Résumé exécutif :
Entre la tentative des Frères musulmans de se présenter dans un habit civilisé et ouvert et leur méthodologie axée sur le passé, leurs volatilités se poursuivent. La vitrine d’ouverture ne résiste pas longtemps dans leurs pays s’ils soutiennent l’extrémisme et le mono-sectarisme, ou dans les pays européens. Et l’exemple qui illustre bien leur fausse allégation est celui de l’Organisation internationale de secours islamique (Islamic Relief), fondée par Hany el-Banna en Grande-Bretagne en 1984. C’était la première association à obtenir un financement du gouvernement britannique, étant donné son activité humanitaire, mais les dernières révisions de ses activités ont prouvé qu’elle œuvrait à promouvoir les prédicateurs de l’extrémisme. Le Forum du Moyen-Orient, un groupe de réflexion à Philadelphie, a publié un rapport examinant de manière approfondie les activités d’Islamic Relief : ses filiales et ses liens avec les Frères musulmans, ses liens avec le Hamas, l’extrémisme de ses dirigeants et sa promotion des prédicateurs qui incitent à la haine contre à la fois les musulmans modérés et les non-musulmans. Et le discours de ses membres appelle à l’excommunication de l’autre et à la culture de la haine.
Cette étude tentera d’expliquer ce qui précède à travers les axes suivants :
Introduction : La liberté religieuse
- Les pays du monde islamique : les minorités entre la religion et la politique
- L’État islamique et les minorités (les Yézidis comme exemple)
- Le fondement des Frères musulmans et l’épreuve des minorités
- Les Frères musulmans et la vitrine de l’ouverture
- Les Frères musulmans, le secours humanitaire (le faux slogan)
- Conclusion
Introduction : La liberté religieuse
Parmi l’ensemble des problèmes ayant été créés à cause de la religion dans les anciens empires, les idées et les lois se sont évoluées pour atteindre la garantie des droits de l’homme et de leur liberté religieuse et de foi, et leurs porteurs étaient des théologiens, de Martin Luther et son dépassement de Rome ainsi que son appel à liberté religieuse dans une « lettre ouverte aux nobles chrétiens » (1520), et sa reconnaissance du droit de tout croyant à se juger lui-même et son objection à imposer d’adopter des croyances religieuses, au théologien français Sébastien Castellion et sa critique de la condamnation à mort par Calvin contre Servet en l’an (1553) ([1]). Les théologiens ont jeté avant d’autres penseurs et philosophes tels que John Locke, Spinoza, Pierre Bayle et Voltaire, les bases du concept de liberté religieuse et de la possibilité de rationaliser la religion, ainsi qu’un processus de sortir de l’imposition du conformisme religieux et de la persécution de toute opposition religieuse différente. ([2] ) Cependant, ce chemin n’a pas été enraciné qu’après des guerres catastrophiques et grâce aux arguments et à la réponse des philosophes et des théoriciens politiques, ayant débattu sur la croyance religieuse et les allégations de droit religieux qui conduisent à l’oppression de l’autre, et que la vraie foi n’est pas fondée sur l’oppression et la restriction de la liberté des minorités, pour devenir une partie intégrante des institutions politiques occidentales après les Révolutions américaine et française.
Après que l’ensemble des variables avait constitué un motif pour sortir du passé des empires au présent des États, et établir en quelque sorte la situation de disparité moderne entre l’Est et l’Ouest. L’histoire des empires abandonnée en Occident constitue encore une nostalgie pour certains membres du monde islamique, et la majorité des organisations religieuses islamiques et les fondamentalistes religieux islamiques qui représentent l’incarnation d’une tendance du passé qui n’a pas été poussée par les événements de transformations sociales et politiques dans le monde dans son ensemble, la création d’États et les différents fondements de l’ordre pour abandonner leur passé, dans lesquels se mêlent la nostalgie pour le passé et le facteur de la force dont ils recherchent. Et cela a été renforcé par la présence d’États qui n’ont pas résolu leur problème par rapport à la modernité et à l’attribution de droits pour tous, pour faire ainsi un mélange de religion et d’État se nourrissant de la stagnation de la pensée religieuse en général et de son manque de perception de Dieu, de l’univers et de la vie humaine de manière rationnelle.
