En ciblant des milices iraniennes en Syrie par des avions américains de chasse, selon un plan, premier de son genre depuis que le nouveau président américain, Joe Biden, a assumé ses fonctions constitutionnelles, la polémique refait surface sur les indicateurs et les significations de ces raids, et le sens qu’ils portent, surtout qu’ils interviennent dans un moment où beaucoup estimaient que l’administration Biden va atténuer la tension avec Téhéran.
Des sources concordantes ont confirmé que le bilan de la frappe américaine contre la Syrie s’est élevé à 22 morts, appartenant tous aux forces de Hachd al-Chaabi, et particulièrement le Hezbollah irakien, en expliquant que la frappe avait ciblé une cargaison d’armes des milices pro-iraniennes au moment de son entrée en Syrie en provenance de l’Irak près du passage Al-Qaim dans la campagne est de Deir Ez-Zor.
En outre, des images prises par des satellites ont également montré les effets des dégâts massifs laissés par les frappes aériennes américaines contre les locaux des milices iraniennes en Syrie.
Des contre-attaques et Obama hors du pouvoir
Bien que les raids soient effectués en Syrie, mais le politologue Mohammed Hadj Ali les relie aux récentes attaques qui ont touché les intérêts américains en Irak, la semaine dernière, en soulignant que dans la situation actuelle au Moyen-Orient et l’influence iranienne dans les pays de la région, on ne peut pas séparer les scènes, soit en Irak, en Syrie ou au Liban.
Hadj Ali estime également que les raids américains ont porté le message que Biden n’adopte pas la même politique que celle de l’ancien président américain Barack Obama, considérée comme étant laxiste avec le régime iranien. Il a ajouté que la période actuelle enregistrerait de nombreux incidents de confrontation entre les deux parties, surtout avec l’amplification des rumeurs autour de la possibilité de tenir des négociations entre les deux parties en ce qui concerne l’accord nucléaire iranien.
Il est à noter qu’au cours des dix derniers jours, l’Irak a enregistré une série d’attaques qui ont touché des régions vitales du pays où les forces américaines et les bases de la coalition sont déployées à proximité, notamment l’aéroport d’Erbil, la base aérienne de Balad et l’ambassade américaine à Bagdad.
Dans le même registre, Hadj Ali suppose que les forces américaines vont intensifier leurs frappes aériennes contre les milices soutenues par l’Iran à l’intérieur de la Syrie, en soulignant que les frappes américaines ne se focaliseront pas sur les milices à l’intérieur de l’Irak, étant donné qu’elles ne veulent pas enliser la situation sécuritaire en Irak. Cela veut dire que les affrontements entre les deux parties se dérouleront sur la scène syrienne, selon ses propos.
Simultanément, des sites hébreux ont rapporté selon des sources israéliennes : «Les Iraniens ne se rendent pas compte que Biden n’est pas Obama, et s’ils continuent sur la voie de cette erreur de calcul, ils recevront un coup dur à la fin», en notant que Washington avait déjà mis en garde Israël contre des frappes aériennes contre des cibles iraniennes.
Des déclarations officielles et admission directe
Le rapport entre les attaques en Irak et les frappes aériennes contre les milices en Syrie, est confirmé par le secrétaire américain à la Défense, «Lloyd Austin» qui a insisté lors des déclarations après les frappes, que l’administration américaine est convaincue que l’objectif ciblé en Syrie appartient aux mêmes milices responsables de l’attaque d’Erbil, en faisant allusion à l’implication des milices du Hezbollah en Irak et des forces de Hachd al-Chaabi dans les attaques en Irak.
L’admission directe en tenant les milices irakiennes responsables de ce qui se passe en Irak, à travers le communiqué du département américain de la Défense, dans lequel il a confirmé que les avions de chasse américains ont mené un raid sur des installations à l’est de la Syrie utilisées par des factions armées soutenues par l’Iran, est une réponse aux récentes attaques par missiles sur des sites des forces américaines en Irak.
Dans le même contexte, « Austin » a expliqué : « J’ai conseillé le président de cette opération. Nous avons répété à plusieurs reprises que nous répondrons selon un calendrier », tandis que le ministère de la Défense a affirmé que la frappe militaire a été effectuée selon les instructions du président « Joe Biden », contre ceux considérés par l’administration américaine comme étant une menace pour la stabilité et la sécurité.
Il est à rappeler que la Maison Blanche a publié un communiqué après l’attaque sur l’aéroport d’Erbil, en affirmant que les États-Unis se réservent le droit de répondre à ces attaques, mais sans préciser la nature et le lieu de cette réponse.
En parallèle, Abdelhamid Raji, chercheur sur les affaires du Moyen-Orient, a considéré que les raids américains sur la Syrie ne sont pas liés au rôle qu’ils jouent à l’intérieur de la Syrie et sa position soutenant le régime de Bachar al-Assad, en poursuivant : «Les raids ne peuvent pas être interprétés comme étant une position américaine par rapport au régime syrien puisque ce dernier reste dehors de leurs calculs. Par ailleurs, on peut les considérer comme étant un indicateur que l’administration américaine est stricte en ce qui concerne l’influence iranienne ou tout mouvement menaçant la stabilité dans la région. Quant au sujet de la Syrie, c’est que l’administration Biden ne veut pas la présence de ces milices en Syrie, suivant les revendications et les intérêts d’Israël.
La préparation à la guerre atténue les tensions
Raji voit dans la nature de la réponse américaine que les États-Unis veulent envoyer un message à l’Iran selon lequel ils sont prêts à entrer en confrontation avec le régime iranien, et que toute action iranienne trouvera une réponse plus dure de la part de l’administration américaine. Il a encore souligné qu’à travers cette politique, l’administration Biden voulait empêcher Téhéran de s’enliser davantage dans les violations et les abus, d’une manière qu’il obligera Washington à répondre d’une façon indésirable et que le temps ne la permettra.
Raji a conclu que Biden peut porter probablement des positions moins extrémistes que son prédécesseur, Trump, mais il est plus disposé que ce dernier à s’engager dans des opérations militaires directes ou indirectes, si elles lui sont imposées. C’est ce que les dirigeants iraniens devraient comprendre, selon ses dires.