Préparé par : Unité des études au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, MENA
I-Introduction :
Lorsque l’État islamique en Irak et en Syrie, l’EI a déclaré sa ville comme capitale à Al Rakkah, à la mi-2014, le monde était surpris par la puissance d’EI et par la manière dont il avait réussi à étendre sa domination et son contrôle sur de vastes zones situées au centre et à l’est de la Syrie et comment il s’est étendu à des parties de l’Irak.
ISIS a imposé ses lois et ses politiques aux zones sous son contrôle.
C’était encore plus étonnant de voir comment l’État islamique avait réussi à attirer des combattants de différentes parties du monde, comme les États-Unis d’Amérique et la France.
Ces combattants étrangers se sont rapidement organisés et ont formé une puissance de frappe qui leur a permis de développer la structure d’organisations terroristes par la fusion d’étrangers avec des locaux qui ont échangé leurs expériences dans les domaines économiques, militaire et technologique.
Les combattants étrangers d’ISIS avaient des qualités spéciales qui n’étaient pas disponibles avec les combattants locaux.
Par conséquent, les dirigeants de l’État islamique leur ont assigné des tâches spéciales et les ont maintenus dans des groupes spécifiques afin de faciliter le contrôle de ces combattants.
Cela s’appliquait particulièrement aux combattants américains et français, ou aux combattants de deux nationalités comme les Marocains et les Tunisiens de nationalité française.
Conformément à ce développement structurel, les gouvernements occidentaux ont pris des mesures militaires, de renseignement et de sécurité sévère pour faire face au danger croissant que représentent ces combattants.
Les États-Unis et la France ont déployé leurs forces spéciales et ont mené de nombreuses batailles contre l’État islamique.
Ils ont également fourni un soutien logistique et militaire à des groupes de combat locaux tels que les Forces démocratiques syriennes pour saper la force de l’État islamique, qui est désormais encaissé dans deux poches en Syrie, l’une à l’est de Suweida au sud de la capitale syrienne, Damas, et à la frontière avec l’Irak.
Il est vrai que les mesures prises par ces deux pays ont contribué à affaiblir la structure d’ISIS, la question demeure : ces efforts ont-ils porté leurs fruits comme prévu pour anticiper tout attentat terroriste aux États-Unis d’Amérique et en France ?
II— Combattants américains et français d’ISIS (quantité et activités)
Selon certaines estimations, le nombre d’Américains qui combattent avec l’État islamique a augmenté jusqu’à 70 terroristes de nationalité américaine. Les États-Unis viennent en dernière position sur la liste en termes de nombre de combattants par rapport aux autres pays. 700 Français sont soupçonnés d’avoir rejoint l’État islamique en Syrie. La France se situe donc au cinquième rang de la liste.
A cette époque, les combats des combattants français et américains d’ISIS visaient à conquérir de nombreuses régions, principalement Al Mossoul d’Irak et certaines parties de la campagne de Deir Ezour. Ils ont conquis 95 % de ces régions, en plus des Kubani au nord de la Syrie et d’Al Rakkah au sud-est.
Selon des statistiques officielles, le nombre de combattants américains de l’État islamique aurait augmenté à 150 en 2015. Selon des sources informelles, il y aurait environ 250 combattants.
1700 combattants multinationaux français, tous d’origine tunisienne, étaient affiliés à ISIS. Ces statistiques montrent que le nombre de combattants français a augmenté de 142 %, tandis que le nombre d’Américains a augmenté de 114 %.
Selon le gouvernement français, le nombre de combattants français est tombé à 700 en 2016, dont 275 femmes. Certains centres de recherche français ont rapporté que le nombre de combattants français avait diminué à 900 après que certains aient été tués et d’autres renvoyés chez eux.
D’autres ressources ont indiqué que leur nombre était tombé à 1330 à la suite de la mort de 119 combattants. Le nombre de combattants américains de l’État islamique a diminué à 94 après la mort et l’arrestation de nombreux d’entre eux.
Les combattants étrangers ont participé à de nombreuses batailles pour conquérir des régions telles que le camp d’Al Yarmouk dans la capitale Damas, la campagne de Rakkah, Palmyre et la campagne de l’est de Homs dans le désert syrien.
Lorsque l’État islamique a commencé à perdre sa domination en 2017, le nombre de combattants français est tombé à moins de 700.