Les pays du monde islamique : les minorités entre religion et politique
Ce que l’Occident a accompli il y avait des siècles et ce qui était inclus dans la Charte internationale des droits de l’homme ne constituaient pas un droit universel dans le monde entier. En effet, les pays arabes qui l’ont adoptée en tant que charte continuent de ne pas l’appliquer d’une manière officielle et la plupart des pays arabes font de la religion une croyance officielle pour la société et l’Etat, sachant que la plupart d’entre eux vivent dans des sociétés diversifiées anthropologiquement et religieusement. La présence d’autres minorités n’a pas empêché le pouvoir politique d’utiliser et de contrôler le champ religieux au service de ses buts et de ses objectifs politiques, en se rangeant du côté d’un courant idéologique religieux particulier au détriment d’autres courants religieux. Ces pays, même ceux qui revendiquaient la laïcité, comme l’Égypte, la Syrie et l’Irak, sont encore incapables de remplir leur rôle sans s’appuyer sur les institutions religieuses pour effectuer des tâches administratives et fournir des prestations publiques. « Ces institutions religieuses comme les églises et les monastères en Europe et les mosquées et les Awkaf (donations) dans les pays islamiques étaient des principaux acteurs à l’poque des anciens empires, puisqu’ils fournissaient l’éducation et aidaient les nécessiteux, ainsi que d’autres intérêts, ([3]), mais les abandonner dans la construction des États arabo-islamiques est une question épineuse pour l’autorité politique et religieuse, tout comme la reconnaissance des droits des minorités religieuses et ethniques.
D’une manière générale, les pays arabes islamiques n’ont pas résolu la question de la construction des États reconnaissant les droits de l’Homme et respectant les croyances des humains. La question de l’appartenance religieuse fait toujours partie de la construction des pays arabes et musulmans en tant que valeur ayant son impact sur la stabilité du tissu social et sur la scène sociale et politique exprimée dans l’activité des groupes et associations religieux extrémistes comme les Frères musulmans. En conséquence, la situation des minorités religieuses dans certains pays demeure en crise et elles font constamment et souvent l’objet de l’exclusion des États et la persécution à la fois de l’État et de la société. Pour que l’autre, différent religieusement, demeure réticent à exprimer son droit à la liberté religieuse et son droit à sa croyance, peu importe, dans une situation de paix, et soumis aux peines les plus sévères en raison de sa croyance, dans les situations de crise.
L’État islamique et les minorités (les Yézidis comme exemple)
Malgré les nombreux paradoxes entre ce que la religion islamique approuve de tolérance envers les différents religieux, et ce qui est appliqué sur le terrain dans certains pays islamiques, le plus grand paradoxe est né avec le chaos qui a envahi les pays du Moyen-Orient après le Printemps arabe, où sont apparus les modèles les plus extrémistes et fondamentalistes pour les musulmans et comment se comporter avec l’autre.
