En Yougoslavie, l’éveil islamique a débuté dans les années soixante-dix du siècle dernier, et il a coïncidé avec l’éveil islamique dans la région arabe! Et il se manifestait à travers des phénomènes religieux souvent attribués à l’ouverture d’échange éducatif des penseurs musulmans de divers pays islamiques. De plus, la croissance financière de la Yougoslavie, avec les transferts de fonds de l’étranger aux refugiés bosniaques ainsi que les dons des employés bosniaques travaillant à l’étranger, qui ont contribué à la reconstruction et à la restauration de certaines mosquées, tandis que certaines mosquées et autres édifices religieux ont été restaurés par le biais de la Fédération yougoslave.
Mais les événements ont pris une tournure triste avec la désintégration de la Yougoslavie dans les années 1990 et la guerre civile en Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995, qui a conduit à une guerre ethnique sanglante accompagnée de la dévastation, de la destruction et des troubles dans la société bosniaque, et causant des dizaines de milliers de victimes! Ainsi que la destruction et la dévastation d’environ 1000 mosquées et écoles religieuses pour les musulmans pendant la guerre. Cela a été accompagné avec l’incapacité de l’Institut international de la Croix-Rouge et des institutions publiques de fournir le soutien pour les reconstruire et les réparer. ([1])
La composition démographique de la Bosnie-Herzégovine
La Bosnie-Herzégovine est composée de plusieurs communautés ethniques: 50,1% de Musulmans de la Bosnie (Bosniaques), suivis de 31% de Serbes, 15,5% de Croates, 3,7% autres ethnies. L’islam est apparu en Bosnie-Herzégovine depuis le XVe siècle et s’est ancré dans la société bosniaque durant la période de l’Empire ottoman de 1463 à 1878. La principale autorité religieuse des musulmans de Bosnie-Herzégovine est la Communauté islamique de Bosnie-Herzégovine (ICBiH), dont le siège est à Sarajevo. Fondée en 1882, alors que la Bosnie était sous la coupe austro-hongroise, elle faisait partie de la communauté islamique de la République fédérative socialiste de Yougoslavie jusqu’en 1992. (2)
L’éveil islamique, l’influence étrangère et l’extrémisme Bosnie-Herzégovine
Quand l’éveil islamique a atteint la Yougoslavie, ses premiers impactés ont été déterminés en Bosnie-Herzégovine. Ils étaient venus essentiellement des pays arabes à travers les organisations des aides humanitaires. En effet, la guerre a ouvert la porte à l’ingérence étrangère islamique surtout.
En 1992, des soi-disant moudjahidines sont entrés en Bosnie-Herzégovine – il en reste encore un nombre très restreint. L’aide humanitaire ne se limitait pas à la nourriture et aux autres fournitures, mais elle comprenait également des lectures islamiques du Moyen-Orient, jugées nécessaires pour «ré-islamiser» les musulmans laïques en Bosnie-Herzégovine (83). Après la guerre, les influences étrangères dans le pays ont continué de croître d’une façon très importante, à travers les dons et la construction des mosquées. (3)
À cette époque, des pays comme la Malaisie, l’Indonésie, le Koweït, le Qatar, l’Arabie saoudite et la Jordanie ont poursuivi les objectifs de leur politique étrangère en ouvrant et en reconstruisant des mosquées à travers le pays. L’Arabie saoudite et l’Iran étaient les deux premiers pays à aider la Bosnie-Herzégovine pendant la guerre.