Environ 302 combattants français sont rentrés en France, alors que seuls 7 combattants américains sont rentrés aux États-Unis. Pourtant, le nombre de combattants américains de l’État islamique s’est élevé à 129 selon des estimations informelles.
En règle générale, le nombre de combattants étrangers utilisant l’État islamique a diminué, en particulier après avoir perdu de nombreuses zones stratégiques, comme la campagne du nord-est d’Alep, à la suite d’une bataille contre les forces rebelles pro-turques.
ISIS a également été battue à Al Rakkah à la suite de l’opération militaire Euphrates Anger lancée par les Forces démocratiques syriennes avec le soutien des Forces de la coalition internationale. AL Bukamal et Al Mayadeen au sud de Deir Ezour ont également été libérés avec Deir Ezour, qui a été restauré par les forces d’Assad, les milices sectaires et les Russes.
En 2018, le nombre de combattants français de l’État islamique a diminué et est passé à 690, dont 295 femmes, ce qui signifie que seulement 43 % d’entre eux étaient toujours affiliés à l’État islamique.
Quant aux combattants américains de l’État islamique, 12 d’entre eux sont rentrés chez eux, mais il n’existait pas de statistiques officielles à ce sujet. Certains experts ont estimé que seulement 64 Américains étaient encore avec ISIS.
En examinant les tâches assignées à ces combattants étrangers avec ISIS, nous pouvons voir qu’ils ont été exploités pour des activités de propagande en raison de leurs langues vivantes, le français et l’anglais.
Des tâches technologiques faisaient également partie de leurs tâches et visaient à développer les outils d’ISIS. En outre, certaines tâches médicales ont été confiées à ces combattants étrangers.
De nombreux combattants français ont été nommés leaders. Rasheed Kasim, soupçonné d’avoir planifié des attentats terroristes en France, aurait été impliqué dans le meurtre d’un policier avec sa petite amie le 13 juin 2016 à Manianvel, dans la province d’Evelin.
Il a également été reconnu coupable d’avoir décapité un prêtre dans une église de Saint-Étienne le 26 juillet 2016. Rasheed Kasim aurait peut-être été tué par une frappe aérienne américaine contre Mossoul en Irak.
Jonathan Jefara, l’un des principaux dirigeants de l’État islamique de nationalité française qui avait été arrêté par les autorités turques, a été remis aux autorités françaises. Les forces démocratiques syriennes ont arrêté aderien Lionel Kayali, connu sous le nom d’Abou Ussama Al Farnaci, qui avait joué un rôle clé dans de nombreux attentats terroristes en France.
Il est clair que l’État islamique souhaitait confier des tâches terroristes aux dirigeants français de l’État islamique, qui seraient effectuées en France.
Les postes de haut rang des Français étaient dus à leur capacité de coordination avec les réseaux terroristes et les cellules allant de la Syrie à l’Irak et même aux territoires français.
III— Procédures prises pour confronter les terroristes français et Américains travaillant avec ISIS
Dans le cadre de campagnes militaires, la France et les États-Unis d’Amérique ont lancé de nombreuses attaques aériennes contre des positions de l’État islamique.
La France a envoyé 70 soldats de ses forces spéciales en Syrie pour soutenir les forces démocratiques syriennes dans leurs combats contre l’État islamique. Ces forces spéciales françaises sont positionnées sur une base militaire française à Mushtoor Hill, près de Kubaneh, au nord d’Alep, et de Sheikh Essa, au nord d’Al Rakkah.
De leur côté, les États-Unis d’Amérique ont déployé 2 000 soldats et les ont déployés entre l’Euphrate et la frontière irakienne. Les troupes américaines sont également positionnées sur la base militaire d’Al Tanf, à la frontière entre la Syrie, la Jordanie et l’Irak.
La coalition internationale dirigée par les États-Unis, avec la participation des forces aériennes françaises, a lancé un grand nombre de frappes aériennes en Syrie et en Irak.
Depuis que l’État islamique a capturé Al Rakkah en 2014, 700 raids aériens ont été lancés par la Coalition internationale. En 2015, 2400 frappes aériennes ont également été lancées.
Le nombre de frappes aériennes en 2017 a considérablement augmenté pour atteindre le chiffre record de 7840 frappes. En janvier 2018, 800 frappes aériennes ont touché des positions au sein de l’État islamique.