L’expérience de l’Etat islamique, et la construction de son État en Irak et en Syrie, était une réalité qui ne peut être ignorée avec tous ses aspects, et en particulier ses relations avec des personnes religieusement différentes. L’organisation selon la religion nécessite récupérer les fondements juridiques et de la Charia issus des religions sur des bases identitaires, à travers la différence de traitement avec les individus selon leur statut juridique ou leur religion, où les règles identitaires étaient le critère prépondérant pour assurer la cohésion du système politique par la religion dans les empires antiques, ainsi que dans leurs vestiges intellectuels adoptés par des organisations extrémistes, et leurs différentes générations, jusqu’à Daech, qui a eu recours à l’application de tous les systèmes juridiques tels que : le système pénal ou les peines pénales établies par la loi islamique, qui sont : (La punition pour le vol, la fornication, la calomnie, la consommation d’alcool, la prostitution, l’apostasie et le banditisme), étant donné que la punition prescrite pour ces crimes est le droit de Dieu, et nécessaires pour l’intérêt public, et ni celui qui a commis la faute ni le groupe qui exécute la peine n’a le droit de les modifier. ([4] ) De plus, il s’agit d’imposer de payer le tribut à des personnes religieusement différentes, et selon de nombreux ouvrages de patrimoine, le tribut représente un impôt payé par les non-musulmans humiliés par l’État islamique, afin de les protéger. ( [5])
Avec l’avancement de l’histoire et les évolutions, le problème des textes religieux et les défauts de l’accumulation historique s’est formé, pour donner l’image la plus cruelle de bizutage de l’existence de ceux qui sont différents par la religion, en particulier ceux qui n’ont pas été traités équitablement par un texte religieux explicite comme d’autres (Juifs, Chrétiens et Sabéens), comme les Yézidis, qui n’ont pas été sauvés par les versets de tolérance en général, ou l’existence de la religion comme régulateur de la cohabitation et de la connaissance des gens. Les fondamentalistes religieux reconnaissent les règles et la législation et utilisent parmi les versets qui servent leur existence.
En conséquence, Daech a pris des versets fragmentés du Coran qui servent l’idée de djihad et d’autres pour déterminer le sort de l’autre, différent, et cette organisation était hostile envers la minorité yézidie, et considérait ses membres comme des « infidèles ». Et à travers Daech, l’histoire de l’esclavage et de l’asservissement a été revivifiée ([6]). Ce qui n’était pas interdit par la religion islamique, mais plutôt légiféré, en autorisant de posséder les esclaves et domestiques à travers l’achat ou l’asservissement lors des guerres ou en tant que remboursement de dettes. Toutefois, les érudits et les juristes ont négligé de se pencher sur les raisons de l’autorisation de l’esclavage, et de le classer comme appartenant exclusivement à cette époque ainsi que d’interdire d’y avoir recours, mais ils l’ont plutôt consacré comme si l’Islam était valable pour chaque temps et endroit.
En effet, on peut expliquer que ce qui était pratiqué contre les Yézidies s’est basé sur ce que la religion autorisait en termes de traitement avec les femmes en cas d’asservissement lors des guerres, «et parmi les femmes, les dames sauf si elles sont vos esclaves en toute propriété» (An-Nisa, 24). Le Coran recommande également celui qui est financièrement incapable d’épouser des femmes libres, de se marier des femmes esclaves : An-Nisa 25).
Le choc a été causé par l’Etat islamique en ce qui concerne ce que les femmes yézidies ont subi ce jour-là, la forte dénonciation par la plupart des musulmans des actions de l’organisation, et l’intensification de polémique selon laquelle Daech est une fabrication « américaine » occidentale ([7]). Daech n’a pas été consédér comme infidèle pour ses pratiques inhumaines et immorales contre les femmes yézidies par les organismes religieux islamiques en général, et cela n’a pas été criminalisé franchement, malgré le fait qu’il existe de nombreux versets sur la libération des esclaves et des femmes esclaves et l’affranchissement des esclaves comme expiation.
