Les pressions économiques augmentent de façon cumulative sur le régime iranien depuis le début des sanctions économiques imposées par l’administration de l’ancien président américain «Donald Trump» en 2018. Et elles ont causé plus de dommages à l’économie iranienne que toute autre mesure américaine. Et puis le sujet général des sanctions en 2020 était la mise en œuvre et non l’extension pour couvrir la plupart des secteurs d’exportation, ainsi que la Banque centrale d’Iran.
Ce qui a aggravé encore la situation économique est la forte propagation du Coronavirus dans le pays, pour s’ajouter aux catastrophes qui ont épuisé le régime iranien. Cela a poussé ce dernier à chercher des moyens pour contourner les sanctions, afin d’éviter l’éclatement de nouvelles manifestations.
Les sanctions américaines ont paralysé l’économie
Il y a quelques semaines, la page officielle du Département d’État américain a publié une déclaration de l’ancien secrétaire d’État de Washington, Mike Pompeo, confirmant l’impact des sanctions sur l’économie iranienne en disant : «Aujourd’hui, l’économie iranienne fait face à un effondrement au niveau du prix de la monnaie nationale, une hausse de la dette publique et une forte inflation économique », en affirmant que l’Iran exportait environ 2,5 millions de barils de pétrole par jour. Il peine maintenant à exporter le quart de cette quantité.
Le secrétaire d’Etat américain a également indiqué dans sa déclaration à l’époque que depuis mai 2018, le régime iranien a été empêché d’accéder directement à plus de 70 milliards de dollars de revenus de pétrole, ainsi que la valeur du rial iranien a chuté à un cinquième de sa valeur par rapport au dollar américain depuis le début des sanctions, tandis que le produit intérieur brut a diminué d’environ 6% pendant trois années consécutives.
Des rapports économiques ont révélé que le PIB de l’Iran a atteint 440 milliards de dollars environ pour l’année 2019/20 avec un taux de croissance négatif de moins de 4,99%, pour une population d’environ 82,8 millions. La base économique est relativement diversifiée pour un pays exportateur de pétrole, mais l’activité économique et les recettes publiques demeurent dépendantes des recettes pétrolières.
L’Administration américaine de l’information sur l’énergie a indiqué que les exportations nettes de pétrole et de produits pétroliers de l’Iran au cours des neuf premiers mois de 2020 s’élevaient à 11 milliards de dollars, tandis qu’elles atteignaient environ 30 milliards de dollars en 2019 et 67 milliards de dollars en 2018.
Des statistiques publiées par les sociétés de suivi des pétroliers et des organisations internationales, y compris l’Agence internationale de l’énergie, ont démontré que les exportations iraniennes de pétrole et de condensat de gaz sont tombées à 300.000 barils par jour, alors qu’avant les sanctions américaines, ce chiffre était de 2,5 millions de barils.
Parallèlement à la publication du rapport de l’administration de l’information sur l’énergie américaine, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a également publié son rapport 2020, qui indique que la production pétrolière de l’Iran est tombée à moins de deux millions de barils par jour cette année et la valeur des exportations de pétrole iranien a diminué de plus de 30%.
Corona approfondit les blessures
Le Coronavirus s’est propagé en Iran, à un moment où le pays traverse par une crise économique étouffante dont le président Hassan Rohani l’a décrit, en décembre 2019, comme le plus difficile des 40 dernières années de la République islamique.
Avec le début des infections en Iran, le Groupe d’action financière a réintégré Téhéran sur la liste noire en février 2020. Les pressions économiques sur le régime iranien se sont intensifiées après la crise de la propagation du virus et son impact sur le mouvement d’achat dans le pays sans oublier la fermeture des frontières avec les pays voisins.
L’expert économique, Amer Al-Mashhadani, a souligné que l’Iran a initialement résisté à l’imposition de fermeture stricte, car cela signifiait d’empêcher les gens de travailler en leur fournissant ainsi un soutien économique alternatif, ce qu’il ne pouvait le faire, ni ne le voulait.
Puis, il a annoncé des dépenses supplémentaires, dont la plupart étaient destinées à financer des petits crédits, qui représentent environ 7% du PIB, ainsi qu’il a également permis aux citoyens d’ajourner le paiement des impôts, par crainte de l’éclatement de nouvelles manifestations et de perdre le contrôle sur la pandémie, a-t-il ajouté.