La Turquie n’a pas immédiatement fourni son aide bien qu’elle soit considérée comme un «pays frère» de la Bosnie-Herzégovine. Avec l’aide de l’Arabie saoudite, l’influence de la renaissance est arrivée principalement sous la forme de courants wahhabites et salafistes. Ils ont financé des jardins d’enfants, des écoles et des mosquées, mais ils ont également édité des livres et des publications salafistes, ainsi que des bourses d’études pour continuer les études en Arabie saoudite. Après 1995, la Jeunesse islamique active (AIO), composée d’anciens membres de l’Unité Moudjahid, a été créée, et la revue SAFF est devenue le principal média de la foi (Aqîda’) salafiste. (4)
De même, l’influence iranienne était très importante au cours des années 1990, sous la forme d’aides humanitaires mais aussi d’une aide financière et militaire, y compris des armes, des instructeurs militaires et des officiers du renseignement. L’influence de l’Iran et des chiites dans la période d’après-guerre était importante, bien qu’elle provienne d’un petit groupe. Dès lors, la Bosnie-Herzégovine a considérablement réduit ses liens jadis étroits avec l’Iran, mais elle continue d’entretenir les rapports culturels par le biais du Centre culturel de la République islamique d’Iran, dont les échanges académiques et les publications comme le magazine culturel Buharistan. (5)
L’influence turque islamiste
Souvent, l’influence de la Turquie sur la Bosnie-Herzégovine est vue comme importante en raison des liens historiques à travers l’Empire ottoman. On estime que les deux tiers environ de la population musulmane bosniaque sont des conservateurs pro-turcs. Cependant, il est à noter que la Turquie n’a pas été parmi les premiers pays à aider la Bosnie pendant la guerre ethnique. Sous le règne du Parti de la justice et du développement (AKP), où la politique étrangère de la Turquie reflète un plus grand intérêt pour la région des Balkans en général, la Bosnie serait moins concernée par l’aide au développement que la Serbie (moins 30% environ). (6)
Depuis 2002, TİKA est l’une des institutions turques les plus importantes présentes en Bosnie, toutefois, il est également important de noter qu’en 2004, la Présidence turque des affaires religieuses, connue sous le nom de Diyanet, et l’ICBiH ont signé un mémorandum d’accord déclarant que les deux organisations vont coopérer étroitement sur les questions de l’islam, sur la base des traditions et les expériences communes. (7)
De plus, les récits autours des différends entre les élites politiques des deux pays indiquent que les relations entre la Turquie et la Bosnie ne sont pas aussi proches qu’on le croit. Les adeptes de Fethullah Gülen avaient une grande influence sur la Bosnie-Herzégovine, principalement à travers l’éducation et les écoles, ainsi que la Fondation Hizmet, qui existe toujours, à titre d’exemple la publication Novo Frejme. À l’instar de la Macédoine du Nord, l’influence de la Turquie en Bosnie liée au mouvement Gülen était importante. Plus précisément, la discorde entre l’AKP et le mouvement Gülen en 2013 a engendré la détérioration des relations entre le principal parti politique bosniaque (Stranka Demokratske Akcije-SDA) et l’ICBiH qui ont été fortement influencés par la politique du Parti de la justice et du développement et de la Fondation Hizmet. Cela a conduit à isoler le mouvement Gülen de la scène islamique en Bosnie. De nombreuses relations personnelles ont été rompues, comme l’abandon des enfants des personnes appartenant à l’ICBiH les écoles de Hizmat. (8)
Avec les diverses influences étrangères présentes en Bosnie-Herzégovine, ainsi que d’autres facteurs tel que le nombre de combattants étrangers qui ont quitté le pays pour rejoindre les champs de bataille en Syrie, la population musulmane de Bosnie-Herzégovine est considérée comme vulnérable à la radicalisation et à l’extrémisme. Dans le livre « Le califat des Balkans à venir : la menace de l’islam radical pour l’Europe et l’Occident », la Bosnie-Herzégovine est décrite comme « le berceau du terrorisme en Europe ». On constate que le fait de donner un caractère sécuritaire aux musulmans bosniaques est présent à l’intérieur et à l’extérieur des frontières des pays. En effet, les élites politiques des pays voisins expriment leur inquiétude concernant les Bosniaques et leurs mouvements à l’intérieur de l’Union européenne. (9)
On a abordé également lors des rencontres la question de l’’augmentation des titres financiers de la population musulmane bosniaque. Les personnes interrogées ont décrypté la situation de la demande permanente sur les titres financiers par les groupes d’opposition dans le pays et à l’étranger en raison du nombre des combattants étrangers en Bosnie. Deux experts en sécurité ont jeté la lumière que bien que le nombre de wahhabites et de salafistes en Bosnie-Herzégovine soit en augmentation, la menace posée par cette évolution était visiblement exagérée.