Ce qui démontre la crise du texte religieux, c’est qu’on en y pense et on le gère, suivant l’intérêt de la religion et de l’Homme. Ne pas criminaliser et interdire ces pratiques rendront leur reproduction possible. D’autant plus que la Charte des droits de l’homme n’a pas eu d’impact significatif sur les membres de l’organisation, qu’ils soient issus des pays arabo-islamiques, ou des pays occidentaux considérés comme une base dans la structure des États. Pis encore c’est que les Yézidis craignent toujours un avenir sans justice. ( [8])
Et si Daech a montré qu’elle traite avec les minorités de la manière la plus brutale, elle n’était pas la seule puisque l’idéologie que portait l’Etat islamique a ses origines et ses législateurs, comme toutes les organisations qui sont considérées comme des générations des Frères musulmans. L’utérus des Frères musulmans avait toujours été reproducteur, car elle a donné naissance à « Al-Qaïda » et de ce dernier est née «l’Etat islamique» ainsi qie d’autres organisations terroristes locales et régionales dans la région arabe, en Afrique et dans le reste du monde. ([9])
La Frères musulmans : la création et l’épreuve des minorités
En 1928, les Frères Musulmans ont été fondés par Hassan el-Banna, suite à l’activité d’associations religieuses sous l’égide des pays coloniaux, mais elle n’était pas comme d’autres associations fondées à l’époque, dont : l’Association Charia, Ansar al-Sunna, les Jeunes musulmans, les Jeunes juifs, Da’wa wa Tablighi et les projets de plaidoyer et de bienfaisance au Liban, la majorité de ces associations ont été créées pour satisfaire une société religieuse qui considère la religiosité comme son principal moyen de faire le bien, et que la réponse de l’occupation à ces associations signifiait que la communauté devait y résister de toutes ses forces, car toutes ces associations n’avaient plus d’impact à l’exception des Frères musulmans ayant formé des branches au Koweït et en Syrie, et ont reçu un large soutien et ont attiré de nombreux adeptes. Au début, ils étaient des représentants de l’islam éclairé populaire et élitiste, et leur position par rapport aux minorités telles que les chrétiens était modérée. Les autorités politiques de l’époque prenaient une position rationnelle en ce qui concerne les minorités, outre la relation des Frères musulmans avec la Grande-Bretagne. Celle-ci a fait don de 500 livres au fondateur des Frères musulmans – Hassan el-Banna – peu de temps après le fondement des Frères musulmans en 1928, et en 1941, ils étaient devenus si puissant que la Grande-Bretagne a commencé à leur fournir une aide financière pour ne pas toucher à ses intérêts. ([10])
En général, tous leurs opposants et critiques ne les ont pas critiqués quand El-banna était vivant mais après sa mort, et ils n’ont pas jeté la lumière sur la plus grande défaillance scientifique dont souffre le groupe (l’imitation et l’inertie), et leur incapacité à percevoir le Dieu, l’univers et les choses de manière rationnelle, même s’il était apparu parmi eux dans leur première période certains qui appelaient à la rationalité religieuse, étant donné que l’approche des Frères musulmans est basée sur le fait de revivifier la pensée de Abu Hamid Al-Ghazali qui prévoyait la nécessité de réconcilier la religion et la raison dans les paroles, et d’insister sur la nécessité d’appliquer la Charia. ([11])
Selon la référence intellectuelle sur laquelle ils se sont appuyés, qui s’étend d’Ibn Taymiyya à Abul-Ala Maududi, Hassan el-Banna et Sayyid Qutb, elle repose sur des thèses majeures concernant l’autorité politique et son exercice à travers le Coran et la Charia, en tant que système divin auquel les musulmans doivent se soumettre, et supervisé par le califat, qui reste un objectif stratégique. ([12]) Par conséquence, ils ne sont pas sortis dans leur pensée envers les minorités religieuses du cercle du passé, et la présentation d’une structure légale qui simule les époques de l’empire islamique et l’organisation des minorités religieuses en son sein, même si elle est dépourvue de paiement de tribut. A quel point la religion est adoptée comme source de légitimité politique, des lois discriminatoires fondées sur la religion seront créées.
Les Frères musulmans et la vitrine d’ouverture
Pendant la période du printemps arabe, les Frères musulmans ont adopté un comportement plus serein et tolérant et sont apparus plus déterminés à se débarrasser du comportement de l’islam développé par la tendance radicale takfirie, et ils tentaient, à leur manière, de s’ouvrir et accepter de participer au jeu démocratique, dans le but d’intégrer leur mouvement dans les institutions des États laïcs, et l’accusation par l’excommunication a été supprimé de leur lexique. Et selon la nouvelle croyance, la prise du pouvoir par les Frères musulmans doit se faire par étapes et sans violence. Cela leur a permis de progresser au parlement égyptien, mais aussi avec le Hamas en Palestine, le Parti du développement et de la justice au Maroc, ou encore Ennahdha en Tunisie, en tant qu’incarnation des Frères musulmans, dans cette logique inspirée des partisans de la nouvelle théo- démocratie (ou l’autorité religieuse démocratique, selon Maududi ([13]).
