Rahim Safavi, commandant des Gardiens iraniens de la révolution et conseiller principal du Guide iranien, a avoué que Qassem Soleimani avait créé 82 milices militaires en Syrie et en Irak, dont 22 milices opèrent sous les ordres du «Hachd Al-Chaabi » irakien.
L’agence de presse iranienne IRNA a rapporté les propos de Safavi disant que Soleimani avait supervisé la création de 60 brigades en Syrie comptant 70.000 combattants parmi les forces de «Hachd Al-Chaabi syrien» et des combattants étrangers, tout en défendant ce qu’il a appelé de «l’école Soleimani» dans la région.
Il est à rappeler que Soleimani a été tué l’année dernière à Bagdad, la capitale irakienne, après que son avion a atterri en Syrie provenant du Liban. Avec lui, il a été également tué Abou Mehdi al-Mouhandis, le chef-adjoint de l’Autorité de Hachd Al-Chaabi populaire.
Les débuts de l’expansion militaire iranienne dans la région ont eu lieu après l’invasion américaine de l’Irak en 2003. Toutefois, le début annoncé est survenu après l’année 2011, caractérisée par le déclenchement des révolutions du printemps arabe.
Des sources médiatiques iraniennes de l’opposition ont divulgué la carte du déploiement de certaines milices pro-iraniennes en Syrie et en Irak.
En Irak
La création des forces officielles irakiennes sous le nom de « Hachd Al-Chaabi » a été annoncée en 2014 auxquelles ont adhéré la plupart des factions et des milices «chiites». Le nombre des forces de Hachd Al-Chaabi est estimé à environ 130.000 combattants, constituant plus de 35 factions, dont leurs salaires sont pris en charge par le gouvernement irakien.
La création des Forces de Hachd Al-Chaabi est intervenue suite à une fatwa de l’Autorité religieuse de la ville de Najaf, connue sous le nom le « devoir de suffisance communautaire», émise par Ali Al-Sistani le 13 juin 2014, et ce sous l’appellation de la protection du sacré et l’affrontement de l’organisation de Daesh.
Les appels pour rejoindre le Hach Al-Chaabi ont eu lieu après la chute controversée des villes de (Mossoul, la province de Ninive et un certain nombre de villes des provinces de Salâh ad-Dîn, Al-Anbar, Diyala et Kirkouk) sous la coupe de l’Etat islamique, suite un ordre de Nouri al-Maliki à l’armée irakienne de s’y retirer. Ce dernier a annoncé plus tard la création de la Direction de H achd Al-Chaabi. Ensuite, des comités volontaires ont été formés qui s’occupent de chaque gouvernorat séparément dirigé par le chef de la police.
Des sources indiquent que la formation des Forces de Hach Al-Chaabi en Irak est semblable aux Forces iraniennes Basij. Elles reçoivent le soutien direct de l’Iran en parallèle avec le ministère irakien de la Défense. Toutefois, au sein de Hachd, les courants sont divisés en trois principaux :
Des milices constituent environ les deux tiers des forces de Hachd Al-Chaabi qui sont soumises à Velayat-e Faqîh (il s’agit d’une théorie de l’islam chiite indiquant que la religion donne la tutelle sur les gens au Faqîh, et cette théorie est utilisée par le régime iranien afin de contrôler les détails de son pays et de diriger les Chiites dans le monde entier).
Les principales factions
Le site Web de l’opposition iranienne « Iran.ir » présente l’Organisation Badr comme étant la milice la plus puissante du Hachd, et elle est liée étroitement à l’armée irakienne (la plupart des hauts rangs de l’armée irakienne sont recommandés par l’organisation). Ses éléments bénéficient d’une grande expérience militaire, et elle constitue un couloir d’armes iraniennes vers les milices de Hachd Al-Chaabi. En outre, une relation étroite lie entre son chef, Hadi al-Ameri, et le guide suprême, Ali Khamenei.
Elle comprend un grand nombre d’anciens officiers du régime irakien qui ont fui l’Irak en raison de leur opposition au régime de Saddam Hussein au nombre de 10.000 combattants, dont le commandant en chef est Hadi al-Ameri. Et elle est déployée dans les alentours de la capitale et dans les régions constituant la ceinture de Bagdad. Son siège se situe dans le camp d’Achraf (Il s’agit de la principale structure de l’Organisation Badr située dans le nord-est de la capitale). Le corps a également 10 brigades environ déployées dans les gouvernorats de l’Irak et sur les frontières syro-irakiennes.
