et la récompense lors du jour du Jugement dernier, et entre le ciel et la terre pour inciter à la bienfaisance et à l’obéissance à la charia pour assurer le bien général selon un système spécifique. La justice absolue est considérée comme une question transcendante (pour le Dieu seul). Sa réalisation est une affaire ajournée (la punition et la récompense lors du Jugement dernier).
Mais ce qui a été présenté par les religions a pris des manifestations différentes en fonction des sociétés où elles son installées. Il s’agissait des sociétés loin de l’idée d’égalité entre toutes les classes de la société, tels que : les femmes et les esclaves, pour que leur exclusion constitue une ligne déterminante de la perception de la justice, surtout avec la transformation des religions en des institutions religieuses, ayant leurs propres systèmes législatifs appelés loi contraignante comme la volonté divine sacrée, qui, dans son application, s’éloigne du concept de la justice fondée sur l’égalité humaine, pour toucher l’ancrage des liens sociaux dans ce qui ressemble à des lois générales organisant les relations des individus entre eux au sein d’un cadre législatif similaire à ce qui était instauré par les livres religieux à partir des perceptions de la justice suprême et de ses conditions (obéissance et représailles en nature) d’un intervalle divin à un système positif de justice concernant la justice sur terre. Il est basé sur le transfert de la condition d’obéissance au Dieu à l’obéissance aux rois et à ceux qui détiennent l’autorité. Et le transfert du châtiment ajourné aux sanctions positives ayant ses origines différentes selon les religions.
Les lois religieuses et la justice sociale
Dès le lancement du travail cherchant à définir les prérogatives de l’État et de la religion et la complémentarité entre eux, la complémentarité est devenue un chevauchement préoccupant qui s’éloigne des objectifs de la justice et de l’État civil. Par conséquent, on s’est éloigné de l’application des droits de l’Homme et de la justice avec leur concept universel, en rétrécissant les limites de la justice dans son sens basé sur (le bien commun et la bienfaisance) comme un objectif pour tous les êtres humains, et parfois, au sein du même groupe. En fait, se tenir aux côtés du Dieu pour la vérité et la bonté ne fournit pas une légitimité pour la justice, pour plusieurs raisons.
Le juste de l’obéissance à la loi dans le contrat social
La justice n’est pas venue pour battre l’individu, et le lier à des fins qui font de lui un outil. Au contraire, l’individu est une fin en soi, et la justice n’est qu’un outil pour protéger la liberté individuelle, d’une manière qui ne rend pas l’exercice par l’individu de sa propre liberté contre la liberté d’autrui. Ce qui a été présenté de thèses différentes et contrastées entre les penseurs faisait de la justice en tant que loi en contradiction avec la question (toute loi équitable) ou basée sur un contrat social garantissant les droits et établit un système politique dans lequel les personnes (citoyens) sont égales devant la loi, c’est-à-dire égales en bénéficiant des droits politiques sans discrimination fondée sur la religion, le genre ou l’origine sociale.
La problématique de l’application de la justice au sens religieux à l’époque actuelle
L’évolution et le changement des limites de la perception de la justice sur le plan pratique ont contribué à créer plusieurs problèmes, à commencer par l’Occident, le fait de rompre l’interdépendance des voies religieuses et politiques en les séparant et en fixant les limites entre la pensée religieuse et la réalité sociale, à travers le principe (rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu), puis appliquer la laïcité des États ainsi que la séparation entre la religion et l’État.
Mais cela n’a pas été fait par les pays islamiques qui ont négligé la réalisation de la justice en se contentant des paroles ou des textes religieux, en considérant que la « justice » est la vertu et la plus grande valeur de l’Islam, et qu’il y a près de trois cents versets du Noble Coran témoignent la centralité de la justice dans l’Islam. Et les versets qui incitent à la justice et mettent en garde contre l’injustice et ont ordonné de dire la vérité ont atteint près d’un millier de versets, comme l’a fait Jamal Al-Banna dans son livre sur « La théorie de la justice dans la pensée européenne et celle islamique ».
La question de la justice n’est pas liée à ce que les religions ont apporté, mais plutôt au mécanisme d’application de la justice et à son universalité juridique qui n’exclut personne. Cela nécessite une escale d’illumination qui prend en compte les variables du concept et d’entretenir la balance de la justice afin de neutraliser la religion des formes d’injustice qui lui ont été attachées, ainsi que de l’interférence préoccupante en termes de la réconciliation entre la volonté du Dieu et celle des êtres humains. Faire triompher la justice divine et sa présence en tant que vertu religieuse uniquement resteront dangereux à cause de la non obtempération des humains pour agir d’une manière juste entre eux. Ils demeurent également des esclaves de systèmes sociaux et politiques qui s’éloignent des objectifs de la justice et de l’État civil, car ils ne sont pas caractérisés par l’égalité et ne détiennent pas une conception juridique précise pour atteindre la justice sociale.
Par conséquent, il est nécessaire de trouver une possibilité de transférer les perceptions de la justice ajournée à la justice réalisable, en travaillant pour sauver ces sociétés abandonnées à la prédation de la disparité naturelle imposée par la réalité sociale (patrimoine, traditions) ou de classes qui est produite par l’opportunisme économique, ou les intérêts humains et l’égoïsme.
Conclusion
A l’époque contemporaine, il n’est plus possible de continuer avec l’application de la justice sur les bases de la pensée religieuse et le groupe religieux, ni sur les fondements d’États autoritaires qui n’ont pas adopté l’idée du contrat social. En fait, la justice est devenue une valeur humaine à ne pas négliger, et elle est liée aux droits humains et aux intérêts de l’humanité en général. Bien que ses pratiques ne trouvent pas encore une dimension au niveau du monde qui s’enlise dans un système de disparité entre les pays, on est loin de considérer la justice comme un besoin humain viable, car elle réside au cœur de la philosophie de l’éthique et la politique, et elle est la vertu sur laquelle est fondée les institutions sociales dont rêvent de réaliser plusieurs peuples marginalisés et isolés de la possibilité de la croissance et dominés par les idées autoritaires dans lesquelles s’effacent les valeurs de la justice en se contentant de les chercher dans l’éventuelle promesse divine.