Les secteurs non pétroliers ont subi le plus grand impact de la pandémie avec l’agriculture, l’industrie et les services, qui constituaient une grande partie de l’économie, à cause aussi des sanctions américaines qui ont obligé l’Iran à réduire les exportations de pétrole, tandis que plus de 1,5 million de personnes avaient perdu leurs emplois au milieu de 2020, selon Al-Mashhadani. Ce dernier a confirmé que le taux de chômage dans le pays a augmenté plusieurs fois par rapport à ce qu’ils étaient il y a deux ans.
Les statistiques officielles indiquent que le taux de chômage a dépassé 11,18% de la population active totale. Avec la chute de la valeur du rial, les prix des produits de consommation ont continué à augmenter et le taux d’inflation mensuel a atteint 7% en octobre 2020, le niveau le plus élevé en deux ans.
En septembre 2020, le rial iranien a enregistré une nouvelle baisse record par rapport au dollar, son prix s’est détérioré à 273.000 rials contre un dollar sur le marché non officiel.
Al-Mashhadani a estimé que la crise économique iranienne va perdurer pendant les prochains mois voire l’année prochaine, à cause du maintien des sanctions, de mettre l’Iran sur la liste noire et de l’impact de la pandémie de Coronavirus. Cela signifie la stagnation de l’économie se poursuivra, l’augmentation des taux élevés d’inflation, du chômage, le déficit budgétaire, la perte des centaines de milliers d’emplois, le retard de paiement des salaires ainsi qu’un taux de pauvreté élevé. Tout cela laisse présager des troubles sociaux, selon ses propos.
L’économiste a cité plusieurs indicateurs prouvant que la crise économique va perdurer en 2021, parmi les importants la chute incessante des exportations de pétrole à des niveaux records en raison des sanctions américaines, l’incapacité de transférer les fonds à travers le réseau international des banques, la hausse du coût du transfert du dollar de et vers l’économie iranienne, et l’accélération de fuite des capitaux. Ceci signifie une crise de confiance croissante au sein du système économique ainsi qu’il signifie que cette situation se poursuivra pendant plusieurs années. A cela s’ajoutent la baisse du commerce extérieur iranien de 41%, la hausse régulière des prix, puis la baisse du pouvoir d’achat des citoyens et l’augmentation du pourcentage des Iraniens sous le seuil de la pauvreté. De plus, les taux d’inflation ont atteint environ 30%. Cela va pousser les Iraniens à trouver d’autres créneaux pour sauver leur argent, comme l’immobilier, l’or, les actions ou les devises étrangères. Cette donne a de même entraîné une hausse des prix dans ces secteurs.
Méthodes rusées pour contourner les sanctions américaines
Après le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire en 2018 et l’alourdissement des sanctions imposées à l’Iran, Téhéran a fait recours à des méthodes rusées pour exporter son pétrole. Le site web American OilPrice a révélé que Téhéran utilisait d’autres agents afin de dissimiler les mouvements de son pétrole, dans les opérations de transportation d’un navire à l’autre, ainsi que l’intégration du pétrole iranien dans les pipelines d’exportation irakiens.
Ce qui a été évoqué dans le rapport du site américain a été dit par les responsables iraniens. Lors d’une plénière du parlement iranien, le 15 septembre, le ministre iranien du pétrole, Bijan Zanganeh, a admis que tout ce que Téhéran exporte n’est pas avec son nom, tandis que le ministre des Affaires étrangères « Mohammad Djavad Zarif », a indiqué dans une déclaration précédente après le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire que son pays « maîtrise l’art de contourner les sanctions », en ajoutant: « Nous pouvons enseigner cet art aux d’autres mais en les faisant payer ».
A ce stade, l’activiste Milad Al-Janabi a indiqué que l’Iran cherche à mettre en exploitation l’oléoduc local Ghora-Jask, d’une longueur de 1100 km, afin de transporter du pétrole vers le nouveau port situé sur le golfe d’Oman.
Al-Janabi estime que le projet sera achevé en mars 2021, en expliquant que Téhéran sera alors en mesure d’exporter du pétrole via Jask, le port qui permettra d’exporter le pétrole iranien sans avoir besoin de passer par le Détroit d’Ormuz.