L’ICBiH joue un rôle important dans la limitation des influences étrangères et l’interdiction de la radicalisation religieuse au pays. En 1993, le chef des oulémas à l’époque, Mustafa Cerić, a publié une Fatwa concernant l’obéissance obligatoire au hanafisme dans tous les rites religieux en Bosnie-Herzégovine. C’était une méthode pour réduire l’influence des parties étrangères à travers la garantie de la pratique de l’Islam dans le pays dans les limites de la tradition. Toutefois, la fatwa n’incluait pas l’édition et laissait un espace aux acteurs extérieurs pour répandre leur idéologie par le biais des publications. En effet, les influences étrangères continuaient de se renforcer en Bosnie pendant et après la guerre.
Les frères musulmans en Bosnie-Herzégovine
Contrairement à la Serbie et à la Macédoine du Nord, la présence des Frères musulmans en Bosnie-Herzégovine a été un sujet d’intérêt, notamment pour les médias populaires et ceux qui souhaitent en profiter en liant leurs adversaires politiques aux Frères musulmans.
Les premiers rapports des individus et des groupes bosniaques avec les Frères musulmans remontent aux années 1940 avec la création du Groupe de la jeunesse musulmane (BHS: Mladi Muslimani). C’était une organisation d’intellectuels musulmans, souvent décrite comme un groupe illégal d’activistes islamistes, fondée influencée par la naissance des Frères musulmans en Egypte et elle était considérée une l’une de leurs filiales. (10)
Les jeunes musulmans ont refusé la décision du gouvernement yougoslave relative au procès yougoslave, contre 13 penseurs musulmans en 1983 suite à l’opération de Sarajevo, au cours duquel les membres de l’organisation ont été accusés du fondamentalisme islamiste, et principalement d’attaques en tant qu’activité hostile inspirée du nationalisme islamiste ainsi que la constitution d’associations à des fins d’activité hostile et de la propagande hostile. (11)
Avant d’être une personnalité politique célèbre en tant que chef du parti politique SDA, puis président, le verdict contre Izetbegović était lié à son article intitulé «La déclaration islamique» qui avait été rédigé dans les années 1970 et republié en 1990. Le contenu de la Déclaration islamique est parfois vu comme étant basée sur une idéologie islamiste similaire à celle des Frères musulmans, et son contenu demeure jusqu’aujourd’hui objet de polémiques. (12)
L’épopée de la présence des Frères musulmans en Bosnie-Herzégovine s’est poursuivie avec la création du Parti d’action démocratique (SDA), avec la présence de nombreux jeunes musulmans avec Izetbegović. Après la mort d’Alija Izetbegović, son fils Bakir a pris la direction du parti et il est depuis membre des Frères musulmans.
En 2014, selon des rapports et la presse jaune, Bekir Izetbegović «a accueilli une délégation des Frères musulmans dans la présidence de la République. Les articles comprenaient également une photo de Bakir Izetbegovic faisant le signe Rab’a, un symbole bien connue auprès des Frères musulmans. Il n’y a pas de compte rendu officiel de cette réunion sur le site web de la présidence. Cette réunion a continué d’être un sujet de polémique – en 2016, le journal serbe Politika a publié un article intitulé «Bakir Izetbegovic sous le contrôle des services de renseignement américains».
Après la condamnation à mort de Mohamed Morsi en 2015, Bekir Izetbegovic a publié un communiqué présidentiel officiel appelant l’Égypte à respecter les droits de l’Homme et à garantir un procès équitable à Morsi. Dans son communiqué, il a indiqué que Morsi avait été élu légalement, mais après «il avait été renversé par un coup d’État militaire, puis privé de sa liberté et soumis à des procédures judiciaires politiquement encadrées visant un affrontement brutal avec les adversaires politiques et les personnes portant des opinions différentes. Cette histoire s’est terminée par une liquidation physique ».
Malgré cela, l’appartenance des Jeunes musulmans aux Frères musulmans a souvent été contestée, en considérant que la raison de la révolte de ce groupe était à cause de l’accord Cvetkovic-Macek, et non à cause de leurs liens islamiques idéologique et avec les Frères musulmans.