Cependant, cette tentative d’ouverture n’est pas exempte des formes de mono-sectarisme, qui n’offrent aux minorités, notamment dans les pays de diversité religieuse, sectaire et ethnique, aucune situation rassurante, plutôt la religion s’est transformé en un élément de tension dans les sociétés dans de nombreux pays arabes, y compris la Syrie, où l’activité des Frères musulmans n’est pas cachée ainsi que leur domination sur la coalition d’opposition, et leur apparition dans le cadre du conflit avec d’autres organisations en conflit sous le nom de la religion islamique, ce qui a poussé d’autres minorités et beaucoup en Syrie à s’enfermer sur les bords de leurs sectes.
La situation n’est pas très différente, soit l’activité des Frères musulmans dans les pays arabes, islamiques ou européens, indépendamment de leur forme culturelle ou caritative, car il s’agit d’un courant prosélytisme, et la question de l’identité est un affaire charnière qui nourrit le conflit avec l’autre. Et selon le document de recherche publié par le Trends Center for Research and Consultation, les groupes de l’islam politique étaient actifs dans les pays européens depuis les années soixante du XXe siècle, y compris les Frères musulmans, qui se sont développés en suivant une stratégie à long-terme développée par le fondateur du mouvement, Hassan el-Banna, de sorte que « Les Frères » ont été les premiers à établir des centres culturels islamiques et des mosquées en Europe, ainsi que construire des sociétés à tendances diversifiées de ( femmes, étudiants, travailleurs, etc.), en consacrant leurs efforts pour aider les musulmans dans leurs pays d’accueil et en formant une base publique de soutien pour les programmes et activités de l’organisation en Europe et hors de l’Europe. Où ils coopèrent avec les « les Frères musulmans » en Allemagne et en Syrie, tandis que les organisations des « Frères musulmans » en Grande-Bretagne travaillent avec leurs bases en Irak et en Egypte, et les organisations islamiques en France sont directement liées aux partis politiques en Algérie et en Tunisie. ([14])
Le travail de promotion a marqué le début de la formation d’une organisation hiérarchique avec une structure spécifique, et il leur a permis de créer 500 institutions dans 28 pays européens, et ce à travers la Fédération des organisations islamiques en Europe. Et leurs activités ont varié selon les périodes vécues dans leurs pays, par exemple dans les années quatre-vingt du vingtième siècle, ils ont utilisé le climat politique européen pour protester contre les régimes arabes et le régime turc, qu’ils considèraient comme des régimes dictatoriaux, ainsi que la critique des systèmes européens culturels et moraux occidentaux dont soufrent les sociétés musulmanes et leur réislamisation.