Après l’achèvement de l’infrastructure de la première étape, cela changera les règles du jeu, selon Al-Janabi, qui confirme que l’Iran va transporter 350 mille barils par jour, puis le nombre sera porté à 460 mille barils de pétrole brut lourd et 254 mille barils par jour de pétrole brut léger vers les terminaux d’exportation. La deuxième phase prévoit le transport de plus d’un million de barils de pétrole brut vers les terminaux d’exportation.
Le nouveau port facilitera le transport du pétrole de l’Iran vers l’étranger sans passer par le Détroit d’Ormuz, où il a besoin de plus de temps pour traverser en raison de l’étendue de l’espace maritime.
L’hégémonie du marché irakien
Le développement des relations économiques avec l’Irak était et demeure toujours l’une des priorités du régime iranien, qui a exploité les forces politiques chiites influentes en Irak et proches de Téhéran après 2003, pour renforcer l’hégémonie iranienne sur le marché irakien.
Ces forces politiques irakiennes ont fait blocage face à l’ouverture vers la région arabe et ont ouvert les portes de l’Irak au commerce iranien, pour importer toutes sortes de biens et services, même mauvais ou avariés, selon les confirmations du journaliste Adnan Al-Omari à l’observatoire MENA.
Selon Al-Omari, l’Irak occupe la première place parmi les pays qui importent des biens et des services iraniens pour que le volume annuel des exportations iraniennes vers l’Irak atteigne environ 20 milliards de dollars.
Les efforts des responsables iraniens n’ont pas cessé pour relier l’économie irakienne à l’Iran dans tous les domaines, de sorte que l’Iran occupe la première place parmi les pays d’où l’Irak importe tout. Au contraire, les gouvernements d’après 2003 ont délibérément adopté la politique d’ouverture afin de fournir le maximum d’avantages économiques à l’Iran en Irak, même si c’était au détriment des intérêts du pays.
D’après Al-Omari, les gouvernements irakiens ont fait de sorte qu’ils gaspillent d’énormes quantités de gaz irakien et ils ont refusé les offres de l’investir, afin de l’importer de l’Iran. Le gouvernement de Bagdad a également rejeté les offres de bénéficier de l’électricité à petits pris des États arabes du Golfe ou d’Égypte, en préférant l’importer de l’Iran malgré les risques des sanctions américaines contre l’Irak pour avoir violé les sanctions internationales contre Téhéran. Sans oublier par ailleurs l’importation des armes anciennes de l’’Iran au lieu de les importer des pays développés.
Il est à indiquer que l’opération d’exportation du gaz iranien vers l’Irak a commencé le 21 juin 2017, à un rythme de 7 millions de mètres cubes par jour, mais à la fin de cette année, il avait atteint 14 millions de mètres cubes par jour. Avec le gaz, les exportations d’électricité de l’Iran vers l’Irak ont également été à l’ordre du jour du ministère de l’Énergie ces dernières années.
Les exportations iraniennes d’électricité vers l’Irak ont commencé en 2010 avec 5000 mégawatts. Un total de 2800 mégawatts d’électricité irakienne est assuré par le gaz iranien importé et 1200 mégawatts d’électricité sont exportés directement vers l’Irak. Bien entendu, ce volume est dédié à la saison estivale, lorsque la demande d’électricité augmente en Irak. Par conséquent, l’Iraq fournit entre 4000 et 4200 mégawatts d’électricité à travers l’Iran. En outre, les opérations de raccordement électrique entre le réseau électrique iranien et celui irakien ont récemment démarré.
Les experts estiment que les importations irakiennes annuelles moyennes s’élèvent à 60 milliards de dollars, et en 2013 elles ont atteint 80 milliards de dollars, avec la négligence délibérée des gouvernements pour développer l’agriculture et l’industrie locale, parce que l’importation sert également les intérêts des mafias de la corruption et des partis qui réalisent des bénéfices estimés à 15 milliards de dollars des opérations d’importation.
Les statistiques économiques démontrent que les exportations iraniennes vers l’Irak ont continué d’augmenter au cours des dix dernières années, les exportations non pétrolières de l’Iran vers l’Irak en 2008 s’élevant à environ 7,2 milliards de dollars et en 2019, elles ont atteint environ 9 milliards de dollars. Tandis que les exportations iraniennes vers l’Irak en termes de valeur représentaient environ 15% en 2008 des exportations totales de l’Iran, et elles représentaient environ 22% du total des exportations iraniennes vers l’Irak au cours de l’année écoulée.