Les preuves indiquent que les membres de la «Jeunes musulmans» étaient un groupe d’intellectuels, à l’époque de la Yougoslavie socialiste, qui étaient d’explorer leurs rapports avec l’Islam et à travers cela ils agissaient pour s’opposer au gouvernement. Leurs explorations les ont amenés à rencontrer des gens d’autres pays dans des circonstances similaires, soit ceux qui résidaient sous la coupe des régimes qui ne laissent pas de place à la religion, comme la Turquie, et que ces circonstances sont aujourd’hui exploitées comme étant un indicateur prouvant leurs liens avec les Frères musulmans et l’opération de Sarajevo en 1983 a jeté la lumière sur la persécution de ces intellectuels sur la base de leur opposition au gouvernement, et non pour planification pour une révolution islamique. Selon l’avis du docteur Rajko Danilovic, l’avocat de certains des accusés, la preuve du verdict était soit fabriquée soit exagérée.
En outre, selon les récits des personnes voulant minimiser les répercussions de la rencontre de Bakr Izetbegovic en 2014 avec des représentants des Frères musulmans égyptiens et le fait de brandir le signe de Rabi’a, l’acte était une preuve d’ignorance, et non de soutien des Frères musulmans: Bakir Izetbegovic avait eu l’occasion de rencontrer des membres liés aux Frères musulmans à travers son père et ses relations personnelles, et il a donc été choqué « par les événements du Caire. Il a commis une erreur en exprimant son soutien pour ceux qui ont souffert de la tragédie ».
De plus, le Conseil européen pour la fatwa et la recherche a tenu plusieurs assemblées ordinaires de l’organisation à Sarajevo, en 2007 et 2013. L’idéologue des Frères musulmans, Yousef el-Qaradawi, était présent au congrès de 2013, aux côtés de Bakr Izetbegovic et le chef des oulémas Husein Kavazovic. Bien qu’il existe plusieurs rapports reliant el-Qaradawi à la Bosnie-Herzégovine et à des individus du pays, l’ICBiH était consciente de la polémique autour de sa personnalité, en créant ainsi une distance entre la société et lui. Par exemple, l’ICBiH a refusé la possibilité d’interviewer el-Qaradawi et de publier son contenu à travers leurs médias. (13)
Il est prétendu également qu’une autre personnalité éminente de Bosnie-Herzégovine, l’ancien chef des oulémas, le docteur Mustafa Cerić, aurait des liens avec les dirigeants des Frères musulmans. Ceric est membre du Conseil européen pour la fatwa et la recherche lié aux Frères musulmans, outre el-Qaradawi et d’autres personnalités importantes parmi les Frères musulmans. En outre, il est membre de la « Radical Middle Way » basée au Royaume-Uni, à travers laquelle il a eu l’occasion d’entrer en contact avec de nombreux oulémas liés aux Frères musulmans. Il a une « personnalité caméléon » comme mentionné dans le précédent rapport de cette série. Il a également veillé à être impliqué dans les opérations politiques ainsi que changer ses positions et ses opinions lors de ses échanges avec des experts de Bosnie-Herzégovine. (14)
En parallèle, il est accusé de travailler pour son propre intérêt. Il a tendance à changer son discours selon la partie à laquelle il s’adresse. Lors de son présence en Europe, où il préfère utiliser un discours plus modéré, il avait tendance à appeler à lutter contre la violence des islamistes, tandis que son discours en Bosnie est plus incitatif. Parmi la population musulmane de Bosnie, Ceric est considéré comme un théologien et un grand enseignant, mais ses faux pas occasionnels sur la scène politique ont altéré à sa réputation.
Il avait plusieurs tentatives pour satisfaire ses ambitions politiques en exploitant sa popularité et ses capacités scientifiques et islamiques et ses relations avec l’Islam politique. Il aurait envisagé de présenter sa candidature au poste de président de la République en 2018. Cela n’a pas surpris les habitants car il était connu pour l’exploitation de sa fonction religieuse pour des fins politiques. Sa candidature a été considérée comme potentiellement dangereuse pour la société bosniaque et elle a été attribuée à son «besoin insatiable d’être quelque part au sommet, dans une position permettant de satisfaire ses aspirations, son immunité». De même, les relations de Ceric avec les organisations et les personnes liées aux Frères musulmans sont attribuées à son désir de réaliser des objectifs personnels plutôt que de faire progresser l’islam politique. On suppose que noueur des relations et les maintenir ont été renforcés par Ceric lors d’une précédente tentative de s’imposer en tant que le Grand Mufti des musulmans d’Europe, et ainsi se présenter comme leur chef religieux et spirituel, et par conséquent, en tant que politicien.
Les activités actuelles des Frères musulmans en Bosnie-Herzégovine – AKOS ?