Quant au Hezbollah irakien, il a été créé en 2003 et il est considéré comme étant l’une des principales formations de Hachd. Il a été créé par l’Iran en Irak dirigé par Jamal Jaafar Al-Ibrahim (Abou Mehdi Al-Mouhandis), tué avec Qassem Soleimani dans une frappe aérienne américaine près de l’aéroport de Bagdad début 2020. Le nombre de ses formations est estimé à environ 7000 combattants en Irak. Ses zones de déploiement sont concentrées dans la ville de Jurf Sakhar, dont tous ses habitants ont été déplacés dans le gouvernorat de Babel. De plus, il est la force la plus équipée et possède un grand nombre de missiles à longue portée obtenues de l’Iran.
La brigade 45 qui se situe à 15 km de la frontière syrienne appartient également au parti. Elle est dirigée par Abou Fadak al-Mohammadawi, surnommé «Al-Khal», le successeur d’Abou Mehdi Al-Mouhandis (tué par les États-Unis avec le commandant de la Force Al-Qods, Qassem Soleimani, lors d’un raid aérien près de l’aéroport de Bagdad au début du premier mois de 2020).
Quant aux Kata’ib (Brigades) Sayyid al-Shuhada (KSS), ses membres sont au nombre de 4000 membres qui font partie des Forces de Hachd Al-Chaabi. Elles sont déployées dans les régions du gouvernorat de Salâh Ad-Dîn (Baiji et Balad), tandis que les Saraya Al-Khorasani sont soumises directement sous l’autorité de Velayat-e Faqih en Iran, et adoptent le slogan des Gardiens de la révolution iranienne. Le nombre de ses combattants s’élève à 3000 sous la direction du commandant en chef, Ali al-Yasiri. Elles sont affiliées à l’Autorité de Hachd Al-Chaabi. Son siège officiel est à Karrada (près de la capitale Bagdad). Ses zones de contrôle sont réparties au sud et au nord de la capitale Bagdad, et à Tal Afar à la province de Ninive.
Par ailleurs, Saraya Al-Jihad wa Al-Bina (Jihad et construction, Ndlr) sont dirigées par la branche militaire, le corps Mountadar, Hassan Al-Sari. Leur nombre est à 3500 combattants, et elles sont aussi enregistrées auprès des Forces de Hachd Al-Chaabi, et elles ont également des unités à Mossoul.
Le Hachd compte également des brigades de grandes tailles, dont le Mouvement Al-Ressali, les Brigades de l’Imam Ali sous la direction de Moqtada Al-Sadr, et Saraya Ashura dont le nombre est de 6 mille combattants, et elles font partie du Conseil suprême islamique, adepte du mouvement d’Al-Aistani dirigé par le chef du Conseil suprême irakien, le député Humam Hamoudi. Leur siège officiel est au cœur de la capitale, Bagdad dans la rue Abu Nuwas. Saraya Al-Atabat comptent 5000 combattants, dont leur mission se limite à protéger les lieux religieux à Karbala et à Najaf. Elles reçoivent leur financement des vœux donnés aux lieux saints, et elles sont armées par l’armée irakienne, le corps Ali est le plus grand. Il compte 1000 combattants, dirigés par Ali Al-Hamdani. Ils sont déployés sur l’île de Khaldiya à Al-Anbar (son siège officiel dans le district d’Al-Karma) et dans le gouvernorat de Salâh Ad-Dîn.
Hors de l’habit de Hachd
S’il y a des brigades fidèles à l’Iran qui ont rejoint le Hachd, il y a aussi des brigades fidèles à l’Iran, mais qui n’ont pas rejoint le Hachd, particulièrement la Brigade Abou al-Fadl al-Abbas. Elle a été créée en 2006 sous la direction d’Aws al-Khafaji et elle fait partie du mouvement de Al-Sadr en Iraq. Le nombre de ses éléments s’élèvent à 2500 dirigés par le surnommé « Abou Ajeeb ». Elle compte des éléments mixtes, y compris des Libanais, qui sont membres du Hezbollah libanais, outre des éléments irakiens d’Asaïb Ahl al-Haq (une faction armée dont la création a été annoncée par l’autorité chiite, Qasim Taei. Elle est engagée à combattre en Syrie depuis sa création en 2011 jusqu’à maintenant, et elle s’installe dans le sanctuaire de Sayyida Zeinab près de la capitale, Damas).
Le nombre des forces de la Division de combat d’Al-Abbas est estimé à plus de 12000 combattants (selon une source des gardes-frontières irakiens). Son siège est situé sur la route internationale entre Bagdad et Karbala, et ses membres sont largement déployés sur les frontières irako-syriennes entre le passage frontalier d’Al-Walid et Al-Qaïm.