Il est à rappeler que l’Irak a l’une des plus longues frontières communes avec l’Iran, s’étendant sur 1458 km, avec 10 passages frontaliers entre les deux pays qui ont facilité à Téhéran d’envahir les marchés irakiens avec des produits iraniens, outre l’exploitation des passages pour le transport et la contrebande d’armes, de haschich et de drogue vers le pays voisin et vers la Syrie et le Liban.
La plupart des marchandises que l’Iran exporte actuellement vers l’Irak sont des produits alimentaires comme le concentré de tomates, les sucreries, le chocolat, les pistaches, les produits laitiers, les produits agricoles, les produits en plastique, de l’acier et des produits de construction, ainsi que des produits médicaux.
La drogue, une mine d’argent
Les observateurs des affaires iraniennes estiment que les efforts incessants de Téhéran pour briser le blocus américain ne se limitent pas à la contrebande du pétrole et le vendre, et à la domination du marché irakien, mais le trafic de drogue est l’un des outils les plus importants dont dispose l’Iran pour contourner les sanctions américaines et avoir des revenus financiers avec lesquels il fait face à ses crises.
Des enquêtes médiatiques, dont certains détails ont été publiés par le magazine « Politco », ont révélé que l’administration Obama, afin de parvenir à un accord avec l’Iran sur son dossier nucléaire, a renoncé à son intention de lancer une campagne ambitieuse dans le cadre du projet « Cassandra » pour sauver une loi ciblant le trafic de drogue par les milices du «Hezbollah» «soutenues par l’Iran, bien que les preuves aient révélé que le parti était impliqué dans le trafic de cocaïne aux États-Unis.
En 2008, le projet « Cassandra » a recueilli des preuves que le « Hezbollah » s’était transformé d’une organisation militaire et politique centrée sur le Moyen-Orient en une mafia active dans le domaine de la criminalité internationale, où certains enquêteurs estiment qu’il collecte un milliard de dollars chaque année du trafic de drogue et d’armes et du blanchiment d’argent, ainsi que d’autres activités criminelles.
En commentant cette affaire, l’analyste politique Abdallah Hachemi a souligné que bien que de nombreux pays soient présents en Afghanistan et opèrent dans la lutte contre le trafic de drogue dans le pays, la production de drogue s’est multipliée cinquante fois depuis 2001, et la production de projets iraniens en Afghanistan au cours des deux dernières années a atteint environ 14 mille tonnes.
Hachemi a affirmé qu’en 2017, la production de drogue en Afghanistan s’est élevée à environ 10.000 tonnes, dont une grande partie envoyée clandestinement aux pays du monde, y compris l’Iran, par le biais des milices fidèles à Téhéran et opérant pour son compte.
Il est à noter que le trafic de drogue à travers l’Iran était et est toujours sans danger pour les passeurs, car il se fait sous les yeux des autorités, et malgré les lois et la législation visant à lutter contre ce trafic et les gangs qui y opèrent, la police et la justice ne traitent pas sérieusement avec ces personnes en raison des avantages économiques que le régime iranien reçoit de ces opérations.
Les observateurs des mouvements de ces cargaisons confirment que la propagation de drogue et sa disponibilité en Iran, qui, avec l’Afghanistan et le Pakistan, représentent le triangle d’or du trafic de drogue, l’ont aidé ces dernières années à collecter des milliards de dollars, ce qui a probablement permis de renforcer son arsenal militaire.
Dans un «tweet» publié par l’écrivain saoudien Maher «Mohammad Al-Bawardi» sur son compte Twitter, dans lequel il a indiqué que «le plus grand producteur et distributeur de médicaments de toutes sortes au Moyen-Orient est l’Iran», en expliquant que ses revenus de drogue dépassent vingt milliards de dollars par an et les Gardiens de la Révolution supervisent la gestion de ses opérations.
Cette déclaration représente probablement une simple partie des rapports de renseignement et médiatique qui ont évoqué que l’Iran exploite son influence en Irak pour exporter la drogue vers les pays voisins, en particulier les États arabes du Golfe, le Liban, la Syrie et le reste du monde.
Certaines analyses indiquent que cette situation a fait de l’Iran la capitale et le centre du trafic dans le monde en reliant entre les fermes de production en Afghanistan et les marchés de consommation dans les autres pays, puisqu’il se situe sur la route principale de contrebande du pavot, qui s’étend de l’Afghanistan à l’Europe de l’ouest ainsi que 95% de l’héroïne provient d’Azerbaïdjan.