Selon Lorenzo Vidino, peu d’organisations en Europe seraient implantées par les Frères musulmans dans le continent. L’une de ces organisations est l’Union des organisations islamiques en Europe (FIOE), basée à Bruxelles. Selon son site web, AKOS est une organisation non partisane, non gouvernementale et à but non lucratif qui est financée par des contributions des donateurs, des cotisations d’adhésion et des activités économiques.
La consultation du serveur enregistré aux États-Unis du site web géré par AKOS, « www.akos.ba », a révélé que la majorité des 3400 visiteurs du site par jour (84,5%) viennent de Bosnie-Herzégovine tandis que le reste vient de l’étranger. Cela signifie indirectement « un intérêt étranger en ligne limité pour l’organisation ». Outre ses revenus, sa valeur est estimée à 41.849 $, sur la base des revenus publicitaires estimés à un peu moins de 1000 $ par an.
L’organisation se concentre sur l’éducation des jeunes, en attirant principalement l’attention sur les influences négatives causant la dégradation morale : l’absence des vraies valeurs humaines, se plonger dans le monde de la drogue, l’alcool, la fornication et d’autres formes de comportement destructeur et dangereux ».
Il est aussi intéressant de voir sur leur «propre page», AKOS jette la lumière sur les personnes qui ne peuvent pas être acceptées en tant que membres dans l’organisation, Il s’agit des personnes reconnues coupables de crimes contre la sécurité ou les droits fondamentaux de l’Homme ; les personnes sanctionnées ou expulsées par d’autres associations; et les gens qui violent l’unité de l’association.
AKOS appartient également à l’organisation non gouvernementale «Association pour la culture et l’éducation» (AKEA), qui opérait au Kosovo mais elle était soupçonnée d’avoir des liens avec les Frères musulmans. AKEA a été fermée en 2014 par le bureau du procureur spécial du Kosovo vu qu’elle était l’une des 64 «organisations suspectes». Selon des reportages de 2014, l’organisation, son siège à Pristina, était proche des Frères musulmans en Égypte et bénéficiait également du soutien du président turc Erdogan via TİKA.
En ce qui concerne les Frères musulmans, AKOS présente un grand nombre d’articles mentionnant les Frères musulmans, et ils peuvent être répartis en quatre catégories : l’histoire et le développement des Frères musulmans, les évolutions en Égypte, et des entretiens ou les rapports autour de la pensée des Frères musulmans, les affiliés à la Confrérie des Frères musulmans, et les Frères musulmans et leur impact en Bosnie-Herzégovine.
Confrérie des Frères musulmans, et les Frères musulmans et leur impact en Bosnie-Herzégovine. Pour mieux expliquer le contenu, les articles relevant de la première catégorie qui se focalisent sur les évolutions historiques des Frères musulmans comprennent une série intitulée «Martyrs du mouvement islamique musulman» [BHS: Šehidi islamskog pokreta Muslimanska braća] qui présente des biographies des plus célèbres «Martyrs» dont Hasan el-Banna. La deuxième catégorie d’articles se concentre sur les évolutions politiques en Égypte, comme les manifestations et la mort de Morsi. La troisième catégorie d’articles regroupe des conférences et des articles d’opinion traduits pour des personnes comme Tariq Ramadan et el-Qaradawi.
En 2015, AKOS a publié une interview avec Ramadan intitulée «Tariq Ramadan: Définir l’identité par l’ouverture et la flexibilité est très important». Il a été présenté comme l’un des penseurs islamiques actuels les plus importants. Il a ensuite été encore présenté comme «Ibn Dr. Syed Ramadan, étudiant et partenaire proche de Hassan el-Banna, fondateur du mouvement islamique moderne le plus grand et le plus influent».
En 2013, AKOS a publié «Le mouvement des Frères musulmans – Origine, action et réflexion en Bosnie-Herzégovine». Il s’agit des extraits de d’une thèse de maîtrise et du livre de Mustafa Berlija sur le mouvement des Frères musulmans et son impact sur la Bosnie-Herzégovine et les Bosniaques. L’article a présenté la section d’introduction entière du livre. Cette section traite la nature du mouvement avec les phrases suivantes: «Sa contribution à l’affirmation de l’islam et des valeurs islamiques, et à la restauration de la confiance en soi et de l’estime de soi chez les musulmans est grande et incontestable quoi qu’il arrive.