Lors des étapes ultérieures, l’accent a été mis sur l’inclusion de la pratique islamique dans un contexte non islamique, en trouvant leurs adaptations en tant que minorités et en se concentrant sur la théorie de la citoyenneté islamique dans les pays européens. Ainsi, leurs mouvements se sont limités aux périodes où ils se sentaient une menace pour l’identité islamique, comme la question de la publication des caricatures, ou la question du voile, dans certains pays européens, qui sont devenus considérés comme des territoires de l’accord et non des territoires de guerre, et en essayant se présenter comme une ligne différente des courants religieux extrémistes, et comme un partenaire des gouvernements européens dans la lutte contre l’extrémisme. ([15])
Mais tous les efforts pour redéfinir la situation islamique dans le contexte occidental n’ont pas conduit à une évolution doctrinale, ni ne les ont rendus capables de mentir d’une façon continuelle. Puisque certains cercles européens ont pris conscience des dangers des Frères musulmans, et ces cercles ont exprimé leur inquiétude quant à leur activité, et les dangers potentiels qui menacent ces pays, comme le dit Lurdes Vidal, présidente de l’unité d’études sur le Moyen-Orient à l’Institut européen de la Méditerranée :
« Notre problème avec les Frères musulmans ne réside pas dans la pratique de la violence, puisqu’ils ne le font pas en Europe comme cela arrive dans certains pays du Moyen-Orient, mais leur danger ici réside dans leur travail constant pour créer un environnement idéologique et religieux qui adopte de telles idées extrémistes ». ([16]) Cela les met dans le cercle de suspicion, et la croissance inquiétante dans la plupart des pays européens, sans prendre de mesures strictes pour limiter leur activité, surtout que l’activité globale est une activité associative, qui ne viole pas les lois adoptées en Europe, tout en les plaçant sous le contrôle et des mesures préventives et proactives dans la plupart des pays européens suite aux opérations terroristes ayant secoué l’Europe.
Cependant, des révisions de l’histoire des Frères musulmans dans certains pays européens les ont poussés à les considérer comme un groupe qui soutient le terrorisme, à l’instar de la déclaration du gouvernement britannique après la sortie de l’Union européenne et la révision globale pour déterminer les priorités politiques du pays. ([17]) Pourtant, la Grande Bretagne demeure un abri sûr aux Frères musulmans et leurs dirigeants ayant la nationalité britannique et les Frères musulmans poursuivent toujours leur programme secret et leur approche pour servir leurs intérêts, selon Hazem Saïd, chercheur au Centre européen d’études contre le terrorisme et les renseignements. ([18]) En 2018, le gouvernement français a également gelé les avoirs du leader des Frères musulmans Hani Ramadan, frère de Tariq Ramadan, dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme. L’argent de son frère Tariq Ramadan est désormais sous survaillance, selon une note de l’agence officielle « Tracfin » du ministère de l’Économie et des Finances en France et spécialisée dans la lutte contre la fraude financière, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en France. Tariq Ramadan recevait 35 000 euros par mois du Qatar, en échange de ses services en tant que conseiller d’une fondation qatarie, sans oublier le fait de lever le voile sur la face sombre de la personnalité de Tariq Ramadan. ([19])
Les Frères musulmans, le secours humanitaire (le faux slogan)
Entre la tentative des Frères musulmans de se présenter dans un habit civilisé et ouvert et leur méthodologie axée sur le passé, leurs volatilités se poursuivent. La vitrine d’ouverture ne résiste pas longtemps dans leurs pays s’ils soutiennent l’extrémisme et le mono-sectarisme, ou dans les pays européens, et l’exemple qui illustre bien leur fausse allégation est celui de l’Organisation internationale de secours islamique (Islamic Relief), fondée par Hany el-Banna en Grande-Bretagne en 1984. C’était la première association à obtenir un financement du gouvernement britannique, étant donné son activité humanitaire, mais les dernières révisions de ses activités ont prouvé qu’elle œuvrait à promouvoir les prédicateurs de l’extrémisme, et le Forum du Moyen-Orient, un groupe de réflexion à Philadelphie, a publié un rapport examinant de manière approfondie les activités d’Islamic Relief : ses filiales et ses liens avec les Frères musulmans, ses liens avec le Hamas, l’extrémisme de ses dirigeants et sa promotion des prédicateurs qui incitent à la haine à la fois contre les musulmans modérés et les non-musulmans.
Et le journal britannique « The Times » a affirmé le 22 août 2020, que le conseil d’administration de l’Organisation internationale de secours islamique en Grande-Bretagne a présenté une démission collective, après que ses membres ont utilisé des expressions racistes, et le journal a ajouté que c’est le la deuxième fois en un mois que l’organisation de secours a été soumise à un examen sur le fond des commentaires sur Facebook. ([20])
Cependant, peu après Hani el-Banna, directeur et fondateur de l’Islamic Relief, a fait ses déclarations sur les Yézidis en les qualifiant « d’adorateurs du diable » lors d’une conférence en septembre dernier, et la vidéo a été publiée sur « Twitter », pour révéler le comportement des Frères musulmans et leur extrémisme intellectuel et méthodologique.