Ce qui prouve indiscutablement que Téhéran opère dans le trafic de drogue, c’est que les autorités roumaines ont annoncé il y a quelques semaines qu’elles avaient saisi une cargaison contenant 1,5 tonne de haschisch et environ 750 kilogrammes de pilules « Captagon » en provenance du port de Lattaquié en Syrie qui est sous le contrôle des forces de Bachar Assad et des milices iraniennes soutenant Damas.
En juillet dernier, la police italienne a saisi une cargaison de stupéfiants contenant 84 millions de comprimés d’amphétamine, en provenance des zones contrôlées par le régime d’Assad. Une enquête du magazine allemand Der Spiegel a confirmé que le Hezbollah libanais contribue à animer ce trafic, notamment que c’est l’Iran contrôle le port de Lattaquié.
Au milieu du mois de novembre dernier, l’Administration générale des douanes du Koweït a annoncé avoir trouvé des quantités de «shabu», dissimilées dans une cargaison de poissons provenant de l’Iran vers le pays.
L’économie affecte la structure sociale
En octobre de l’année dernière, l’Iran a officiellement reconnu que les taux de pauvreté du pays avaient atteint des niveaux sans précédent, à un moment où le régime souffrait des sanctions américaines et que l’inflation augmentait avec effondrement de la monnaie locale.
Le Centre iranien des statistiques a révélé dans un rapport officiel que le pourcentage des Iraniens vivant en dessous du seuil de la pauvreté extrême a atteint 55%. Une chose qui a été toujours confirmée par les rapports économiques et démenti par l’Iran au cours des dix dernières années.
Selon ces rapports, à l’heure actuelle, avec la forte baisse de la valeur de la monnaie nationale et la persistance des taux d’inflation élevés, au moins 50% de la population iranienne vit en dessous du seuil de la pauvreté absolue, alors que selon les statistiques officielles, en 2011, seulement 18% de la population vivaient en dessous du seuil de la pauvreté absolue. Ce taux est passé à environ 24% en 2018, et en 2019 il a atteint 35%.
Le rapport officiel consacré aux dépenses et aux revenus de la famille a révélé le niveau de vie faible des Iraniens à un moment où la monnaie a connu une baisse sans précédent.
D’après les trois indicateurs de l’’inflation pour certaines denrées alimentaires, il y a une menace également de supprimer les produits laitiers et les légumineuses des tables des familles iraniennes, tandis que la consommation iranienne de la plupart des denrées alimentaires a considérablement diminué en raison du faible revenu.
L’inspecteur du Conseil suprême des représentants des travailleurs a déclaré que «les membres de la société, en particulier les travailleurs, ont été soumis à de graves pressions économiques ces dernières années, telles qu’une inflation croissante, une baisse des revenus, une baisse du pouvoir d’achat et une pauvreté croissante. A cela s’ajoutent les problèmes liés à l’épidémie de Coronavirus».
Il est à noter que les sanctions américaines ont principalement touché les exportations de pétrole iranien, avec un certain nombre d’autres domaines économiques, ce qui a incité Téhéran à s’appuyer sur les exportations non pétrolières, qui ont connu une baisse ces derniers mois en raison des restrictions de « Covid- 19 « et la fermeture des frontières.
La situation économique a provoqué des manifestations dans tout l’Iran dans le passé. En novembre 2019, des manifestations ont éclaté après la majoration soudaine par les autorités du prix du carburant jusqu’à 200%, et le régime iranien a répliqué par une violence extrême contre les manifestants et il a jeté un grand nombre parmi eux dans les prisons.
Le gouvernement appelle à la reproduction
Au milieu de toute cette pauvreté extrême, le Guide suprême iranien, Ali Khamenei, a mis en garde en juin de l’année dernière contre le vieillissement de la population de son pays pour que quelques jours plus tard, le ministre iranien de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, annonce la création d’une commission pour traiter ces préoccupations.
Ces dernières années, le guide a fréquemment souligné la nécessité d’augmenter la population de l’Iran à 150 millions, soit plus le double de la population actuelle de l’Iran, environ 83 millions d’habitants.