Dans les parties suivantes, l’article présente le récit de Berlija sur les Frères musulmans. L’influence en Bosnie-Herzégovine, d’abord en se référant à «un groupe de nos étudiants, qui étudiaient au Caire au moment de sa création, étaient conscients de ce mouvement, et la façon dont il fonctionnait dans cette première phase était partielle et comment ils ont transféré ces idées dans ces régions à leur retour ». Il s’agit des Jeunes musulmans.
Les articles ont décrit l’impact éducatif des Frères musulmans sur les musulmans dans le monde entier et leur recherche pour « trouver une réponse islamique appropriée, efficace en même temps aux nombreux défis auxquels ils étaient confrontés ». Les articles concluent que les événements en Bosnie n’étaient qu’« un écho lointain des événements de l’ère historique qui se sont produits en Egypte, qui d’abord a redonné aux Egyptiens et ensuite aux autres nations islamiques l’espoir et la croyance en leur force et en général dans la possibilité de la réponse islamique aux défis civilisationnels énormes auxquels ils ont été confrontés avant tout, et qui ont fortement pesé sur la réalité de leur vie. (15)
En outre, l’Association FEMSYO a eu lieu à Sarajevo en 2018 et a été invitée par AKOS et en 2019, deux membres de cette ONG sont devenues des délégués à FEMYSO. C’est une autre organisation affiliée au MB identifiée par Vidino. Selon les informations fournies dans le communiqué de presse d’AKOS, l’organisation est membre de FEMSYO durant 15 dernières années.
Malgré différentes tentatives, les auteurs n’ont pas pu obtenir de réponse formelle concernant la recherche sur AKOS. Il est important de noter que si le langage lié aux Frères musulmans dans les articles sur le site AKOS était positif envers les Frères musulmans, mais en même temps il n’appelle pas directement de s’emparer de l’idéologie des Frères musulmans. En outre, le portail AKOS publie également un ensemble d’autres articles variés, principalement des articles sur l’islam, le mode de vie basé sur la religion et le bien-être. (16)
En ce qui concerne la programmation, le portail AKOS jette la lumière sur les activités d’aide humanitaire, outre des sessions pour les jeunes entrepreneurs, les dons à travers la coopération avec les hommes d’affaires bosniaques, ainsi que différentes autres activités.
Lors des conversations avec des experts en sécurité et des membres de la communauté musulmane, il a été constamment confirmé que malgré l’adhésion à l’Union et la publication d’articles relatifs aux Frères musulmans, AKOS est simplement une ONG inspirée de la religion et dirigée par des jeunes musulmans bosniaques. Selon les rapports, AKOS représente les musulmans de Bosnie-Herzégovine qui défendent la méthode européenne intégrée, une méthode pavée par le respect des droits de l’Homme, les valeurs démocratiques, le pluralisme et le dialogue interreligieux.
Malgré les publications d’AKOS sur son site web, tous les experts interrogés ont indiqué qu’ils n’étaient pas au courant de l’existence des Frères musulmans en tant que mouvement organisé dans le pays. Selon ces récits, contrairement aux courants salafistes en Bosnie-Herzégovine, aucune trace des opérations des Frères musulmans, y compris des personnes ou des relations financières, n’a été découverte en relation avec tout mouvement ou parti politiques dans le contexte de la Bosnie-Herzégovine. (17)
Conclusion
Celui qui observe du mouvement islamique en Bosnie depuis l’époque de la Fédération yougoslave jusqu’à la dissolution de l’union et la guerre civile, comprend clairement que les islamistes bosniaques ont des tendances claires vers l’idéologie de l’islam politique. Et la justification de cette tendance est due à l’époque de la persécution de l’islamisme par le dirigeant yougoslave Tito en profitant de l’expérience du règne de Gamal Abdel Nasser dans ses relations avec le mouvement des Frères musulmans en Égypte.
Cependant, après la dissolution de la fédération yougoslave, la tendance vers l’idéologie de l’islam politique est devenue claire, en commençant par les mouvements et les écrits du dirigeant bosniaque Ali Izetbegovic jusqu’au printemps arabe. Bien que les rapports sur l’appartenance aux Frères musulmans dans le monde ne soient pas confirmés, l’orientation, l’activité et les désirs islamistes en sont tous des preuves, ainsi que des relations avec des personnalités connues des Frères musulmans et des activités de ces personnalités et de leur présence dans les événements islamiques qui se déroulent en Bosnie.