Ainsi, le nombre total de frappes aériennes contre ISIS a atteint 14 500 raids. Le nombre croissant de frappes aériennes fait référence à l’efficacité de ces attaques pour saper le contrôle de l’État islamique en Syrie.
Cette campagne militaire aurait dû être suivie d’efforts pour reconstruire et réhabiliter les zones ciblées afin de rétablir la stabilité dans les zones évacuées par l’État islamique.
Ces efforts devraient faire partie de la stratégie de la Coalition internationale, mais malheureusement, rien n’a encore été fait à cet égard, et cela se voit clairement dans les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes.
En ce qui concerne les procédures légales relatives aux combattants de l’État islamique rentrés en France depuis des régions d’État islamique, Paris a franchi plusieurs étapes :
- Le 8 juin 2017, le gouvernement français a proposé une loi pour lutter contre le terrorisme. Cette loi française accorde aux autorités locales une grande liberté pour protéger les civils en cas d’urgence ou de risque potentiel, sans se référer au système juridique.
Selon la nouvelle loi, les autorités locales ont le droit d’imposer des mesures de sécurité et de lancer des perquisitions pour enquêter sur les bagages des forces de sécurité spéciales sans autorisation préalable.
Les autorités locales ont le droit de fermer les lieux de culte pendant six mois au maximum, au cas où ces lieux favoriseraient le terrorisme et l’extrémisme.
- Paris a imposé des mesures de sécurité intensifiées dans le cadre d’un plan élaboré par la police française en juin 2017. Ce plan s’appelait « Plan tourisme 2017 ».
Ce nouveau plan a été élaboré par la police française à la suite de l’attaque des Champs-Élysées. Des forces de sécurité supplémentaires ont été formées pour s’occuper des régions de la tour Eiffel et du Trocadéro.
- En juillet 2018, le Premier ministre français Edwardes Philip a proposé un nouveau plan de lutte contre le terrorisme. Ce plan reposait notamment sur une gestion anticipée des risques djihadistes intérieurs.
Ce plan comprend la surveillance des prisonniers après leur libération et l’établissement d’un avocat spécial pour lutter contre le terrorisme.
Les États-Unis ont élaboré une stratégie globale de lutte contre les organisations terroristes en 2017. ISIS figurait sur la liste. La nouvelle stratégie américaine comprend 10 points :
- Les États-Unis d’Amérique ont pris des dispositions particulières pour échanger des données sur les terroristes et les suspects avec 60 pays du monde.
Le secrétaire d’État a eu recours à un programme antiterroriste pour mettre à jour et appliquer la préservation de l’information grâce au système de comparaison et d’évaluation sans danger PISCES.
Cela a été utilisé à travers 215 fenêtres pour la saisie de données dans 24 pays.
Les programmes antiterrorisme et PISCES ont été partagés avec des pays partenaires qui sont très décisifs pour empêcher la libre circulation et le passage des terroristes dans les aéroports et aux portes des frontières.
- Le bureau antiterroriste et le bureau central chargé de la sécurité diplomatique ont continué à renforcer les capacités d’autres pays et à poursuivre les terroristes et leurs partisans.
Ce bureau a dispensé 365 sessions de formation, ateliers et consultations techniques en matière d’enquêtes antiterroristes, de sécurité des frontières et de réaction immédiate aux situations d’urgence en 2017. 6641 participants de 41 pays ont bénéficié de ces cours et ateliers de formation.
- Les États-Unis d’Amérique ont élaboré un plan de sécurité appelé « Réseau des villes fortes » élaboré par le Bureau de lutte contre le terrorisme en collaboration avec les gouvernements du Danemark et de la Norvège en 2015.
Ce réseau, qui compte plus de 115 membres actifs sur six continents, permet aux villes communiquer avec des partenaires du monde entier, partager des expériences et développer des stratégies efficaces et peu coûteuses.
Le programme Twining Cities a été appliqué par le Bureau de la lutte contre le terrorisme. Boston aux États-Unis et Manchester en Grande-Bretagne est l’un des cas les plus difficiles à résoudre.