Il est à noter que la détérioration de la situation économique, les prix élevés, les conditions de vie difficiles et l’amplification des problèmes sociaux ces dernières années ont conduit à une baisse générale de la reproduction en Iran, puisque le pays fait face à une crise à cause des diplômés universitaires et les détenteurs diplômes qui finissent au chômage, ou bien ils sont contraints d’accepter des emplois qui ne conviennent pas avec leur niveau d’éducation, mais ils ne suffisent pas pour gagner leur vie. D’autant plus que certaines familles et individus continuent leurs études à la recherche d’un autre moyen pour gagner de l’argent. Cela a conduit à la propagation du mariage des mineures, outre la prostitution dans les rues iraniennes.
Les mineures victimes de la société
Un régime religieux extrémiste contrôle l’Iran depuis 41 ans. Il encourage le mariage des filles à un jeune âge, avec une autorisation légitime et pas officielle du soi-disant « mariage de coït intercrural », dans lequel une enfant épouse un mari adulte.
Masoumeh Ebtekar, vice-présidente du président iranien Hassan Rohani pour les Femmes et les affaires familiales, a révélé fin de l’année écoulée des chiffres alarmants liés aux mariages des mineures à l’intérieur du pays, et a déclaré qu’au moins 30.000 mariages des filles de moins de 14 ans ont eu lieu chaque année en Iran.
Ebtekar a implicitement indiqué que l’existence de failles juridiques permet le mariage avec des mineures à l’intérieur de l’Iran qui a besoin d’une nouvelle législation définissant l’âge du mariage, selon l’agence de presse officielle iranienne (IRNA) à l’époque.
La vice-présidente iranienne a considéré que l’augmentation des prêts de mariage accordés par son pays à ceux qui souhaitent se marier pourrait être une voie déguisée pour épouser des mineures, en soulignant qu’épouser une enfant de moins de 13 ans aura de nombreuses répercussions psychologiques et physiques. Elle a ajouté qu’il suffit d’atteindre la maturité intellectuelle, pour se marier.
Il est à noter que le nombre de mariages des mineures a augmenté à un rythme significatif au cours des années 2019 et 2020 par rapport aux années précédentes, et selon les chiffres du gouvernement évoqués par des députées au Parlement iranien, les demandeurs de prêts de mariage en Iran (d’une valeur de deux mille dollars) pour les moins de 15 ans ont augmenté de 90%.
La commission judiciaire au sein du Parlement iranien rejette toujours un projet de loi visant à interdire le mariage des mineurs et à modifier l’âge du mariage dans les lois iraniennes, après l’opposition des religieux qui ont fixé l’âge de la maturité des filles à 9 ans et des garçons à 15 ans.
La plupart des cas de mariage d’enfants et de divorce sont concentrés dans les provinces d’Ispahan, d’Ormozgan, du Khorasan-e Razavi, du Khouzistan, du Sistan, du Baloutchistan et de l’Azerbaïdjan Occidental et Oriental.
Des chiffres non officiels indiquent qu’il y a des dizaines de milliers d’adolescentes divorcées environ en Iran, même si elles ont moins de 18 ans, d’autant plus que les institutions gouvernementales compétentes cachent délibérément les statistiques en la matière.
Des rapports internationaux sur les droits de l’Homme publiés par le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies ont mis en garde à plusieurs reprises sur contre l’augmentation des mariages des filles mineures en Iran, appelant les autorités iraniennes à apporter des modifications juridiques, car elles considéraient que ces mariages constituent un «abus sexuel» contre les enfants.
Les enfants des mineures
En décembre dernier, le Centre iranien des statistiques a révélé de grands nombres de mineures iraniennes qui se sont mariés et ont donné naissance à des milliers d’enfants en 3 mois.
Des rapports ont révélé que jusqu’à 7323 filles de moins de 14 ans se sont mariées en Iran entre mars et mai 2020.
Le Centre iranien des statistiques a précisé que les filles ont entre 10 et 14 ans, en ajoutant que le nombre des mineures ayant moins de 15 ans qui donnent naissance s’est élevé également à 346 au cours de la même période, et en expliquant que les femmes âgées de 15 et 19 ans ont donné naissance à plus de 16000 enfants au cours de la même période durant cette période de l’année, les chiffres choquants !
Cela se produit malgré le fait que l’Iran a ratifié l’année dernière la Convention relative aux droits de l’enfant stipulant que 18 ans est l’âge légal du mariage dans le pays.
Par ailleurs, des médias iraniens rapportent qu’un projet de loi devrait être soumis au Parlement iranien interdisant le mariage des enfants de moins de 13 ans sans l’approbation du tribunal.
