Un rapport présenté par le Parti républicain du peuple de l’opposition en Turquie a levé le voile sur le taux élevé de suicides parmi les citoyens turcs pendant la période du règne du Parti de la justice et du développement (AKP), en accusant ce dernier d’avoir poussé les citoyens vers une dépression critique causée par la situation économique précaire et engendrée par les politiques du parti au pouvoir.
Le rapport exposé par la vice-présidente du parti, Gamze Akkush Ilgezdi, a indiqué qu’il y avait une augmentation de 48% des suicides sous le règne du Parti de la justice et du développement. Et elle a ajouté que chaque semaine meurt un citoyen sous ce régime autocratique.
Des chiffres et des causes…
Le rapport de l’opposition turque a indiqué que si 2030 personnes avait mis fin à leurs jours pour diverses raisons en 2002, ce nombre est passé à 3406 en 2019, et le gouvernement confirme que 4 personnes sur 10 se sont suicidées, pour des raisons inconnues, en faisant allusion que 42% des suicides en Turquie sont dues à des raisons inconnus.
«Ilgazdi» a ajouté que : «65 cas de suicide par semaine ont été enregistrés entre 2017-2019. En effet, 9.916 personnes se sont suicidées dans toute la Turquie. Ce nombre à lui seul constituait 19% du nombre des décès au cours de la même période, tandis que le nombre total des suicides a atteint durant la période du règne de la justice et du développement, soit entre les années 2002-2019, 53.425 cas.
Le rapport a confirmé que les cas de suicide en Turquie ont augmenté de 38% pour des raisons économiques entre 2017 et 2019, tandis que 232 personnes sont décédées en 2017 pour des raisons économiques, ce nombre s’est élevé à 312 en 2019.
La vice-présidente du plus grand parti turc de l’’opposition a conclu, selon leur rapport, qu’«il y a eu plus de 10 rapports de suicide au cours des dix derniers jours qui ont seulement mentionné dans la presse les informations autour des suicides enregistrées chaque jour durant l’épidémie. Il s’agit là d’un signe sombre dans les données de 2020 ».
Demande accrue sur l’utilisation des antidépresseurs
Le rapport de l’opposition turque est intervenu quelques jours après les déclarations de la parlementaire de l’opposition du Parti républicain du peuple lui-même, «Jamza Tashjir», une pharmacienne, qui a affirmé qu’il y a une augmentation alarmante et effrayante de l’utilisation des antidépresseurs en Turquie.
« L’augmentation de l’utilisation des antidépresseurs était de 1,8% de 2018 à 2019, mais elle a considérablement augmenté de 2019 à 2020, à 9,6% », a expliqué Tashjir.
La députée turque a également révélé en chiffres que 49,8 millions de boîtes de médicaments antidépresseurs ont été vendues en 2019, tandis que ce nombre a atteint 54,6 millions en 2020, en estimant que les problèmes économiques en sont la principale raison.
Commentant ces données, le vice-président du Parti républicain du peuple, Veli Agbaba, a souligné que «le chômage en Turquie a dépassé réellement 11,2 millions. Des millions de chômeurs se battent pour couvrir leurs dépenses mais n’arrivent pas à assurer les besoins de leurs familles. Par conséquent, le suicide est devenu la seule solution pour eux ».
Efforts gouvernementaux.
Le gouvernement, quant à lui, n’a pas nié la forte hausse des suicides parmi les citoyens turcs, et plusieurs institutions gouvernementales ont lancé des projets au début de l’année pour faire face à ce fléau.
Le 10 février, une association gouvernementale de santé mentale a annoncé le lancement d’un projet dans le cadre des efforts de prévention des suicides en Turquie, avec le soutien du ministère turc de la Jeunesse et des Sports.
Le projet intitulé «Adhésion au réseau de conseil en prévention contre le suicide, IMDAT» a été proposé par près de 1800 psychologues et 81 d’entre eux ont été sélectionnés dans 81 provinces du pays.
L’association a expliqué qu’après avoir reçu une formation en ligne d’experts de l’Association de la santé mentale, les bénévoles vont faire participer des personnes susceptibles de tenter de se suicider.
Le président de l’association, Omar Akgül, a déclaré de son côté que : «Certaines personnes ont perdu la motivation pour continuer à vivre pendant la pandémie de Covid-19», en ajoutant : «Nous avons besoin de chaque vie, de chaque âme, nous n’avons pas le luxe de pouvoir perdre n’importe qui».
Akgül a assuré que l’association compte former des volontaires pendant un an. Ces derniers travailleront à prévenir les cas de suicide en Turquie au cours des deux prochaines années.
Migration de l’investissement étranger
Plusieurs grandes entreprises et banques cherchent à quitter la Turquie, suite à la nouvelle chute de la valeur de la livre turque par rapport aux devises au cours de la semaine dernière, et la baisse du taux de change de la lire à 7,1966 pour un dollar avant-hier en Turquie, portant le total des baisses la semaine dernière à 3%.
Il y a quelques jours, la société britannique «Aviva» a annoncé qu’elle va quitter la Turquie pour une restructuration internationale qu’elle envisage engager afin d’éviter d’éventuelles pertes si elle continuait ses activités en Turquie, qui traverse une crise financière sans précédent.
La société britannique a décidé de vendre sa part de 40% de ses actions dans un projet bilatéral avec la partie turque. Une chose que d’autres sociétés étrangères sont susceptibles de le faire également dans la période à venir en raison de la crise économique qui perdure depuis des années en Turquie.
Les médias turcs ont rapporté que la compagnie d’assurances « Agia », ayant des filiales en Turquie, pourrait acheter les actions de la société britannique dans le cadre d’un accord qui sera conclu plus tard en 2021 et sera évaluée à environ 173 millions de dollars.
D’autres médias n’ont pas de même exclu que la banque d’investissement britannique, connue sous le nom de HSBC, quitterait la Turquie. Au début de cette année, la direction de la banque a annoncé son intention de quitter la Turquie, «si un acheteur local pouvait être trouvé».
Il convient de rappeler que les grandes entreprises internationales ont décidé d’abandonner leurs projets en Turquie, comme Volkswagen, alors que le gouvernement continue à assurer que les investissements étaient en hausse en Turquie.
Volkswagen a annulé son projet portant sur l’installation d’une usine en Turquie d’une valeur de 1,1 milliard de dollars américains, et elle a choisi la Slovaquie, pour «des raisons politiques», selon Herbert Deiss, directeur exécutif de Volkswagen.
Il est à noter que « Volkswagen » avait suspendu ses plans d’investissement en Turquie après des pressions de l’opinion publique allemande en raison de l’invasion par l’armée turque de plus de territoires en Syrie dans le nord-est du pays en octobre 2019, où Ankara lançait des attaques contre les combattants kurdes et leurs alliés locaux dans les «Forces démocratiques syriennes», soutenu par l’Occident et Washington.
Il est à rappeler que, selon les données du ministère turc du Commerce, 99.588 magasins et 40.735 entreprises ont été fermés en 2020, tandis que le nombre des chômeurs a atteint 4 millions et 16 mille selon les données de l’Institut turc des statistiques. Cependant, des chiffres non officiels affairement que le nombre réel des chômeurs s’éleve à près de 10,7 millions.