Le Mouvement Nujaba est un mouvement dissident d’Asaïb Ahl al-Haq. Il a été formé à partir de la coalition des brigades suivante: «Brigade Ammar ben Yasser, Brigade Imam Al-Hassan Al-Mujtaba et Brigade Al-Hamad» dirigé par Akram Al-Kaabi, avec un effectif de 6000 combattants. Hashim Al-Mosawi est considéré comme son porte-parole. Il a participé dans les combats aux côtés du régime en Syrie. Ses locaux se trouvent sur toute la bande frontalière entre l’Irak et la Syrie, dans les villes frontalières d’Abou Kamal et d’Al-Qaïm.
Asaïb Ahl al-Haq est dissidente de l’armée du Mahdi de Moqtada Al-Sadr, affilié à la mission Al-Haidariyya, dirigée par Qais Khazali et Mohammad Al-Tabtabaei. Elle a été formée en 2006 et est déployée dans les régions de la province d’Al-Anbar, ainsi qu’aux frontières d’Abou Ghraib, de Fallujah, d’Al-Karma et de Diyala. Elle a des locaux à Bub Al-Sham à Bagdad. Le nombre de ses combattants enregistrés officiellement est estimé entre 7 mille et 10 mille. Ce chiffre s’élève à 15000 combattants en comptant les forces non enregistrées.
Les brigades de Jund Al-Imam se composent de plusieurs brigades, dont les plus importantes sont la 6e et la 4e brigades affiliées aux forces de Hachd Al-Chaabi et aux brigades Sayyid al-Shuhada. Les Brigades Jund Al-Imam contiennent divers groupes armés affiliés à l’Organisation Badr (elle est située dans le camp d’Al-Saqr dans la ville de Dora dans la capitale Bagdad. Il s’agit d’un siège des forces officielles de la police fédérale irakienne).
En Syrie
L’intervention déclarée de l’Iran sur la scène syrienne est intervenue après que le régime d’Al-Assad était au bord de la chute. Cela l’a poussé à former des milices qui lui étaient fidèles en Syrie sous le prétexte de protéger les lieux saints. Parmi ces formations, il y a certaines non arabes, notamment les Gardiens de la révolution iranienne, la Force Al-Qods qui fait partie des Gardiens de la révolution qui étaient sous la direction de Qassem Soleimani, mais maintenant ils sont sous la direction d’Ismail Qaani.
Les sources estiment le nombre des éléments des Gardiens de la révolution et des forces d’Al-Qods en Syrie à 8000 volontaires, déployés au Rif Dimachq, à Tartous et à Lattaquié.
La Division des Fatimides, une brigade militaire composée d’Afghans fuyant vers l’Iran en provenance des Hazaras (Il s’agit d’un groupe de la minorité ethnique afghane), a participé aux combats en Syrie. La brigade a été créée en 2014 sous le commandement du général de division «Ali Reza Tavassoli» tué à Deraa. Le nombre de combattants de la brigade est 3000 environ, et son siège principal se trouve dans la ville iranienne de Mechhed, tandis qu’en Syrie, elle a fait de la région de Sayyida Zeinab près de la capitale sa base.
La Brigade Zainebiyoun : Elle se compose du Pakistanais dont la majorité d’entre eux sont des Pachtounes, (un groupe ethnique présent au Pakistan et en Afghanistan) et son fondateur, Mohammad Jannati, surnommé Hajj Haïdar, d’origine pakistanaise. Il a été tué à Hama alors qu’il combattait contre les factions de l’opposition.
Le déploiement de Zainebiyoun est concentré à Damas et dans les banlieues voisines, et leur nombre est d’environ 1000 combattants. La brigade s’est séparée de la Brigade des Fatimides à cause de leur grand nombre.
Quant aux milices arabes, la plus célèbre d’entre elles est le Hezbollah libanais, qui a participé aux côtés du régime syrien dans la répression des manifestations d’une part, et à la lutte contre les factions d’opposition d’autre part. Le parti est engagé ces dernières années à recruter de nouveaux éléments libanais et de les envoyer combattre en Syrie contre des sommes d’argent.
Ses bureaux de recrutement se situent à Haret Hreik, au sud de Beyrouth, et à Baalbek et Nabatiyeh, tandis qu’en Syrie, le parti n’a pas de sièges fixes mais il utilise généralement les sites militaires de l’armée du régime syrien pour mettre en œuvre ses plans et exercer ses activités.