Cependant, des sources iraniennes ont révélé que le mode de vie dans la société radicale iranienne sous le régime «religieux» continue de dominer les coutumes et les traditions, particulièrement en ce qui concerne les droits des femmes.
En Iran ce qu’on appelle le «mariage temporaire» est très répandu et il est considéré comme étant de la «prostitution» autorisée par les religieux. En effet, les familles craignent donc que leurs filles soient entraînées dans des traditions obsolètes conduisant à l’imposition de leur mariage à leur jeune âge.
« L’hirondelle » autorisée
En novembre de l’année dernière, la chercheuse iranienne « Claudia Yakoubi » a jeté la lumière sur le phénomène du mariage temporaire en Iran, et comment le régime utilise ce phénomène pour renforcer sa position sur les plans politique et social, tout en enregistrant la régression des libertés dans le pays , en particulier chez les femmes.
Dans son livre récemment publié intitulé: «Le mariage temporaire en Iran», Yakoubi a traité le phénomène du mariage temporaire, en affirmant que : «le mariage temporaire en Iran n’est pas seulement un phénomène de société, mais il couvre un ensemble de pratiques et de significations qui reflètent l’ampleur de l’intimidation des femmes iraniennes».
Elle a ajouté dans une interview que : «les œuvres littéraires des nouvelles et des films cinématographiques avant et après la révolution iranienne confirment que le mariage temporaire en Iran est un outil de contrôle politique et d’imposer le pouvoir aux femmes iraniennes».
Elle a expliqué que «les gouvernements du régime iranien après la révolution, ont commencé à encourager les hommes et les femmes, célibataires ou même mariés, à opter pour le mariage temporaire « Muta’a », notamment en encourageant les hommes à épouser les femmes veuves qui ont perdu leur mari dans la guerre contre l’Irak en la période (1980-1988), et aussi pour satisfaire les désirs des hommes des classes populaires qui ne sont pas financièrement en mesure de se marier d’une façon permanente.
Les rapports iraniens indiquent également que les services de sécurité et d’information utilisent le mariage temporaire dans le but de piéger les opposants politiques du régime. Un précédent rapport a révélé au site « ensafnews », proche du mouvement réformiste, que les services de renseignement iraniens dirigent un réseau de femmes pour piéger les opposants et même les hauts responsables par le mariage temporaire, alors qu’il a donné à ces femmes un nom de code est «Bersto», c’est-à-dire l’hirondelle.
Prostitution illicite
Les chiffres mentionnés sur la prostitution en Iran sont inexacts, et il n’y a pas de cadre pour soutenir ces études, car elles sont toutes basées sur les efforts du ministère de la Santé et de certains centres sociaux, et des journalistes ou des cinéastes qui révèlent une propagation massive des prostituées.
L’histoire des «travailleuses du sexe» en Iran refait surface à chaque période, où des articles de presse traitent le phénomène de la prostitution, appuyés par des photos d’offres présentées sur des sites proposant des services sexuels sous couvert de mariage temporaire ou en dehors du mariage. De même des hashtags sont partagés sur Twitter en persan, dont certains étaient sur les «mariages horaires».
Des études non officielles ont révélé que près de 40% des travailleuses dans la prostitution sont mariées et que des dizaines de milliers travaillent dans les villes iraniennes.
La loi n’interdit pas le mariage temporaire, mais elle punit les pratiques contraires à la morale publique, tels que le harcèlement des femmes dans les rues et la formation de gangs pour les employer. Souvent on jette la lumière sur ce dossier dans des cas particuliers qui ont provoqué la colère de la rue iranienne comme permettre le service de la prostitution dans la ville de Machhad pour des touristes irakiens ou transporter des filles iraniennes à Dubaï Pour travailler dans la prostitution, la jalousie pour l’honneur devient plus importante s’il y a un travailleur étranger, mais la prostitution locale est un besoin que certains décrivent comme une soupape de sécurité , et sans cela, davantage de cas d’agression auraient été enregistrés dans les rues.
Des sources propres à MENA ont révélé que toute femme à Téhéran peut se tenir sur le bord de la route principale près des fameux parcs ou des centres commerciaux pour attendre les voitures qui passent, pour recevoir les différentes invitations à passer une nuit ou des heures à un prix convenu.