Toutefois, aujourd’hui, l’inquiétude et l’appréhension de cette tendance vers l’idéologie de l’islam politique des Frères musulmans reviennent spécifiquement au phénomène Erdogan à travers les tentatives de ressusciter le nouvel ottomanisme et la renaissance et l’expansion de la Turquie à travers les communautés turques en Europe ; Erdogan utilise maintenant la communauté turque et les branches de l’islam politique des Frères musulmans au profit de sa politique. Cette manœuvre d’utilisation se traduit lors des conflits politiques avec certains gouvernements européens. Et puisque l’influence d’Erdogan est évidente dans les cas islamistes, que ce soit en Bosnie ou ailleurs ; cela reconforte la possibilité de l’appartenance de ces groupes à l’islam politique dans sa version des Frères musulmans.
Références
[1] D’après un entretien avec un groupe d’experts à Sarajevo BiH le 13 février 2021.
[2] – Hamzah Priljevic, «Prévention de l’extrémisme religieux en Bosnie-Herzégovine: le rôle de la communauté islamique en Bosnie-Herzégovine», Journal of Muslim Minorities Affairs. Numéro: 4. (2 T 1 / A / octobre 2017)
[3] – Voir : «Le renouveau islamique en Bosnie-Herzégovine postsocialiste», par Karči p. 523 – 525.
[4] – Voir le livre: Prévention de l’extrémisme religieux en Bosnie-Herzégovine, par Preljević. P. : 184.
[5] – Voir le livre: «Le renouveau islamique en Bosnie-Herzégovine postsocialiste», par Karči, p: 528.
[6] – Voir le livre: «Le rôle de la Turquie en Bosnie-Herzégovine» de Dino Mogadjevic, p. 26. Imprimé (Saint-Gall: Université de Saint-Gall, 2017),
[7] – L’ICBiH est la principale autorité religieuse des musulmans en Bosnie-Herzégovine et de la Communauté islamique de Bosnie-Herzégovine.
[8] – Voir le livre: The Coming Balkan Califhate: The Threat of Radical Islam to Europe and the West, p. 12. À Christopher Delissau. Édition de Londres: Praeger Security International, 2007.
[9] – L’ancien président croate Kolinda Grabar Kitarovi a déclaré que la qualité de l’islam en Bosnie-Herzégovine est en train de changer et de devenir de plus en plus extrémiste, ce qui a des implications sécuritaires pour la Bosnie, mais aussi pour la Croatie. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a également exprimé des sentiments controversés envers les musulmans de Bosnie, notant que «les jeunes femmes et filles de Sarajevo et Pristina sont payées pour se couvrir la tête». De telles déclarations montrent que les musulmans de Bosnie-Herzégovine sont également réinstallés hors des frontières du pays. Voir: Priljevic, «Prévenir l’extrémisme religieux en Bosnie-Herzégovine».
[10] – Conflit ethnique et intervention internationale: la crise en Bosnie-Herzégovine 1990-1993. Par Steven L. Burg et Paul S. Shoup (Routledge, 2015), p: 67.
[11] Ibid. P. : 67.
[12] – Islamisme et sécurité en Bosnie-Herzégovine. Par Leslie S. Label (Institute for Strategic Studies et American War College Press, 2014) P.: 23.
[13] D’après le site Web: https://vijesti.ba/kategorija/koronavirus
[14] https://www.facebook.com/RadicalMiddleWay/posts/bosniaa-deeply-intimate-and-informative-conversation-with-the-former-mufti-of-bo/10157043377237440/.
[15] – Voir : AKOS, «Muslim Brother Movement – Origin, Action and Reflections on BiH», AKOS, 15 juillet 2013, https://akos.ba/pokret-muslimanska-braca-nastanak-
[16] – Voir: https://akos.ba/osam-stvari-koje-morate-nauciti-svoje-sinove/
https://akos.ba/cuvaj-se-kletve-onog-kome-si-nepravdnu-ucinio-poucna-
[17] – Entretien de Bosnie-Herzégovine 4, 14 octobre 2020, Sarajevo.