Ce commentaire, qui a choqué les Yézidis confrontés au génocide de la part de l’organisation terroriste « Daech » a été tenu par un responsable d’une organisation humanitaire, ce qui lui a valu de nombreuses condamnations et dénonciations de la part des Yézidis, comme la déclaration de Ahmed Khadeeda Barjas, vice-directeur exécutif de l’association charitable d’aide yazidie « Yazda » et la déclaration du directeur exécutif du Centre de recherche de lutte contre l’extrémisme, David Ibsen, qui a dit qu’il mérite d’être dénoncé. Le chercheur de l’association de « Henry Jackson », le docteur Raqib Ihsan, a considéré les déclarations d’el-Banna comme similaires à la pensée et aux opinions de l’Etat islamique, en soulignant qu’elles révélaient ce qu’il a décrit comme « des scandales et de la corruption » associés à des personnalités de l’Organisation internationale de secours islamique.
Un rapport parlementaire allemand a révélé fin de l’année dernière la relation des Frères musulmans avec le financement d’organisations extrémistes en exploitant les fonds de dons. Et selon l’agence de presse allemande, les activités de l’« Organisation internationale de secours islamique » couvrent 40 pays à travers le monde, et les rapports internationaux confirment qu’il s’agit de l’une des sources les plus importantes de financement des Frères musulmans dans le monde. ([21])
Avec les critiques successives, l’Organisation internationale de secours islamique dans de nombreux pays européens a fait face à de vives critiques et à des appels à suspendre son financement et à arrêter ses activités. Le groupe d’aide allemand, Aktion Deutschland Helft, a gelé les membres de l’organisation jusqu’en décembre 2021. ([22]) Récemment, Des politiciens allemands ont porté des plaintes contre l’Organisation de secours islamique, en affirmant sa pleine coopération avec les Frères musulmans et en appelant à arrêter ses activités à l’intérieur du pays. Et selon le journal allemand « Berliner Morgenpost », les politiciens allemands ont demandé des réponses urgentes au sujet du financement par le gouvernement de l’association charitable de secours islamique et de ses liens avec les Frères musulmans. Au cours de la dernière période, l’Organisation internationale de secours islamique a tenté d’améliorer son image, en travaillant, selon le journal « Die Welt », l’intensification du travail caritatif et en entreprenant de nombreuses activités sociales en Allemagne, mais que tout cela ne la suffisait pas. ([23])
Bien que le jeu habile joué par les Frères musulmans ait perdu de son utilité, face aux nombreux échecs ayant touché leurs leaders en Europe, cela ne les a pas encore conduits à adopter une ligne alternative à la chute. Leur pensée attire encore de nombreux jeunes du monde islamique, à cause de l’absence d’une tendance d’illumination contribuant à proposer des alternatives et qu’elle soit acceptée.
Conclusion
Il y a plusieurs siècles, les théologiens chrétiens ont contribué à rationaliser la pensée religieuse en interdisant sa violation de la foi des individus, afin d’établir avant tous les autres penseurs et philosophes et à l’intérieur de la religion une pensée tolérante fondée sur la liberté de conscience et de pensée, et un processus fondateur de la liberté religieuse grâce aux arguments présentés par John Locke, Spinoza, Pierre Bayle et d’autres. La liberté religieuse, avec sa symbolique humanitaire, ne s’est pas instaurée en Occident uniquement en réponse aux guerres de religion destructives et brutales, mais parce que la pensée religieuse est constamment apparue par les fanatiques comme incitatrice à la violence et aux agressions physiques et morales réunies. Et malgré les progrès des idées et la transformation de la liberté religieuse en une valeur humaine universelle, les groupes religieux extrémistes qui se répandent sous le nom de l’Islam continuent à appuyer sur la gâchette de la violence et de l’expiation de l’autre. Et la catastrophe s’est encore aggravée lorsqu’une organisation de secours humanitaire recourt à l’expiation de l’autre. Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
[2] Les idées ne suffisaient pas : Locke, Spinoza et Voltaire, Mark Koyama : traduction de Omar Basyouni
[4] Des punitions dans l’Islam dont la peine est la mort après son approbation par le souverain: les hudud et Tazir sont des punitions pour lesquelles il n’y a pas d’amnistie, Asharq Al-Awsat, 03 janvier 2016
[5] Que signifie le tribut au Coran, le site alhurra, 29 janvier 2021.