Le parti exploite des maisons civiles dans la région de Sayyida Zeinab, au sud de Damas comme des sièges temporaires et il les change de temps en temps. Ses éléments se déplacent autour du sanctuaire de Sayyidah Ruqayya dans la vielle ville de Damas, en particulier le quartier d’Al-Shaghour à majorité chiite damascène. Ils sont aussi présents à Qouseir qu’ils contrôlent puisque ses habitants l’ont déserté à cause des batailles contre les factions de l’opposition.
La Brigade Abou al-Fadl al-Abbas : C’est une formation militaire de combattants irakiens, et avec le début des manifestations en Syrie, certains de ses combattants se sont déplacés pour combattre dans les territoires syriens sous la direction de Maher Ajeeb Jazah, surnommé Abou Ajeeb (il est de la ville de Nobl au Rif d’Alep).
Les Brigades irakiennes du Hezbollah : il s’agit d’une formation irakienne située en Syrie qui a envoyé certains de ses combattants (7000 combattants) en Syrie en 2013 pour y protéger les lieux saints. Cette formation est dirigée par Hashem Al-Hamdani (Abou Alaa), et a participé dans des batailles aux côtés des forces du régime syrien contre les factions de l’opposition.
Elle reçoit le soutien financier et logistique de l’Iran, et elle coopère avec le Hezbollah syrien dans les opérations militaires en Syrie, en plus de recevoir une formation militaire au Liban.
Harket Al-Nujaba irakien : c’est une formation irakienne qui reçoit le soutien militaire, financier et logistique de l’Iran. Elle a combattu aux côtés des forces du régime syrien dans plusieurs régions de la Syrie, dont particulièrement le Rif d’Alep et Dimachq. Il a participé aussi à briser le blocus des factions d’opposition sur les villes de Nobl et Zahraa dans le Rif d’Alep.
Asaïb Ahl al-Haq : il s’agit d’un groupe militaire irakien qui a envoyé des combattants en Syrie pour combattre aux côtés des forces du régime sous prétexte de protéger les lieux saints chiites. Il a des locaux secondaires dans le Rif Dimachq à Abou Al-Kamal, mais son siège principal est à Bagdad.
Le Corps Al Wa’ad Al-Sadiq : c’est une milice irakienne dirigée par Mohammad Hamza Al-Tamimi, surnommé Abou Ali Al-Najafi. Elle compte près de deux mille hommes entre l’Irak et la Syrie. Son siège principal est à Bagdad et le secondaire au Rif Dimachq .
Saraya Tala’a Al-Khorasani: Il s’agit d’une formation irakienne fondée en 1984 et dirigée par le secrétaire général Ali Al-Yasiri, et est considérée comme l’aile militaire du Parti Taleaa islamique. Le nombre de ses combattants s’élève à environ 5000 entre l’Irak et la Syrie, et l’une de ses missions les plus importantes est de contrôler l’aéroport international de Damas. Elles a des bureaux dans les régions de Rif Dimachq et Rif d’Alep et Zahraa en Syrie.
Il existe également d’autres brigades encore plus petites dont la plus importante est celle de Mohammad Bakr Al-Sadr, la Brigade de l’Imam Al-Hussein, la Brigade Zulfikar, la Brigade Ammar ben Yasser, la Brigade Assad Allah al-Ghalib, Saraya Ashura, Jaysh Al-Mu’ammal, la Brigade du Jour Promis, le régiment Baqiyat Allah et la Brigade d’Intervention Rapide.
La Brigade Sa’adah yéménite: Il s’agit d’une formation yéménite de combattants houthis, comptant environ 750 combattants. Elle a combattu aux côtés du régime syrien au Rif Dimachq sud et est.
La Brigade palestinienne Al-Qods: C’est une formation militaire de Palestiniens résidants en Syrie, en particulier les habitants du camp de Bab an-Nayrab à Alep, fondée par l’ingénieur Mohammad al-Saïed en 2013 avec le soutien de l’Iran. Ses missions consistent à combattre avec les forces du régime contre les factions de l’opposition en tant que forces auxiliaires, et elle a participé à plusieurs batailles à Alep, Damas et Deir Ez-Zor et Deraa. Elle compte entre 2500 et 3000 combattants, et son siège principal est au camp de Bab an-Nayrab, et elle a des camps d’entraînement à Handarat, Sheikh Najjar et al-Malah au Rif d’Alep.
L’Iran a également formé un ensemble de brigades dont leurs éléments sont des Syriens. Parmi les plus célèbres sont la Brigade Zahra, une formation militaire de la ville de Zahraa à Alep, et la Brigade Al-Abbas, une formation militaire des villes de Kefraya et de Foua avec environ 200 combattants. On évoque par ailleurs la brigade de Shahid Al-Mihrab, Hezbollah syrien ainsi que d’autres formations militaires sont tailles et d’influence inférieures.