IV— Les scénarios possibles pour leur fin
Les combattants étrangers avec ISIS ont un destin commun, en particulier américain et français. Alors que les États-Unis d’Amérique ont les pieds sur terre et que leurs forces se voient confier la tâche de suivre le dossier des combattants américains avec ISIS, il est très facile de les cibler sur le terrain.
La France souffre terriblement du grand nombre de combattants de nationalité française et des attentats terroristes sanglants perpétrés en France.
Le gouvernement français pense qu’il est préférable de lutter contre les combattants français avec l’État islamique en dehors de la France, c’est-à-dire en Syrie ou en Irak, afin d’atténuer leur danger en France.
Dans l’ensemble, les combattants français et américains utilisant ISIS sont confrontés à de nombreux scénarios de fin permettant de mettre fin à leurs activités avec ISIS comme suit :
- Les forces terrestres françaises et américaines sont chargées de rechercher et de collecter des données sur ces combattants, y compris leur localisation et leur nombre, en collaboration avec des combattants locaux tels que ceux des Forces démocratiques syriennes.
En juin dernier, les forces démocratiques syriennes ont mené une opération de renseignement secrète dans laquelle elles ont arrêté un dirigeant français de haut rang de l’État islamique.
- Donner une chance au repentir est une autre tactique dans le cadre de la politique d’endiguement, car des femmes et des enfants accompagnent ces combattants.
Ce problème est l’une des principales préoccupations des politiciens et des décideurs en Europe.
Peu d’options sont en cours de discussion concernant la meilleure façon de traiter les combattants rentrés chez eux. Cela comprend l’adoption de lois et la discussion de ces lois avant la ratification.
Donner plus de temps aux combattants pour abandonner pourrait être le meilleur choix pour la France et les États-Unis d’Amérique.
Cette stratégie peut aider ces deux pays à réduire leurs frappes aériennes en Syrie et en Irak et à exercer davantage de pression sur ces combattants. Cette stratégie aide à pousser les combattants à baisser les bras et à rentrer chez eux afin d’affaiblir le groupe État islamique et de mettre fin aux activités de combattants étrangers.
- La troisième option consiste à cibler directement ces combattants étrangers avec des frappes aériennes condensées. Cette stratégie vise à empêcher l’un quelconque de ces combattants de rentrer chez eux, ce qui anticiperait toute attaque terroriste en Europe et aux États-Unis d’Amérique.
La Grande-Bretagne a explicitement appelé à identifier la position des combattants britanniques au sein de l’État islamique afin de tous les tuer par peur de leur retour. Cette option britannique pourrait être difficile pour la France car le nombre de combattants français est élevé et l’existence d’enfants et de femmes parmi ces combattants.
Par conséquent, c’est donc une question controversée que de cibler les combattants français, car cela pourrait constituer une violation des droits de l’homme. En ce qui concerne les États-Unis d’Amérique, les deux premières options sont plus probables car très peu de combattants ont la nationalité américaine.
Conclusion
Les combattants étrangers d’ISIS ont réussi à modifier la structure des organisations terroristes, car la diversité des nationalités a contribué au renforcement de l’État islamique depuis la déclaration du califat à Al Rakkah au milieu de 2014.
Cela s’est poursuivi jusqu’au milieu de 2016. Au cours de cette période, ISIS a bénéficié de l’expérience de ces combattants, en particulier des combattants français et américains, qui possédaient les compétences technologiques nécessaires pour administrer d’autres combattants étrangers et inciter davantage de combattants à le rejoindre.
Cette particularité nécessitait une action immédiate pour atténuer leurs menaces.
Ainsi, les États-Unis d’Amérique ont dirigé la Coalition internationale contre le terrorisme et la France a activement participé à la campagne militaire contre ISIS dans le but d’anticiper tout attentat terroriste en France ou tout développement éventuel de celui-ci.
ISIS aurait pu développer de petits groupes dépendants de combattants multinationaux en Syrie et en Irak. Certains Français ou Américains pourraient établir des mini groupes terroristes parallèlement à ISIS, ce qui constitue une réelle menace.
Outre le problème des combattants de retour et le mécanisme de résolution de ce problème, cette menace vient en tête des priorités des pays de la Coalition internationale.
Pour la France et les États-Unis d’Amérique, le danger d’ISIS ne se limite pas à leurs activités en Syrie et en Irak, il s’étend également à la période qui a suivi la fin de celui-ci.
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