La catastrophe naturelle dans l’est de la Libye a coûté la vie à dix mille personnes. La force dévastatrice des eaux des barrages situés au nord de la ville de Derna a été ainsi à l’origine de cette tragédie pour les habitants locaux. La question est notamment de savoir si ce désastre pouvait être évité.
La région est sous le contrôle d’un dirigeant fidèle au chef de guerre libyen Haftar, qui domine de grandes parties du pays. Il n’est pas reconnu internationalement, cependant, après des années de guerre civile, l’Occident a également exprimé l’espoir que la coopération avec lui ramène la paix à la situation en Libye. On croyait également à Bruxelles et dans les capitales des États membres de l’Union européenne que la population soutiendrait Haftar et on voulait donc empêcher une nouvelle escalade par tous les moyens possibles.
La forme du gouvernement dans l’est du pays s’apparente à une dictature militaire, , sous le contrôle du général Haftar. En effet, c’est une colonie personnelle exploitée selon la volonté de chacun. Haftar était autrefois un fidèle serviteur du dictateur Mouammar Kadhafi. Les deux hommes se sont ensuite brouillés et Haftar est allé aux États-Unis et est revenu pendant le printemps arabe en 2011. Après le renversement de Kadhafi avec le soutien de l’OTAN, la Libye a sombré dans la guerre civile ; Depuis fin 2020, il y a un gouvernement internationalement reconnu à Tripoli et l’empire de Haftar dans l’est .
Les citoyens de la ville protestent dès lors contre le régime de Haftar après la catastrophe de Derna. On disait que lui et ses hommes de l’administration locale seraient en partie responsables de la rupture des barrages, qui n’ont été entretenus que temporairement, voire pas du tout, pendant des années. Les manifestations dans le centre-ville ont été rapidement dispersées par les forces de sécurité locales. Ces derniers ont demandé tout d’abord aux journalistes étrangers de quitter la ville au plus vite. La raison invoquée était que les étrangers faisaient obstacle aux opérations de sauvetage. Puis, le gouvernement de l’est de la Libye n’a plus délivré de permis d’entrée et les journalistes qui sont quand même venus ont été renvoyés à l’aéroport de Benghazi.
En plus, l’accès à Internet est devenu difficile depuis les manifestations contre le gouvernement de Haftar, et l’on craint que de nouvelles manifestations ne soient organisées avec l’aide des médias sociaux. Même les travailleurs humanitaires de l’ONU envoyés à Derna pour participer aux efforts de sauvetage ont été contraints de revenir par les forces de Haftar.
De nombreux donateurs occidentaux espèrent que l’argent destiné à la reconstruction d’une région dévastée par la guerre civile et les catastrophes naturelles pourra être distribué de manière efficace en matière d’information, de façon à ce qu’il soit au moins clairement visible ce qui arrive et ce qui disparaît. Toutefois , Haftar restreint cela et a confié à son fils Saddam, qui n’a même pas de diplôme scolaire mais a atteint le grade de général de brigade, la direction de la coordination d’urgence, puisque c’est son fils qui décide qui recevra l’argent ou des fournitures de secours. Selon un rapport des Nations Unies, Saddam Haftar serait responsable du pillage des comptes de la Banque centrale de Libye, où ont disparu environ deux millions d’euros et environ 6 000 pièces d’argent. Il obtiendra désormais davantage de trésors sous forme de fournitures et aide. Et il semble que le fils de Haftar se considère comme celui qui décide qui l’obtiendra. Une photo publiée sur le site X montre Saddam et trois responsables du ministère russe de la Défense penchés sur une carte au début de la crise. La Russie est alliée à Haftar, tout comme les Émirats arabes unis, dont la chaîne de télévision Al-Hadath s’efforce de rapprocher les manifestants de Derna des terroristes.
Les diplomates européens ont signalé qu’ils « surveillaient de près » la façon avec laquelle on a empêché les médias de l’est de la Libye de fonctionner. Néanmoins , aucune critique publique n’a été formulée à l’égard de ces événements jusqu’à présent. Beaucoup de gouvernements en Europe trouvent que le général Haftar est une figure incontournable lorsqu’il s’agit de rendre à nouveau possible des élections conjointes dans une Libye divisée. Ce dernier est également considéré comme un acteur déterminant dans les efforts visant à empêcher les migrants de traverser la frontière vers l’Europe. Déjà je jusqu’à un million de personnes se trouveraient dans les deux parties de la Libye à la recherche d’un chemin vers le nord. Le pays accueille encore les migrants comme source de revenus, car il peut gagner de l’argent grâce au trafic d’êtres humains et à sa prévention. Ainsi, Haftar s’est rendu à Rome pour la dernière fois en mai dans le but de rencontrer la Première ministre Giorgia Meloni, et lui a peut-être donné le prix qu’il était prêt à aider