[6] De l’emprise de Daech à la récitation de la souffrance des Yézidies, Iman Abbas qui était captive de l’organisation terroriste, Independent Arabia, lundi 25 novembre 2019
[7] Daech est une création américaine, Independent, vendredi 9 août 2019.
[8] Les victimes de l’Etat islamique en quête de justice
[9] « Les frères musulmans et Al-Qaida »… Visions et objectifs communs, Al Ain News, vendredi 23/07/2021
[10] Centre européen d’études contre le terrorisme et le renseignement – Allemagne et Pays-Bas – Préparé par : Hiba Gharbi, chercheuse au Centre européen – Affaires internationales « Djihadistes » en Grande-Bretagne – Carte des groupes extrémistes.
[11] Descartes en confrontation avec les Frères musulmans, le dialogue civilisé le 11 mai 2019.
[12] Printemps arabe : le poids des Frères musulmans – leur vision de l’Etat et de la finance islamiques
https://journals.openedition.org/poldev/1833
[13] Printemps arabe: le poids des Frères musulmans – leur vision de l’Etat et de la finance islamiques
https://journals.openedition.org/poldev/1833
[14] Un document de recherche révèle les outils de la Confrérie pour s’infiltrer en Europe
[15] Samir Amghar, Les Frères musulmans en Europe : une étude analytique d’une organisation islamique, traduit par Dina Mohammad, Bibliotheca Alexandrina. Observatoire 10 des cahiers scientifiques. p : 14, 21
[16] Un document de recherche révèle les outils des Frères musulmans pour s’infiltrer en Europe.
[17] Centre européen d’études contre le terrorisme et le renseignement – Allemagne et Pays-Bas – Préparé par : Hiba Gharbi, chercheuse au Centre européen – Affaires internationales « Djihadistes » en Grande-Bretagne – Carte des groupes extrémistes.
[18] Les Frères musulmans en Grande-Bretagne – leur politique de deux poids deux mesures et le laxisme du gouvernement, par Hazem Saïd, Centre européen d’études contre le terrorisme et les renseignements – Allemagne et Pays-Bas, 31 mars 2021 | Rapports, études, lutte contre l’extrémisme
.. https://www.europarabct.com/?p=74798
[19] Centre européen d’études contre le terrorisme et les renseignements – Allemagne et Pays-Bas. Les Frères Musulmans en Europe – Leaders Contemporains du Groupe
[20] Islamic Relief en Bretagne – attiser le racisme et promouvoir l’extrémisme, Centre européen d’études contre le terrorisme et les renseignements – Allemagne et Pays-Bas, préparé par : l’Unité d’études et de rapports « 2 » 5 décembre 2020
.. https://www.europarabct.com/?p=72603&preview=true
[21] Offenser les Yézidis. Une nouvelle vague de mécontentement frappe les Frères musulmans en Europe. Que s’est-il passé ? Hafryat 18/11/2020
[22] Un nouveau scandale pour l’organisation « des Frères musulmans » : des déclarations injurieuses contre les Yézidis, Sky News Arabia / 18 novembre 2020
[23] Pour ses relations avec les Frères musulmans.. Les hommes politiques allemands demandent d’arrêter l’activité de l’Islamic Relief Organization, almarjie, 16 janvier/2021
https://www.almarjie-paris.com/16841