Les sources ajoutent que malgré la profusion de plusieurs sites sur Telegram pour faciliter le travail dans la prostitution, de nombreuses femmes préfèrent la rue, car elle est plus proche du client, plus transparente et directe, et personne ne peut exploiter les enregistrements électroniques dans une société dans laquelle personne ne défend la cause des femmes, qui sont exposées à une violence familiale excessive.
«La violence contre les femmes» est un projet de loi incluant des failles
Dans une affaire qui a attiré l’attention nationale en 2020, précisément le 21 mai, un père a décapité sa fille adolescente, «Romina Ashrafi» (14 ans), après qu’elle s’est échappée avec un jeune homme pour se marier. La peine légère contre le père a provoqué la colère en Iran et autour du code pénal, puisque la justice iranienne ayant condamné le père à neuf ans et le jeune homme avec lequel la jeune fille s’est évadée à deux ans de prison.
Les autorités iraniennes se sont précipitées pour adopter un projet de loi de 51 articles pour «soutenir les enfants et les adolescents», et en même temps, de nombreux responsables du gouvernement iranien, y compris des parlementaires, ont incité le gouvernement à accélérer l’adoption du projet de loi pour protéger les femmes contre la violence.
Human Rights Watch a déclaré début janvier que l’Iran devrait combler les lacunes du projet de loi tant attendu sur la violence à l’égard des femmes, qui offre une protection limitée aux victimes de violence familiale, et la présenter au parlement pour le vote.
L’organisation de défense des droits de l’Homme a ajouté : « Au cours de l’année écoulée seulement, de nombreux cas de violence à l’égard des femmes ont été révélés, dont la nouvelle s’est largement répandue et a suscité l’indignation au niveau national. Les autorités devraient abroger les lois discriminatoires qui exposent les femmes au danger de la violence familiale ».
Les activistes iraniennes des droits des femmes ont lancé des campagnes appelant à une loi similaire pendant 16 ans, et l’administration du président Hassan Rohani travaille sur le projet de loi depuis les élections de 2013, et le Conseil ministériel a examiné un projet de loi intitulé «Protection, dignité et sécurité des femmes contre la violence »depuis le 17 septembre 2019, après que le pouvoir judiciaire a annoncé l’achèvement de l’examen du projet et le restituer au gouvernement.
Human Rights Watch a rappelé qu’une étude nationale menée en 2004 a démontré que 66 pour cent des femmes mariées qui ont participé à l’enquête avaient été victimes de violence familiale au moins une fois dans leur vie, et 30 pour cent avaient été victimes de violence physique, contre 10 pour cent qui avaient eu des blessures permanente à cause de cette violence.
De son côté, Tara Sepehri Far, chercheuse au Human Rights Watch basé à New York, a déclaré que : «le projet de loi est toujours en deçà des normes internationales et n’a pas abordé tous les aspects de la violence à laquelle sont confrontées les femmes». Elle a expliqué qu’il n’a pas traité la question du mariage des enfants et le viol conjugal, outre la définition de la violence familiale d’une façon convenable.
Cependant, de nombreux activistes des droits de l’Homme et avocats iraniens ont considéré le projet de loi comme un pas en avant et reflète la dynamique changeante de la société iranienne qui, selon leurs propos, devance largement le gouvernement dans les affaires de la violence contre les femmes.
Il est à rappeler que le projet de loi complet n’a pas encore été annoncé, mais le résumé publié sur le site web du gouvernement indique que «tout acte, qui cause un dommage physique ou émotionnel ou porte préjudice à la réputation» d’une femme ou conduit à restreindre sa liberté, est considéré comme un crime.
Le projet de loi traite également la question de l’harcèlement sexuel et l’imposition aux femmes de commettre des actes sexuels sans rapports sexuels en tant que crimes. De plus, le fait d’envoyer un message, un texte ou une photo à caractère sexuel non désiré à une femme pour demander des relations sexuelles ou la forcer à avoir des rapports sexuels peut entraîner des peines de prison allant de six mois à deux ans et jusqu’à 99 coups de fouet, avec des amendes.
Le résumé du projet de loi indique que le pouvoir judiciaire est tenu de mettre en place et de prendre en charge les centres de soutien aux victimes de violence et aux femmes exposées à la violence. Les forces de sécurité sont également tenues de créer une unité spéciale de police pour protéger les femmes.
Cependant, selon des analystes, le projet de loi sera devant un test majeur au Parlement, qui compte une majorité conservatrice qui est souvent en désaccord avec le gouvernement plus centriste.